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'''Michel Le Milinaire''', né le <time>7 février 1931</time> à Kergrist-Moëlou (Côtes d'Armor), fut l'entraîneur emblématique du Stade Lavallois. Instituteur puis conseiller pédagogique de l'Éducation nationale, il a été désigné comme meilleur entraîneur français des années 1980 et 1984 selon ''France Football'', et meilleur entraîneur de D2 en 1975. | |||
== Biographie == | |||
=== Origine === | |||
Après des études primaires à l'école communale de son village natal et la participation à plusieurs courses cyclistes dans sa région, il partit pour le lycée de Saint-Brieuc, où il choisit définitivement la pratique du football. Il prend alors une licence au Stade Briochin. | |||
=== Instituteur === | |||
À la fin du lycée, en 1952, il est jeune instituteur au Maroc à l'école musulmane de Fès. Il revient en France en 1953 et signe une licence au Stade Lavallois, et est élève à l'École normale d'instituteurs de Laval pendant trois mois, rue de la Maillarderie. Il effectue ensuite son service militaire au Maroc pendant 27 mois. À son retour en France, il effectue quelques remplacements en tant qu'instituteur. | |||
=== Joueur amateur === | |||
C'est le début de sa carrière à Laval. Il obtient un premier poste à Bouère. Il jouera alors au Stade Lavallois puis, au début des années 1960, opta pour le Club Athlétique Mayennais où il resta cinq ans comme entraîneur-joueur. Fort de cette expérience, il revient comme entraîneur des jeunes au Stade Lavallois lors de la saison 1964-65. | |||
=== Entraîneur === | |||
Homme malin et cultivé, instituteur public, connu pour ses positions de gauche, il prend l'équipe première sous ses ordres lors de la saison 1968-69, c'est l'année lors de laquelle le Stade Lavallois dispute la finale du championnat de France amateur. Il effectue alors sa journée de travail; et le soir, s'occupe de l'entraînement comme les joueurs y compris les anciens professionnels qui travaillent en entreprises, dans les banques ou bien les amateurs, encore étudiants... | |||
Lors de sa première année comme entraîneur, l'équipe remporte le titre de champion de l’Ouest. C'était donc une équipe qui pouvait rivaliser avec les grands clubs amateurs sur le plan national. | |||
=== Le Stade Lavallois === | |||
Il change avec le président Henri Bisson la structure du Stade Lavallois. Ils feront de ce club l'un des meilleurs de France pendant de nombreuses années, le Stade Lavallois ressemblant avant en quelque sorte au modèle Auxerrois. Il l'amène en Division 1 en 1976, et en Coupe UEFA en sortant vainqueur notamment de la double confrontation contre le Dynamo Kiev (1-0 à Francis-Le-Basser, 0-0 en URSS). | |||
Du statut amateur, le club est devenu professionnel en 1976. Il est nommé meilleur entraîneur du championnat de France de <abbr>1<sup>re</sup></abbr> division de l'année en 1980 et 1984. | |||
Il hésita entre faire le choix de son métier de conseiller pédagogique de l'Éducation nationale et entraîneur professionnel de football. Il n'avait jamais caché son hostilité à une éventuelle accession de son équipe au statut professionnel, statut qui pour lui ne semblait pas compatible avec son idéologie. | |||
En 1976, il franchit le pas, cédant aux pressions affectueuses d'Henri Bisson. Il avait alors 45 ans lorsqu'il fit connaissance avec le football de l'échelon le plus élevé. Son adaptation fut facilitée par sa forte personnalité et sa formation d'enseignant. Il assure l'amalgame entre les joueurs issus du centre de formation du club, et des footballeurs parfois mis au ban par de grands clubs de se relancer (Jacky Vergnes, Raymond Kéruzoré, Frank Lebœuf, etc..). Il réussit le tour de force permanent de conserver son équipe dans l'élite, malgré un effectif chaque année saigné par les grands clubs aux moyens bien supérieurs. | |||
À partir de 1984, l'apparition de l'argent amène une surenchère sur | |||
les salaires et les transferts dans le football, il ne quitte pas son poste. Il ne cessera de tirer la sonnette d'alarme pendant les dernières années de son club en division 1. Le Stade Lavallois quitte l'élite du football en 1989. | |||
Interrogé en 2013 sur l'évolution du football, il répond ''La société est ainsi faite : on connaît plus facilement le <abbr>13<sup>e</sup></abbr>homme du Paris Saint-Germain que le médecin de Villejuif qui sauve des vies. C’est dommage, je trouve. Beaucoup de gens mériteraient une | |||
considération plus grande de la part de notre société''. | |||
=== Le départ === | |||
Mis à l'écart de la direction de l'entraînement de l'équipe professionnelle par Jean Py en 1992 (il devient directeur technique), à la suite du décès d'Henri Bisson et de la descente en division 2. À l'évocation de son départ, Christophe Larcher écrit dans France-Football le 27 octobre 1992 : ''Sa trogne sympathique, sa casquette sur ses mèches blanches, son authenticité, son palmarès : beaucoup n'ont pas admis ce sacrilège, cette entaille à la mémoire''. | |||
=== Le Stade Rennais === | |||
Il revient en Bretagne pour entraîner par la suite le Stade Rennais. Il le fera monter en Ligue 1. Jocelyn Gourvennec indique que ''Le Milinaire était sans doute le plus fin psychologue que j’ai eu comme entraîneur. Il était très doué pour parler aux joueurs.'' Il termine la saison 1995-96 avec Rennes, son contrat étant en cours, puis est remplacé par Yves Colleu. | |||
=== Le retour === | |||
Nommé « ''entraineur du siècle du Stade Lavallois'' » à Laval en 2002, il réside toujours près de Laval et fait partie depuis 2007 de la cellule de recrutement du club Tango. |
Version du 6 juin 2016 à 10:09
Michel Le Milinaire, né le à Kergrist-Moëlou (Côtes d'Armor), fut l'entraîneur emblématique du Stade Lavallois. Instituteur puis conseiller pédagogique de l'Éducation nationale, il a été désigné comme meilleur entraîneur français des années 1980 et 1984 selon France Football, et meilleur entraîneur de D2 en 1975.
