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L'exécution des demoiselles '''Marie-Madeleine ''' , née le 6 juin 1753,(41 ans) et '''Marie-Anne-Catherine''', née le 26 juillet 1756 (38 ans) '''Dufresne de Renac''' à Rennes est un épisode émouvant de la Révolution à Rennes. Leur faute avait été d'avoir caché un prêtre réfractaire en leur hôtel. Or la Convention, tyrannisée par Robespierre, avait repris son action qui mettait fin aux exécutions systématiques mais n'en restait pas moins, après le passage de [[Carrier à Rennes]], dans la voie d'une "révolution énergique" envers les prêtres réfractaires et les chouans.
L'exécution des demoiselles '''Marie-Madeleine ''', née le 6 juin 1753, (41 ans) et '''Marie-Anne-Catherine''', née le 26 juillet 1756 (38 ans) '''Dufresne de Renac''' à Rennes est un épisode émouvant de la Révolution à Rennes. Leur faute avait été d'avoir caché un prêtre réfractaire en leur hôtel. Or la Convention, tyrannisée par Robespierre, avait repris son action qui mettait fin aux exécutions systématiques mais n'en restait pas moins, après le passage de [[Carrier à Rennes]], dans la voie d'une "révolution énergique" envers les prêtres réfractaires et les chouans.


===Le prêtre débusqué arrêté ainsi que ses protectrices===
===Le prêtre débusqué arrêté ainsi que ses protectrices===


Le 9 août 1794 (22 thermidor an II) :
Le 9 août 1794 (22 thermidor an II) :
« Le Comité de surveillance de Rennes, sur communication à lui donnée par un particulier, qu’il existe à Rennes différents individus ennemis de la chose publique, entre autres plusieurs prêtres réfractaires, au ci-devant hôtel de Renac, chez les habitants de cette maison, prenant ces indications en grande consideration arrête que son président convoquera tous ses membres pour ce soir neuf heures, afin que, de conserve, il soit pris les mesures nécessaires pour arrêter ces ennemis du bien public » <ref>Fonds du Comité de surveillance de Rennes, Arch. d'I.-et-V. </ref> Le compte-rendu de l'inspection est rendu : « En vertu de notre arrêté du 22 thermidor an II (9 août 1794), nous nous sommes transporté chez le citoyen Guignet, rue de Paris, près la Motte, au ci-devant hôtel de Bretagne (sic), et nous, en compagnie du citoyen Valleray et de plusieurs grenadiers de la garde nationale de Rennes, nous avons sommé le citoyen Guignet de nous faire l’ouverture de ses appartements et de toutes ses fermetures. Ce qu’il a déféré sur le champ, et après une vérification scrupuleuse dans tout son jardin, nous n’avons rien trouvé de suspect ; puis dans la même maison, qui était occupée par les citoiens (sic) dont l’une se nomme Marie-Madeleine du Fresne de Renac et l'autre Marie-Anne du Fresne de Renac, toutes deux sœurs, et ayant frappé à la porte et soupçonnant qu’il pouvait s’y trouver des prêtres réfractaires, tel qu'il nous était dénoncé, la porte nous étant ouverte par Marie-Madeleine de Renac, nous avons fait les perquisitions pendant plus de quatre heures. Ayant trouvé une petite boîte de fer blanc dans qui il se trouva des hosties et plusieurs pains à chant, nous avons redoublé nos perquisitions et, sur les sept heures et demie du matin, derrière un lit et derrière une cloison de terrasse, et après l’avoir enfoncée à coups de hache, il s’est trouvé le nommé Maréchal Jean, prêtre réfractaire, et avec lui tous les ustensiles de son métier ».
« ''Le Comité de surveillance de Rennes, sur communication à lui donnée par un particulier, qu’il existe à Rennes différents individus ennemis de la chose publique, entre autres plusieurs prêtres réfractaires, au ci-devant hôtel de Renac, chez les habitants de cette maison, prenant ces indications en grande consideration arrête que son président convoquera tous ses membres pour ce soir neuf heures, afin que, de conserve, il soit pris les mesures nécessaires pour arrêter ces ennemis du bien public'' » <ref>Fonds du Comité de surveillance de Rennes, Arch. d'I.-et-V. </ref> Le compte-rendu de l'inspection est rendu : « ''En vertu de notre arrêté du 22 thermidor an II (9 août 1794), nous nous sommes transporté chez le citoyen Guignet, rue de Paris, près la Motte, au ci-devant hôtel de Bretagne (sic), et nous, en compagnie du citoyen Valleray et de plusieurs grenadiers de la garde nationale de Rennes, nous avons sommé le citoyen Guignet de nous faire l’ouverture de ses appartements et de toutes ses fermetures. Ce qu’il a déféré sur le champ, et après une vérification scrupuleuse dans tout son jardin, nous n’avons rien trouvé de suspect ; puis dans la même maison, qui était occupée par les citoiens (sic) dont l’une se nomme Marie-Madeleine du Fresne de Renac et l'autre Marie-Anne du Fresne de Renac, toutes deux sœurs, et ayant frappé à la porte et soupçonnant qu’il pouvait s’y trouver des prêtres réfractaires, tel qu'il nous était dénoncé, la porte nous étant ouverte par Marie-Madeleine de Renac, nous avons fait les perquisitions pendant plus de quatre heures. Ayant trouvé une petite boîte de fer blanc dans qui il se trouva des hosties et plusieurs pains à chant, nous avons redoublé nos perquisitions et, sur les sept heures et demie du matin, derrière un lit et derrière une cloison de terrasse, et après l’avoir enfoncée à coups de hache, il s’est trouvé le nommé Maréchal Jean, prêtre réfractaire, et avec lui tous les ustensiles de son métier'' ».


