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Version actuelle datée du 15 février 2023 à 11:44
La rue Hélène Duc est située dans le quartier Francisco-Ferrer – Landry - Poterie, voie entre la rive nord-est de la rue de Châteaugiron et aboutissant sur la rive ouest de l'avenue du Haut Sancé, ainsi nommée par décision du conseil municipal de Rennes du 29 mars 2021, en l'honneur de :
Hélène Duc
Comédienne, reconnue en 2005 comme "Justes parmi les nations"
(22 mars 1917, Bergerac (Dordogne) - 23 novembre 2014, Paris)
Marcelle, Geneviève, Hélène Duc est née le 22 Mars 1917, à Bergerac (24), dans une famille protestante. Elle a un peu plus de six mois lorsque son père médecin meurt durant la Grande Guerre.
De l'enseignement au théâtre
Dès l'âge de deux ans, la petite Hélène monte sur scène lors d'une fête de charité protestante. Bonne élève, Hélène a le gout de la littérature et comme sa mère Jeanne, elle se dirige vers l'enseignement. En 1934, à 17 ans, Bac en poche, elle monte à Paris pour poursuivre ses études comme pensionnaire au collège Sévigné. Dans la capitale, les pensionnaires ont la possibilité de sortir et grâce à des billets étudiants, elles peuvent aller au théâtre. Hélène découvre les comédiens : Louis Jouvet, Jean Vilar ou Gaby Morlay. Hélène Duc s'inscrit au cours Julien Bertheau. En 1939, elle revient à Bergerac où on lui confie un poste d'enseignante, en remplacement d'un instituteur mobilisé. Celui-ci a demandé et obtenu de l'académie qu'Hélène Duc le remplace. L'année suivante, ayant donné toute satisfaction, elle enseigne au lycée de Bergerac, le latin, le français, l'histoire et la géographie. Parmi ses élèves, elle a une certaine Juliette Gréco,[1] venue se réfugier avec sa mère et sa sœur aînée en zone libre. Hélène Duc commence à monter des pièces de théâtre dont la recette va à l'opération "Colis du soldat". La directrice du lycée de Bergerac dit à sa mère qu'Hélène est douée pour le théâtre et qu'il faut qu'elle entre dans une troupe. Un ami lui dit que son père vient de fonder à Marseille, "Le Rideau Gris", la compagnie de théâtre André Roussin et Jean Ducreux. En 1940, elle quitte l'enseignement pour passer une audition à Marseille. On lui dit alors qu'elle n'est pas une comique, mais une tragédienne et qu'il faut alors qu'elle aille à Aix-en-Provence, chez Jean Serge et Jacqueline Morane, où elle va débuter. Elle rencontre Paul Lévy, dit Lavygne qui finit ses études, avec qui elle commence une relation.
Dans la compagnie de théâtre, elle fait la connaissance d’un comédien d'origine juive, replié à Marseille au moment de l'Occupation, Robert Marx connu sous le pseudonyme de Robert Marcy. Celui-ci a trouvé une place dans la troupe de la Radio Diffusion Nationale, mais avant même d'entrer, il est licencié en application des lois antisémites de Vichy. Il joue alors dans les deux troupes de Marseille et d'Aix. Fin 1942, alors qu'il est souffrant chez ses parents, la zone libre est occupée et ses amis juifs, des deux troupes, sont arrêtés et déportés. Il demande alors à Hélène Duc qui vient de Bergerac, si elle peut l'abriter. Celle-ci demande à sa mère Jeanne si elle peut le cacher en attendant de trouver un autre lieu. Les deux femmes vont ensuite trouver des cachettes au reste de la famille Marx ainsi qu'à de nombreux autres Juifs. Hélène Duc organise également l'existence des clandestins. En 1943, elle décroche une licence de lettres classiques et revient à Paris enseigner. Elle devient pensionnaire du théâtre de l'Odéon. Elle suit les cours René Simon et est admise au Conservatoire. Hélène Duc et son ami s'installent dans une pension de famille rue Servandoni, dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés. Très vite la directrice de la pension leur propose un appartement pas très loin de la pension. En ce lieu, Hélène reçoit des Juifs, des résistants, des apatrides.
