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=== Marie-José Jestin ===
Le 19 août 1943, Erwin Deman, 23 ans, agent SOE, arrive en France, déposé par avion Lockheed Hudson 1 km au sud de Soucelles, à 14 km au nord-est d'Angers. Il est muni en guise d’introduction d’une demi-feuille provenant d’une lettre écrite par une Mme Jestin à la sœur d'un officier du SOE, dont elle avait été la nounou. Le contact fut ainsi établi avec Mme Jestin dame de petite taille, âgée de 70 ans, avec des cheveux blancs, personne gentille et amicale qui a compris que ses filles travaillaient dans la clandestinité mais n'en savait pas plus car elle était quelque peu sénile. « ''Mme Jestin, habitant Rennes, dont les deux filles célibataires, jeunes quadragénaires énergiques, entrèrent dans ses plans avec un grand enthousiasme. Elles organisèrent des maisons sûres, telles que celles de M. André Meynier, professeur à la faculté des Lettres <ref>[[rue André et Yvonne Meynier]]</ref>, de M. Petit, retraité des contributions directes. Elles suggérèrent d’autres contacts, et trouvèrent des guides et courriers fiables, tandis qu'il partait reconnaître les deux plages […] Aline, l’aînée, alias ''Jean'', travaillait à la préfecture et n’avait pas de difficulté pour produire tous les sauf-conduits en blanc dont la zone côtière avait besoin.'' »  <ref> Réseau VAR. Témoignage de Louis Lecorvaisier, recueilli par Odette Merlat le 4 oct. 1945 </ref> Marie-José travaille à l'Assistance Publique. Les trois femmes Jestin avaient été impliquées dans le groupe KER (jusqu'à sa dissolution suite à une vague d'arrestations en avril 1943. À la préfecture, Aline recrute Félix Jouan, un meunier et boulanger de 51 ans de Bédée, Mme Guyader et son mari Henri, qui travaille à la SNCF, 8 [[boulevard Laënnec]], et fonde avec elle une « boîte postale » qui deviendra plus tard un point de contact entre les organisations VAR et VIC. Elles recrutèrent M et Mme Bieard, marchandes de chaussures au 21 [[rue Saint-Hélier]].
(née le 2 avril 1901, Rennes). Agent de préfecture, entrée dès le début dans la résistance, participa au réseau ''VAR'' monté par le SOE, elle recueillit et garda de nombreux aviateurs et agents anglais et détint des armes et des postes émetteurs à son domicile où avaient lieu des émissions. Elle fut révoquée en raison de son activité gaulliste - dont l'importance n'était heureusement pas connue. Elle fit aussi partie du réseau ''Alexandre'' (Forces françaises combattantes).


[[Fichier:Extrait_rapport_lecorvaisier.png|right|450px|thumb|Extrait de rapport de Louis Lecorvaisier sur l'activité de VAR]]
À Rennes, tout en gardant leurs occupations, elles procurent au groupe des cartes d'identité, cartes d'alimentation, laissez-passer en zone interdite, livrets de famille. Le P/O Leslie Charles Brown de Beverly, dans le Yorkshire de l'Est, 22 ans, observateur du 88 Sqn TAF Boston BZ296 (Angus), abattu dans l'après-midi du dimanche 8 août 1943 lors d'un raid visant à bombarder le [[Le Pi-Park de Rennes|Pi-Park de Rennes]], dépôt de la KriegsMarine<ref>[[Des équipages français bombardent la Kriegsmarine route de Lorient]] </ref>, fut récupéré par M. Jouan, boulanger à Bédée, où il rencontra trois fois ''Paul'' puis fut hébergé par Mme Jestin au 10 [[rue de Bertrand]], du 20 septembre au 4 octobre quand une vieille dame vint le chercher et l'accompagner de Rennes à Paris et à Lyon<ref> http://www.conscript-heroes.com/escapelines/index.htm </ref>. Il y avait une troisième fille Jestin mais elle était mariée à un pétainiste du Mans, et quand elle venait en visite, des précautions étaient prises par les deux autres sœurs pour éviter une rencontre avec un des "visiteurs".
[[Fichier:Deman.png|150px|left|thumb|Deman, l'agent SOE recruteur à Rennes des sœurs Jestin]]
=== Aline Jestin ===
=== Aline Jestin ===
(née le 15 janvier 1899, Rennes) Participa aussi au réseau ''VAR'', hébergea de nombreux agents parachutistes et participa à de nombreuses émissions clandestines. Chargée de missions délicates en France et en Belgique, elle rendit d’éclatants services, notamment en sauvant 150 aviateurs tombés en Belgique. Elle fit aussi partie du réseau ''KER'', décapité en avril 1943, et du réseau ''Alexandre'' (Forces françaises combattantes), créé le 1er avril 1942, dirigé par Teddy Wilkinson, .qui cessa le 31 août 1943.<ref>https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/arkotheque/client/mdh/base_resistants/detail_fiche.php?ref=2821235 </ref>
[[Fichier:Trajets_r%C3%A9seau_VAR.png|left|450px|thumb|Les trajets de et vers la crique du Mousselet]]
[[Fichier:Plage_du_r%C3%A9seau_VAR.png|right|450px|thumb|Plage près de Guimaëc, utilisée par le réseau VAR]]
[[Fichier:Crique_Le_Mousselet.png|350px|left|thumb|La crique du Mousselet]]


