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'''Jean Vincent''' est un footballeur puis entraîneur français, né le <time>29 novembre 1930</time> à Labeuvrière (Pas-de-Calais) et mort le <time>13 août 2013</time> à Saint-Nazaire. | |||
Comme joueur, il évolue au poste d'ailier gauche du début des années 1950 jusqu'au milieu des années 1960 et est considéré comme un des meilleurs ailiers de son époque. | |||
Formé à l'US Auchel, il joue de 1950 à 1956 au Lille OSC, avec qui il remporte un championnat de France et deux coupes de France, puis de 1956 à 1964 au Stade de Reims où il conquit trois Championnats de France et une Coupe de France et parvient en finale de la coupe d'Europe des clubs champions. | |||
En équipe de France, il joue 46 matchs et marque 22 buts. Il participe à la Coupe du monde 1954 puis celle de 1958 où la France termine 3<sup>e</sup>. Il termine ensuite 4<sup>e</sup> du premier championnat d'Europe des Nations en 1960. Il est également Champion d'Europe juniors en 1949. | |||
Comme entraîneur de club, il remporte avec le Football Club de Nantes deux Championnats de France et une Coupe de France, avec le Stade rennais le titre de champion de France de deuxième division. Il est également champion du Maroc avec le Wydad de Casablanca. En tant qu'entraîneur de sélection nationale, il dirige le Cameroun lors de la Coupe du monde 1982 puis la Tunisie en 1986. | |||
== Carrière de joueur == | |||
=== Débuts à Auchel et victoire en championnat d'Europe juniors === | |||
Jean Vincent débute le football dans le club de sa ville, l'Étoile Sportive de Labeuvrière en 1943. À 16 ans, il rejoint à l'US Auchel qui vient d'être couronné champion de France amateurs. | |||
Sous la direction de l'entraîneur Élie Fruchart, il progresse rapidement et se retrouve sélectionner en équipe de France juniors. En avril 1949, il participe au second championnat d'Europe juniors organisé aux Pays-Bas. Jean Vincent et ses coéquipiers Foix, Bonifaci, Méano | |||
<nowiki> </nowiki>notamment, remportent le tournoi en battant en finale le pays | |||
organisateur 4-1. C'est le premier trophée international pour une équipe | |||
<nowiki> </nowiki>de France de football. | |||
=== Lille OSC (1950-1956) === | |||
Repéré par le club voisin du Lille OSC, il signe son premier contrat professionnel à 19 ans. Il débute en équipe première le <time>27 août 1950</time> contre le Red Star (1-1) et marque son premier but en fin de saison contre le FC Nancy (2-1). Au total, il dispute quatre rencontres et marque un but lors de cette première saison. En juin 1951, il joue la demi-finale de la Coupe Latine contre le Sporting Portugal (1-1) puis la finale contre le Milan AC qui se solde par une défaite 5-0. | |||
La saison suivante, Jean Vincent s'impose comme titulaire dans l'équipe nordiste et marque 14 buts dont un triplé lors de la 17<sup>e</sup> journée contre le Racing Club de Paris (7-3). Le club finit troisième du championnat de France et perd en demi-finale de la coupe de France contre Bordeaux (2-1). Lors de ce match, le gardien titulaire étant blessé, le gardien remplaçant fâché avec les dirigeants et le troisième gardien jugé trop jeune, c'est Jean Baratte habituellement à la pointe de l'équipe nordiste qui occupe le poste de gardien. | |||
En 1952-1953, le club termine quatrième du championnat mais c'est en | |||
coupe de France que Jean Vincent et son équipe réalise un excellent | |||
parcours. En demi-finale, il marque le but de la victoire contre l'AS Saint-Étienne (1-0). En finale contre le Football Club de Nancy, il ouvre le score à la 17<sup>e</sup> minute d'un tir croisé sur une passe de Erik Kuld Jensen. Lille gagne la quatrième coupe de France de son histoire en s'imposant 2-1. En 1953-1954, son association à la pointe de l'attaque lilloise avec Yvon Douis, André Strappe et Jean-Paul Desrousseau fait des merveilles et le LOSC gagne le championnat de France. L'équipe dispute également la finale de la coupe Drago contre le Stade de Reims qu'il perd 6-3 malgré un but de Vincent. | |||
Le départ de Cor van der Hart | |||