Biographie
Origine
Après des études primaires à l'école communale de son village natal et la participation à plusieurs courses cyclistes dans sa région, il partit pour le lycée de Saint-Brieuc, où il choisit définitivement la pratique du football. Il prend alors une licence au Stade Briochin.
Instituteur
À la fin du lycée, en 1952, il est jeune instituteur au Maroc à l'école musulmane de Fès. Il revient en France en 1953 et signe une licence au Stade Lavallois, et est élève à l'École normale d'instituteurs de Laval pendant trois mois, rue de la Maillarderie. Il effectue ensuite son service militaire au Maroc pendant 27 mois. À son retour en France, il effectue quelques remplacements en tant qu'instituteur.
Joueur amateur
C'est le début de sa carrière à Laval. Il obtient un premier poste à Bouère. Il jouera alors au Stade Lavallois puis, au début des années 1960, opta pour le Club Athlétique Mayennais où il resta cinq ans comme entraîneur-joueur. Fort de cette expérience, il revient comme entraîneur des jeunes au Stade Lavallois lors de la saison 1964-65.
Entraîneur
Homme malin et cultivé, instituteur public, connu pour ses positions de gauche, il prend l'équipe première sous ses ordres lors de la saison 1968-69, c'est l'année lors de laquelle le Stade Lavallois dispute la finale du championnat de France amateur. Il effectue alors sa journée de travail; et le soir, s'occupe de l'entraînement comme les joueurs y compris les anciens professionnels qui travaillent en entreprises, dans les banques ou bien les amateurs, encore étudiants...
Lors de sa première année comme entraîneur, l'équipe remporte le titre de champion de l’Ouest. C'était donc une équipe qui pouvait rivaliser avec les grands clubs amateurs sur le plan national.
Le Stade Lavallois
Il change avec le président Henri Bisson la structure du Stade Lavallois. Ils feront de ce club l'un des meilleurs de France pendant de nombreuses années, le Stade Lavallois ressemblant avant en quelque sorte au modèle Auxerrois. Il l'amène en Division 1 en 1976, et en Coupe UEFA en sortant vainqueur notamment de la double confrontation contre le Dynamo Kiev (1-0 à Francis-Le-Basser, 0-0 en URSS).
Du statut amateur, le club est devenu professionnel en 1976. Il est nommé meilleur entraîneur du championnat de France de 1re division de l'année en 1980 et 1984.
Il hésita entre faire le choix de son métier de conseiller pédagogique de l'Éducation nationale et entraîneur professionnel de football. Il n'avait jamais caché son hostilité à une éventuelle accession de son équipe au statut professionnel, statut qui pour lui ne semblait pas compatible avec son idéologie.
En 1976, il franchit le pas, cédant aux pressions affectueuses d'Henri Bisson. Il avait alors 45 ans lorsqu'il fit connaissance avec le football de l'échelon le plus élevé. Son adaptation fut facilitée par sa forte personnalité et sa formation d'enseignant. Il assure l'amalgame entre les joueurs issus du centre de formation du club, et des footballeurs parfois mis au ban par de grands clubs de se relancer (Jacky Vergnes, Raymond Kéruzoré, Frank Lebœuf, etc..). Il réussit le tour de force permanent de conserver son équipe dans l'élite, malgré un effectif chaque année saigné par les grands clubs aux moyens bien supérieurs.
À partir de 1984, l'apparition de l'argent amène une surenchère sur les salaires et les transferts dans le football, il ne quitte pas son poste. Il ne cessera de tirer la sonnette d'alarme pendant les dernières années de son club en division 1. Le Stade Lavallois quitte l'élite du football en 1989.
Interrogé en 2013 sur l'évolution du football, il répond La société est ainsi faite : on connaît plus facilement le 13ehomme du Paris Saint-Germain que le médecin de Villejuif qui sauve des vies. C’est dommage, je trouve. Beaucoup de gens mériteraient une considération plus grande de la part de notre société.
Le départ
Mis à l'écart de la direction de l'entraînement de l'équipe professionnelle par Jean Py en 1992 (il devient directeur technique), à la suite du décès d'Henri Bisson et de la descente en division 2. À l'évocation de son départ, Christophe Larcher écrit dans France-Football le 27 octobre 1992 : Sa trogne sympathique, sa casquette sur ses mèches blanches, son authenticité, son palmarès : beaucoup n'ont pas admis ce sacrilège, cette entaille à la mémoire.
Le Stade Rennais
Il revient en Bretagne pour entraîner par la suite le Stade Rennais. Il le fera monter en Ligue 1. Jocelyn Gourvennec indique que Le Milinaire était sans doute le plus fin psychologue que j’ai eu comme entraîneur. Il était très doué pour parler aux joueurs. Il termine la saison 1995-96 avec Rennes, son contrat étant en cours, puis est remplacé par Yves Colleu.
Le retour
Nommé « entraineur du siècle du Stade Lavallois » à Laval en 2002, il réside toujours près de Laval et fait partie depuis 2007 de la cellule de recrutement du club Tango.