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« Chronique vezinoise sous l'occupation n°02 » : différence entre les versions

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Comme beaucoup de maisons du village, l'école est située, en bordure de la rue principale, c'est celle aussi où nous habitons. Immédiatement faisant face à l’école, de l’autre côté, se tient la maréchalerie. Il suffit de traverser la rue à la fin de l’école et hop voilà !… Je me retrouve dans ce qui était devenu, un de mes territoires préférés, là où j’ai particulièrement mes marques. Le risque de me faire renverser par une automobile à cette époque est très limité, peut-être même quasiment nul. Nous sommes en guerre donc pas de carburant, pas de voitures automobiles civiles. Il faut noter néanmoins que j’ai réussi l’exploit de me faire renverser par une bicyclette à deux pas de chez moi. Un peu affolée madame ''Trincart'' la voisine, qui est sur le pas de sa porte et qui a tout vu, me relève, me prend dans ses bras, elle me ramène à ma mère en houspillant très fortement le cycliste. Madame ''Trincart'' a de la voix et se fait entendre. Le transfert se fait par la fenêtre qui donne sur la rue. Je suis immédiatement mis au lit et par voie de conséquence privé de la promenade de l’école du samedi après midi. Je me considère ainsi puni pour une faute que je n’ai pas commise. Je donne aussi de la voix jusqu’à m’endormir.
Comme beaucoup de maisons du village, l'école est située en bordure de la rue principale, c'est celle aussi où nous habitons. Immédiatement faisant face à l’école, de l’autre côté, se tient la maréchalerie. Il suffit de traverser la rue à la fin de l’école et hop voilà !… Je me retrouve dans ce qui était devenu, un de mes territoires préférés, là où j’ai particulièrement mes marques. Le risque de me faire renverser par une automobile à cette époque est très limité, peut-être même quasiment nul. Nous sommes en guerre donc pas de carburant, pas de voitures automobiles civiles. Il faut noter néanmoins que j’ai réussi l’exploit de me faire renverser par une bicyclette à deux pas de chez moi. Un peu affolée madame ''Trincart'' la voisine, qui est sur le pas de sa porte et qui a tout vu, me relève, me prend dans ses bras, elle me ramène à ma mère en houspillant très fortement le cycliste. Madame ''Trincart'' a de la voix et se fait entendre. Le transfert se fait par la fenêtre qui donne sur la rue. Je suis immédiatement mis au lit et par voie de conséquence privé de la promenade de l’école du samedi après midi. Je me considère ainsi puni pour une faute que je n’ai pas commise. Je donne aussi de la voix jusqu’à m’endormir.


  [[Fichier:Café de la Maréchalerie Vezin 1943.jpg]]
  [[Fichier:Café de la Maréchalerie Vezin 1943.jpg]]
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Le village n’est pas grand, par contre les stations pour se désaltérer sont nombreuses, comme je l'ai déjà souligné. Elles sont aussi des lieux conviviaux de rencontre où les discussions tournent souvent sur ''« comment peut-on se procurer ceci où cela, »'' car tout manque.
Le village n’est pas grand, par contre les stations pour se désaltérer sont nombreuses, comme je l'ai déjà souligné. Elles sont aussi des lieux conviviaux de rencontre où les discussions tournent souvent sur ''« comment peut-on se procurer ceci où cela, »'' car tout manque.
Chez ''Letort'', il y a une cabine téléphonique. ''La cabine téléphonique du village''. Le numéro UN. On téléphone, en même temps, on boit un coup d'cid. Le téléphone est là, surtout pour les urgences, très peu de particuliers en disposent. Quand sa sonnerie se fait entendre suite à un appel, nul dans les parages ne peut l'ignorer, car ''Taïaut'' mon vieux copain, le bon chien du patron se met à hurler tout durant que tinte la sonnerie. On se le raconte encore actuellement chez les anciens. Le patron, Monsieur ''Letort'', le père ''Letort'', comme on a l’habitude de l’appeler chez nous, a le verbe haut mais combien il est brave, les services qu'il rend ne se comptent plus. Il a perdu une main et travaille avec un crochet. Son épouse le dépasse encore en gentillesse et en amabilité. Le fils, ''Pierrot'', travaille aussi à la forge. ''Pierrot'', mon idole, ma référence me sunomme ''« le  p’tit Russe »'' à cause de mes cheveux très blonds et mes chaussures blanches des dimanches…blanches! en début de journée…. parce que le soir…c’est une autre affaire.
Chez ''Letort'', il y a une cabine téléphonique. ''La cabine téléphonique du village''. Le numéro UN. On téléphone, en même temps, on boit un coup d'cid. Le téléphone est là, surtout pour les urgences, très peu de particuliers en disposent. Quand sa sonnerie se fait entendre suite à un appel, nul dans les parages ne peut l'ignorer, car ''Taïaut'' mon vieux copain, le bon chien du patron se met à hurler tout durant que tinte la sonnerie. On se le raconte encore actuellement chez les anciens. Le patron, Monsieur ''Letort'', le père ''Letort'', comme on a l’habitude de l’appeler chez nous, a le verbe haut mais combien il est brave, les services qu'il rend ne se comptent plus. Il a perdu une main et travaille avec un crochet. Son épouse le dépasse encore en gentillesse et en amabilité. Le fils, ''Pierrot'', travaille aussi à la forge. ''Pierrot'', mon idole, ma référence me surnomme ''« le  p’tit Russe »'' à cause de mes cheveux très blonds et mes chaussures blanches des dimanches…blanches! en début de journée…. parce que le soir…c’est une autre affaire.


La maréchalerie est pour moi un lieu de spectacles et d’attractions mon deuxième chez moi. Il s’y passe toujours un évènement intéressant. Le ferrage des roues des charrettes par exemple. Cette opération mobilise plus d’une demi douzaine de bonshommes. Elle s’effectue en compagnie du menuisier-charron monsieur ''Galet''. Il y a aussi la castration des chevaux de trait. Des spectacles gratuits, vivants, intéressants que les enfants ne manquent pas de regarder quand ils ne sont pas à l’école. Tiens ! Comment se fait-il que je me sois trouvé si souvent spectateur ?… peut-être y avait-il plus d’un jeudi par semaine. Il est vrai qu'en ce temps là, nous revendiquions, en vain, la semaine des quatre jeudis. !…
La maréchalerie est pour moi un lieu de spectacles et d’attractions mon deuxième chez moi. Il s’y passe toujours un évènement intéressant. Le ferrage des roues des charrettes par exemple. Cette opération mobilise plus d’une demi douzaine de bonshommes. Elle s’effectue en compagnie du menuisier-charron monsieur ''Galet''. Il y a aussi la castration des chevaux de trait. Des spectacles gratuits, vivants, intéressants que les enfants ne manquent pas de regarder quand ils ne sont pas à l’école. Tiens ! Comment se fait-il que je me sois trouvé si souvent spectateur ?… peut-être y avait-il plus d’un jeudi par semaine. Il est vrai qu'en ce temps là, nous revendiquions, en vain, la semaine des quatre jeudis. !…