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Version du 5 septembre 2018 à 13:26
Le contour de la Motte est une voie axée nord-sud, large et pentue, qui relie la rue Gambetta à la rue Général Maurice Guillaudot, commençant à hauteur de la rue Victor Hugo et s'achevant à hauteur de la rue des Fossés et de la rue Martenot. Il borde à l'ouest, le square de la Motte.
A travers l'Histoire de la ville
Un haut lieu historique de Rennes
Le lieu appartenait à l'abbaye voisine des Bénédictines et fut nommé "la Motte à Madame" en l'honneur de Madame l'abbesse de l'abbaye de Saint-Georges,mais cette dénomination a aussi couramment pour le peuple une connotation très grivoise en référence au pubis féminin. Sur les plans du 18e siècle il porte le nom de rue de la Motte et la rue Louis-Philippe, actuelle rue Victor Hugo, ne fut percée qu'en 1827, entraînant la suppression de la Petite Motte, terrasse en fer à cheval garnie de gazon installée en 1728.
Souvent réaménagé
Sur le côté ouest s'élèvent l'hôtel de Robien de Kerambourg au n°3, l'hôtel de Kersalaün au n°5, construit après l'incendie de 1720, en face duquel un escalier construit en 1739, fut ôté en 1846 pour l'abaissement du niveau de la voie, et l'hôtel de Bizien, construit en 1703, qui abrita, de 1866 à 1872, le quartier général de la 16e division militaire, transféré rue de Corbin, puis fut mis à la disposition de l'évêché de 1905 à 1982 et abrite le Tribunal administratif depuis janvier 1997.(On y voit sculptées, en haut à gauche, les armes du cardinal Charost, décédé le 7 novembre 1930 à Rennes).
En haut du Contour, côté est, se trouve le square de la Motte, version moderne de la promenade créée en 1659 sur des terrains qui avaient été prélevés en 1424 à l'abbaye de Saint-Georges pour la construction de la deuxième enceinte démolie pour cette promenade, de forme ovale, visible sur la plan Hévin de 1685, appelée Motte à Madame, abréviation alors usuelle de "Motte à Madame l'Abbesse". C'est sur cette promenade que furent célébrées, pendant la 1ere République, la fête des enfants et celle des vieillards. La promenade fut maintes fois réaménagée. La partie descendante, au sud-est, était munie d'un grand escalier de granit, dessiné par l'architecte Millardet en 1829, aménagé pour recevoir des fontaines et déplacé en 1899 pour l'entrée sud du Thabor, donnant sur la rue de Paris[2].
Très apprécié par ces messieurs du Parlement
La noblesse parlementaire apparaît, extra muros, sur la Motte après 1640 : un conseiller au parlement, Jean-Jacques de Renouard de Villayer, construisit de 1659 à 1692 l'hôtel qui va devenir propriété des Farcy de Cuillé vers 1740. Le quartier est, en 1727, devant les Lices, le principal lieu d'habitation des parlementaires, conséquence de l'incendie de 1720. On en compta jusqu'à une quinzaine mais ils n'étaient plus qu'une demi-douzaine quarante ans plus tard[3].
La promenade de la Motte avait été la deuxième promenade aménagée à Rennes, dans la 2e moitié du 17e siècle, après celle du Mail. Son rôle attractif, au 18e siècle après la reconstruction de la ville, se manifesta par les projets de rénovation et d'agrandissement dont elle fit l'objet. Le projet de Mousseux (1729), se présente sous la forme d'un cours, qui épouserait les contours de l'enceinte, prolongé à la porte de la rue des Francs-Bourgeois. Celui de l'ingénieur de la ville Abeille (1739) adoptait un plan régulier où les plantations suivent un tracé en ellipse sur la grande Motte, distincte de la petite Motte dotée d'un parterre. Ce choix s'explique par la création d'une seconde promenade, au port de Viarmes.
La Motte forme un cadre attrayant comme le montre la construction de plusieurs hôtels dès la fin du 17e siècle. Dotée d'un escalier monumental (1826) destiné à racheter la pente du terrain, après la démolition du portail et d'une portion de tour carrée, restes de l'église Saint-Georges, de la porte du même nom et de la petite Motte, pour permettre l'ouverture de la rue Louis-Philippe, future rue Victor-Hugo, la promenade devient le cœur d'un nouveau quartier résidentiel réalisé par l'architecte Louis Richelot, dans les années 1830[4].
Puis moins au 19e siècle
Le jardin du Thabor ouvert au public après la Révolution et très en vogue sous la Restauration et la Monarchie de Juillet, compromit l'utilité de la Motte. Arrivant à Rennes en 1820, le voyageur Régis Jean Vaysse de Villiers[5], après avoir remarqué qu'on ne sait où se termine le faubourg de Paris et où commence la ville, donne à celle-ci comme point de départ "la petite promenade de la Motte, qu'on longe à gauche, en tournant à droite. Elle forme le gracieux vis-à-vis du bel hôtel de l'intendance, aujourd'hui la préfecture, situé de l'autre côté de la rue qui, dans cette partie, devient une petite place"[6]. Plus bas à l'est, rue Martenot, rue riveraine, sont construits entre 1830 et 1843, de beaux hôtels particuliers d'architecture néo-classique (hôtels Richelot, de Courcy, Villemain).