Ainsi les deux demoiselles, comtesses de Renac furent-elles abusées par "un odieux procédé" d'André-René Valleray, commandant de la garde nationale de Châteaugiron, élargi en février 1794 après avoir été emprisonné pour fédéralisme, devenu un des plus zélés pourchasseurs de prêtres réfractaires. Incitées à dévoiler la cachette du prêtre qu'il prétendait vouloir sauver, elles y consentirent. Elles furent accusées d'avoir donné asile à l'abbé Jean Julien Le Maréchal revenu de Jersey, âgé de 29 ans, dans leur hôtel du [[contour de la Motte]] où elles vivaient seules, leur père ayant émigré à Jersey, et où elles avaient pratiqué une cache. Elles furent déclarées coupables par le jury du tribunal criminel d'Ille-et-Vilaine présidé par Bouaissier. À un interrogateur qui lui demandait pourquoi, connaissant la loi, elles avaient caché ce prêtre, Marie-Madeleine avait répondu :" Parce qu'il n'avait pas d'asile et par humanité." Le tribunal criminel d’Ille-et-Vilaine condamna à la peine de mort « Julien-Jean Le Maréchal, prêtre réfractaire, ex-vicaire de la commune d’Ossé, convaincu d’avoir été légalement déporté (comme insermenté) et d’être rentré sur le territoire de la République au mépris des lois. — Marie-Anne-Catherine du Fresne et Marie-Magdelaine du Fresne, dites de Renac, sœurs, ex-nobles, convaincues d’avoir sciemment recélé chez elle ledit prêtre ».
Ainsi les deux demoiselles, comtesses de Renac furent-elles abusées par "un odieux procédé" d'André-René Valleray, commandant de la garde nationale de Châteaugiron, élargi en février 1794 après avoir été emprisonné pour fédéralisme, devenu un des plus zélés pourchasseurs de prêtres réfractaires. Incitées à dévoiler la cachette du prêtre qu'il prétendait vouloir sauver, elles y consentirent. Elles furent accusées d'avoir donné asile à l'abbé Jean Julien Le Maréchal revenu de Jersey, âgé de 29 ans, dans leur hôtel du [[contour de la Motte]] où elles vivaient seules, leur père ayant émigré à Jersey, et où elles avaient pratiqué une cache. Elles furent déclarées coupables par le jury du tribunal criminel d'Ille-et-Vilaine présidé par Bouaissier. À un interrogateur qui lui demandait pourquoi, connaissant la loi, elles avaient caché ce prêtre, Marie-Madeleine avait répondu :" ''Parce qu'il n'avait pas d'asile et par humanité.''" Le tribunal criminel d’Ille-et-Vilaine condamna à la peine de mort « ''Julien-Jean Le Maréchal, prêtre réfractaire, ex-vicaire de la commune d’Ossé, convaincu d’avoir été légalement déporté (comme insermenté) et d’être rentré sur le territoire de la République au mépris des lois. — Marie-Anne-Catherine du Fresne et Marie-Magdelaine du Fresne, dites de Renac, sœurs, ex-nobles, convaincues d’avoir sciemment recélé chez elle ledit prêtre'' ».


