Bannière liberation Rennes 2.jpg

A l'occasion des 80 ans de la libération de Rennes, (re)découvrez l'ensemble des
contributions autour de la Seconde Guerre mondiale et de la libération sur Wiki-Rennes.

« Juin 1944 : des Rennais otages, fusillés, assassinés » : différence entre les versions

De WikiRennes
Aller à la navigationAller à la recherche
(restructuration)
Ligne 11 : Ligne 11 :
Le 8 juin,  alors que des bombes tombent sur Rennes, les Allemands sortent de la prison Jacques-Cartier et exécutent par fusillade à la caserne du Colombier 32 résistants dont 9 Républicains espagnols ; ainsi tombent [[Maurice Prestaut]],  de Libération-Nord, délégué militaire régional  de Défense de la France, arrêté [[rue de Châteaudun]] après avoir abattu un milicien et blessé un autre, et Pedro Florès-Cano, capitaine FTP et responsable régional des groupes armés espagnols pour la Bretagne.<ref>https://fusilles-40-44.maitron.fr/spip.php?article206378</ref>
Le 8 juin,  alors que des bombes tombent sur Rennes, les Allemands sortent de la prison Jacques-Cartier et exécutent par fusillade à la caserne du Colombier 32 résistants dont 9 Républicains espagnols ; ainsi tombent [[Maurice Prestaut]],  de Libération-Nord, délégué militaire régional  de Défense de la France, arrêté [[rue de Châteaudun]] après avoir abattu un milicien et blessé un autre, et Pedro Florès-Cano, capitaine FTP et responsable régional des groupes armés espagnols pour la Bretagne.<ref>https://fusilles-40-44.maitron.fr/spip.php?article206378</ref>


[[Fichier:Ex%C3%A9cution_de_terroristes.png|200px|right|thumb|''Ouest-Eclair'' du 13 juin 1944]]
- « BARRIOS-UREZ Antonio (BARRIOS-URES Antonio (FTP-MOI arrêté fin mars 1944 en Ille-et-Vilaine)
- « BARRIOS-UREZ Antonio (BARRIOS-URES Antonio (FTP-MOI arrêté fin mars 1944 en Ille-et-Vilaine)


Ligne 81 : Ligne 82 :


=== Assassinat de trois Rennais ===
=== Assassinat de trois Rennais ===
[[Fichier:Avis_d_obseques_d_assassines.jpeg|200px|right|thumb|l'avis d'obsèques des deux  Rennais assassinés : annoncés "décédés accidentellement"]]


Malgré la situation générale qui tourne mal pour le Reich et le débarquement des Alliés en Normandie, les Miliciens ne désarment pas et s'en prennent aux "terroristes", quand ils ne se vengent pas sur des citoyens à titre de représailles.
Malgré la situation générale qui tourne mal pour le Reich et le débarquement des Alliés en Normandie, les Miliciens ne désarment pas et s'en prennent aux "terroristes", quand ils ne se vengent pas sur des citoyens à titre de représailles.


Le 28 juin 1944,  huit jours après l'assassinat de l'ancien ministre de l'Education nationale {{w|Jean Zay}} par la Milice mais dont la réalité n'était pas encore connue, {{w|Philippe Henriot}}, secrétaire d'Etat à la propagande du gouvernement de Vichy, était assassiné, sous les yeux de sa femme, au ministère de l'information à Paris par un groupe de résistants du COMAC ({{w|Comité d'action militaire}}) qui s'étaient fait passer pour des miliciens. L'un de ses fils, membre du NSKK (Nationalsocialistische KraftfahrKorps : formation militarisée rassemblant les chauffeurs nazis), était reparti la veille pour le front. Ainsi se taisait définitivement la voix de l'orateur talentueux que les Français entendaient sur les ondes de ''Radio-Paris'', en opposition totale aux voix des Français libres s'exprimant de Londres dans l'émission "''Les Français parlent aux Français''".[[Fichier:Avis_d_obseques_d_assassines.jpeg|200px|right|thumb|l'avis d'obsèques des deux  Rennais assassinés : annoncés "décédés accidentellement"]]
Le 28 juin 1944,  huit jours après l'assassinat de l'ancien ministre de l'Education nationale {{w|Jean Zay}} par la Milice mais dont la réalité n'était pas encore connue, {{w|Philippe Henriot}}, secrétaire d'Etat à la propagande du gouvernement de Vichy, était assassiné, sous les yeux de sa femme, au ministère de l'information à Paris par un groupe de résistants du COMAC ({{w|Comité d'action militaire}}) qui s'étaient fait passer pour des miliciens. L'un de ses fils, membre du NSKK (Nationalsocialistische KraftfahrKorps : formation militarisée rassemblant les chauffeurs nazis), était reparti la veille pour le front. Ainsi se taisait définitivement la voix de l'orateur talentueux que les Français entendaient sur les ondes de ''Radio-Paris'', en opposition totale aux voix des Français libres s'exprimant de Londres dans l'émission "''Les Français parlent aux Français''".
 
