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Avec ce second train ce sont environ 900 personnes, dont 250 femmes parties de la Courrouze, surtout des prisonniers politiques résistants, mais aussi des prisonniers militaires alliés blessés (293 Américains, 81 Britanniques et 27 Canadiens) et des soldats allemands destinés à passer en conseil de guerre, assemblés de toute la Bretagne dans les prisons de Rennes, [[prison Jacques-Cartier]] et camp Margueritte. Ils ont bien cru à leur libération, dans leurs prisons sur lesquelles tombent des obus américains en provenance de Maison-Blanche, au nord de la ville, et que leurs gardiens semblent prêts aussi à abandonner. Mais les gardiens français du camp Margueritte refusèrent de libérer les détenus alors que les gardiens allemands s’étaient précipités aux abris. Le 3, aux premières heures, changement de programme, rassemblement et départ en rangs par cinq, sous escorte, vers la Prévalaye, pour embarquer dans les wagons à bestiaux d'un train stationné sur la voie ferrée reliant le dépôt de la Kriegsmarine de la [[route de Lorient]] à la ligne Redon-Rennes, à la Ville-en-Pierre, en [[Saint-Jacques-de-la-Lande|Saint-Jacques de la Lande]].
Avec ce second train ce sont environ 900 personnes, dont 250 femmes parties de la Courrouze, surtout des prisonniers politiques résistants, mais aussi des prisonniers militaires alliés blessés (293 Américains, 81 Britanniques et 27 Canadiens) et des soldats allemands destinés à passer en conseil de guerre, assemblés de toute la Bretagne dans les prisons de Rennes, [[prison Jacques-Cartier]] et camp Margueritte. Ils ont bien cru à leur libération, dans leurs prisons sur lesquelles tombent des obus américains en provenance de Maison-Blanche, au nord de la ville, et que leurs gardiens semblent prêts aussi à abandonner. Mais les gardiens français du camp Margueritte refusèrent de libérer les détenus alors que les gardiens allemands s’étaient précipités aux abris. Le 3, aux premières heures, changement de programme, rassemblement et départ en rangs par cinq, sous escorte, vers la Prévalaye, pour embarquer dans les wagons à bestiaux d'un train stationné sur la voie ferrée reliant le dépôt de la Kriegsmarine de la [[route de Lorient]] à la ligne Redon-Rennes, à la Ville-en-Pierre, en [[Saint-Jacques-de-la-Lande|Saint-Jacques de la Lande]].
[[Fichier:Evad%C3%A9e_du_convoi_de_Langeais.png|250px|right|thumb|Une évadée du convoi de Langeais,  Marie-Renée Quéréel (en mars 2016 Mme Blanchet avec Etienne Maignen). A 19 ans,après un repérage sur l'aérodrome de Gaël pour la résistance, en avril 1944, elle est arrêtée et, embarquée le 2 août, s'évadera du camion dans lequel elle était transportée après l'arrêt du train]]
[[Fichier:Evad%C3%A9e_du_convoi_de_Langeais.png|250px|right|thumb|Une évadée du convoi de Langeais,  Marie-Renée Quéréel (en mars 2016 Mme Blanchet avec Etienne Maignen). A 19 ans, après un repérage sur l'aérodrome de Gaël pour la résistance, en avril 1944, elle est arrêtée et, embarquée le 2 août, s'évadera du camion dans lequel elle était transportée après l'arrêt du train.]] <ref>[[Évadée du convoi de Langeais]]</ref>
Le train, camouflé sous des branchages et bien gardé, se dirige vers le sud à petite vitesse, via Redon et Nantes où il reste en gare quatre heures par une chaleur torride, le Lion d'Angers, et est mitraillé à Langeais les 6 août et 7 août, ce qui occasionna 19 décès et 70 blessés dus aussi à des tentatives d'évasions que réussirent d'ailleurs 91 prisonniers. La voie ferrée étant coupée au pont de Cinq-Mars-la-Pile, les prisonniers sont amenés à pied sur 30 km, les prisonnières en camions, pour gagner La-Ville-aux-Dames, la gare proche de Tours, et ils furent embarqués, le 10 août, sur un autre train où les rejoignirent d'autres prisonniers de l'ouest. Plusieurs jours plus tard, de Belfort où ils étaient parvenus le 15 août, 241 furent libérés (dont 156 du grand Ouest) grâce à un Alsacien " Malgré-nous ". Les autres furent acheminés vers les camps de la mort allemands : Natzweiller, Neuengamme, Dachau, Ravensbrück, dont 350 ne revinrent pas.
Le train, camouflé sous des branchages et bien gardé, se dirige vers le sud à petite vitesse, via Redon et Nantes où il reste en gare quatre heures par une chaleur torride, le Lion d'Angers, et est mitraillé à Langeais les 6 août et 7 août, ce qui occasionna 19 décès et 70 blessés dus aussi à des tentatives d'évasions que réussirent d'ailleurs 91 prisonniers. La voie ferrée étant coupée au pont de Cinq-Mars-la-Pile, les prisonniers sont amenés à pied sur 30 km, les prisonnières en camions, pour gagner La-Ville-aux-Dames, la gare proche de Tours, et ils furent embarqués, le 10 août, sur un autre train où les rejoignirent d'autres prisonniers de l'ouest. Plusieurs jours plus tard, de Belfort où ils étaient parvenus le 15 août, 241 furent libérés (dont 156 du grand Ouest) grâce à un Alsacien " Malgré-nous ". Les autres furent acheminés vers les camps de la mort allemands : Natzweiller, Neuengamme, Dachau, Ravensbrück, dont 350 ne revinrent pas.
 
