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[[Fichier:Puits.png|200px|left|thumb|Puits du 17e siècle, seul reste du couvent des Cordeliers]] | [[Fichier:Puits.png|200px|left|thumb|Puits du 17e siècle, seul reste du couvent des Cordeliers]] | ||
[[Fichier:La_rue_victor_hugo.jpeg|300px|right|thumb|La rue Victor Hugo en direction de la [[place du Parlement de Bretagne]] vers [[1905]] : traversée de piétons et... de vaches. Photo E. Maignen.]] | [[Fichier:La_rue_victor_hugo.jpeg|300px|right|thumb|La rue Victor Hugo en direction de la [[place du Parlement de Bretagne]] vers [[1905]] : traversée de piétons et... de vaches. Photo E. Maignen.]] | ||
[[Fichier:Rue_Victor_Hugo.png|300px|tight|thumb|La rue Victor Hugo, depuis la place du Parlement de Bretagne en bas à droite vers le contour de la Motte en haut à gauche]] | [[Fichier:Rue_Victor_Hugo.png|300px|tight|thumb|La rue Victor Hugo, depuis la place du Parlement de Bretagne en bas à droite vers le [[contour de la Motte]] en haut à gauche]] | ||
===Une rue du début du 19e siècle=== | ===Une rue du début du 19e siècle=== | ||
La '''rue Victor Hugo''' est une rue du centre de [[Rennes]], partant de la [[place du Parlement de Bretagne]] et se prolongeant à l'est du carrefour du [[contour de la Motte]] et de la [[rue Gambetta]] jusqu'à sa jonction avec la [[rue Martenot]]. Cette voie, aux beaux immeubles de rapport, la plupart construits entre 1830 et 1850, a de l'allure, mais son extrémité marque la fin du centre-ville commercial. | La '''rue Victor Hugo''' est une rue du centre de [[Rennes]], partant de la [[place du Parlement de Bretagne]] et se prolongeant à l'est du carrefour du [[contour de la Motte]] et de la [[rue Gambetta]] jusqu'à sa jonction avec la [[rue Martenot]]. Cette voie, aux beaux immeubles de rapport, la plupart construits entre 1830 et 1850, a de l'allure, mais son extrémité marque la fin du centre-ville commercial. | ||
La rue | La rue fut ouverte en [[1829]] à travers l'ancien [[couvent des Cordeliers]]. Outre la destruction du couvent des Cordeliers, elle nécessita celles de la Petite Motte, d'un portail et d'un morceau de la tour carrée, restes de l'église Saint-Georges et de la porte du même nom. Elle avait été proposée en [[1808]] par l'architecte départemental [[Philippe Binet]] pour raccourcir la liaison ouest-est à travers le centre-ville sur l'axe routier Paris-Brest. Par le percement de la rue on visait à améliorer la circulation aux abords de la ville haute, qui passait par le faubourg de Paris, contournant la Motte par le nord pour rejoindre l'entrée de l'actuelle [[rue des Fossés]] d'où l'on descendait suivant une forte déclivité du terrain, pour aboutir à la porte entre les tours Saint-Georges. La nouvelle rue va donc permettre de relier la [[rue de Paris]] à la place du Palais et au-delà à l'actuelle [[rue Nationale]], faisant passer les voyageurs devant l'un des plus importants monuments de la ville. C'était aussi l'occasion de parachever l'unité de la ''place du Palais''. La rue prit d'abord le nom de [[percée des Cordeliers]] puis successivement ceux de ''rue Charles X'', ''rue de la République'', ''rue Louis-Philippe'' pour devenir '''rue Victor Hugo''' le 15 juin 1885, soit trois semaines après le décès du célèbre écrivain. Cette voie fut dénommée par délibération du conseil municipal de Rennes du 15 juin [[1885]]. Cette rue constitue un bel ensemble dans la ville, témoin de la conception urbaine des années 1830. | ||
[[Fichier:Reclame_pour_magasin_de_fourrures_1934.jpeg|150px|left|thumb|Réclame pour un magasin de fourrures en 1934, rue Victor Hugo.]] | [[Fichier:Reclame_pour_magasin_de_fourrures_1934.jpeg|150px|left|thumb|Réclame pour un magasin de fourrures en 1934, rue Victor Hugo.]] | ||
