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La '''rue Docteur Delacour''' se situe dans le quartier 4 : Saint-Martin entre le [[boulevard de Verdun]] et la [[rue Bourgault-Ducoudray]]. Cette voie fut dénommée par délibération du Conseil Municipal de la Ville de Rennes le 31 décembre 1928<ref>Délibérations municipales, [http://www.archives.rennes.fr/recherche/fonds/affichedetailmod.php?cot=1D313 Archives de Rennes]</ref>.  
La '''rue Docteur Delacour''' se situe dans le quartier 4 : Saint-Martin entre le [[boulevard de Verdun]] et la [[rue Bourgault-Ducoudray]]. Cette voie fut dénommée par délibération du Conseil Municipal de la Ville de Rennes le 31 décembre 1928<ref>Délibérations municipales, [http://www.archives.rennes.fr/recherche/fonds/affichedetailmod.php?cot=1D313 Archives de Rennes]</ref>.  


Cette voie rend hommage au Docteur Delacour, directeur de l'Ecole de Médecine (1826 - 1902)
Cette voie rend hommage au Docteur Charles Delacour, directeur de l'[[Ecole de Médecine et de Pharmacie|École de Médecine]] (20 avril 1826, Dol de Bretagne - 9 septembre 1902, Rennes) ayant demeuré au n°1 [[rue Nationale]] à Rennes.
 
{{Citation|texte=''École supérieure de médecine et de pharmacie. - M. le '''docteur Delacour''', directeur de l'École et professeur de clinique médicale prend sa retraite au 1er novembre. Il est remplacé dans ses fonctions de directeur par le docteur Perrin de la Touche, professeur d'histologie, et dans sa chaire par M. le docteur Le Moniet. [...]
 
''Nous ne saurions laisser partir de l'École MM. Delacour et Aubrée sans leur adresser l'expression de notre respectueuse sympathie. Ces doux éminents médecins restent heureusement parmi nous et pourront encore, malgré leur grand âge, continuer à Rennes, les services qu'ils rendent depuis tant d'années.
 
''Personne n'oubliera que c'est en grande partie à l'activité et au dévouement de M. le docteur Delacour que nous devons la transformation de notre École préparatoire en École de plein Exercice.|auteur=L'Ouest-Eclair|origine=Numéro du 2 novembre 1899|collecteur=Manu35|date=2018}}
 
Il participa au projet de réalisation d'une maternité au sein du site de [[rue de l'Hôtel Dieu|Hôtel-Dieu]], qui aboutit finalement en 1898.
{{Citation|texte=''C'est M. le docteur Perret qui, avec M. le '''docteur Delacour''', dressa les plans du bâtiment de la Maternité dû à la générosité de M. [[rue Coulabin|Coulabin]].|auteur=L'Ouest-Eclair|origine=Numéro du 22 octobre 1907|collecteur=Manu35|date=2018}}
 
== Les hommages au docteur ==
Lors de ses obsèques à Rennes, le 11 septembre 1902, le sénateur-maire [[Eugène Pinault]], ainsi que le successeur du docteur comme Directeur de l'École de Pharmacie et de Médecine de Rennes, Emmanuel Perrin de la Touche<ref>[[rue Perrin de la Touche]]</ref>, ne tarirent pas d'éloges au sujet de l'éminent médecin :
 
{{Citation|texte=''La vie du '''docteur Delacour''' appartient toute entière à la ville de Rennes. Fils d'un des médecins les plus honorés de notre département, il se destina de bonne heure à l'étude de la médecine.
 
''Je le vois encore à l'époque où, étudiant, il suivait les cours de mon père, remporter à la tête de notre École de médecine les succès avant-coureurs de ceux qu'il devait remporter à la Faculté de Médecine de Paris.
 
''Reçu interne des hôpitaux de Paris, très apprécié de ses professeurs et de ses chefs de clinique, il eût pu se créer à Paris une brillante carrière. Il préféra revenir parmi nous et faire profiter son pays natal de ses talents acquis et de son immense amour de l'humanité.
 
''Aussitôt arrivé à Rennes, il devint bientôt le collègue de ses premiers maîtres, professeur à l'École de Médecine, médecin de l'Hôtel-Dieu.
 
''Que d'autres vous disent la clarté et la science de son enseignement, le précieux appui et le guide éclairé que rencontrèrent en lui ceux qui ont eu l'honneur d'être ses élèves ! Il m'appartient au nom de toutes les familles auxquelles il a prodigué ses soins, au nom de tous les malheureux, de tous les déshérités de la fortune auxquels il ne refusa jamais l'aide de sa science et de son dévouement, d'apporter devant sa tombe cet hommage de la reconnaissance de la ville de Rennes entière.
 