<nowiki> </nowiki>l'année suivante déstabilise l'équipe et malgré les 15 buts de Vincent en 33 rencontres, le club connait une fin de saison difficile. Il doit passer par les barrages pour se maintenir en première division. En Coupe de France, le club dispute la finale contre les Girondins de Bordeaux. Jean Vincent joue pour la deuxième fois de sa carrière avant-centre aux côtés de Douis, Strappe se positionnant en meneur de jeu. La tactique fonctionne et Vincent ouvre le score de la tête à la suite d'un centre de Bernard Lefèvre à la 7<sup>e</sup> minute, le LOSC s'impose cinq à deux. La saison 1955-1956 est sa dernière dans le Nord, il dispute 31 matchs et marque 11 buts. Jean Vincent ne participe pas à la fin de la saison et ne joue ni la finale de la coupe Drago perdue contre Nîmes Olympique, ni les barrages contre l'US Valenciennes (défaite 4-0 en match d'appui) qui provoquent la chute du LOSC en Division 2. | |||
=== Stade de Reims (1956-1964) === | |||
Le club lillois ayant besoin d'argent, il est transféré au Stade de Reims pour 195 000 francs (19,5 millions d'anciens francs d'avant 1960) et la recette du prochain Lille-Reims et a pour mission avec les autres recrues Just Fontaine et Roger Piantoni de faire oublier Raymond Kopa parti au Real Madrid. Après une saison d'adaptation, Jean Vincent réalise avec ses coéquipiers le doublé Coupe-championnat en 1958. Lors de seconde mi-temps de la finale de Coupe de France disputé contre Nîmes Olympique, Dominique Colonna, le gardien rémois se blesse et ne peut plus assurer son poste, Vincent | |||
le remplace avec succès repoussant ainsi un tir sur la barre. Le club l'emporte finalement 3-1. | |||
L'année suivante le Stade de Reims dispute pour la seconde fois une finale de la Coupe d'Europe des clubs champions contre le Real Madrid de Raymond Kopa et Alfredo Di Stéfano, Vincent et ses coéquipiers s'inclinent logiquement 2-0. Aucun Rémois ne joue sur sa vraie valeur, à l'exception de Colonna qui arrête un penalty. Vincent s'illustre négativement en blessant gravement Kopa au genou. | |||
Il est à nouveau champion de France en 1960. Avec le retour de Kopa, l'attaque rémoise se confond avec l'attaque de l'équipe de France et marque 109 buts en Championnat. Fontaine finit meilleur buteur avec 28 buts, Piantoni en marque 18, Kopa et Vincent 14 chacun. Il remporte avec ses coéquipiers un dernier Championnat en 1962 pour un but de goal-average sur le Racing. En 1963, il est avec son club vice-champion de France derrière l'AS Monaco et perd en demi-finale de la Coupe de France contre ces mêmes Monégasques malgré un but marqué. | |||
La saison suivante, le Stade de Reims est profondément amoindri. Il perd son entraîneur Albert Batteux, brouillé avec le président Henri Germain, Raymond Kopa est suspendu six mois à la suite d'une altercation avec Georges Verriest, le sélectionneur de l'Équipe de France, Roger Piantoni n'arrive pas à revenir de blessure et Just Fontaine doit prendre sa retraite. Reims finit 17<sup>e</sup> de première division et descend en seconde division avec la plus faible attaque du championnat, Jean Vincent et Raymond Kopa ne suffisant pas pour sauver le club. Il arrête sa carrière professionnelle sur cette relégation à l'âge de 34 ans. | |||
== En équipe de France == | |||
Sa première sélection en équipe de France date du <time>17 décembre 1953</time> pour un match de qualification de la Coupe du monde contre le Luxembourg, 8-0. Il marque deux buts et offre une passe décisive à Jacques Foix. | |||
=== Coupe du monde 1954 et victoires amicales de prestige === | |||
Sa performance lors de son second match en bleu contre la Belgique le 30 mai 1954, le fait retenir par les sélectionneurs pour la Coupe du monde 1954 qui débute quinze jours plus tard. Il marque, lors du second match contre le Mexique, un but sur une passe de Ben Tifour et provoque le pénalty transformé par Raymond Kopa mais la France ne dépasse pas le stade du premier tour de la compétition. Il est un des rares tricolores à tirer son épingle du jeu lors de cette Coupe du monde. | |||
Aux lendemains de cette Coupe du monde raté, Vincent s'illustre avec l'équipe de France en novembre 1954 en battant les Allemands, tout juste auréolés de leur titre acquis en Suisse, chez eux 3-1, Kopa lui offrant le but du 2-0. Autre grande victoire celle contre l'Espagne en mars 1955, les Français battent l'Espagne chez elle 2-1, Vincent marque le but de la victoire à la 73<sup>e</sup> minute sur une reprise d'un centre de Glovacki lancé par Kopa. Lors du match suivant contre l'Angleterre en mai 1955 (1-0), il est à l'origine du pénalty transformé par Kopa à la 37<sup>e</sup> minute. | |||
