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Femme de Lettres – Journaliste - Féministe – Initiatrice de la Négritude (1896 - 1985) | Femme de Lettres – Journaliste - Féministe – Initiatrice de la Négritude (1896 - 1985) | ||
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Félix, Jeanne, Paule Nardal, dite Paulette, est née le 12 octobre 1896, à Le François une commune de la Martinique. Elle est l'aînée d'une famille de sept filles, de la petite bourgeoisie martiniquaise. Le père, Paul Nardal est le premier noir à décrocher une bourse pour l'École des Arts et Métiers, à Paris, qui pour cette raison aurait reçu les félicitations de Victor Schoelcher en personne. Il est également le premier ingénieur noir en Travaux Publics. La mère, Louise Achille est une pianiste de talent. Très pieuse, elle est également très impliquée dans la vie sociale de la Martinique, toujours au service des plus humbles en tant que co-fondatrice de la Société féminine Saint-Louis des Dames. | Félix, Jeanne, Paule Nardal, dite Paulette, est née le 12 octobre 1896, à Le François une commune de la Martinique. Elle est l'aînée d'une famille de sept filles, de la petite bourgeoisie martiniquaise. Le père, Paul Nardal est le premier noir à décrocher une bourse pour l'École des Arts et Métiers, à Paris, qui pour cette raison aurait reçu les félicitations de Victor Schoelcher en personne. Il est également le premier ingénieur noir en Travaux Publics. La mère, Louise Achille est une pianiste de talent. Très pieuse, elle est également très impliquée dans la vie sociale de la Martinique, toujours au service des plus humbles en tant que co-fondatrice de la Société féminine Saint-Louis des Dames. |
Version du 8 décembre 2022 à 15:31
Le jardin Paulette Nardal (Liorzh Paulette Nardal ) est un espace dénommé par délibération du conseil municipal de Rennes en date du 1er avril 2019 pour rendre hommage à :
Paulette Nardal
Femme de Lettres – Journaliste - Féministe – Initiatrice de la Négritude (1896 - 1985)
Félix, Jeanne, Paule Nardal, dite Paulette, est née le 12 octobre 1896, à Le François une commune de la Martinique. Elle est l'aînée d'une famille de sept filles, de la petite bourgeoisie martiniquaise. Le père, Paul Nardal est le premier noir à décrocher une bourse pour l'École des Arts et Métiers, à Paris, qui pour cette raison aurait reçu les félicitations de Victor Schoelcher en personne. Il est également le premier ingénieur noir en Travaux Publics. La mère, Louise Achille est une pianiste de talent. Très pieuse, elle est également très impliquée dans la vie sociale de la Martinique, toujours au service des plus humbles en tant que co-fondatrice de la Société féminine Saint-Louis des Dames.
Paulette Nardal fait des études classiques, à Fort-de-France et après avoir obtenu son diplôme d’études secondaires, équivalent du baccalauréat actuel, la jeune femme devient institutrice. Elle exerce au Pensionnat Colonial de Fort de France. Une de ses élèves devenue, plus tard, institutrice et féministe dira d'elle : "Ses Cours, quels délices ! Le travail est dur, mais payant. Sa personnalité s'impose. On s'instruit et on admire. Révélation ! Comment peut-elle être si érudite ? Comment une enveloppe si noire peut-elle contenir autant de lumière"… "Elle est sévère mais juste. Chacun a sa part : rien de plus et rien de moins. La voie du succès s'ouvre pour les enfants du peuple qui ont soif d'apprendre". Les parents de cette élève lui diront : "C'est une Nardal, dont le père est un nègre très instruit et de haut rang. Il y a des noirs qui honorent la race comme ce professeur Louis Achille qui parle sept langues." … "C'est une famille qui montre que peau d'ébène, instruction et éducation, valent autant ou plus que teint de lys et argent".
En 1920, Paulette Nardal se met en disponibilité et quitte son île natale pour Paris, où elle tente d'obtenir un diplôme d'Études Supérieures de langues. Elle devient la première étudiante noire martiniquaise à entrer à la Sorbonne pour apprendre l'anglais. Elle découvre la Capitale et ses avantages : culture, expositions, théâtre, concerts… Elle fréquente le fameux "Bal Nègre" de la rue Blomet, dans le 15e arrondissement, non loin de Montparnasse, créé par un politicien martiniquais en quête d'électeurs. Dans cette France d'après-guerre avide de distraction, la communauté martiniquaise se mêle au Tout-Paris ; Joséphine Beker, Maurice chevalier, Mistinguett, Jean Cocteau, mais aussi plus tard Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir.
Paulette Nardal présente à la Sorbonne sa thèse sur l'Auteure de "La Case de l'Oncle Tom", Harriet Becker Stowe, femme de lettres et abolitionniste américaine. Son diplôme d'anglais en poche, Paulette Nardal, s'oriente vers le journalisme. Elle se rapproche des écrivains afro-américains du mouvement "Harlem Renaissance" qui défend la culture et la littérature noires.
En 1929, dans son appartement de Clamart (92), qu'elle partage désormais avec deux de ses sœurs Jeanne et Andrée, elle organise des rencontres bilingues. Les sœurs Nardal veulent combattre tous les préjugés, montrer qu'elles sont fières de leur couleur et de leur culture. Elles refusent la vision réductrice d'une absence de civilisation chez les noirs, qui justifiait à l'époque le mouvement colonialiste.