Un ensemble d'immeubles de rapport fut construit en 1845, 1846 par l'architecte Béziers-La Fosse, auteur du lotissement du Mail Donges, premier grand ensemble depuis le début du 19e siècle (N° 7, 9, 11 de la rue). | Un ensemble d'immeubles de rapport fut construit en 1845, 1846 par l'architecte Béziers-La Fosse, auteur du lotissement du Mail Donges, premier grand ensemble depuis le début du 19e siècle (N° 7, 9, 11 de la rue). | ||
[[Fichier:Immeubles_rue_Victor_Hugo.png|450px|center|thumb|Immeubles N° 11, 9 et 7, construits en 1845, 1846]] | [[Fichier:Immeubles_rue_Victor_Hugo.png|450px|center|thumb|Immeubles N° 11, 9 et 7, construits en 1845, 1846]] | ||
À la fin des années 30 et au début des années 40 exista au 9 ou au 11 de la rue | À la fin des années 30 et au début des années 40 exista au 9 ou au 11 de la rue un tout petit établissement d'enseignement primaire connu comme [[Le p'tit cours de la rue Victor Hugo]]. | ||
== Biographie Victor Hugo <ref>à partir de la notice rédigée par Joël DAVID, chargé d'odonymie à la Ville de Rennes, Rennes Métropole</ref> == | == Biographie Victor Hugo <ref>à partir de la notice rédigée par Joël DAVID, chargé d'odonymie à la Ville de Rennes, Rennes Métropole</ref> == | ||
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''Le 7 août 1834, un siècle, ce matin même, à 5 h. 30, entre les ''Feuilles d'Automne'' et les ''Chants du Crépuscule'', Victor Hugo, arrivé à Rennes « au point du jour », confiait à un correspondant, « qu'à part quelques vieilles maisons, la ville ne signifiait pas grand'chose » ! Notons de suite que le jugement de ce jeune poète de 32 ans, ne traine pas... A peine s'il fait jour, depuis une heure et notre capitale bretonne est déjà rangée parmi les inutilités, comme cela, au débotté... Victor Hugo n'a vu ni la place aux Arbres, ni la place du Palais, ni la promenade du Mail, ni le Thabor. Sait-il que dix libraires se souviennent ici, comme si cela était d'hier, des controverses de 1827, ''autour de la préface de Cromwell'' ? Ne devine-t-il pas, l'ingrat, que cette rue nouvelle, s'ouvrant dans l'enclos des Cordeliers reniera, un jour, le vocable du Roi-Citoyen, pour s'appeler la rue Victor Hugo ? | ''Le 7 août 1834, un siècle, ce matin même, à 5 h. 30, entre les ''Feuilles d'Automne'' et les ''Chants du Crépuscule'', Victor Hugo, arrivé à Rennes « au point du jour », confiait à un correspondant, « qu'à part quelques vieilles maisons, la ville ne signifiait pas grand'chose » ! Notons de suite que le jugement de ce jeune poète de 32 ans, ne traine pas... A peine s'il fait jour, depuis une heure et notre capitale bretonne est déjà rangée parmi les inutilités, comme cela, au débotté... Victor Hugo n'a vu ni la place aux Arbres, ni la place du Palais, ni la promenade du Mail, ni le Thabor. Sait-il que dix libraires se souviennent ici, comme si cela était d'hier, des controverses de 1827, ''autour de la préface de Cromwell'' ? Ne devine-t-il pas, l'ingrat, que cette rue nouvelle, s'ouvrant dans l'enclos des Cordeliers reniera, un jour, le vocable du Roi-Citoyen<ref>Surnom donné à Louis Philippe 1er et que lui-même revendiquait, il est le dernier monarque à avoir régné en France, entre 1830 et 1848, et s'avère bien moins traditionaliste que ses prédécesseurs.</ref>, pour s'appeler la rue Victor Hugo ? | ||
