« Le dernier couronnement d'un duc à Rennes » : différence entre les versions
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La cérémonie du couronnement commence le lendemain, dès 7 heures, en la cathédrale selon le rite traditionnel. Le dauphin entre dans la cathédrale où on le revêt d'un manteau rouge fourré d'hermine sur lequel on lui passe le collier de l'ordre de l'Hermine. On lui remet l'épée de duc bénie des mains de l'évêque [[Yves Mayeuc]] et le sceptre. Puis l'évêque pose sur sa tête, après l'avoir béni, le cercle ducal en or que François 1er a fait faire pour un coût de 219 livres tournois et 9 sols,( à titre comparatif, en mars 1533 Charles de Guer achète la seigneurie de Riec à Antoine de Montbourcher, échanson de | La cérémonie du couronnement commence le lendemain, dès 7 heures, en la cathédrale selon le rite traditionnel. Le dauphin entre dans la cathédrale où on le revêt d'un manteau rouge fourré d'hermine sur lequel on lui passe le collier de l'ordre de l'Hermine. On lui remet l'épée de duc bénie des mains de l'évêque [[Yves Mayeuc]] et le sceptre. Puis l'évêque pose sur sa tête, après l'avoir béni, le cercle ducal en or que François 1er a fait faire pour un coût de 219 livres tournois et 9 sols,( à titre comparatif, en mars 1533 Charles de Guer achète la seigneurie de Riec à Antoine de Montbourcher, échanson de François 1er, pour 6000 livres et ce sont 3000 livres que le roi allouera à Jacques Cartier pour son deucième voyage. deux ans plus tard) et ce "pour servir au couronnement et première entrée du Dauphin dans la ville de Rennes comme duc et propriétaire du duché de Bretagne"). Assis sur le trône, le jeune duc répondit amen à chaque phrase de la formule du serment énoncée par l'évêque. La cérémonie achevée, le duc arme chevaliers plusieurs seigneurs dont Pierre d'Argentré, sénéchal de Rennes. | ||
Les bourgeois de Rennes se sont cotisés pour offrir au duc "une hermine d'or de grandeur | Les bourgeois de Rennes se sont cotisés pour offrir au duc "une hermine d'or de grandeur naturelle, reposant sur une terrasse émaillée, entre six beaux lis entourés de la couronne ducale, emblème de l'union de la Bretagne à la France". Cette oeuvre de l'orfèvre rennais Pierre Even causa "une admiration merveilleuse aux assistants". Mais le duc quitta sa capitale, sans avoir même reçu l'hommage des vassaux. On parle de l'allégresse du bon peuple, parenthèse joyeuse en ces jours de famine persistante. | ||
François III ne devait jamais revenir à Rennes et mourra quatre ans plus tard. D'ailleurs le roi n'avait pas confié à son fils l'administration et le gouvernement du duché dont il restait l'administrateur légal. La Bretagne va gagner en sécurité mais perdre en autonomie et Rennes ne sera plus que la capitale d'une province. | François III ne devait jamais revenir à Rennes et mourra quatre ans plus tard. D'ailleurs le roi n'avait pas confié à son fils l'administration et le gouvernement du duché dont il restait l'administrateur légal. La Bretagne va gagner en sécurité mais perdre en autonomie et Rennes ne sera plus que la capitale d'une province. |
Version du 28 mai 2011 à 09:25
Le 14 août 1532, les Rennais vont, pour la dernière fois, assister aux cérémonies du couronnement d'un duc, en la personne du jeune François III, 14 ans, petit-fils de leur duchesse Anne couronnée 43 ans auparavant, en 1489, et devenue ensuite reine de France. Ce jeune François, fils aîné de sa fille Claude, épouse de François 1er, est le dauphin du royaume de France.
Un roi habile
Ce couronnement ducal du dauphin avait été habilement suggéré par le roi lui-même, cerise sur le gâteau des cérémonies incarnant, en la personne de son fils, à la fois dauphin du royaume et duc de Bretagne, l'édit d'union publié à Nantes la veille. Il constitue le point d'orgue des manoeuvres de l'habile François 1er, assez malin pour avoir laissé aux Etats, convoqués à Vannes début août, l'initiative de demander eux-mêmes l'union indissoluble de la Bretagne à la France, avec la complicité du président Louis des Déserts, et moyennant, écrit en 1588 l'historien Bertrand d'Argentré fils de Pierre d'Argentré, sénéchal de Rennes ayant joué un rôle important dans les tractations, des sommes versées à trois ou quatre de la noblesse et à quelques-uns de l'église et du tiers état pour les disposer favorablement [1].