Elles cherchent à mettre en relation les écrivains noirs de toutes provenances : Afrique, Antilles, Amérique… On y rencontre Léopold Sedar Senghor, Aimé Césaire, le Sénateur haïtien, Jean Price-Mars, le lauréat du Prix Goncourt de 1921, l'écrivain René Maran, le premier Français noir à recevoir ce prix. Ces rassemblements débouchent comme une évidence dans l'esprit de Paulette Nardal sur la publication de "La Revue du Monde Noir", en collaboration avec sa sœur Andrée et le haïtien Leo Sajous, docteur es Lettre. L'objectif de la revue est de : "Donner à l'élite intellectuelle de la Race noire et aux amis des Noirs un organe où publier leurs œuvres artistiques, littéraires et scientifiques. Étudier et faire connaitre (…) la Civilisation Nègre et les richesses naturelles de l'Afrique (…). Sa devise est et restera : Pour la Paix, le Travail et la Justice, par la Liberté, l'Égalité et la Fraternité (…)".
Malheureusement, faute de moyen, la revue s'arrête au numéro six, en 1932. Mais le mouvement de "La Négritude" dont elle est l'initiatrice est lancé. Ce mouvement va être ensuite développé par Léopold Sedar Senghor et Aimé Césaire.
Paulette Nardal devient secrétaire parlementaire du martiniquais Joseph Lagrosillière, père du socialisme martiniquais, puis du député Sénégalais français Galandou Diouf. En 1935, elle milite contre l'invasion de l'Éthiopie par Mussolini, qui après l'annexion de la Lybie, veut offrir à l'Italie un empire colonial comparable aux autres puissances européennes. En 1937, invitée par son ami Léopold Sedar Senghor, elle visite le Sénégal.
En 1939, lorsqu'éclate la seconde Guerre Mondiale, Paulette Nandal est en Martinique. Elle décide de rentrer en Métropole. Son bateau est torpillé par un sous-marin allemand au large de la Grande-Bretagne. Elle sauve sa vie en se jetant dans un canot de sauvetage, mais se réceptionne mal et se fracture les deux rotules. Elle est hospitalisée en Angleterre et va garder un handicap toute sa vie.
Dès sa sortie de l'hôpital, elle rejoint la Martinique qui vit désormais sous le régime de Vichy. Beaucoup de Martiniquais même très jeunes, opposants au Nazisme et à Pétain, veulent rejoindre le Général De Gaulle, à Londres. Pour cela, ils sont obligés de transiter par les îles alors anglaises voisines à la Martinique, Sainte-Lucie et Dominique, où ils sont formés militairement. Paulette Nardal va clandestinement leurs donner des cours d'anglais pour qu'ils puissent être opérationnels immédiatement.
Non contente d'être l'inspiratrice de la Négritude, elle devient militante féministe. Elle profite d'un séjour sur son île, pour sensibiliser les femmes à la politique. Après la Libération, dès 1945, elle crée le Rassemblement Féminin pour les inciter à user du Droit de vote. En 1948, elle crée une nouvelle revue, La Femme dans la cité. Elle se bat pour la construction de crèches en Martinique, cherche des moyens pour aider financièrement les filles-mères.
En 1948, elle part aux États-Unis, comme secrétaire particulière de Ralph Bunch, défenseur des droits civiques aux côtés de Martin Luther King. Avant cela, Ralph Bunch a participé, avec Eleanor Roosevelt, à l'élaboration de la charte des Nations Unis, en 1945 et de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Futur Prix Nobel de la Paix en 1950, pour sa médiation réussie dans le conflit Israélo-Arabe, Ralph Bunch fait ensuite nommer Paulette Nardal à l'ONU, où elle va rester un an et demi déléguée à la section des territoires autonomes.
Comme ses sœurs, Paulette Nardal a hérité de ses parents, d'une véritable passion pour la musique. A son retour en Martinique, elle s'installe dans la maison familiale de la rue Schoelcher, à Fort de France. Elle fonde la "Chorale Joie de Chanter", tout en continuant à s'investir pour le droit des femmes, la culture et la littérature. En 1948, à l'occasion du centenaire de l'abolition de l'Esclavage, avec sa sœur Alice, elle rédige un historique de la tradition musicale des campagnes martiniquaises, afin que celles-ci ne disparaissent pas. Avec la chorale, elle veut montrer l'âme noir à travers le chant, qu'il soit folklorique, negro-spiritual ou classique…
Paulette Nardal est faite Officier des Palmes Académiques et Chevalier de la Légion d'honneur. Son ami, Léopold Sedar Senghor la nomme au titre de Commandant de l'Ordre National de la République du Sénégal.
Paulette Nardal, célibataire, sans enfant, dont la devise était "Black is beautiful", décède le 16 février 1985, à Fort-de-France, en Martinique, à l'âge de 89 ans.
Elle est la tante de la cantatrice martiniquaise Christiane Eda-Pierre, fille de sa sœur Alice. En 2004, le producteur-réalisateur Jil Servant, avec France-Antilles TV, sort le documentaire "Paulette Nardal, la fierté d’être négresse", qui retrace sa vie.
Notice biographique Joël David - Ville de Rennes – Rennes Métropole - Service ResCom