''M. Henry Jouin, dans son « ''Rennes il y a cent ans'' », eût été, pour le voyageur désabusé et méprisant, le meilleur des guides. Au lieu d'exhaler sa mauvaise humeur, gageons que « l'un des trois grands estomacs, connus en histoire naturelle », n'eût pas dédaigné de faire connaissance avec la fine galette de Nelleau-Poganne, rue Beaurepaire, aujourd'hui rue Motte-Fablet, un galette cuite sur la tuile, au feu de bois, « beurrée et molle, sur laquelle se serait épanoui un jaune d'œuf bien cuit ». Et sans doute, ce gourmet eût ajouté (tant pis pour les belles dames de Fougères et autres lieux !) la saveur âcre et piquante de l'oignon vert. Peut-être même, dans quelqu'une de ces vieilles auberges, qui sont la ''Parure du Vieux Rennes'', et dont, par notre plume et l'art photographique de Georges Bourges, l' ''Ouest-Eclair'' sauvera la mémoire, l'auteur de «Claude Gueux» eût-il tâté d'une de ces ''feulées'' ou ''bidouillées'', dont étaient friands les vieux Rennais, cette trempette de galette dans l'écuellée de cidre chaud. Et puisqu'il osa nommer le « cochon par son nom », aurait-il dédaigné d'enrouler, dans cette même galette, une savoureuse saucisse, grillée sur les braises ? | ''M. Henry Jouin, dans son « ''Rennes il y a cent ans'' », eût été, pour le voyageur désabusé et méprisant, le meilleur des guides. Au lieu d'exhaler sa mauvaise humeur, gageons que « l'un des trois grands estomacs<ref>Cf la citation de Charles-Augustin Sainte-Beuve, critique littéraire et écrivain, qui fit partie du "'Cénacle'", l'école romantique constituée en 1827 autour de Victor Hugo : «L'histoire naturelle connaît trois grands estomacs : le canard, le requin et Victor Hugo. »</ref>, connus en histoire naturelle », n'eût pas dédaigné de faire connaissance avec la fine galette de Nelleau-Poganne, rue Beaurepaire, aujourd'hui rue Motte-Fablet, un galette cuite sur la tuile, au feu de bois, « beurrée et molle, sur laquelle se serait épanoui un jaune d'œuf bien cuit ». Et sans doute, ce gourmet eût ajouté (tant pis pour les belles dames de Fougères et autres lieux !) la saveur âcre et piquante de l'oignon vert. Peut-être même, dans quelqu'une de ces vieilles auberges, qui sont la ''Parure du Vieux Rennes'', et dont, par notre plume et l'art photographique de Georges Bourges, l' ''Ouest-Eclair'' sauvera la mémoire, l'auteur de «Claude Gueux» eût-il tâté d'une de ces ''feulées'' ou ''bidouillées'', dont étaient friands les vieux Rennais, cette trempette de galette dans l'écuellée de cidre chaud. Et puisqu'il osa nommer le « cochon par son nom », aurait-il dédaigné d'enrouler, dans cette même galette, une savoureuse saucisse, grillée sur les braises ? | ||
''Sans doute, n'était-ce point pour un tel déjeuner matinal, que Victor Hugo s'arrêtait à Rennes. Nous en saurons prochainement la raison. En tout cas, il eût été courtois de sa part de ne point médire de cette pittoresque ville. Lui qu'on vit circuler à Fougères, sous la clarté romantique de la lune, crayonnant de droite et de gauche, que n'a-t-il croqué un Rennes, encore plus charmant et vieillot, que celui que nous avons eu l'honneur de présenter au public rennais ? Tant de choses étaient encore debout : remparts du Champ Dolent, église St-Georges, tout ce dont nous ont gardé souvenir les illustrations d'un Decombe. N'eut-ce point été là du romantisme, pris sur le vif, et une confidence bien sentie à la ''Gazette de Bretagne'' ou à l' ''Auxiliaire Breton'', ces lointains ancêtres de l' ''Ouest-Eclair'', ne nous eût-elle pas été plus précieuse pour nous, Rennais, que la préface de ''Cromwell'' ?