[[Fichier:Train_de_prisonniers.png|200px|left|thumb| Ouest-Eclair. Sep. 1944]]
Rétrospectivement, on se demande pourquoi rien ne fut tenté sur place pour libérer les détenus des prisons rennaises, s'agissant principalement de résistants dignes de pareille tentative, qui ratèrent ainsi la liberté, dans le "[[train de Langeais]]", à quelques kilomètres des libérateurs et à quelques heures de la libération de la ville. Il aurait suffi d'envoyer un cycliste la veille à Guipry-Messac pour alerter les résistants locaux qui auraient retardé le convoi devant des rails retirés. La raison est à trouver probablement dans le souci premier des responsables politiques de la France Libre qui était de mettre en place sur le champ de nouveaux représentants à la tête des organes de directions locale et régionale afin d'éviter à Rennes, première grande ville libérée, la mise en place de l'A.M.G.O.T (gouvernement militaire allié dans les territoires occupés) - disposition qui était pratiquement déjà abandonnée, constata t-on depuis.
Rétrospectivement, on se demande pourquoi rien ne fut tenté sur place pour libérer les détenus des prisons rennaises, s'agissant principalement de résistants dignes de pareille tentative, qui ratèrent ainsi la liberté, dans le "[[train de Langeais]]", à quelques kilomètres des libérateurs et à quelques heures de la libération de la ville. Il aurait suffi d'envoyer un cycliste la veille à Guipry-Messac pour alerter les résistants locaux qui auraient retardé le convoi devant des rails retirés. La raison est à trouver probablement dans le souci premier des responsables politiques de la France Libre qui était de mettre en place sur le champ de nouveaux représentants à la tête des organes de directions locale et régionale afin d'éviter à Rennes, première grande ville libérée, la mise en place de l'A.M.G.O.T (gouvernement militaire allié dans les territoires occupés) - disposition qui était pratiquement déjà abandonnée, constata t-on depuis.
 
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Dès le 17 août, un premier récit d'évadé du train parti dans la nuit du 2 au 3 août parut dans la presse maigre de l'époque, sous le titre " Cent prisonniers politiques partis de Rennes pour l'Allemagne sont délivrés par une attaque des avions alliés".<ref>Défense de la France. 17 août 1944 - nouvelle série n°8</ref>
Dès le 17 août, un premier récit d'évadé du train parti dans la nuit du 2 au 3 août parut dans la presse maigre de l'époque, sous le titre " Cent prisonniers politiques partis de Rennes pour l'Allemagne sont délivrés par une attaque des avions alliés".<ref>Défense de la France. 17 août 1944 - nouvelle série n°8</ref>


Pour rappeler les départs des deux trains de déportés et prisonniers de début août 1944,  réunis dans « le train de Langeais » fut inauguré, le 2 août 2015, un « quai de la mémoire », [[rue Jules Verne]],  à la Courrouze,  en leur hommage. C’est une allée de granit de 120 m de long et 3 de large symbolisant la voie d’embarquement près du quai restauré, sur laquelle est tracée une ligne de bronze interrompue par 27 plaques  où sont gravés des noms de lieu où les passagers du train ont été confrontés à divers événements.  
Pour rappeler les départs des deux trains de déportés et prisonniers de début août 1944,  réunis dans « le train de Langeais » fut inauguré, le 2 août 2015, un « quai de la mémoire », [[rue Jules Verne]],  à la Courrouze,  en leur hommage. C’est une allée de granit de 120 m de long et 3 de large symbolisant la voie d’embarquement près du quai restauré, sur laquelle est tracée une ligne de bronze interrompue par 27 plaques  où sont gravés des noms de lieu où les passagers du train ont été confrontés à divers événements.  