Avec ses coéquipiers de l'équipe de France, Robert Jonquet et Raymond Kopa, Jean Vincent, alors au sommet de sa carrière, est retenu en aout 1955 dans la sélection du "Continent" qui affronte et bat la Grande-Bretagne à Belfast, Il égalise à 1 à 1 avant que le Yougoslave Vukas marque 3 buts pour porter le score à 4-1. | |||
=== Coupe du monde 1958 === | |||
Jean Vincent et six de ses coéquipiers du Stade de Reims sont sélectionnés pour la Coupe du monde. Il marque le dernier but de la victoire contre le Paraguay 7-3 puis participe à la totalité des matchs de l'épopée suédoise. En seconde mi-temps contre l'Écosse, Albert Batteux, sélectionneur de l'équipe de France, demande à Vincent de jouer demi, poste tenu alors par Roger Piantoni, pour permettre à celui-ci d'opérer en pointe. Cette formation sera conservée contre l'Irlande du Nord puis en demi-finale. | |||
Lors du match contre le Brésil, il est repositionné au milieu du terrain au marquage de Didi à la suite de la blessure de Robert Jonquet à la 34<sup>e</sup> minute, la France à 10 s'incline 5-2. Quatre jours plus tard, pour le match de la 3<sup>e</sup> place contre l'Allemagne, il retrouve son rôle d'ailier en l'absence de Piantoni et la France s'impose 6 buts à 3. | |||
=== Championnat d'Europe 1960 === | |||
C'est en capitaine de l'équipe de France qu'il débute les premiers Championnats d'Europe de football organisés en 1960 dont la phase finale à quatre équipes se déroule en France. En huitièmes de finales contre la Grèce (7-1 au match aller) puis en quarts contre l'Autriche (5-2 au match aller), il marque à chaque fois deux buts. Le 16 mars 1960, il est de nouveau choisi comme capitaine pour le match | |||
<nowiki> </nowiki>contre le Chili (6-0), il marque un but sur une passe de Lucien Muller et offre une passe décisive à Fontaine. | |||
L'équipe de France est présenté comme la favorite de la phase finale | |||
mais sa ligne d'attaque est décimée, Kopa, Fontaine et Piantoni sont | |||
blessés et ils ne sont plus que quatre de l'aventure de 1958 à être sélectionnés (Vincent, Jean-Jacques Marcel, Maryan Wisnieski et Robert Jonquet). Lors de la demi-finale contre la Yougoslavie, il égalise à la 12<sup>e</sup> minute du gauche à la suite d'une passe de Muller puis offre la balle de 3-1 à Wisnieski, l'équipe de France s'incline cependant après avoir encaissé trois buts dans la dernière demi-heure de jeu. | |||
Lors du match pour la 3<sup>e</sup> place contre la Tchécoslovaquie, malgré le retour de Jonquet en défense centrale, la France s'incline 2-0 au Vélodrome dans un match de faible niveau. | |||
=== Fin de l'aventure en bleu === | |||
Il porte une dernière fois le brassard lors de la défaite contre la Suisse 6-2 puis connait sa dernière sélection contre la Belgique (18 octobre 1961) où il est positionné au marquage de Paul Van Himst et joue ainsi pour la première fois un rôle d'arrière. | |||
Il apparait encore sur la feuille de match en tant que réserviste lors des matchs contre l'Espagne (1-1) et lors du match d'appui décisif | |||
pour la qualification à la Coupe du monde contre la Bulgarie, le 16 décembre 1961. Cette défaite, synonyme de non voyage au Chili, sera sa dernière apparition dans le groupe de l'équipe de France. | |||
== Carrière d'entraîneur == | |||
=== Apprentissage === | |||
Il raccroche les crampons et entame une carrière d'entraîneur au SM Caen, club du Championnat de France amateur à partir de juillet 1964. Il connait avec ce club la relégation en Division d'Honneur en 1965 puis la remontée immédiate après avoir fini la saison 1<sup>e</sup> de DH de Normandie en 1966. Il part ensuite au FC La Chaux-de-Fond, club opérant en Ligue Nationale A Suisse de juillet 1967 à novembre 1970. Le club lutte ces trois saisons contre la relégation | |||
Jean Vincent revient en France en 1971 et prend la direction de l'équipe du SC Bastia qui vient de frôler la relégation et remplace Delfour. Malgré les renforts de Pantelic, Savkovic et de Félix, l'équipe ne décolle pas du bas du classement et il passe la main en cours de saison à Pierre Cahuzac. | |||
Il rebondit l'année suivante au FC Lorient en Division 2. Le club a peu de moyens mais développe un jeu agréable. En 1975 et 1976, il manque de peu avec les merlus l’accession en | |||
première division. Au printemps 1976, alors qu'il vient de signer au | |||