[[Fichier:Plage_Bzg_an_Fry.png|350px|right|thumb|Plage de Beg An Fry, pour les arrivées et départs du réseau VAR]]
'''Résistante''' (née le 15 janvier 1899, Rennes)
 
Deman, dans son rapport de retour à Londres, décrit Aline Jestin comme une femme d'une quarantaine d'années, mesurant 1,63 m, très mince, aux cheveux bruns - une « vieille fille typique » mais toujours bien habillée. Deman a vu qu'elle s'attendait à être payée mais qu'elle était extrêmement honnête - la décrivant comme fiable, efficace, débrouillarde et apparemment très vive lorsqu'il s'agissait de tâches qui demandaient de l'intelligence. Elle devint trésorière de VAR.
Aline, agent de préfecture, fut révoquée en raison de son activité gaulliste - dont l'importance n'était heureusement pas connue. Elle participait au [[réseau VAR]], hébergea de nombreux agents parachutistes et participa à de nombreuses émissions clandestines. Chargée de missions délicates en France et en Belgique, elle rendit d’éclatants services, notamment en sauvant 150 aviateurs tombés en Belgique. Elle fit aussi partie du réseau ''Alexandre'' (Forces françaises combattantes), créé le 1er avril 1942, dirigé par Teddy Wilkinson, qui cessa le 31 août 1943.<ref>https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/arkotheque/client/mdh/base_resistants/detail_fiche.php?ref=2821235 </ref>
 
Le 13 janvier 1944 il fallut évacuer d'urgence la maison Jestin. Sicot put prévenir Mme Jouan et les sœurs Jestin qui durent partir pour Paris.
 
=== Marie-José Jestin ===


En février 1946, les deux sœurs résistantes<ref> homologuées http://www.museedelaresistanceenligne.org/musee/doc/pdf/ressource_source/SHDGR_16P_J.pdf</ref> furent citées à l’ordre de la Division et reçurent des mains du général Marcel Allard la croix de guerre avec étoile d’argent<ref> Ouest-France. 16 fév. 1946</ref>.
'''Résistante''' (née le 2 avril 1901, Rennes).
Erwin Deman, officier anglais d'origine juive autrichienne, agent SOE, alias ''Daniel'' puis ''Paul'', 23 ans, est à l'origine du réseau VAR, qui concerna 150 agents avec le but de créer des filières régulières de liaison et d'évasion entre l'Angleterre (Darmouth, en Cornouaille) et la Bretagne par vedettes de la Royal Navy et des youyous. Après avoir repéré les lieux les plus propices à l'hébergement des agents et d'aviateurs à rapatrier et à l'embarquement, le réseau mène ses premières opérations dans les Côtes-du-Nord dans les environs de '''Saint-Cast''' (4 opérations maritimes, grève du Mousselet côté est de la baie de la Fresnaye), mais l'échec de l'operation Jealous III dans la nuit du 23 au 24 décembre 1943, conduisit à rechercher un autre site, ce fut puis dans le Finistère près de '''Guimaëc''' sous la pointe de  Beg An Fry r, où Aristide Sicot,
alias ''Jeannette'', avait repéré une petite plage tout-à-fait adaptée à
un débarquement, protégée des regards à l'est par deux éperons rocheux - où une stèle fut érigée en 1969 (9 opérations maritimes)<ref>Témoignage du capitaine Louis Lecorvaisier (alias ''Yves'') du réseau VAR 8 déc. 1945.https://francearchives.fr/fr/facomponent/7672205d9be3b7c5aca2124a3400fa627bd18c91 </ref>. Quelques résistants étaient chargés d’accueillir les agents en gare locale, un négociant en vin, Barazer, assurait leur transport, les sœurs du café Jacob à Guimaëc hébergeaient les agents dans une maison inhabitée située en face de leur établissement.  Rennes puis Redon sont les villes de ralliement avant les évacuations, une par mois.  Quant aux arrivants, ils sont conduits par Louis Mercier à la gare de Morkaix. Une tentative du réseau Var d'exfiltrer le général Marcel Allard vers l'Angleterre échoua à Noël 1943 mais c'est lors de l'une des missions assurées par le réseau que François Mitterrand, alias ''Morland'', chef du mouvement de résistance MNPRG fut débarqué dans une crique à Beg-An-Fry en Guimaêc en février 1944.