''Nos concitoyens l'appelèrent plusieurs fois aux conseils de la cité, j'ai eu l'honneur d'être son collègue, d'y apprécier sa largeur d'esprit, la sûreté de son jugement dans toutes les questions intéressant la charité publique, l'hygiène et l'enseignement du peuple.|auteur=Extrait du discours d'Eugène Pinault|origine=L'Ouest-Eclair, numéro du 12 septembre 1902|collecteur=Manu35|date=2018}}
 
{{Citation|texte=''Si la mort qui frappe le '''docteur Delacour''' plonge dans un deuil profond l'École de médecine et de pharmacie et tout le corps médical de la région, leurs membres ne perdent qu'un directeur, qu'un collègue, qu'un confrère ; pour moi, c'est une perte bien autrement cruelle, c'est presque un père qui m'est ravi. Sa famille éplorée me pardonnera, je l'espère, d'exhaler une douleur voisine de la sienne si elle veut bien se souvenir que depuis vingt-cinq ans que M. Delacour a commencé à m'initier aux études médicales, il n'a jamais cesse de me prodiguer ses conseils et ses encouragements avec une bienveillance dont lui seul avait le secret et qu'il avait bien voulu maintenir au continuateur de son œuvre dans la direction de l'École, avec la même largesse qu'à l'étudiant son élève.
 
''L'homme de bien et de devoir, le médecin émérite, le professeur éminent, le directeur inestimable auquel nous rendons aujourd'hui les derniers honneurs a jeté un éclat tout particulier sur la médecine dans notre région et sa direction, éclipsant toutes celles qui l'ont précédée, restera à jamais illustre dans les fastes de notre École.
 
''Né à Dol-de Bretagne, le 20 avril 1826, Charles Delacour, après d'excellents débuts à l'École de médecine de Rennes, dont il fut lauréat en 1814, devint, en 1849, interne des hôpitaux de Paris, où il continua brillamment sous des maîtres tels que Roux, Malguigne et Cazenave, les études si bien commencées près de Duval, Guyot et Pinault, ses professeurs rennais bientôt ses collègues.
 
''Reçu docteur en médecine le 16 janvier 1850 avec une thèse fort documentée sur l'Analgésie, il vint se fixer à Rennes. Au bout de quelques mois (octobre 1850) il entra à l'École de médecine en qualité de professeurs suppléant, titre qu'il échangea moins de cinq ans après (juin 1855) pour celui de professeur adjoint d'anatomie et de physiologie. En 1860, M. Delacour devint titulaire de cette chaire et notre Musée de l'École conserve encore de nombreux souvenirs de ces dix années qu'il consacra avec tant de zèle à l'étude et à l'enseignement de l'anatomie.
 
''Après un passage de quelques mois dans la chaire de clinique chirurgicale, il remplaça en août 1867, son ancien maître M. Pinault dans la chaire de clinique médicale qu'il n'a cessé d'occuper avec une autorité, sur laquelle il est superflu d'insister, jusqu'en 1899.
 
''Lors de la retraite de M. Aussant<ref>[[rue Docteur Aussant]]</ref> en 1869, la confiance de M. le ministre de l'instruction publique avait rappelé M. le professeur Delacour à la direction de l'École de médecine et de pharmacie.
 
''Quand, en 1899, malgré toutes les insistances, M. Delacour prit l'irrévocable résolution de quitter l'activité et que le double honorariat de Professeur et de Directeur lui fut conféré, il y avait près de cinquante ans qu'il enseignait à l'École de Rennes et plus de trente ans qu'il la dirigeait. Ce sage a voulu quitter encore plein de verdeur intellectuelle son école bien aimée, ne voulant pas s'éterniser et s'exposer déchoir en aucune façon à la tête d'une institution dont il avait patiemment édifié la fortune et qu'il a laissée prospère et florissante au premier rang des établissements similaires.
 
''Il est impossible de moins apprécier les qualités professorales et directorales de M. Delacour que ne le faisait son ami, M. Jarry, directeur de l'Académie, dans son allocution annuelle de 1899.
 
''« Comme professeur, disait-il, il avait le souci continuel de suivre les progrès de la science, à tel point que les jeunes le trouvaient toujours au courant et admiraient la sûreté de ses informations autant que la lucidité de son intelligence.
 