===Pour elles et l'abbé, la guillotine place de l'Égalité===
===Pour elles et l'abbé, la guillotine place de l'Égalité===
"Je vois d'ici ces dames vénérables, portant des bonnets et des manteaux noirs, selon la mode de Rennes, toutes deux grandes, maigres, pâles, avec une physionomie de la plus grande douceur. Comme de coutume, les débats furent menés de la manière la plus expéditive. [...] Au prononcé de la sentence, une des sœurs ne put pas entendre ce terrible mot "mort" ! Elle s'évanouit, et glissant de son siège, elle tomba sans connaissance sur le sol. Quelle vue en ce moment ! toute l'assistance était émue. On la releva aussitôt, et M. Maréchal assista les gendarmes pour lui faire recouvrer les sens.[...] J'appris que lorsque les dames de Renac se rendaient à l'échafaud, elles furent soutenues et encouragées jusqu'au dernier moment par M. Maréchal, qui, en sa qualité de prêtre, et étant le plus coupable, dut être exécuté le dernier. L'une des sœurs s'évanouit encore en face de la guillotine et on lui trancha la tête quand elle était ainsi sans connaissance. <ref> ''Souvenirs de la Persécution Révolutionnaire à Rennes'' par Mgr Gabriel Bruté . Revue de Bretagne et de Vendée
"''Je vois d'ici ces dames vénérables, portant des bonnets et des manteaux noirs, selon la mode de Rennes, toutes deux grandes, maigres, pâles, avec une physionomie de la plus grande douceur. Comme de coutume, les débats furent menés de la manière la plus expéditive. [...] Au prononcé de la sentence, une des sœurs ne put pas entendre ce terrible mot "mort" ! Elle s'évanouit, et glissant de son siège, elle tomba sans connaissance sur le sol. Quelle vue en ce moment ! Toute l'assistance était émue. On la releva aussitôt, et M. Maréchal assista les gendarmes pour lui faire recouvrer les sens.[...] J'appris que lorsque les dames de Renac se rendaient à l'échafaud, elles furent soutenues et encouragées jusqu'au dernier moment par M. Maréchal, qui, en sa qualité de prêtre, et étant le plus coupable, dut être exécuté le dernier. L'une des sœurs s'évanouit encore en face de la guillotine et on lui trancha la tête quand elle était ainsi sans connaissance''"<ref> ''Souvenirs de la Persécution Révolutionnaire à Rennes'' par Mgr Gabriel Bruté. Revue de Bretagne et de Vendée
5ème année - Tome IX - 1861 - premier semestre  http://shenandoahdavis.canalblog.com/archives/2014/10/15/30771859.html </ref>
5ème année - Tome IX - 1861 - premier semestre  http://shenandoahdavis.canalblog.com/archives/2014/10/15/30771859.html</ref>.


Elles avaient été guillotinées ainsi que leur protégé, l'abbé Le Maréchal, place de l'Égalité, au bas de la [[Place du Parlement de Bretagne]], le 13 août 1794<ref> ''Rennes Moderne'', par A. Marteville, t. III. Deniel et Verdier, libraires -1849</ref>. Et Marteville d'observer que personne ne pouvait gracier les deux infortunées, le droit de grâce ayant disparu avec la royauté. De la prison de la porte Marat (Nom révolutionnaire donné aux [[Portes Mordelaises]]), elles sont transportées place de l'Égalité, au bas de la place du Parlement où était installée la guillotine. On brûla au pied de l'échafaud les hosties consacrées ainsi que les saintes huiles saisies chez les demoiselles de Renac et qualifiées dans le libellé de la condamnation de « hochets du fanatisme ».ref> (Dossier n° 267 des actes du tribunal criminel d’Ille-et-Vilaine, série B, Parlement, archives d'Ille-et-Vilaine </ref>
Elles avaient été guillotinées ainsi que leur protégé, l'abbé Le Maréchal, place de l'Égalité, au bas de la [[Place du Parlement de Bretagne]], le 13 août 1794<ref> ''Rennes Moderne'', par A. Marteville, t. III. Deniel et Verdier, libraires -1849</ref>. Et Marteville d'observer que personne ne pouvait gracier les deux infortunées, le droit de grâce ayant disparu avec la royauté. De la prison de la porte Marat (Nom révolutionnaire donné aux [[Portes Mordelaises]]), elles sont transportées place de l'Égalité, au bas de la place du Parlement où était installée la guillotine. On brûla au pied de l'échafaud les hosties consacrées ainsi que les saintes huiles saisies chez les demoiselles de Renac et qualifiées dans le libellé de la condamnation de « hochets du fanatisme »<ref> (Dossier n° 267 des actes du tribunal criminel d’Ille-et-Vilaine, série B, Parlement, archives d'Ille-et-Vilaine</ref>.