En août 1943, Deman s'était établi à Rennes comme agent d'assurance et entra en contact avec Mme Émilienne Jestin, veuve du magistrat François Jestin, habitant à Rennes, 10, [[ rue de Bertrand]]. Les Jestin ont un bon nombre de relations dans toute la région et vont s'en servir pour recruter parmi elles.
Marie-José Jestin travaillait à l'Assistance publique, avait les cheveux noirs, de « beaux » yeux noirs et une apparence physique agréable. Elle était extrêmement méthodique, minutieuse, fiable et tout aussi intelligente que sa sœur. Ne s’intéressant pas à l’argent, elle était très calme et Deman sentait qu’il pouvait compter sur elle plus que sur sa sœur.
Entrée dès le début dans la résistance, Marie-José participa au réseau ''VAR'' monté par le SOE, elle recueillit et garda de nombreux aviateurs et agents anglais et, en septembre 1943 détint des revolvers, S-phone et des postes émetteurs-récepteurs à son domicile où avaient lieu des émissions. Elle fut révoquée en raison de son activité gaulliste - dont l'importance n'était heureusement pas connue. Elle fit aussi partie du réseau ''Alexandre'' (Forces françaises combattantes).




En mars 1944, ''Paul'' donne des ordres<ref> Réseau VAR. Témoignage de Louis Lecorvaisier, recueilli par Odette Merlat le 4 oct. 1945</ref>: établir un réseau de ramassage d' aviateurs dans la région parisienne, en Normandie, dans le sud-est et en Belgique où se trouvent de nombreux pilotes à rapatrier. Il faut aussi établir une liaison avec le réseau VIC qui évacue ses "clients" par l'Espagne et de confier à VAR ceux qui sont moins aptes à franchir les cols alors que VAR passera à VIC ses passagers les plus valides. Les sœurs Jestin étendirent le réseau bien au-delà de Paris, avec des contacts à Bruxelles et très bas dans la vallée du Rhône.'' » <ref> https://silo.pub/soe-in-france-an-account-of-the-work-of-the-british-special-operations-executive-in-france-1940-1944.html  The VAR line, p.73</ref>


'''Témoignage du SOE (Special Operation Executive) en France''' :
En février 1946, les deux sœurs résistantes<ref> homologuées http://www.museedelaresistanceenligne.org/musee/doc/pdf/ressource_source/SHDGR_16P_J.pdf</ref> furent citées à l’ordre de la Division et reçurent des mains du {{w|général Marcel Allard}} la croix de guerre avec étoile d’argent<ref> Ouest-France. 16 fév. 1946</ref>.