club pour deux ans supplémentaires, Jean Vincent est contacté par le FC Nantes pour remplacer José Arribas. | |||
=== Nantes et les trophées en France === | |||
En 1976, Jean Vincent succède donc à José Arribas, il est préféré à Jean-Claude Suaudeau jugé alors trop jeune par la direction du club nantais. Il privilégie les joueurs formés au club, et continue à favoriser le jeu à la nantaise développé par son prédécesseur, ce jeu offensif fait de mouvements | |||
spectaculaires sur le terrain. Il est en cela aidé par l'ancien élève d'Arribas, Coco Suaudeau devenu son adjoint en 1978. | |||
Jean Vincent dispose d'un effectif de qualité, il s'appuie sur le capitaine Henri Michel, sur une défense composée de Bertrand-Demanes, Rio, Bossis, Bargas et fait confiance au trio de l'équipe de France olympique de Montréal, Baronchelli-Pécout-Amisse pour dynamiser l'attaque. | |||
Il encourage son équipe à prendre des risques et aller de l'avant et les résultats suivent. Nantes remporte le championnat en 1977 et en 1980 et termine second en 1978 et 1979. Le club est également vainqueur de la coupe de France en 1979. | |||
La saison 1979-80, outre la suprématie en championnat, permet d'écrire l'une des plus belles pages de l'histoire du club en coupe des Coupes. Les Irlandais de Cliftonville FC, le Steaua Bucarest, le Dynamo Moscou succombent. En demi-finale, le club est opposé au Valence CF entrainé par Alfredo Di Stéfano. Au match aller, il s'impose 2-1 grâce à deux buts de Baronchelli, Jean Vincent déclare « Cette fois nous ne sommes passés à côté de notre match. Le seul regret que | |||
nous pouvons nourrir, c'est ne pas avoir gagné plus nettement ». Au match retour, les canaris se font corriger par Kempes et ses coéquipiers 4-0 à Valence, Kempes marque deux buts. | |||
Le club est encore vice-champion en 1981. En 1981-82, malgré les résultats, son autorité est contestée. Jean | |||
Vincent décide de quitter Nantes en cours de saison, le 3 mars 1982, | |||
après une dernière victoire en championnat, 3-0 contre l'AS Saint-Étienne. Il est remplacé par Jean-Claude Suaudeau. | |||
=== Les lions indomptables === | |||
Il prend alors en mains l'équipe nationale du Cameroun, trois mois avant la Coupe du monde 1982 en Espagne. Sous sa direction, les « lions indomptables » font sensation, terminant | |||
<nowiki> </nowiki>le premier tour invaincus, mais éliminés après trois matches nuls | |||
contre le Pérou (0-0), la Pologne (0-0) et l'Italie (1-1), futur vainqueur de l'épreuve. | |||
=== Stade Rennais === | |||
Jean Vincent dirige ensuite les joueurs du Stade Rennais de 1982 à 1984 où il succède à Pierre Garcia au poste d'entraîneur. Le Stade Rennais remonte en première division en terminant en tête du groupe A. Dans le match des champions de D2, Rennes rencontre le SC Toulon, premier du groupe B. A l'aller, les bretons s'imposent 1-0 dans le sud de la France puis concèdent le match nul 2-2 sur leur terrain. Le Stade Rennais est Champion de France de deuxième division. | |||
Pour son retour dans l'élite, Jean Vincent peut compter sur Yannick Stopyra, nouvelle recrue du club et sur Pierrick Hiard qui retrouve sa Bretagne et les buts Rennais après son départ à Bastia en 1978. Malgré ce recrutement, Rennes termine 20<sup>e</sup> et dernier du classement. Jean Vincent est alors évincé de ses fonctions. | |||
=== Wydad Casablanca et la sélection tunisienne === | |||
Il prend le chemin du Maroc en 1985 pour prendre en main l'équipe du Wydad de Casablanca. Il lance WAC de nombreux jeunes tels que Hassan Nader et Khalil Azmi en équipe première et le WAC termine champion pour la douzième fois de son histoire avec deux points d'avance sur le Raja Casablanca. | |||
Il accepte ensuite le poste de sélectionneur de l'équipe de Tunisie en 1986-1987. Il est démis de son poste de sélectionneur à la suite d'une série de défaites notamment en qualification de la CAN 1988. | |||
== Fin de carrière == | |||
À partir de 1988, Jean Vincent organise à Saint-Brevin-les-Pins des stages pour jeunes footballeurs à Pâques et en été. En 1995, Jean Vincent prend sa retraite et les stages sont repris par le FC Nantes. | |||
Il meurt le <time>13 août 2013</time>. |
Version du 6 juin 2016 à 11:00
Jean Vincent est un footballeur puis entraîneur français, né le à Labeuvrière (Pas-de-Calais) et mort le à Saint-Nazaire.