En 1802, Bouaissier serait mort dans d'atroces convulsions consécutives à la grande émotion qu'il aurait ressentie en entendant, passant devant leur hôtel (à l'emplacement de l'actuel Hôtel Villemain), les voix des deux demoiselles l'appelant par son nom <ref>''A travers la Bretagne'', Revue de Bretagne et de Vendée,t.XLV - jan-fév 1911</ref>  <ref> ''Actes des prêtres insermentés de l'arrondissement de Rennes et guillotinés en 1794'', par l'abbé Auguste Lemasson. Bureau du secrétariat de l'archevêché XXII - 1927</ref>.
En 1802, Bouaissier serait mort dans d'atroces convulsions consécutives à la grande émotion qu'il aurait ressentie en entendant, passant devant leur hôtel (à l'emplacement de l'actuel Hôtel Villemain), les voix des deux demoiselles l'appelant par son nom <ref>''A travers la Bretagne'', Revue de Bretagne et de Vendée,t.XLV - jan-fév 1911</ref>  <ref> ''Actes des prêtres insermentés de l'arrondissement de Rennes et guillotinés en 1794'', par l'abbé Auguste Lemasson. Bureau du secrétariat de l'archevêché XXII - 1927</ref>.

Version actuelle datée du 28 avril 2023 à 11:14


L'exécution des demoiselles Marie-Madeleine , née le 6 juin 1753, (41 ans) et Marie-Anne-Catherine, née le 26 juillet 1756 (38 ans) Dufresne de Renac à Rennes est un épisode émouvant de la Révolution à Rennes. Leur faute avait été d'avoir caché un prêtre réfractaire en leur hôtel. Or la Convention, tyrannisée par Robespierre, avait repris son action qui mettait fin aux exécutions systématiques mais n'en restait pas moins, après le passage de Carrier à Rennes, dans la voie d'une "révolution énergique" envers les prêtres réfractaires et les chouans.

Le prêtre débusqué arrêté ainsi que ses protectrices

Le 9 août 1794 (22 thermidor an II) : « Le Comité de surveillance de Rennes, sur communication à lui donnée par un particulier, qu’il existe à Rennes différents individus ennemis de la chose publique, entre autres plusieurs prêtres réfractaires, au ci-devant hôtel de Renac, chez les habitants de cette maison, prenant ces indications en grande consideration arrête que son président convoquera tous ses membres pour ce soir neuf heures, afin que, de conserve, il soit pris les mesures nécessaires pour arrêter ces ennemis du bien public » [1] Le compte-rendu de l'inspection est rendu : « En vertu de notre arrêté du 22 thermidor an II (9 août 1794), nous nous sommes transporté chez le citoyen Guignet, rue de Paris, près la Motte, au ci-devant hôtel de Bretagne (sic), et nous, en compagnie du citoyen Valleray et de plusieurs grenadiers de la garde nationale de Rennes, nous avons sommé le citoyen Guignet de nous faire l’ouverture de ses appartements et de toutes ses fermetures. Ce qu’il a déféré sur le champ, et après une vérification scrupuleuse dans tout son jardin, nous n’avons rien trouvé de suspect ; puis dans la même maison, qui était occupée par les citoiens (sic) dont l’une se nomme Marie-Madeleine du Fresne de Renac et l'autre Marie-Anne du Fresne de Renac, toutes deux sœurs, et ayant frappé à la porte et soupçonnant qu’il pouvait s’y trouver des prêtres réfractaires, tel qu'il nous était dénoncé, la porte nous étant ouverte par Marie-Madeleine de Renac, nous avons fait les perquisitions pendant plus de quatre heures. Ayant trouvé une petite boîte de fer blanc dans qui il se trouva des hosties et plusieurs pains à chant, nous avons redoublé nos perquisitions et, sur les sept heures et demie du matin, derrière un lit et derrière une cloison de terrasse, et après l’avoir enfoncée à coups de hache, il s’est trouvé le nommé Maréchal Jean, prêtre réfractaire, et avec lui tous les ustensiles de son métier ».