Le 19 août 1943, Deman arrive en France, déposé par avion Lockheed Hudson 1 km au sud de Soucelles, à 14 km au nord-est d'Angers. Il est muni en guise d’introduction d’une demi-feuille provenant d’une lettre écrite par une Mme Jestin à la sœur d'un officier du SOE, dont elle avait été la nounou. Le contact fut ainsi établi avec « ''Mme Jestin, habitant Rennes, dont les deux filles célibataires, jeunes quadragénaires énergiques, entrèrent dans ses plans avec un grand enthousiasme. Elles organisèrent des maisons sûres, suggérèrent d’autres contacts, et trouvèrent des guides et courriers fiables, tandis qu’il partait reconnaître les deux plages […]  Aline, l’aînée, alias ''Jean'', travaillait à la préfecture et n’avait pas de difficulté pour produire tous les sauf-conduits en blanc dont la zone côtière avait besoin.'' »  La parisienne  Ginette Courtois, 17 ans , alias ''Danielle'' fait partie d'un couple fictif tenant une "maison-refuge" pour le réseau, [[avenue Sergent- Maginot]]. À Rennes, à Bédée puis à Redon opère le "pianiste" Raymond Langard, SOE DF radio,alias ''Gilbert''  formé en Angleterre, arrivé le 28 octobre 1943. Mais le 13 janvier 1944 à 20 heures, le minotier Félix Jouan qui cachait à Bédée un pilote britannique envoyé par les Jestin, transportant dans une camionnette une valise avec poste-émétteur récupéré sur la côte et destiné aux Jestin fut arrêté place de la mairie,  Aristide Sicot ayant pu s'esquiver. (Jouan mourut le 21 mai 1945 suite à sa déportation)<ref> Témoignage Lecorvaisier du 8 déc. 1945 par Odette Merlat. https://francearchives.fr/fr/facomponent/7672205d9be3b7c5aca2124a3400fa627bd18c91 </ref>. Il fallut évacuer d'urgence la maison Jestin. « '' Sicot, à l'écart de la voiture, put prévenir Mme Jouan et les sœurs Jestin qui durent partir pour Paris. VAR ne survécut pas longtemps à ce déplacement car à la fin […] le circuit fit boule de neige, les activités s’élargirent, de plus en plus de gens étaient concernés, le réseau cessant d’être sûr, il fallut le refondre entièrement. En mars 1944, Var avait échappé à tout contrôle. Les sœurs Jestin étendirent le réseau bien au-delà de Paris, avec des contacts à Bruxelles et très bas dans la vallée du Rhône.'' » <ref> https://silo.pub/soe-in-france-an-account-of-the-work-of-the-british-special-operations-executive-in-france-1940-1944.html </ref>  La dernière exfiltration eut lieu dans la nuit du 15/16 avril 1944. <ref> https://books.google.fr/books?id=aFxLjf-BnYIC&pg=PA222&lpg=PA222&dq=secret+flotillas+Deman&source=bl&ots=_w2QjU7rxc&sig=ACfU3U0o-ncRdfQIMAV5QHdTbgWKnOZdEg&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiU5ITL_tr8AhWlTKQEHbeaByI4FBDoAXoECCgQAw#v=onepage&q=secret%20flotillas%20Deman&f=false</ref>. Les exfiltrations de 52 personnes par mer furent remplacées par la filière terrestre avec le passage des Pyrénées.
Ces deux résistantes rennaises ne sont pas honorées par une rue à leurs noms.
[[Fichier:St%C3%A8le_r%C3%A9seau_VAR.png|450px|center|thumb|Stèle à Beg An Fry (Cliché Maryvonne Moal)]]


Ces deux résistantes rennaises ne sont pas encore honorées par une rue à leurs noms.
[[Fichier:St%C3%A8le_r%C3%A9seau_VAR.png|450px|center|thumb|Stèle à Beg An Fry (Cliché Maryvonne Moal ) ]]
===Références===
===Références===

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Le 19 août 1943, Erwin Deman, 23 ans, agent SOE, arrive en France, déposé par avion Lockheed Hudson 1 km au sud de Soucelles, à 14 km au nord-est d'Angers. Il est muni en guise d’introduction d’une demi-feuille provenant d’une lettre écrite par une Mme Jestin à la sœur d'un officier du SOE, dont elle avait été la nounou. Le contact fut ainsi établi avec Mme Jestin dame de petite taille, âgée de 70 ans, avec des cheveux blancs, personne gentille et amicale qui a compris que ses filles travaillaient dans la clandestinité mais n'en savait pas plus car elle était quelque peu sénile. « Mme Jestin, habitant Rennes, dont les deux filles célibataires, jeunes quadragénaires énergiques, entrèrent dans ses plans avec un grand enthousiasme. Elles organisèrent des maisons sûres, telles que celles de M. André Meynier, professeur à la faculté des Lettres [1], de M. Petit, retraité des contributions directes. Elles suggérèrent d’autres contacts, et trouvèrent des guides et courriers fiables, tandis qu'il partait reconnaître les deux plages […] Aline, l’aînée, alias Jean, travaillait à la préfecture et n’avait pas de difficulté pour produire tous les sauf-conduits en blanc dont la zone côtière avait besoin. » [2] Marie-José travaille à l'Assistance Publique. Les trois femmes Jestin avaient été impliquées dans le groupe KER (jusqu'à sa dissolution suite à une vague d'arrestations en avril 1943. À la préfecture, Aline recrute Félix Jouan, un meunier et boulanger de 51 ans de Bédée, Mme Guyader et son mari Henri, qui travaille à la SNCF, 8 boulevard Laënnec, et fonde avec elle une « boîte postale » qui deviendra plus tard un point de contact entre les organisations VAR et VIC. Elles recrutèrent M et Mme Bieard, marchandes de chaussures au 21 rue Saint-Hélier.

