A l'occasion des 80 ans de la libération de Rennes, (re)découvrez l'ensemble des
contributions autour de la Seconde Guerre mondiale et de la libération sur Wiki-Rennes.
« Marcel Brossier » : différence entre les versions
Aucun résumé des modifications |
m (relecture) |
||
Ligne 1 : | Ligne 1 : | ||
[[Catégorie:Personnalité (classement alphabétique)| | [[Catégorie:Personnalité (classement alphabétique)|Brossier]] | ||
[[Catégorie:Personnalité (Histoire)| | [[Catégorie:Personnalité (Histoire)|Brossier]] | ||
[[Catégorie:Seconde Guerre mondiale]] | [[Catégorie:Seconde Guerre mondiale]] | ||
[[Catégorie:Rennes sous l'occupation]] | [[Catégorie:Rennes sous l'occupation]] | ||
Ligne 7 : | Ligne 7 : | ||
[[Fichier:Cable_coup%C3%A9.png|300px|left|thumb|L'''Ouest-Éclair'' du 30 juillet 1940 publie un avis de mise en garde des conséquences infligées par l'occupant en cas de coupure de cable]] | [[Fichier:Cable_coup%C3%A9.png|300px|left|thumb|L'''Ouest-Éclair'' du 30 juillet 1940 publie un avis de mise en garde des conséquences infligées par l'occupant en cas de coupure de cable]] | ||
'''17 SEPTEMBRE 1940, LE PREMIER FUSILLÉ POUR ACTE DE RÉSISTANCE À RENNES''' | '''17 SEPTEMBRE 1940, LE PREMIER FUSILLÉ POUR ACTE DE RÉSISTANCE À RENNES''' | ||
[[Fichier:Marcel_brossier.jpg|300px|right|thumb|Un | [[Fichier:Marcel_brossier.jpg|300px|right|thumb|Un sous-officier allemand lit l'avis d'exécution de Marcel Brossier]] | ||
[[Fichier:Le_nom_de_Marcel_Brossier.gif|300px|right|thumb|Marcel Brossier dans la liste alphabétique | [[Fichier:Le_nom_de_Marcel_Brossier.gif|300px|right|thumb|Marcel Brossier dans la liste alphabétique sur la plaque commémorative des fusillés à La Maltière]] | ||
L'article 13 de la convention d'armistice du 22 juin 1940 stipulait que : | L'article 13 de la convention d'armistice du 22 juin 1940 stipulait que : | ||
Ligne 14 : | Ligne 14 : | ||
''Le Gouvernement français s'engage à veiller à ce que, dans le territoire à occuper par les troupes allemandes, toutes les installations, outils et les stocks militaires soient remis intacts aux troupes allemandes. Il devra en outre veiller à ce que les ports, les entreprises industrielles et les chantiers navals restent dans l'état dans lequel ils se trouvent actuellement, et à ce qu'ils ne soient endommagés d'aucune façon, ni détruits. Il en est de même pour les moyens et voies de communications de toute nature, notamment en ce qui concerne les voies ferrées, les routes et voies navigables, '''l'ensemble des réseaux télégraphiques et téléphoniques''', ainsi que les installations d'indication de navigabilité et de balisage des côtes. En outre le Gouvernement français s'engage, sur ordre du Haut-Commandement allemand, à procéder à tous les travaux de remise en état nécessaires.'' | ''Le Gouvernement français s'engage à veiller à ce que, dans le territoire à occuper par les troupes allemandes, toutes les installations, outils et les stocks militaires soient remis intacts aux troupes allemandes. Il devra en outre veiller à ce que les ports, les entreprises industrielles et les chantiers navals restent dans l'état dans lequel ils se trouvent actuellement, et à ce qu'ils ne soient endommagés d'aucune façon, ni détruits. Il en est de même pour les moyens et voies de communications de toute nature, notamment en ce qui concerne les voies ferrées, les routes et voies navigables, '''l'ensemble des réseaux télégraphiques et téléphoniques''', ainsi que les installations d'indication de navigabilité et de balisage des côtes. En outre le Gouvernement français s'engage, sur ordre du Haut-Commandement allemand, à procéder à tous les travaux de remise en état nécessaires.'' | ||
==Marcel Brossier== | == Marcel Brossier == | ||
Mécanicien, fusillé par les Allemands | Mécanicien, fusillé par les Allemands | ||
(3 mars 1909, Sainte-Gauburge | (3 mars 1909, Sainte-Gauburge, Orne - 17 septembre 1940, [[Saint-Jacques-de-la-Lande]]) | ||