Comme joueur, il évolue au poste d'ailier gauche du début des années 1950 jusqu'au milieu des années 1960 et est considéré comme un des meilleurs ailiers de son époque.
Formé à l'US Auchel, il joue de 1950 à 1956 au Lille OSC, avec qui il remporte un championnat de France et deux coupes de France, puis de 1956 à 1964 au Stade de Reims où il conquit trois Championnats de France et une Coupe de France et parvient en finale de la coupe d'Europe des clubs champions.
En équipe de France, il joue 46 matchs et marque 22 buts. Il participe à la Coupe du monde 1954 puis celle de 1958 où la France termine 3e. Il termine ensuite 4e du premier championnat d'Europe des Nations en 1960. Il est également Champion d'Europe juniors en 1949.
Comme entraîneur de club, il remporte avec le Football Club de Nantes deux Championnats de France et une Coupe de France, avec le Stade rennais le titre de champion de France de deuxième division. Il est également champion du Maroc avec le Wydad de Casablanca. En tant qu'entraîneur de sélection nationale, il dirige le Cameroun lors de la Coupe du monde 1982 puis la Tunisie en 1986.
Carrière de joueur
Débuts à Auchel et victoire en championnat d'Europe juniors
Jean Vincent débute le football dans le club de sa ville, l'Étoile Sportive de Labeuvrière en 1943. À 16 ans, il rejoint à l'US Auchel qui vient d'être couronné champion de France amateurs.
Sous la direction de l'entraîneur Élie Fruchart, il progresse rapidement et se retrouve sélectionner en équipe de France juniors. En avril 1949, il participe au second championnat d'Europe juniors organisé aux Pays-Bas. Jean Vincent et ses coéquipiers Foix, Bonifaci, Méano notamment, remportent le tournoi en battant en finale le pays organisateur 4-1. C'est le premier trophée international pour une équipe de France de football.
Lille OSC (1950-1956)
Repéré par le club voisin du Lille OSC, il signe son premier contrat professionnel à 19 ans. Il débute en équipe première le contre le Red Star (1-1) et marque son premier but en fin de saison contre le FC Nancy (2-1). Au total, il dispute quatre rencontres et marque un but lors de cette première saison. En juin 1951, il joue la demi-finale de la Coupe Latine contre le Sporting Portugal (1-1) puis la finale contre le Milan AC qui se solde par une défaite 5-0.
La saison suivante, Jean Vincent s'impose comme titulaire dans l'équipe nordiste et marque 14 buts dont un triplé lors de la 17e journée contre le Racing Club de Paris (7-3). Le club finit troisième du championnat de France et perd en demi-finale de la coupe de France contre Bordeaux (2-1). Lors de ce match, le gardien titulaire étant blessé, le gardien remplaçant fâché avec les dirigeants et le troisième gardien jugé trop jeune, c'est Jean Baratte habituellement à la pointe de l'équipe nordiste qui occupe le poste de gardien.
En 1952-1953, le club termine quatrième du championnat mais c'est en coupe de France que Jean Vincent et son équipe réalise un excellent parcours. En demi-finale, il marque le but de la victoire contre l'AS Saint-Étienne (1-0). En finale contre le Football Club de Nancy, il ouvre le score à la 17e minute d'un tir croisé sur une passe de Erik Kuld Jensen. Lille gagne la quatrième coupe de France de son histoire en s'imposant 2-1. En 1953-1954, son association à la pointe de l'attaque lilloise avec Yvon Douis, André Strappe et Jean-Paul Desrousseau fait des merveilles et le LOSC gagne le championnat de France. L'équipe dispute également la finale de la coupe Drago contre le Stade de Reims qu'il perd 6-3 malgré un but de Vincent.