''Comme Directeur, une persévérance calme dans des vues justes et pratiques, un grand esprit de droiture et de conciliation, le désir de s'éclairer en toutes circonstances et d'obliger le plus souvent possible, une autorité qui s'imposait doucement, sans avoir besoin d'appuyer, une bonne grâce souriante, égale et sans faiblesse, telles sont les qualités qui le faisaient universellement aimer et respecter. »
 
''Tous ceux qui ont vécu dans l'intimité de M. Delacour reconnaîtront comme moi que cet éloge n'a rien d'exagéré et que M. le Recteur Jarry restait plutôt au-dessous de la vérité, pour ne pas blesser la modestie de celui qui avait réclamé son admission à la retraite bien qu'encore, malgré son âge, en possession de tous ses moyens.
 
''Honoré de diverses médailles pour soins donnés aux blessés des journées de Juin 1848 et comme médecin des épidémies et de différentes sociétés de secours mutuels, M. Delacour, après avoir successivement obtenu toutes les distinctions académiques, reçut en 1871, sur les propositions du ministre de la guerre, la croix de Chevalier de la Légion d'honneur, comme juste récompense de son généreux dévouement aux victimes de la guerre.
 
''Je rappellerai encore que partout le Docteur Delacour fut également aimé et apprécié, soit comme médecin de l'Hôtel-Dieu ou du Lycée, soit comme membre du Conseil d'hygiène ou de l'Association des Médecins d'Ille-et-Vilaine, dont il fut longtemps et à juste titre le président honoré et respecté, soit à la Société scientifique et médicale de l'Ouest dont il avait été le promoteur et le premier président.
 
''Si je ne craignais d'abuser de cet auditoire attentif et recueilli, je voudrais encore, après vous avoir fait connaître le professeur et le directeur, vous parler du praticien et de l'homme, vous montrer toutes ses qualités au lit du malade, sa parfaite confraternité, la douce aménité qu'il apportait dans toutes ses relations sociales, ses vertus domestiques comme époux, père, grand-père et arrière grand-père. Mais il faut savoir se borner, car je sens que je ne tarirais jamais en causant du vénéré maître.
 
''Depuis trois années que M. le Directeur Delacour avait peu sa retraite, après tant de labeurs et de dévouements, sans pour cela oublier son École, dont il continuait à suivre avec tant d'intérêt les succès et les vicissitudes, il avait pu enfin, d'une façon que ses nombreuses occupations ne lui avaient encore jamais permis, se consacrer tout entier aux douceurs de la vie de famille, au milieu des siens qu'il aimait tant et dont il était tant aimé.
 
''Aussi quel vide maintenant dans ce foyer si uni, où malgré les atteintes répétées d'un mal tenace et opiniâtre, on pouvait néanmoins espérer le conserver longtemps encore dans sa douce et bienveillante vieillesse.|auteur=Extrait du discours d'Emmanuel Perrin de la Touche|origine=L'Ouest-Eclair, numéro du 12 septembre 1902|collecteur=Manu35|date=2018}}


== Sur la carte ==
== Sur la carte ==

Version du 20 mars 2018 à 17:30

La rue Docteur Delacour se situe dans le quartier 4 : Saint-Martin entre le boulevard de Verdun et la rue Bourgault-Ducoudray. Cette voie fut dénommée par délibération du Conseil Municipal de la Ville de Rennes le 31 décembre 1928[1].

Cette voie rend hommage au Docteur Charles Delacour, directeur de l'École de Médecine (20 avril 1826, Dol de Bretagne - 9 septembre 1902, Rennes) ayant demeuré au n°1 rue Nationale à Rennes.


« École supérieure de médecine et de pharmacie. - M. le docteur Delacour, directeur de l'École et professeur de clinique médicale prend sa retraite au 1er novembre. Il est remplacé dans ses fonctions de directeur par le docteur Perrin de la Touche, professeur d'histologie, et dans sa chaire par M. le docteur Le Moniet. [...]

Nous ne saurions laisser partir de l'École MM. Delacour et Aubrée sans leur adresser l'expression de notre respectueuse sympathie. Ces doux éminents médecins restent heureusement parmi nous et pourront encore, malgré leur grand âge, continuer à Rennes, les services qu'ils rendent depuis tant d'années.

Personne n'oubliera que c'est en grande partie à l'activité et au dévouement de M. le docteur Delacour que nous devons la transformation de notre École préparatoire en École de plein Exercice. »

— L'Ouest-Eclair
Origine : Numéro du 2 novembre 1899 • Recueilli par Manu35 • 2018licence

Il participa au projet de réalisation d'une maternité au sein du site de Hôtel-Dieu, qui aboutit finalement en 1898.