Marcel, Louis, Gaston, fils de Gustave Brossier et d’Henriette Mézerais, avait dû avoir une enfance difficile car il avait un tuteur, M. Louis Forget. | Marcel, Louis, Gaston, fils de Gustave Brossier et d’Henriette Mézerais, avait dû avoir une enfance difficile car il avait un tuteur, M. Louis Forget. En juillet 1929, il habite à [[Vern-sur-Seiche]], près de [[Rennes]], où il exerce la profession de mécanicien. Convoqué pour passer le conseil de révision, il ne fera pas de service militaire car il est amputé de la moitié inférieure de la jambe gauche. Sans doute est-il appareillé. | ||
En septembre 1939, pour la même raison, il n’est pas mobilisé. Il va se distinguer autrement que pour un vol de bicyclette dans la nuit du 13 au 14 juillet 1939 alors qu'il était en état d'ivresse, ce qui lui coûtera deux mois de prison | En septembre 1939, pour la même raison, il n’est pas mobilisé. Il va se distinguer autrement que pour un vol de bicyclette dans la nuit du 13 au 14 juillet 1939 alors qu'il était en état d'ivresse, ce qui lui coûtera deux mois de prison<ref>Ouest-Éclair des 12 août et 12 octobre 1939</ref>. | ||
Il ne peut donc pas se battre contre l’Allemagne nazie et pourtant, il enrage quand il | Il ne peut donc pas se battre contre l’Allemagne nazie et pourtant, il enrage quand il voit les armées ennemies à Rennes le 18 juin 1940<ref>[[18 juin 1940 : les troupes allemandes à Rennes, ville traumatisée]]</ref>. Il habite alors au 33, [[rue Jean-Marie Duhamel|rue Duhamel]] à Rennes. | ||
Dès la fin juillet 1940, le "commandant en chef" allemand informe la population rennaise qu' "un câble militaire fut saboté de manière perfide" et que "de pareils actes de sabotages seront punis de la peine de mort". En outre, dans les endroits où de pareils actes seront constatés, au moins deux hommes seront arrêtés comme otages, jusqu'à ce que le malfaiteur soit "constaté" | Dès la fin juillet 1940, le "commandant en chef" allemand informe la population rennaise qu'"un câble militaire fut saboté de manière perfide" et que "de pareils actes de sabotages seront punis de la peine de mort". En outre, dans les endroits où de pareils actes seront constatés, au moins deux hommes seront arrêtés comme otages, jusqu'à ce que le malfaiteur soit "constaté"<ref>Ouest-Eclair du 28 juillet 1940</ref>. Ce texte sera bientôt appliqué. | ||
Marcel ne supporte pas de voir les Allemands se pavaner dans nos rues et s’installer pour y rester | Marcel ne supporte pas de voir les Allemands se pavaner dans nos rues et s’installer pour y rester longtemps. Il veut faire quelque chose mais les groupes de résistants n’existent pas encore ou, du moins, il ne les connaît pas. Il a vu des ouvriers installer des câbles électriques et téléphoniques pour alimenter des installations allemandes. Un soir, il prend des cisailles dans sa poche et, dès qu’il le peut, il coupe un de ces câbles situés entre la rue Duhamel et l’[[avenue Louis Barthou]]<ref>Renée Thouanel. D’après des recherches faites par Jacques Garcin, d’Alençon, délégué départemental de « Mémoires et Espoir de la Résistance » de l’Orne et les résultats des recherches généalogiques faites par sa petite-nièce, Catherine Dutacq-Leveneur</ref>. | ||
D’après des recherches faites par Jacques Garcin, d’Alençon, délégué départemental de « Mémoires et Espoir de la Résistance » de l’Orne et les résultats des recherches généalogiques faites par sa petite-nièce, Catherine Dutacq-Leveneur </ref> | |||
Est-il | Est-il pris en flagrant délit ou est-il dénoncé ? Il est condamné à mort par le conseil de guerre de la Feldkommandantur, le 12 septembre [[1940]], pour avoir sectionné un câble téléphonique de transmission de l'armée allemande<ref>''Rennes pendant la guerre, chroniques de 1939 à 1945'', par Étienne Maignen. Éditions Ouest-France - 2013</ref>. | ||