Des Bretons réalistes
Ce n'était certes pas de gaieté de coeur mais par réalisme que les Etats en étaient venus à cette démarche. Il importait d'assurer la paix à la Bretagne riche et peuplée, terre convoitée par les Anglais et les Français et leurs alliés. D'Argentré écrit que "le roy de France est un grand roy, qui jamais ne souffrira cet angle du pays en repos, s'il n'en est seigneur irrévocable... Tant qu'il y aurait en Bretagne un duc indépendant, il ne faut espérer nulle paix." Dans leur supplique du 4 août, les Etats avaient demandé que le Dauphin fit son entrée solennelle à Rennes comme duc et prince propriétaire du duché, qu'il plût au roi d'unir perpétuellement le duché au royaume de France afin qu'il n'y ait plus de guerre entre les deux pays, "gardant toutefois et entretenant les droits, libertés et privilèges dudit pays", ce à quoi le roi s'engagea en l'actant par l'édit publié à Nantes le 13 août, (précisé par un édit du Plessis-Macé en septembre).[2]
Le jeune dauphin François arrive à Rennes
Le dauphin, après avoir passé la nuit en l'abbaye Saint-Melaine, fit donc son entrée solennelle à Rennes, le 13 août non par la porte Mordelaise en raison de la longueur du cortège de trois cents hommes de pied aux couleurs du dauphin et de deux cents habitants montés, mais par la porteaux Foulons.Le jeune prince arrive à cheval et a belle allure dans sa "robe à chevaulcher" de velours bleu enrichie de broeries d'or. Yves Mayeuc, évêque de Rennes, et le baron de Laval, gouverneur reçoivent le serment du dauphin prononcé sur les Evangiles, "de maintenir les anciens droits, privilèges et libertés de l'Eglise, de la noblesse, des villes et du peuple". Le duc reçoit les clés de la ville, la porte s'ouvre et le duc se place sous un dais de damas bleu et satin blanc semé d'hermines et de fleurs de lys, porté par quatre gentilhommes, et gagne la cathédrale au milieu des cris de "Vive le duc !" Il entend les vêpres et se retire au manoir épiscopal qui jouxte la cathédrale.[3] Michel Champion, procureur des Bourgeois, narra les fastes qui dépassèrent ceux de l'entrée de François 1er en 1518. Harangues, révérences et spectacles rythment les arrêts .[4] Des "échafauds": des estrades ont été dressées de par la ville présentant des scènes mythologiques attrayantes mais à sens politique inaccessible au bon peuple, légendées en latin : le roi traité en dieu Mars, mais sans évocation des reines Anne et Claude.
Le couronnement du duc François III
La cérémonie du couronnement commence le lendemain, dès 7 heures, en la cathédrale selon le rite traditionnel. Le dauphin entre dans la cathédrale où on le revêt d'un manteau rouge fourré d'hermine sur lequel on lui passe le collier de l'ordre de l'Hermine. On lui remet l'épée de duc bénie des mains de l'évêque Yves Mayeuc et le sceptre. Puis l'évêque pose sur sa tête, après l'avoir béni, le cercle ducal en or que François 1er a fait faire pour un coût de 219 livres tournois et 9 sols,( à titre comparatif, en mars 1533 Charles de Guer achète la seigneurie de Riec à Antoine de Montbourcher, échanson de François 1er, pour 6000 livres et ce sont 3000 livres que le roi allouera à Jacques Cartier pour son deucième voyage. deux ans plus tard) et ce "pour servir au couronnement et première entrée du Dauphin dans la ville de Rennes comme duc et propriétaire du duché de Bretagne"). Assis sur le trône, le jeune duc répondit amen à chaque phrase de la formule du serment énoncée par l'évêque. La cérémonie achevée, le duc arme chevaliers plusieurs seigneurs dont Pierre d'Argentré, sénéchal de Rennes.
Les bourgeois de Rennes se sont cotisés pour offrir au duc "une hermine d'or de grandeur naturelle, reposant sur une terrasse émaillée, entre six beaux lis entourés de la couronne ducale, emblème de l'union de la Bretagne à la France". Cette oeuvre de l'orfèvre rennais Pierre Even causa "une admiration merveilleuse aux assistants". Mais le duc quitta sa capitale, sans avoir même reçu l'hommage des vassaux. On parle de l'allégresse du bon peuple, parenthèse joyeuse en ces jours de famine persistante.
François III ne devait jamais revenir à Rennes et mourra quatre ans plus tard. D'ailleurs le roi n'avait pas confié à son fils l'administration et le gouvernement du duché dont il restait l'administrateur légal. La Bretagne va gagner en sécurité mais perdre en autonomie et Rennes ne sera plus que la capitale d'une province.
références
- ↑ Rennes et la haute Bretagne par Joseph Chardonnet, éditions France-Empire - 1980
- ↑ Histoire de Bretagne, t. 1er, par E. Durtelle de Saint-Sauveur. Plihon - 1936
- ↑ L'ancien comté de Rennes ou pays de Rennes par Michel de Mauny, éditions Roudil - 1974
- ↑ Histoire de Rennes sous la direction de Jean Meyer, Privat, éditeur - 1972