Le départ de Cor van der Hart l'année suivante déstabilise l'équipe et malgré les 15 buts de Vincent en 33 rencontres, le club connait une fin de saison difficile. Il doit passer par les barrages pour se maintenir en première division. En Coupe de France, le club dispute la finale contre les Girondins de Bordeaux. Jean Vincent joue pour la deuxième fois de sa carrière avant-centre aux côtés de Douis, Strappe se positionnant en meneur de jeu. La tactique fonctionne et Vincent ouvre le score de la tête à la suite d'un centre de Bernard Lefèvre à la 7e minute, le LOSC s'impose cinq à deux. La saison 1955-1956 est sa dernière dans le Nord, il dispute 31 matchs et marque 11 buts. Jean Vincent ne participe pas à la fin de la saison et ne joue ni la finale de la coupe Drago perdue contre Nîmes Olympique, ni les barrages contre l'US Valenciennes (défaite 4-0 en match d'appui) qui provoquent la chute du LOSC en Division 2.
Stade de Reims (1956-1964)
Le club lillois ayant besoin d'argent, il est transféré au Stade de Reims pour 195 000 francs (19,5 millions d'anciens francs d'avant 1960) et la recette du prochain Lille-Reims et a pour mission avec les autres recrues Just Fontaine et Roger Piantoni de faire oublier Raymond Kopa parti au Real Madrid. Après une saison d'adaptation, Jean Vincent réalise avec ses coéquipiers le doublé Coupe-championnat en 1958. Lors de seconde mi-temps de la finale de Coupe de France disputé contre Nîmes Olympique, Dominique Colonna, le gardien rémois se blesse et ne peut plus assurer son poste, Vincent le remplace avec succès repoussant ainsi un tir sur la barre. Le club l'emporte finalement 3-1.
L'année suivante le Stade de Reims dispute pour la seconde fois une finale de la Coupe d'Europe des clubs champions contre le Real Madrid de Raymond Kopa et Alfredo Di Stéfano, Vincent et ses coéquipiers s'inclinent logiquement 2-0. Aucun Rémois ne joue sur sa vraie valeur, à l'exception de Colonna qui arrête un penalty. Vincent s'illustre négativement en blessant gravement Kopa au genou.
Il est à nouveau champion de France en 1960. Avec le retour de Kopa, l'attaque rémoise se confond avec l'attaque de l'équipe de France et marque 109 buts en Championnat. Fontaine finit meilleur buteur avec 28 buts, Piantoni en marque 18, Kopa et Vincent 14 chacun. Il remporte avec ses coéquipiers un dernier Championnat en 1962 pour un but de goal-average sur le Racing. En 1963, il est avec son club vice-champion de France derrière l'AS Monaco et perd en demi-finale de la Coupe de France contre ces mêmes Monégasques malgré un but marqué.
La saison suivante, le Stade de Reims est profondément amoindri. Il perd son entraîneur Albert Batteux, brouillé avec le président Henri Germain, Raymond Kopa est suspendu six mois à la suite d'une altercation avec Georges Verriest, le sélectionneur de l'Équipe de France, Roger Piantoni n'arrive pas à revenir de blessure et Just Fontaine doit prendre sa retraite. Reims finit 17e de première division et descend en seconde division avec la plus faible attaque du championnat, Jean Vincent et Raymond Kopa ne suffisant pas pour sauver le club. Il arrête sa carrière professionnelle sur cette relégation à l'âge de 34 ans.
En équipe de France
Sa première sélection en équipe de France date du pour un match de qualification de la Coupe du monde contre le Luxembourg, 8-0. Il marque deux buts et offre une passe décisive à Jacques Foix.
Coupe du monde 1954 et victoires amicales de prestige
Sa performance lors de son second match en bleu contre la Belgique le 30 mai 1954, le fait retenir par les sélectionneurs pour la Coupe du monde 1954 qui débute quinze jours plus tard. Il marque, lors du second match contre le Mexique, un but sur une passe de Ben Tifour et provoque le pénalty transformé par Raymond Kopa mais la France ne dépasse pas le stade du premier tour de la compétition. Il est un des rares tricolores à tirer son épingle du jeu lors de cette Coupe du monde.
Aux lendemains de cette Coupe du monde raté, Vincent s'illustre avec l'équipe de France en novembre 1954 en battant les Allemands, tout juste auréolés de leur titre acquis en Suisse, chez eux 3-1, Kopa lui offrant le but du 2-0. Autre grande victoire celle contre l'Espagne en mars 1955, les Français battent l'Espagne chez elle 2-1, Vincent marque le but de la victoire à la 73e minute sur une reprise d'un centre de Glovacki lancé par Kopa. Lors du match suivant contre l'Angleterre en mai 1955 (1-0), il est à l'origine du pénalty transformé par Kopa à la 37e minute.
