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« Bombardement du 8 mars 1943 » : différence entre les versions

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'''J'AI SEPT ANS ET SUR RENNES TOMBENT LES BOMBES'''
'''J'AI SEPT ANS ET SUR RENNES TOMBENT LES BOMBES'''
   
   
Tout à côté de notre rue, sur le toit du palais Saint-Georges, il y a une sirène d’alerte. On entend, surtout de nuit, le son qui prend son élan puis monte et descend pendant une ou deux minutes, et on descend à la cave. Un midi de février 1943, en rentrant de l’école, je descends la rue Gambetta avec ma petite sœur, la sirène retentit. Je prend sa main et nous courons ; les gens pédalent plus vite ou courent aussi, telles ces deux « souris grises » qui retiennent à grand peine d’une main leur petit calot sur leur chevelure à rouleaux et de l’autre leur sac à courroie sur l’épaule. Les parents nous attendent pour descendre à la cave. Fausse alerte… C’était pour Nantes ou Saint-Nazaire…
Tout à côté de notre rue, sur le toit du [[palais Saint-Georges]], il y a une sirène d’alerte. On entend, surtout de nuit, le son qui prend son élan puis monte et descend pendant une ou deux minutes, et on descend à la cave. Un midi de février 1943, en rentrant de l’école, je descends la [[rue Gambetta]] avec ma petite sœur, la sirène retentit. Je prend sa main et nous courons ; les gens pédalent plus vite ou courent aussi, telles ces deux « souris grises » qui retiennent à grand peine d’une main leur petit calot sur leur chevelure à rouleaux et de l’autre leur sac à courroie sur l’épaule. Les parents nous attendent pour descendre à la cave. Fausse alerte… C’était pour Nantes ou Saint-Nazaire…
 
 
Quelques jours plus tard, un lundi mais ce sont les vacances des Gras, dehors il fait froid mais le ciel est tout bleu. Vers 2 heures 30 de l’après-midi, je joue près du poêle mirus qui ronflote. Je m’applique à superposer mes cubes en bois pour bâtir une haute construction à plusieurs étages, et je me réserve le plaisir de la bombarder par cubes lâchés de ma main en survol avec bruit d’avion de ma bouche. Mais la sirène retentit et j’abandonne mes cubes. (''Souvenir alors que les sirènes n’auraient pas fonctionné ce jour-là).'' Contrairement à l’habitude, très vite on perçoit un grondement sourd s’amplifiant. Cette fois, c’est sur Rennes et pas pour Nantes ou Saint-Nazaire…
Quelques jours plus tard, un lundi mais ce sont les vacances des Gras, dehors il fait froid mais le ciel est tout bleu. Vers 2 heures 30 de l’après-midi, je joue près du poêle mirus qui ronflote. Je m’applique à superposer mes cubes en bois pour bâtir une haute construction à plusieurs étages, et je me réserve le plaisir de la bombarder par cubes lâchés de ma main en survol avec bruit d’avion de ma bouche. Mais la sirène retentit et j’abandonne mes cubes. (''Souvenir alors que les sirènes n’auraient pas fonctionné ce jour-là).'' Contrairement à l’habitude, très vite on perçoit un grondement sourd s’amplifiant. Cette fois, c’est sur Rennes et pas pour Nantes ou Saint-Nazaire…
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==='''Au bout du pied, l'horreur'''===
=== "Au bout du pied, l'horreur" ===


"Le 8 mars 1943, après le bombardement, je suis allé avec mon père vers la gare. Place de Bretagne, devant les magasins Jacquart, j'ai ramassé un éclat de bombe encore chaud. Au Champ de Mars, nous avons vu le désastre. Je me suis approché, dans les débris, d'un amas noir. Avec mon pied, je l'ai soulevé et la forme humaine - car cet amas en était une, s'est ouverte et l'estomac est sorti et a lâché ce qui avait été mangé au déjeuner: des nouilles. Ce souvenir d'horreur d'un bombardement m'a marqué définitivement, moi qui ai fait par la suite la guerre dans le Ier Régiment de marche du Tchad."
"Le 8 mars 1943, après le bombardement, je suis allé avec mon père vers la gare. [[Place de Bretagne]], devant les magasins Jacquart, j'ai ramassé un éclat de bombe encore chaud. Au Champ de Mars, nous avons vu le désastre. Je me suis approché, dans les débris, d'un amas noir. Avec mon pied, je l'ai soulevé et la forme humaine - car cet amas en était une, s'est ouverte et l'estomac est sorti et a lâché ce qui avait été mangé au déjeuner: des nouilles. Ce souvenir d'horreur d'un bombardement m'a marqué définitivement, moi qui ai fait par la suite la guerre dans le Ier Régiment de marche du Tchad."


'''Joseph-Jean Naviner''', 16 ans en 1943, entretien avec Étienne Maignen  le 14 juin 2012
'''Joseph-Jean Naviner''', 16 ans en 1943, entretien avec Étienne Maignen  le 14 juin 2012
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=== Attiré par les manèges ===
=== Attiré par les manèges ===


Yves Garel, 18 ans, part à bicyclette de la rue de la Carrière, au début de la rue de Lorient, faire des courses en ville pour son père, épicier en gros et marchand de charbon. Il décide de passer près du Champ de Mars où se trouvent les manèges forains mais est tué d'un éclat à la tempe lors du bombardement. Son père et un frère, inquiets de ne pas le voir revenir, partent à sa recherche et le trouve mort près de son vélo.
Yves Garel, 18 ans, part à bicyclette de la [[rue de la Carrière]], au début de la [[rue de Lorient]], faire des courses en ville pour son père, épicier en gros et marchand de charbon. Il décide de passer près du Champ de Mars où se trouvent les manèges forains mais est tué d'un éclat à la tempe lors du bombardement. Son père et un frère, inquiets de ne pas le voir revenir, partent à sa recherche et le trouve mort près de son vélo.


(témoignage de Christine Garel, sa nièce. Entretien du 14 mars 2013 avec Étienne Maignen)
(témoignage de '''Christine Garel''', sa nièce. Entretien du 14 mars 2013 avec Étienne Maignen)