Il est fusillé à La Maltière <ref> [[Butte des Fusillés de la Maltière]]</ref>le 17 septembre à 10 heures du matin, | Il est fusillé à La Maltière<ref>[[Butte des Fusillés de la Maltière]]</ref> le 17 septembre à 10 heures du matin, comme l'annonce la proclamation (Bekanntmachung) bilingue affichée en ville ce même jour et une autre affiche en noir et blanc superpose les deux versions de la proclamation. Le quotidien ''l'[[Ouest-Eclair]]'' du 19 septembre<ref>Ouest-Éclair du 19 septembre 1940, page 3http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k662103n/f3.image.langFR</ref> affichera la proclamation bilingue en haut de sa page de Rennes mais aussi dans toutes les éditions du journal pour valoir exemple. Marcel Brossier est le premier fusillé en Bretagne pour acte de sabotage après l'armistice, le cinquième sur toute la France<ref>Ont été fusillés avant lui : Karp Israël, le 27 août à Bordeaux pour s'être livré à des voies de fait contre le tambour-major d'une musique militaire allemande - Louis Frizot, 45 ans, dijonnais, le 31 août à Saint-Apollinaire - Louis Lallier, 25 ans, domestique agricole, le 3 septembre à Épinal, pour avoir coupé un câble - Pierre Roche, 19 ans, le 7 septembre pour un sabotage à Royan''.</ref>. Il est enterré au [[cimetière de l'Est]] à Rennes, mais comme il n’a pas de famille connue, sa tombe sombre dans l’oubli. Bien qu’elle porte la mention « Mort pour la France », sa tombe sera supprimée et ses restes mis dans la fosse commune. Son nom est gravé au [[Panthéon rennais]]. | ||
Il existe heureusement une '''allée Marcel Brossier''' à | Des coupures de câbles de l'armée allemande seront encore constatées le 23 décembre 1940 ainsi que les 22 février et 10 mars 1941, ces deux dernières rendant acquise à l’État allemand la somme d'un million de francs, consignée à titre d'amende. De nombreux sabotages de matériels auront lieu, notamment dans les chemins de fer. | ||
Il existe heureusement une '''allée Marcel Brossier''' à Saint-Jacques-de-la-Lande, fort judicieusement située dans le quartier de [[La Courrouze]]. À la suite d'un article de presse en mars 2016<ref>"Une rue pour le résistant Marcel Brossier ?" Ouest-France, 29 mars 2016</ref>, et par délibération du conseil municipal de Rennes du 30 janvier 2017, une rue de Rennes dans la ZAC de [[la Courrouze]] porte son nom<ref>[[rue Marcel Brossier]]</ref>. | |||
<gallery> | <gallery> | ||
Ligne 43 : | Ligne 43 : | ||
</gallery> | </gallery> | ||
==Article connexe == | == Article connexe == | ||
*[[Rennes d'histoire et de souvenirs]] quatrain 50 | *[[Rennes d'histoire et de souvenirs]] quatrain 50 | ||
==Notes et références== | == Notes et références == | ||
<references/> | <references/> |
Version du 3 juillet 2017 à 07:42
17 SEPTEMBRE 1940, LE PREMIER FUSILLÉ POUR ACTE DE RÉSISTANCE À RENNES
L'article 13 de la convention d'armistice du 22 juin 1940 stipulait que :
Le Gouvernement français s'engage à veiller à ce que, dans le territoire à occuper par les troupes allemandes, toutes les installations, outils et les stocks militaires soient remis intacts aux troupes allemandes. Il devra en outre veiller à ce que les ports, les entreprises industrielles et les chantiers navals restent dans l'état dans lequel ils se trouvent actuellement, et à ce qu'ils ne soient endommagés d'aucune façon, ni détruits. Il en est de même pour les moyens et voies de communications de toute nature, notamment en ce qui concerne les voies ferrées, les routes et voies navigables, l'ensemble des réseaux télégraphiques et téléphoniques, ainsi que les installations d'indication de navigabilité et de balisage des côtes. En outre le Gouvernement français s'engage, sur ordre du Haut-Commandement allemand, à procéder à tous les travaux de remise en état nécessaires.
Marcel Brossier
Mécanicien, fusillé par les Allemands
(3 mars 1909, Sainte-Gauburge, Orne - 17 septembre 1940, Saint-Jacques-de-la-Lande)
Marcel, Louis, Gaston, fils de Gustave Brossier et d’Henriette Mézerais, avait dû avoir une enfance difficile car il avait un tuteur, M. Louis Forget. En juillet 1929, il habite à Vern-sur-Seiche, près de Rennes, où il exerce la profession de mécanicien. Convoqué pour passer le conseil de révision, il ne fera pas de service militaire car il est amputé de la moitié inférieure de la jambe gauche. Sans doute est-il appareillé. En septembre 1939, pour la même raison, il n’est pas mobilisé. Il va se distinguer autrement que pour un vol de bicyclette dans la nuit du 13 au 14 juillet 1939 alors qu'il était en état d'ivresse, ce qui lui coûtera deux mois de prison[1].
