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Le cortège, en tête duquel défilaient les tambours et la musique, était formé de longues théories, de défenseurs de la patrie ayant reçu d’honorables blessures, de vieillards, de citoyens et de citoyennes, d’instituteurs et d’institutrices avec leurs élèves, puis venaient les autorités civiles au milieu desquelles était traîné sur un char antique le génie de la République tenant d’une main un gouvernail et de l’autre appuyé sur l’arbre de la liberté. Autour de lui étaient disposées des urnes où brûlaient des parfums. Les troupes fermaient la marche. Cette procession parcourait les principales rues de la ville et se rendait au[[ Champ de Mars]], au pied d’une pyramide élevée, entre les statues de l’Egalité et de la Liberté, sur un socle de marbre, symbole de la solidité du Gouvernement et surmontée d’une image de la République, avec cette inscription : A la République triomphante.
Le cortège, en tête duquel défilaient les tambours et la musique, était formé de longues théories, de défenseurs de la patrie ayant reçu d’honorables blessures, de vieillards, de citoyens et de citoyennes, d’instituteurs et d’institutrices avec leurs élèves, puis venaient les autorités civiles au milieu desquelles était traîné sur un char antique le génie de la République tenant d’une main un gouvernail et de l’autre appuyé sur l’arbre de la liberté. Autour de lui étaient disposées des urnes où brûlaient des parfums. Les troupes fermaient la marche. Cette procession parcourait les principales rues de la ville et se rendait au[[ Champ de Mars]], au pied d’une pyramide élevée, entre les statues de l’Egalité et de la Liberté, sur un socle de marbre, symbole de la solidité du Gouvernement et surmontée d’une image de la République, avec cette inscription : A la République triomphante.


Le président de la Municipalité prononçait un discours respirant le plus pur patriotisme et peignait avec sensibilité les douceurs et les avantages du régime républicain. Une musique militaire jouait alors et portait dans tous les cœurs le sentiment de l’union en exécutant l’air : « Où peut-on être mieux qu’au sein de sa famille » et la fête se terminait aux cris de : vive la République ! Aussitôt commençaient des courses à pied et à cheval, suivies de danses qui se prolongeaient fort avant dans la nuit » <ref> Registre des délibérations, 1er vendémiaire an 7 </ref> <ref>''Rennes en 1800'', audience solennelle de la cour d'appel de Rennes, du 16 octobre 1900, discours de M. Denier, avocat général. Imprimerie rennaise, 5 rue Bourbon</ref>
Le président de la Municipalité prononçait un discours respirant le plus pur patriotisme et peignait avec sensibilité les douceurs et les avantages du régime républicain. Une musique militaire jouait alors et portait dans tous les cœurs le sentiment de l’union en exécutant l’air : « Où peut-on être mieux qu’au sein de sa famille » et la fête se terminait aux cris de : vive la République ! Aussitôt commençaient des courses à pied et à cheval, suivies de danses qui se prolongeaient fort avant dans la nuit » <ref> Registre des délibérations, 1er vendémiaire an 7 </ref>  
=== Séquelles de la chouannerie===
 
Le Corps municipal appela l'attention  des  consuls sur l’état troublé de la région et invoquait leur appui pour réprimer les désordres, derniers restes de la guerre civile, et faire renaître la sécurité.
 
Les guerres vendéennes étaient terminées par la signature d’un armistice. Mais si la convention était exécutée par les troupes républicaines dont les instructions portaient « de respecter la trêve quelles que soient les vexations exercées par les Chouans sur les habitants des campagnes et les contributions qu’ils leur imposent » , elle était loin d’être observée par l’autre partie qui ne profitait de cette suspension d’armes que pour se livrer à la préparation de mouvements insurrectionnels dont la conséquence fut la mise hors la loi des départements bretons. Des bandes se formaient dans les alentours et, ravageant le pays jusqu’aux portes de la ville, étaient pour Rennes une cause de perpétuelles alertes.
 
Le 2 nivôse an VIII (23 décembre 1799) l’administration municipale qui, déjà le 23 pluviôse avait protesté contre la mise hors la loi, adressa une nouvelle réclamation aux citoyens consuls :
 
« Après avoir applaudi à cet armistice, qui tend à ménager l’effusion du sang, elle doit détromper le Gouvernement sur les résultats qui ont été obtenus. L’armistice est observé par les troupes républicaines, mais, loin de suivre cet exemple, les Chouans en profitent pour l’exécution de leurs projets et se sont répandus sur tout le territoire ; ils pillent, volent, désarment, embauchent non seulement les soldats de la République, mais encore les habitants des campagnes, ils les enlèvent par centaines et menacent de les fusiller, en cas de retour dans leurs foyers et tiennent parole, ils emportent des grains, disposent des bestiaux, s’emparent du produit des caisses publiques, établissent des contributions et les perçoivent, etc…
 
» Il est regrettable que dans un temps où l’état de siège existe dans les départements de l’Ouest, les militaires n’aient pas reçu l’ordre d’arrêter le brigandage, le vol, l’enlèvement des citoyens…
 
» Le pays est ruiné et sera dans l’impossibilité de payer l’impôt. — La Garde nationale est excédée de fatigue…
 
» Venez au secours de contrées chères à la liberté, Rennes fut son premier berceau ».
 
Ces plaintes n’étaient pas exagérées :certes, beaucoup d’anciens rebelles, surtout après le décret d’amnistie du 7 nivôse an VIII, avaient fait leur soumission, et les autorités militaires, en échange de la remise de leurs armes, leur délivraient une sorte de brevet de civisme, rédigé dans le style prétentieux de l’époque.
 
Mais il en restait beaucoup, jeunes gens pour la plupart, qui, après avoir mené longtemps cette existence errante et batailleuse, s’être habitués à vivre de réquisitions et de pillage, ne voulurent s’astreindre ni à la vie régulière ni aux travaux de leur profession. Ils refusèrent de déposer les armes, et comme il était nécessaire, pour se maintenir dans cette situation de révoltés, de se procurer de l’argent, des munitions et des vivres, ils se répandirent dans les campagnes, brûlant, saccageant, volant, torturant, assassinant.
Les registres du tribunal criminel à cette époque et les dossiers des archives sont remplis des récits de leurs exploits sanguinaires.
 
L’on a parfois cherché à disculper les Chouans des accusations portées contre eux, en prétendant que ces crimes étaient l’œuvre de malfaiteurs qui n’avaient rien de commun avec les anciens soldats des armées royalistes mais tout, dans les procédures, établit leurs antécédents : et les noms de guerre dont ils s’affublent tels que : l’Invincible, Monte-à-l’Assaut, la France, Brise-Ville, Royal-Carnage, Cœur-de-Roy ; et le choix de leurs victimes prises parmi les anciens rebelles ayant fait leur soumission, ou parmi les partisans et fonctionnaires du gouvernement républicain ; et les manifestations auxquelles ils se livrent dans l’exécution de leurs forfaits : haine et mépris de la cocarde tricolore, bris de clôture aux cris de "Vive le Roy !" vols commis sous le nom de perception d’impôts au nom du Roy ; et leurs aveux enfin consignés dans leurs interrogatoires qui ne laissent aucun doute sur leur passé.
 
Rennes et les campagnes environnantes vivaient sous le coup de perpétuelles terreurs, en apprenant sans cesse de nouvelles atrocités.<ref>''Rennes en 1800'', audience solennelle de la cour d'appel de Rennes, du 16 octobre 1900, discours de M. Denier, avocat général. Imprimerie rennaise, 5 rue Bourbon</ref>
 


===références===
===références===