Elle lance Juliette Gréco
Un jour, on sonne à sa porte. C'est son ancienne élève, Juliette Gréco. Lorsque sa mère a été arrêtée à Périgueux, avec sa sœur, elles ont sauté dans un train pour Paris, mais elles sont pratiquement aussitôt arrêtées par la Gestapo. Emprisonnées à Fresnes, seule Juliette échappe à la déportation vers le camp de Ravensbrück, en raison de son âge. Lorsque Juliette Gréco sort de prison en 1943, elle a 16 ans et ne connait personne à Paris. Elle se rend alors à l'adresse d'une amie de sa mère, que celle-ci lui a glissé, son ancienne professeur Hélène Duc. Celle-ci prend la jeune fille sous son aile. En 1944, Hélène Duc fait la connaissance du poète-écrivain, critique d'art, Max-Pol Fouchet qui lui fait rencontrer Louis Aragon ou Paul Eluard… Cette année-là elle fait ses premiers pas dans un film pour le cinéma, réalisé par Jacques Becker "Falbalas". Hélène Duc a convaincu Juliette Gréco, la jeune fille timide, de tenter sa chance au Conservatoire d'art dramatique. Elle arrive à y décrocher un petit rôle. Hélène fait découvrir à Juliette le Club Saint-Germain-des-Prés créé par ses amis. Elles y croisent tout le milieu artistique et intellectuel qui fréquente ces lieux : Sartre-Beauvoir, Renaud-Barrault, Jean Cocteau, Boris Vian, ainsi que des grands du jazz, comme Miles Davis. Juliette Gréco la considère Hélène Duc, comme sa seconde mère. En 1946, Hélène Duc est invitée à présenter au Caire, en Égypte, les créations de couturiers. Elle y reste durant cinq mois. À son retour, elle reprend timidement sa carrière et fréquente beaucoup d'écrivains. En 1951, René Catroux, un diplomate, dramaturge rencontré au Caire et avec qui elle a continué à correspondre, vient la rejoindre à Milan où elle joue. C'est le fils d'un général, ancien ministre qui a rejoint le général de Gaulle, gouverneur-général d'Indochine, puis gouverneur d'Algérie. Avec Hélène commence quarante-cinq ans de vie commune. Le couple va avoir deux filles dont l'aînée Élisabeth (1953 – 2013), va être également comédienne. À la fin des années 1950, Hélène Duc est reconnue comme une grande tragédienne. Elle joue dans de nombreuses pièces de théâtre et fait plusieurs tournées. Lors de sa grande tournée aux États-Unis, avec la pièce d'Eugène Ionesco, "Le Roi se meurt", elle retrouve, à Rochester où il habite désormais, un ami comédien qu'elle a connu à Paris et qui a fait sa carrière en France, Frédéric O'Brady. Au cinéma, elle fait plusieurs apparitions dont "Les Grandes Manœuvres", de René Clair (1955) ; "Le Déjeuner sur l'herbe" de Jean Renoir (1958) ; "Le Caïd" avec Fernandel, Georges Wilson et Marcel Bozzuffi (1960) et à 84 ans, elle joue la grand-mère de "Tanguy" dans le film du même nom d'Étienne Chatilliez. Elle va jouer également de nombreuses fois pour la télévision, dont dans la série "Maguy", avec Rozy Varte et Jean-Marc Thibault. Mais son rôle le plus célèbre est celui de Mahaut d'Artois dans la série télévisée "Les Rois maudits", en 1972, de Maurice Druon aux côtés de Jean Piat. En 2005, pour avoir sauvée des dizaines de Juifs, à Bergerac et à Marseille, durant la Seconde Guerre mondiale, Hélène Duc et sa mère Jeanne sont reconnues "Juste parmi les nations". La cérémonie de reconnaissance à lieu en juin 2008, à la mairie de 3e arrondissement de Paris. En 2009, Hélène Duc reçoit la croix de chevalier de la Légion d'honneur puis d'officier de la Légion d'honneur en 2011. Hélène Duc décède à Paris, le 23 novembre 2014, à l'âge de 97 ans.