À Rennes, tout en gardant leurs occupations, elles procurent au groupe des cartes d'identité, cartes d'alimentation, laissez-passer en zone interdite, livrets de famille. Le P/O Leslie Charles Brown de Beverly, dans le Yorkshire de l'Est, 22 ans, observateur du 88 Sqn TAF Boston BZ296 (Angus), abattu dans l'après-midi du dimanche 8 août 1943 lors d'un raid visant à bombarder le Pi-Park de Rennes, dépôt de la KriegsMarine[3], fut récupéré par M. Jouan, boulanger à Bédée, où il rencontra trois fois Paul puis fut hébergé par Mme Jestin au 10 rue de Bertrand, du 20 septembre au 4 octobre quand une vieille dame vint le chercher et l'accompagner de Rennes à Paris et à Lyon[4]. Il y avait une troisième fille Jestin mais elle était mariée à un pétainiste du Mans, et quand elle venait en visite, des précautions étaient prises par les deux autres sœurs pour éviter une rencontre avec un des "visiteurs".

Aline Jestin

Résistante (née le 15 janvier 1899, Rennes)

Deman, dans son rapport de retour à Londres, décrit Aline Jestin comme une femme d'une quarantaine d'années, mesurant 1,63 m, très mince, aux cheveux bruns - une « vieille fille typique » mais toujours bien habillée. Deman a vu qu'elle s'attendait à être payée mais qu'elle était extrêmement honnête - la décrivant comme fiable, efficace, débrouillarde et apparemment très vive lorsqu'il s'agissait de tâches qui demandaient de l'intelligence. Elle devint trésorière de VAR. Aline, agent de préfecture, fut révoquée en raison de son activité gaulliste - dont l'importance n'était heureusement pas connue. Elle participait au réseau VAR, hébergea de nombreux agents parachutistes et participa à de nombreuses émissions clandestines. Chargée de missions délicates en France et en Belgique, elle rendit d’éclatants services, notamment en sauvant 150 aviateurs tombés en Belgique. Elle fit aussi partie du réseau Alexandre (Forces françaises combattantes), créé le 1er avril 1942, dirigé par Teddy Wilkinson, qui cessa le 31 août 1943.[5]

Le 13 janvier 1944 il fallut évacuer d'urgence la maison Jestin. Sicot put prévenir Mme Jouan et les sœurs Jestin qui durent partir pour Paris.

Marie-José Jestin

Résistante (née le 2 avril 1901, Rennes).

Marie-José Jestin travaillait à l'Assistance publique, avait les cheveux noirs, de « beaux » yeux noirs et une apparence physique agréable. Elle était extrêmement méthodique, minutieuse, fiable et tout aussi intelligente que sa sœur. Ne s’intéressant pas à l’argent, elle était très calme et Deman sentait qu’il pouvait compter sur elle plus que sur sa sœur. Entrée dès le début dans la résistance, Marie-José participa au réseau VAR monté par le SOE, elle recueillit et garda de nombreux aviateurs et agents anglais et, en septembre 1943 détint des revolvers, S-phone et des postes émetteurs-récepteurs à son domicile où avaient lieu des émissions. Elle fut révoquée en raison de son activité gaulliste - dont l'importance n'était heureusement pas connue. Elle fit aussi partie du réseau Alexandre (Forces françaises combattantes).


En mars 1944, Paul donne des ordres[6]: établir un réseau de ramassage d' aviateurs dans la région parisienne, en Normandie, dans le sud-est et en Belgique où se trouvent de nombreux pilotes à rapatrier. Il faut aussi établir une liaison avec le réseau VIC qui évacue ses "clients" par l'Espagne et de confier à VAR ceux qui sont moins aptes à franchir les cols alors que VAR passera à VIC ses passagers les plus valides. Les sœurs Jestin étendirent le réseau bien au-delà de Paris, avec des contacts à Bruxelles et très bas dans la vallée du Rhône. » [7]

En février 1946, les deux sœurs résistantes[8] furent citées à l’ordre de la Division et reçurent des mains du général Marcel Allard Wikipedia-logo-v2.svg la croix de guerre avec étoile d’argent[9].

Ces deux résistantes rennaises ne sont pas honorées par une rue à leurs noms.

Stèle à Beg An Fry (Cliché Maryvonne Moal)

Références