« C'est M. le docteur Perret qui, avec M. le docteur Delacour, dressa les plans du bâtiment de la Maternité dû à la générosité de M. Coulabin. »

— L'Ouest-Eclair
Origine : Numéro du 22 octobre 1907 • Recueilli par Manu35 • 2018licence

Les hommages au docteur

Lors de ses obsèques à Rennes, le 11 septembre 1902, le sénateur-maire Eugène Pinault, ainsi que le successeur du docteur comme Directeur de l'École de Pharmacie et de Médecine de Rennes, Emmanuel Perrin de la Touche[2], ne tarirent pas d'éloges au sujet de l'éminent médecin :


« La vie du docteur Delacour appartient toute entière à la ville de Rennes. Fils d'un des médecins les plus honorés de notre département, il se destina de bonne heure à l'étude de la médecine.

Je le vois encore à l'époque où, étudiant, il suivait les cours de mon père, remporter à la tête de notre École de médecine les succès avant-coureurs de ceux qu'il devait remporter à la Faculté de Médecine de Paris.

Reçu interne des hôpitaux de Paris, très apprécié de ses professeurs et de ses chefs de clinique, il eût pu se créer à Paris une brillante carrière. Il préféra revenir parmi nous et faire profiter son pays natal de ses talents acquis et de son immense amour de l'humanité.

Aussitôt arrivé à Rennes, il devint bientôt le collègue de ses premiers maîtres, professeur à l'École de Médecine, médecin de l'Hôtel-Dieu.

Que d'autres vous disent la clarté et la science de son enseignement, le précieux appui et le guide éclairé que rencontrèrent en lui ceux qui ont eu l'honneur d'être ses élèves ! Il m'appartient au nom de toutes les familles auxquelles il a prodigué ses soins, au nom de tous les malheureux, de tous les déshérités de la fortune auxquels il ne refusa jamais l'aide de sa science et de son dévouement, d'apporter devant sa tombe cet hommage de la reconnaissance de la ville de Rennes entière.

Nos concitoyens l'appelèrent plusieurs fois aux conseils de la cité, j'ai eu l'honneur d'être son collègue, d'y apprécier sa largeur d'esprit, la sûreté de son jugement dans toutes les questions intéressant la charité publique, l'hygiène et l'enseignement du peuple. »

— Extrait du discours d'Eugène Pinault
Origine : L'Ouest-Eclair, numéro du 12 septembre 1902 • Recueilli par Manu35 • 2018licence


« Si la mort qui frappe le docteur Delacour plonge dans un deuil profond l'École de médecine et de pharmacie et tout le corps médical de la région, leurs membres ne perdent qu'un directeur, qu'un collègue, qu'un confrère ; pour moi, c'est une perte bien autrement cruelle, c'est presque un père qui m'est ravi. Sa famille éplorée me pardonnera, je l'espère, d'exhaler une douleur voisine de la sienne si elle veut bien se souvenir que depuis vingt-cinq ans que M. Delacour a commencé à m'initier aux études médicales, il n'a jamais cesse de me prodiguer ses conseils et ses encouragements avec une bienveillance dont lui seul avait le secret et qu'il avait bien voulu maintenir au continuateur de son œuvre dans la direction de l'École, avec la même largesse qu'à l'étudiant son élève.

L'homme de bien et de devoir, le médecin émérite, le professeur éminent, le directeur inestimable auquel nous rendons aujourd'hui les derniers honneurs a jeté un éclat tout particulier sur la médecine dans notre région et sa direction, éclipsant toutes celles qui l'ont précédée, restera à jamais illustre dans les fastes de notre École.

Né à Dol-de Bretagne, le 20 avril 1826, Charles Delacour, après d'excellents débuts à l'École de médecine de Rennes, dont il fut lauréat en 1814, devint, en 1849, interne des hôpitaux de Paris, où il continua brillamment sous des maîtres tels que Roux, Malguigne et Cazenave, les études si bien commencées près de Duval, Guyot et Pinault, ses professeurs rennais bientôt ses collègues.

Reçu docteur en médecine le 16 janvier 1850 avec une thèse fort documentée sur l'Analgésie, il vint se fixer à Rennes. Au bout de quelques mois (octobre 1850) il entra à l'École de médecine en qualité de professeurs suppléant, titre qu'il échangea moins de cinq ans après (juin 1855) pour celui de professeur adjoint d'anatomie et de physiologie. En 1860, M. Delacour devint titulaire de cette chaire et notre Musée de l'École conserve encore de nombreux souvenirs de ces dix années qu'il consacra avec tant de zèle à l'étude et à l'enseignement de l'anatomie.