Il ne peut donc pas se battre contre l’Allemagne nazie et pourtant, il enrage quand il voit les armées ennemies à Rennes le 18 juin 1940[2]. Il habite alors au 33, rue Duhamel à Rennes. Dès la fin juillet 1940, le "commandant en chef" allemand informe la population rennaise qu'"un câble militaire fut saboté de manière perfide" et que "de pareils actes de sabotages seront punis de la peine de mort". En outre, dans les endroits où de pareils actes seront constatés, au moins deux hommes seront arrêtés comme otages, jusqu'à ce que le malfaiteur soit "constaté"[3]. Ce texte sera bientôt appliqué.
Marcel ne supporte pas de voir les Allemands se pavaner dans nos rues et s’installer pour y rester longtemps. Il veut faire quelque chose mais les groupes de résistants n’existent pas encore ou, du moins, il ne les connaît pas. Il a vu des ouvriers installer des câbles électriques et téléphoniques pour alimenter des installations allemandes. Un soir, il prend des cisailles dans sa poche et, dès qu’il le peut, il coupe un de ces câbles situés entre la rue Duhamel et l’avenue Louis Barthou[4].
Est-il pris en flagrant délit ou est-il dénoncé ? Il est condamné à mort par le conseil de guerre de la Feldkommandantur, le 12 septembre 1940, pour avoir sectionné un câble téléphonique de transmission de l'armée allemande[5].
Il est fusillé à La Maltière[6] le 17 septembre à 10 heures du matin, comme l'annonce la proclamation (Bekanntmachung) bilingue affichée en ville ce même jour et une autre affiche en noir et blanc superpose les deux versions de la proclamation. Le quotidien l'Ouest-Eclair du 19 septembre[7] affichera la proclamation bilingue en haut de sa page de Rennes mais aussi dans toutes les éditions du journal pour valoir exemple. Marcel Brossier est le premier fusillé en Bretagne pour acte de sabotage après l'armistice, le cinquième sur toute la France[8]. Il est enterré au cimetière de l'Est à Rennes, mais comme il n’a pas de famille connue, sa tombe sombre dans l’oubli. Bien qu’elle porte la mention « Mort pour la France », sa tombe sera supprimée et ses restes mis dans la fosse commune. Son nom est gravé au Panthéon rennais.
Des coupures de câbles de l'armée allemande seront encore constatées le 23 décembre 1940 ainsi que les 22 février et 10 mars 1941, ces deux dernières rendant acquise à l’État allemand la somme d'un million de francs, consignée à titre d'amende. De nombreux sabotages de matériels auront lieu, notamment dans les chemins de fer.
Il existe heureusement une allée Marcel Brossier à Saint-Jacques-de-la-Lande, fort judicieusement située dans le quartier de La Courrouze. À la suite d'un article de presse en mars 2016[9], et par délibération du conseil municipal de Rennes du 30 janvier 2017, une rue de Rennes dans la ZAC de la Courrouze porte son nom[10].
Article connexe
- Rennes d'histoire et de souvenirs quatrain 50
Notes et références
- ↑ Ouest-Éclair des 12 août et 12 octobre 1939
- ↑ 18 juin 1940 : les troupes allemandes à Rennes, ville traumatisée
- ↑ Ouest-Eclair du 28 juillet 1940
- ↑ Renée Thouanel. D’après des recherches faites par Jacques Garcin, d’Alençon, délégué départemental de « Mémoires et Espoir de la Résistance » de l’Orne et les résultats des recherches généalogiques faites par sa petite-nièce, Catherine Dutacq-Leveneur
- ↑ Rennes pendant la guerre, chroniques de 1939 à 1945, par Étienne Maignen. Éditions Ouest-France - 2013
- ↑ Butte des Fusillés de la Maltière
- ↑ Ouest-Éclair du 19 septembre 1940, page 3http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k662103n/f3.image.langFR
- ↑ Ont été fusillés avant lui : Karp Israël, le 27 août à Bordeaux pour s'être livré à des voies de fait contre le tambour-major d'une musique militaire allemande - Louis Frizot, 45 ans, dijonnais, le 31 août à Saint-Apollinaire - Louis Lallier, 25 ans, domestique agricole, le 3 septembre à Épinal, pour avoir coupé un câble - Pierre Roche, 19 ans, le 7 septembre pour un sabotage à Royan.
- ↑ "Une rue pour le résistant Marcel Brossier ?" Ouest-France, 29 mars 2016
- ↑ rue Marcel Brossier