Avec ses coéquipiers de l'équipe de France, Robert Jonquet et Raymond Kopa, Jean Vincent, alors au sommet de sa carrière, est retenu en aout 1955 dans la sélection du "Continent" qui affronte et bat la Grande-Bretagne à Belfast, Il égalise à 1 à 1 avant que le Yougoslave Vukas marque 3 buts pour porter le score à 4-1.
Coupe du monde 1958
Jean Vincent et six de ses coéquipiers du Stade de Reims sont sélectionnés pour la Coupe du monde. Il marque le dernier but de la victoire contre le Paraguay 7-3 puis participe à la totalité des matchs de l'épopée suédoise. En seconde mi-temps contre l'Écosse, Albert Batteux, sélectionneur de l'équipe de France, demande à Vincent de jouer demi, poste tenu alors par Roger Piantoni, pour permettre à celui-ci d'opérer en pointe. Cette formation sera conservée contre l'Irlande du Nord puis en demi-finale.
Lors du match contre le Brésil, il est repositionné au milieu du terrain au marquage de Didi à la suite de la blessure de Robert Jonquet à la 34e minute, la France à 10 s'incline 5-2. Quatre jours plus tard, pour le match de la 3e place contre l'Allemagne, il retrouve son rôle d'ailier en l'absence de Piantoni et la France s'impose 6 buts à 3.
Championnat d'Europe 1960
C'est en capitaine de l'équipe de France qu'il débute les premiers Championnats d'Europe de football organisés en 1960 dont la phase finale à quatre équipes se déroule en France. En huitièmes de finales contre la Grèce (7-1 au match aller) puis en quarts contre l'Autriche (5-2 au match aller), il marque à chaque fois deux buts. Le 16 mars 1960, il est de nouveau choisi comme capitaine pour le match contre le Chili (6-0), il marque un but sur une passe de Lucien Muller et offre une passe décisive à Fontaine.
L'équipe de France est présenté comme la favorite de la phase finale mais sa ligne d'attaque est décimée, Kopa, Fontaine et Piantoni sont blessés et ils ne sont plus que quatre de l'aventure de 1958 à être sélectionnés (Vincent, Jean-Jacques Marcel, Maryan Wisnieski et Robert Jonquet). Lors de la demi-finale contre la Yougoslavie, il égalise à la 12e minute du gauche à la suite d'une passe de Muller puis offre la balle de 3-1 à Wisnieski, l'équipe de France s'incline cependant après avoir encaissé trois buts dans la dernière demi-heure de jeu.
Lors du match pour la 3e place contre la Tchécoslovaquie, malgré le retour de Jonquet en défense centrale, la France s'incline 2-0 au Vélodrome dans un match de faible niveau.
Fin de l'aventure en bleu
Il porte une dernière fois le brassard lors de la défaite contre la Suisse 6-2 puis connait sa dernière sélection contre la Belgique (18 octobre 1961) où il est positionné au marquage de Paul Van Himst et joue ainsi pour la première fois un rôle d'arrière.
Il apparait encore sur la feuille de match en tant que réserviste lors des matchs contre l'Espagne (1-1) et lors du match d'appui décisif pour la qualification à la Coupe du monde contre la Bulgarie, le 16 décembre 1961. Cette défaite, synonyme de non voyage au Chili, sera sa dernière apparition dans le groupe de l'équipe de France.
Carrière d'entraîneur
Apprentissage
Il raccroche les crampons et entame une carrière d'entraîneur au SM Caen, club du Championnat de France amateur à partir de juillet 1964. Il connait avec ce club la relégation en Division d'Honneur en 1965 puis la remontée immédiate après avoir fini la saison 1e de DH de Normandie en 1966. Il part ensuite au FC La Chaux-de-Fond, club opérant en Ligue Nationale A Suisse de juillet 1967 à novembre 1970. Le club lutte ces trois saisons contre la relégation
Jean Vincent revient en France en 1971 et prend la direction de l'équipe du SC Bastia qui vient de frôler la relégation et remplace Delfour. Malgré les renforts de Pantelic, Savkovic et de Félix, l'équipe ne décolle pas du bas du classement et il passe la main en cours de saison à Pierre Cahuzac.