Ainsi les deux demoiselles, comtesses de Renac furent-elles abusées par "un odieux procédé" d'André-René Valleray, commandant de la garde nationale de Châteaugiron, élargi en février 1794 après avoir été emprisonné pour fédéralisme, devenu un des plus zélés pourchasseurs de prêtres réfractaires. Incitées à dévoiler la cachette du prêtre qu'il prétendait vouloir sauver, elles y consentirent. Elles furent accusées d'avoir donné asile à l'abbé Jean Julien Le Maréchal revenu de Jersey, âgé de 29 ans, dans leur hôtel du contour de la Motte où elles vivaient seules, leur père ayant émigré à Jersey, et où elles avaient pratiqué une cache. Elles furent déclarées coupables par le jury du tribunal criminel d'Ille-et-Vilaine présidé par Bouaissier. À un interrogateur qui lui demandait pourquoi, connaissant la loi, elles avaient caché ce prêtre, Marie-Madeleine avait répondu :" Parce qu'il n'avait pas d'asile et par humanité." Le tribunal criminel d’Ille-et-Vilaine condamna à la peine de mort « Julien-Jean Le Maréchal, prêtre réfractaire, ex-vicaire de la commune d’Ossé, convaincu d’avoir été légalement déporté (comme insermenté) et d’être rentré sur le territoire de la République au mépris des lois. — Marie-Anne-Catherine du Fresne et Marie-Magdelaine du Fresne, dites de Renac, sœurs, ex-nobles, convaincues d’avoir sciemment recélé chez elle ledit prêtre ».

Pour elles et l'abbé, la guillotine place de l'Égalité

"Je vois d'ici ces dames vénérables, portant des bonnets et des manteaux noirs, selon la mode de Rennes, toutes deux grandes, maigres, pâles, avec une physionomie de la plus grande douceur. Comme de coutume, les débats furent menés de la manière la plus expéditive. [...] Au prononcé de la sentence, une des sœurs ne put pas entendre ce terrible mot "mort" ! Elle s'évanouit, et glissant de son siège, elle tomba sans connaissance sur le sol. Quelle vue en ce moment ! Toute l'assistance était émue. On la releva aussitôt, et M. Maréchal assista les gendarmes pour lui faire recouvrer les sens.[...] J'appris que lorsque les dames de Renac se rendaient à l'échafaud, elles furent soutenues et encouragées jusqu'au dernier moment par M. Maréchal, qui, en sa qualité de prêtre, et étant le plus coupable, dut être exécuté le dernier. L'une des sœurs s'évanouit encore en face de la guillotine et on lui trancha la tête quand elle était ainsi sans connaissance"[2].

Elles avaient été guillotinées ainsi que leur protégé, l'abbé Le Maréchal, place de l'Égalité, au bas de la Place du Parlement de Bretagne, le 13 août 1794[3]. Et Marteville d'observer que personne ne pouvait gracier les deux infortunées, le droit de grâce ayant disparu avec la royauté. De la prison de la porte Marat (Nom révolutionnaire donné aux Portes Mordelaises), elles sont transportées place de l'Égalité, au bas de la place du Parlement où était installée la guillotine. On brûla au pied de l'échafaud les hosties consacrées ainsi que les saintes huiles saisies chez les demoiselles de Renac et qualifiées dans le libellé de la condamnation de « hochets du fanatisme »[4].

En 1802, Bouaissier serait mort dans d'atroces convulsions consécutives à la grande émotion qu'il aurait ressentie en entendant, passant devant leur hôtel (à l'emplacement de l'actuel Hôtel Villemain), les voix des deux demoiselles l'appelant par son nom [5] [6].

Acte de décès des demoiselles de Renac et de l'ex prêtre Le Maréchal

Dans l'acte de décès, Le prénom de Marie-Anne est devenu Mariane et celui de Marie-Madeleine est étrangement transformé en Marceline puis Marilline...





références

  1. Fonds du Comité de surveillance de Rennes, Arch. d'I.-et-V.
  2. Souvenirs de la Persécution Révolutionnaire à Rennes par Mgr Gabriel Bruté. Revue de Bretagne et de Vendée 5ème année - Tome IX - 1861 - premier semestre http://shenandoahdavis.canalblog.com/archives/2014/10/15/30771859.html
  3. Rennes Moderne, par A. Marteville, t. III. Deniel et Verdier, libraires -1849
  4. (Dossier n° 267 des actes du tribunal criminel d’Ille-et-Vilaine, série B, Parlement, archives d'Ille-et-Vilaine
  5. A travers la Bretagne, Revue de Bretagne et de Vendée,t.XLV - jan-fév 1911
  6. Actes des prêtres insermentés de l'arrondissement de Rennes et guillotinés en 1794, par l'abbé Auguste Lemasson. Bureau du secrétariat de l'archevêché XXII - 1927