Après un passage de quelques mois dans la chaire de clinique chirurgicale, il remplaça en août 1867, son ancien maître M. Pinault dans la chaire de clinique médicale qu'il n'a cessé d'occuper avec une autorité, sur laquelle il est superflu d'insister, jusqu'en 1899.

Lors de la retraite de M. Aussant[3] en 1869, la confiance de M. le ministre de l'instruction publique avait rappelé M. le professeur Delacour à la direction de l'École de médecine et de pharmacie.

Quand, en 1899, malgré toutes les insistances, M. Delacour prit l'irrévocable résolution de quitter l'activité et que le double honorariat de Professeur et de Directeur lui fut conféré, il y avait près de cinquante ans qu'il enseignait à l'École de Rennes et plus de trente ans qu'il la dirigeait. Ce sage a voulu quitter encore plein de verdeur intellectuelle son école bien aimée, ne voulant pas s'éterniser et s'exposer déchoir en aucune façon à la tête d'une institution dont il avait patiemment édifié la fortune et qu'il a laissée prospère et florissante au premier rang des établissements similaires.

Il est impossible de moins apprécier les qualités professorales et directorales de M. Delacour que ne le faisait son ami, M. Jarry, directeur de l'Académie, dans son allocution annuelle de 1899.

« Comme professeur, disait-il, il avait le souci continuel de suivre les progrès de la science, à tel point que les jeunes le trouvaient toujours au courant et admiraient la sûreté de ses informations autant que la lucidité de son intelligence.

Comme Directeur, une persévérance calme dans des vues justes et pratiques, un grand esprit de droiture et de conciliation, le désir de s'éclairer en toutes circonstances et d'obliger le plus souvent possible, une autorité qui s'imposait doucement, sans avoir besoin d'appuyer, une bonne grâce souriante, égale et sans faiblesse, telles sont les qualités qui le faisaient universellement aimer et respecter. »

Tous ceux qui ont vécu dans l'intimité de M. Delacour reconnaîtront comme moi que cet éloge n'a rien d'exagéré et que M. le Recteur Jarry restait plutôt au-dessous de la vérité, pour ne pas blesser la modestie de celui qui avait réclamé son admission à la retraite bien qu'encore, malgré son âge, en possession de tous ses moyens.

Honoré de diverses médailles pour soins donnés aux blessés des journées de Juin 1848 et comme médecin des épidémies et de différentes sociétés de secours mutuels, M. Delacour, après avoir successivement obtenu toutes les distinctions académiques, reçut en 1871, sur les propositions du ministre de la guerre, la croix de Chevalier de la Légion d'honneur, comme juste récompense de son généreux dévouement aux victimes de la guerre.

Je rappellerai encore que partout le Docteur Delacour fut également aimé et apprécié, soit comme médecin de l'Hôtel-Dieu ou du Lycée, soit comme membre du Conseil d'hygiène ou de l'Association des Médecins d'Ille-et-Vilaine, dont il fut longtemps et à juste titre le président honoré et respecté, soit à la Société scientifique et médicale de l'Ouest dont il avait été le promoteur et le premier président.

Si je ne craignais d'abuser de cet auditoire attentif et recueilli, je voudrais encore, après vous avoir fait connaître le professeur et le directeur, vous parler du praticien et de l'homme, vous montrer toutes ses qualités au lit du malade, sa parfaite confraternité, la douce aménité qu'il apportait dans toutes ses relations sociales, ses vertus domestiques comme époux, père, grand-père et arrière grand-père. Mais il faut savoir se borner, car je sens que je ne tarirais jamais en causant du vénéré maître.

Depuis trois années que M. le Directeur Delacour avait peu sa retraite, après tant de labeurs et de dévouements, sans pour cela oublier son École, dont il continuait à suivre avec tant d'intérêt les succès et les vicissitudes, il avait pu enfin, d'une façon que ses nombreuses occupations ne lui avaient encore jamais permis, se consacrer tout entier aux douceurs de la vie de famille, au milieu des siens qu'il aimait tant et dont il était tant aimé.

Aussi quel vide maintenant dans ce foyer si uni, où malgré les atteintes répétées d'un mal tenace et opiniâtre, on pouvait néanmoins espérer le conserver longtemps encore dans sa douce et bienveillante vieillesse. »

— Extrait du discours d'Emmanuel Perrin de la Touche
Origine : L'Ouest-Eclair, numéro du 12 septembre 1902 • Recueilli par Manu35 • 2018licence

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