Il rebondit l'année suivante au FC Lorient en Division 2. Le club a peu de moyens mais développe un jeu agréable. En 1975 et 1976, il manque de peu avec les merlus l’accession en première division. Au printemps 1976, alors qu'il vient de signer au club pour deux ans supplémentaires, Jean Vincent est contacté par le FC Nantes pour remplacer José Arribas.
Nantes et les trophées en France
En 1976, Jean Vincent succède donc à José Arribas, il est préféré à Jean-Claude Suaudeau jugé alors trop jeune par la direction du club nantais. Il privilégie les joueurs formés au club, et continue à favoriser le jeu à la nantaise développé par son prédécesseur, ce jeu offensif fait de mouvements spectaculaires sur le terrain. Il est en cela aidé par l'ancien élève d'Arribas, Coco Suaudeau devenu son adjoint en 1978.
Jean Vincent dispose d'un effectif de qualité, il s'appuie sur le capitaine Henri Michel, sur une défense composée de Bertrand-Demanes, Rio, Bossis, Bargas et fait confiance au trio de l'équipe de France olympique de Montréal, Baronchelli-Pécout-Amisse pour dynamiser l'attaque.
Il encourage son équipe à prendre des risques et aller de l'avant et les résultats suivent. Nantes remporte le championnat en 1977 et en 1980 et termine second en 1978 et 1979. Le club est également vainqueur de la coupe de France en 1979.
La saison 1979-80, outre la suprématie en championnat, permet d'écrire l'une des plus belles pages de l'histoire du club en coupe des Coupes. Les Irlandais de Cliftonville FC, le Steaua Bucarest, le Dynamo Moscou succombent. En demi-finale, le club est opposé au Valence CF entrainé par Alfredo Di Stéfano. Au match aller, il s'impose 2-1 grâce à deux buts de Baronchelli, Jean Vincent déclare « Cette fois nous ne sommes passés à côté de notre match. Le seul regret que nous pouvons nourrir, c'est ne pas avoir gagné plus nettement ». Au match retour, les canaris se font corriger par Kempes et ses coéquipiers 4-0 à Valence, Kempes marque deux buts.
Le club est encore vice-champion en 1981. En 1981-82, malgré les résultats, son autorité est contestée. Jean Vincent décide de quitter Nantes en cours de saison, le 3 mars 1982, après une dernière victoire en championnat, 3-0 contre l'AS Saint-Étienne. Il est remplacé par Jean-Claude Suaudeau.
Les lions indomptables
Il prend alors en mains l'équipe nationale du Cameroun, trois mois avant la Coupe du monde 1982 en Espagne. Sous sa direction, les « lions indomptables » font sensation, terminant le premier tour invaincus, mais éliminés après trois matches nuls contre le Pérou (0-0), la Pologne (0-0) et l'Italie (1-1), futur vainqueur de l'épreuve.
Stade Rennais
Jean Vincent dirige ensuite les joueurs du Stade Rennais de 1982 à 1984 où il succède à Pierre Garcia au poste d'entraîneur. Le Stade Rennais remonte en première division en terminant en tête du groupe A. Dans le match des champions de D2, Rennes rencontre le SC Toulon, premier du groupe B. A l'aller, les bretons s'imposent 1-0 dans le sud de la France puis concèdent le match nul 2-2 sur leur terrain. Le Stade Rennais est Champion de France de deuxième division.
Pour son retour dans l'élite, Jean Vincent peut compter sur Yannick Stopyra, nouvelle recrue du club et sur Pierrick Hiard qui retrouve sa Bretagne et les buts Rennais après son départ à Bastia en 1978. Malgré ce recrutement, Rennes termine 20e et dernier du classement. Jean Vincent est alors évincé de ses fonctions.
Wydad Casablanca et la sélection tunisienne
Il prend le chemin du Maroc en 1985 pour prendre en main l'équipe du Wydad de Casablanca. Il lance WAC de nombreux jeunes tels que Hassan Nader et Khalil Azmi en équipe première et le WAC termine champion pour la douzième fois de son histoire avec deux points d'avance sur le Raja Casablanca.
Il accepte ensuite le poste de sélectionneur de l'équipe de Tunisie en 1986-1987. Il est démis de son poste de sélectionneur à la suite d'une série de défaites notamment en qualification de la CAN 1988.
Fin de carrière
À partir de 1988, Jean Vincent organise à Saint-Brevin-les-Pins des stages pour jeunes footballeurs à Pâques et en été. En 1995, Jean Vincent prend sa retraite et les stages sont repris par le FC Nantes.
Il meurt le .