Des obsèques nationales eurent lieu le samedi 2 juillet à Notre-Dame de Paris, présidées par le cardinal Suhard, archevêque de Paris, en présence du chef du gouvernement, Pierre Laval et d'Otto Abetz, ambassadeur d'Allemagne. Des milliers d'affiches avaient été collées dans Paris : "Il disait la vérité, ils l'ont tué."
Des obsèques nationales eurent lieu le samedi 2 juillet à Notre-Dame de Paris, présidées par le cardinal Suhard, archevêque de Paris, en présence du chef du gouvernement, Pierre Laval et d'Otto Abetz, ambassadeur d'Allemagne. Des milliers d'affiches avaient été collées dans Paris : "Il disait la vérité, ils l'ont tué."


Le journal l'''Ouest-Eclair'' du 3 juillet en rendit compte, mais au verso de la feuille unique, on trouvait d'étranges  avis d'obsèques de Rennais décédés "accidentellement". Dans toute la France, par mesure de représailles, 150 assassinats de citoyens avaient été décidés, dont celui de l'ancien ministre {{w|Georges Mandel}}, le 7 juillet.  L'ordre avait été donné aux miliciens de les faire disparaître dans la nuit du 30 juin au Ier juillet.
Le journal l'''Ouest-Eclair'' du 3 juillet en rendit compte, mais au verso de la feuille unique, on trouvait d'étranges  avis d'obsèques de Rennais décédés "accidentellement". Dans toute la France, par mesure de représailles, 150 assassinats de citoyens avaient été décidés, dont celui de l'ancien ministre {{w|Georges Mandel}}, le 7 juillet.  L'ordre avait été donné aux miliciens de les faire disparaître dans la nuit du 30 juin au Ier juillet.


Ce fut le cas à Rennes où trois Rennais furent abattus par des miliciens appartenant au C.E.N.S., le {{w|Cercle d'études national-socialiste}} de {{w|Raymond du Perron de Maurin}}  (journaliste collaborateur qui s'enfuira en Allemagne et sera fusillé en 1946).<ref>[[À Rennes, Du Perron de Maurin, chasseur de Juifs puis milicien]]</ref> Sept désignations avaient été faites, dont l'ancien maire, [[François Château]] et quatre attentats exécutés : contre le fils de M. [[Louis Volclair]], libraire tué sur son lit à la clinique de la Sagesse, probablement par erreur à la place de son père, vieux militant socialiste; M. Gaëtan Hervé, secrétaire général de la Mairie, <ref> [[boulevard Gaëtan Hervé]]</ref> qui aurait été abattu  en pyjama dans la [[rue de Coëtquen]] par une patrouille allemande rencontrée malencontreusement alors qu'il tentait de fuir les miliciens;<ref> ''Mémoires d'un Français moyen'', par René Patay - 1974 </ref> M. [[Pierre Lemoine]], greffier près la Cour d'Appel, blessé à l'entrée de son [[Fichier:Ex%C3%A9cution_de_terroristes.png|é(àpx|left|thumb|''Ouest-Eclair'' du 13 juin 1944]]
Ce fut le cas à Rennes où trois Rennais furent abattus par des miliciens appartenant au C.E.N.S., le {{w|Cercle d'études national-socialiste}} de {{w|Raymond du Perron de Maurin}}  (journaliste collaborateur qui s'enfuira en Allemagne et sera fusillé en 1946).<ref>[[À Rennes, Du Perron de Maurin, chasseur de Juifs puis milicien]]</ref> Sept désignations avaient été faites, dont l'ancien maire, [[François Château]] et quatre attentats exécutés : contre le fils de M. [[Louis Volclair]], libraire tué sur son lit à la clinique de la Sagesse, probablement par erreur à la place de son père, vieux militant socialiste; M. Gaëtan Hervé, secrétaire général de la Mairie, <ref> [[boulevard Gaëtan Hervé]]</ref> qui aurait été abattu  en pyjama dans la [[rue de Coëtquen]] par une patrouille allemande rencontrée malencontreusement alors qu'il tentait de fuir les miliciens;<ref> ''Mémoires d'un Français moyen'', par René Patay - 1974 </ref> M. [[Pierre Lemoine]], greffier près la Cour d'Appel, blessé à l'entrée de son  
appartement au Palais de justice et achevé à la mitraillette dans les combles dont des poutres de la charpente gardaient des traces de balles en arc de cercle,<ref> visite sur place de Gilbert Guillou et de son père en compagnie du gardien, après la Libération</ref> et contre Oscar Leroux, adjoint au maire, blessé à l'épaule par un de ses agresseurs et qui ne dut son salut qu'à l'arrivée inopinée de policiers français.
appartement au Palais de justice et achevé à la mitraillette dans les combles dont des poutres de la charpente gardaient des traces de balles en arc de cercle,<ref> visite sur place de Gilbert Guillou et de son père en compagnie du gardien, après la Libération</ref> et contre Oscar Leroux, adjoint au maire, blessé à l'épaule par un de ses agresseurs et qui ne dut son salut qu'à l'arrivée inopinée de policiers français.