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Version actuelle datée du 13 novembre 2023 à 15:41


Le 3 août 1944, moins de vingt-quatre heures avant la libération de Rennes, les troupes américaines étant arrêtées depuis deux jours, tout près, à Maison-Blanche, un dernier train de déportés et de prisonniers américains et britanniques va quitter Rennes, suivant un convoi parti la veille au matin de la rue Jules Verne . On pouvait en effet s'attendre à un nouveau départ. [1]

Avec ce second train ce sont environ 900 personnes, dont 250 femmes parties de la Courrouze, surtout des prisonniers politiques résistants, mais aussi des prisonniers militaires alliés blessés (293 Américains, 81 Britanniques et 27 Canadiens) et des soldats allemands destinés à passer en conseil de guerre, assemblés de toute la Bretagne dans les prisons de Rennes, prison Jacques-Cartier et camp Margueritte. Ils ont bien cru à leur libération, dans leurs prisons sur lesquelles tombent des obus américains en provenance de Maison-Blanche, au nord de la ville, et que leurs gardiens semblent prêts aussi à abandonner. Mais les gardiens français du camp Margueritte refusèrent de libérer les détenus alors que les gardiens allemands s’étaient précipités aux abris. Le 3, aux premières heures, changement de programme, rassemblement et départ en rangs par cinq, sous escorte, vers la Prévalaye, pour embarquer dans les wagons à bestiaux d'un train stationné sur la voie ferrée reliant le dépôt de la Kriegsmarine de la route de Lorient à la ligne Redon-Rennes, à la Ville-en-Pierre, en Saint-Jacques de la Lande.

Une évadée du convoi de Langeais, Marie-Renée Quéréel (en mars 2016 Mme Blanchet avec Etienne Maignen). A 19 ans, après un repérage sur l'aérodrome de Gaël pour la résistance, en avril 1944, elle est arrêtée et, embarquée le 2 août, s'évadera du camion dans lequel elle était transportée après l'arrêt du train.

[2]

Le train, camouflé sous des branchages et bien gardé, se dirige vers le sud à petite vitesse, via Redon et Nantes où il reste en gare quatre heures par une chaleur torride, le Lion d'Angers, et est mitraillé à Langeais les 6 août et 7 août, ce qui occasionna 19 décès et 70 blessés dus aussi à des tentatives d'évasions que réussirent d'ailleurs 91 prisonniers. La voie ferrée étant coupée au pont de Cinq-Mars-la-Pile, les prisonniers sont amenés à pied sur 30 km, les prisonnières en camions, pour gagner La-Ville-aux-Dames, la gare proche de Tours, et ils furent embarqués, le 10 août, sur un autre train où les rejoignirent d'autres prisonniers de l'ouest. Plusieurs jours plus tard, de Belfort où ils étaient parvenus le 15 août, 241 furent libérés (dont 156 du grand Ouest) grâce à un Alsacien " Malgré-nous ". Les autres furent acheminés vers les camps de la mort allemands : Natzweiller, Neuengamme, Dachau, Ravensbrück, dont 350 ne revinrent pas.

Ouest-Eclair. Sep. 1944

Rétrospectivement, on se demande pourquoi rien ne fut tenté sur place pour libérer les détenus des prisons rennaises, s'agissant principalement de résistants dignes de pareille tentative, qui ratèrent ainsi la liberté, dans le "train de Langeais", à quelques kilomètres des libérateurs et à quelques heures de la libération de la ville. Il aurait suffi d'envoyer un cycliste la veille à Guipry-Messac pour alerter les résistants locaux qui auraient retardé le convoi devant des rails retirés. La raison est à trouver probablement dans le souci premier des responsables politiques de la France Libre qui était de mettre en place sur le champ de nouveaux représentants à la tête des organes de directions locale et régionale afin d'éviter à Rennes, première grande ville libérée, la mise en place de l'A.M.G.O.T (gouvernement militaire allié dans les territoires occupés) - disposition qui était pratiquement déjà abandonnée, constata t-on depuis.

Emplacement mémorial train.png

Dès le 17 août, un premier récit d'évadé du train parti dans la nuit du 2 au 3 août parut dans la presse maigre de l'époque, sous le titre " Cent prisonniers politiques partis de Rennes pour l'Allemagne sont délivrés par une attaque des avions alliés".[3]

Pour rappeler les départs des deux trains de déportés et prisonniers de début août 1944, réunis dans « le train de Langeais » fut inauguré, le 2 août 2015, un « quai de la mémoire », rue Jules Verne, à la Courrouze, en leur hommage. C’est une allée de granit de 120 m de long et 3 de large symbolisant la voie d’embarquement près du quai restauré, sur laquelle est tracée une ligne de bronze interrompue par 27 plaques où sont gravés des noms de lieu où les passagers du train ont été confrontés à divers événements.







Lien externe

Lien interne

Références

  1. L'étrange libération de Rennes, Etienne Maignen. Editions Yellow Concept - 2017
  2. Évadée du convoi de Langeais
  3. Défense de la France. 17 août 1944 - nouvelle série n°8