Au milieu du 19e siècle, un Rennais dresse le constat :"La Motte, telle qu'elle existe de nos jours, est plutôt une esplanade qu'une promenade publique. Trop voisine du Thabor pour qu'on s'y arrête quand une fois on est sorti du centre de la ville, trop éloignée de celui-ci pour servir de promenoir public, la Motte sera utilisée tôt ou tard pour la construction de quelque grand établissement municipal. Déjà l'on a songé à y placer le bâtiment universitaire qui s'élève définitivement sur les quais ( N.B :actuellement Musée des Beaux-Arts) et quelques années plus tôt on voulut y bâtir le théâtre."[7] Et Alfred de Courcy d'ironiser sur la ville et sur la Motte :
" Rennes semble merveilleusement représentée par ces fontaines arides qui décorent la plateforme de la Motte. Canaux, bassins, beaux gradins de pierre où la naïade devrait s'épancher en cascades, rien n'a été oublié. Il n'y manque qu'une chose, mais cette chose c'est l'eau".
Le déplacement de l'escalier monumental banalisa la promenade qui devint un petit jardin public sans grande fréquentation. Au n° 1, côté ouest du Contour, à l'angle de la rue Victor-Hugo, fut construit en 1878, par l'architecte Michel Gelly, un immeuble de rapport à huit travées, avec rez-de-chaussée, entresol et deux étages, le premier souligné par un grand balcon courant sur toute la longueur de la façade, les deux premiers niveaux en calcaire travaillé en bossage, l'accès à l'immeuble se faisant par une porte cochère monumentale avec deux cariatides symbolisant la race noire et la race blanche, œuvre du sculpteur Pierre Resnays, qui étonnaient l'écrivain Jean de La Varende, hôte de cet immeuble de 1899 à 1905, comme le rappelle une plaque apposée[8]. En face, au n° 2, l'hôtel de Cuillé fit l'objet, en 1885, d'une extension au nord-ouest, sur les plans de l'architecte Jobbé-Duval.
La réunion du 2 juin 1788
Au bas du contour, au n°2, se trouve l'hôtel de Cuillé dont l'entrée est précédée d'un large porche massif voûté. Le 2 juin 1788, le Palais du Parlement ayant été fermé par les ordres de M. de Thiard, commandant militaire à Rennes, les parlementaires ayant protesté contre des édits royaux attentatoires aux libertés provinciales et enregistrés de force, le Parlement, auquel il avait été défendu de siéger, se réunit quand même à l'hôtel Cuillé, qui est aussitôt cerné par la troupe. Malgré cela, la Cour délibère avec calme dans le salon qui aboutit à la Motte, d'où l'on entend les cris du peuple aux prises avec les soldats.
Soudain, M. de Melesse, grand prévôt de la province, envoyé par M. de Thiard, notifie au Parlement 48 lettres de cachet émanant du roi. Les magistrats indignés, cèdent devant la force, tout en protestant énergiquement contre la violence déployée à leur égard. Ils quittent tous l'hôtel Cuillé aux acclamations de la foule, qui les accompagne jusque chez eux. Le palais fermé, c'est le constat fait dans les impressions d'un voyageur britannique sur Rennes en 1788. C'est aussi ici, qu'en avril 1795 banquetèrent "en un repas fraternel" les délégués républicains et les chefs royalistes après avoir signé un accord, le traité de la Mabilais, une éphémère pacification.
Lieu de manifestations
L'hôtel de la préfecture d'Ille-et-Vilaine, maintenant hôtel de la préfecture de la Région (ancien hôtel de Ruberso, puis de Cornulier, dont la partie centrale et l'aile droit ont été construites après 1860), se trouvant rue Martenot, au nord, le square fut le lieu de nombreuses manifestations revendicatives, comme lors des événements des 4 et 5 février 1994, ou de soutien comme le 20 septembre 1958 où le square est couvert de Rennais venus entendre le général de Gaulle s'exprimer du balcon de l'aile gauche de l'hôtel de préfecture, sur son projet de constitution.
Le square est aussi devenu un lieu de mémoire dans sa partie maintenant dénommée place de l'Ordre national du Mérite. On y trouve, à l'est, une stèle aux morts du 41e Régiment d'infanterie. Le monument aux morts d'Ille-et-Vilaine, qui avait été érigé en 1896 en bordure du boulevard de la Liberté, y a été implanté en 2007, en partie est, et, latéralement en bordure du square,
un mémorial composé de trois stèles de granit bleu de Lanhélin fut inauguré le 8 septembre 2012, en souvenir des 339 enfants d'Ille-et-Vilaine morts pour la France de 1952 à 1962 pendant la guerre d'Algérie et les combats du Maroc et de la Tunisie.
Sur la carte
Références
- ↑ Album breton, Souvenirs de Rennes
- ↑ Les rues de Rennes, par Lucien Decombe. Le Roy, éditeur - 1892
- ↑ Habiter les villes de cours souveraines en France (XVIe-XVIIIe s). Pas au sud de la Vilaine, par Gauthier Aubert, publié, sous la direction de Clarisse Coulomb, par MSH-Alpes -2008
- ↑ Inventaire topographique, par Isabelle Barbedor -1998
- ↑ Rennes dans les guides de voyage du 19e siècle, par Etienne Maignen. Bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine. t.CXII -2008
- ↑ Rennes dans les guides de voyage du XIXe siècle, par Etienne Maignen, bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine, t. CII - 2008
- ↑ Rennes Moderne, par A. Marteville. t.2. Deniel et Verdier - 1849
- ↑ Rennes au XIXe siècle architectes, urbanisme et architecture, par Jean-Yves Veillard, éditions du Thabor - 1978
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