|auteur=Léon Le Berre|origine=L'Ouest-Eclair, numéro du 7 août 1934|collecteur=Manu35|date=2021}} | ''Sans doute, n'était-ce point pour un tel déjeuner matinal, que Victor Hugo s'arrêtait à Rennes. Nous en saurons prochainement la raison. En tout cas, il eût été courtois de sa part de ne point médire de cette pittoresque ville. Lui qu'on vit circuler à Fougères, sous la clarté romantique de la lune, crayonnant de droite et de gauche, que n'a-t-il croqué un Rennes, encore plus charmant et vieillot, que celui que nous avons eu l'honneur de présenter au public rennais ? Tant de choses étaient encore debout : remparts du Champ Dolent, église St-Georges, tout ce dont nous ont gardé souvenir les illustrations d'un Decombe. N'eut-ce point été là du romantisme, pris sur le vif, et une confidence bien sentie à la ''Gazette de Bretagne'' ou à l' ''Auxiliaire Breton'', ces lointains ancêtres de l' ''Ouest-Eclair'', ne nous eût-elle pas été plus précieuse pour nous, Rennais, que la préface de ''Cromwell'' ?|auteur=Léon Le Berre|origine=L'Ouest-Eclair, numéro du 7 août 1934|collecteur=Manu35|date=2021}} | ||
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Une rue du début du 19e siècle
La rue Victor Hugo est une rue du centre de Rennes, partant de la place du Parlement de Bretagne et se prolongeant à l'est du carrefour du contour de la Motte et de la rue Gambetta jusqu'à sa jonction avec la rue Martenot. Cette voie, aux beaux immeubles de rapport, la plupart construits entre 1830 et 1850, a de l'allure, mais son extrémité marque la fin du centre-ville commercial.
La rue fut ouverte en 1829 à travers l'ancien couvent des Cordeliers. Outre la destruction du couvent des Cordeliers, elle nécessita celles de la Petite Motte, d'un portail et d'un morceau de la tour carrée, restes de l'église Saint-Georges et de la porte du même nom. Elle avait été proposée en 1808 par l'architecte départemental Philippe Binet pour raccourcir la liaison ouest-est à travers le centre-ville sur l'axe routier Paris-Brest. Par le percement de la rue on visait à améliorer la circulation aux abords de la ville haute, qui passait par le faubourg de Paris, contournant la Motte par le nord pour rejoindre l'entrée de l'actuelle rue des Fossés d'où l'on descendait suivant une forte déclivité du terrain, pour aboutir à la porte entre les tours Saint-Georges. La nouvelle rue va donc permettre de relier la rue de Paris à la place du Palais et au-delà à l'actuelle rue Nationale, faisant passer les voyageurs devant l'un des plus importants monuments de la ville. C'était aussi l'occasion de parachever l'unité de la place du Palais. La rue prit d'abord le nom de percée des Cordeliers puis successivement ceux de rue Charles X, rue de la République, rue Louis-Philippe pour devenir rue Victor Hugo le 15 juin 1885, soit trois semaines après le décès du célèbre écrivain. Cette voie fut dénommée par délibération du conseil municipal de Rennes du 15 juin 1885. Cette rue constitue un bel ensemble dans la ville, témoin de la conception urbaine des années 1830.
Un ensemble d'immeubles de rapport fut construit en 1845, 1846 par l'architecte Béziers-La Fosse, auteur du lotissement du Mail Donges, premier grand ensemble depuis le début du 19e siècle (N° 7, 9, 11 de la rue).
À la fin des années 30 et au début des années 40 exista au 9 ou au 11 de la rue un tout petit établissement d'enseignement primaire connu comme Le p'tit cours de la rue Victor Hugo.
Biographie Victor Hugo [1]
Victor Hugo dont on connaît les œuvres, tout particulièrement "Les Misérables" et "Notre-Dame de Paris", mais aussi "Ruis Blas", "Marie Tudor", "Le Roi s'amuse", "Lucrèce Borgia", et "93", qui se passe principalement à Fougères où l'écrivain avait souvent l'habitude de venir, car la maîtresse qu'il eut pendant 50 ans, Juliette Drouet, était originaire de cette ville.
Victor Hugo passait souvent par Fougères pour se rendre dans ses propriétés sur les îles de Jersey et de Guernesey. Il avait du sang breton par sa mère, Sophie Trébuchet dont il est dit que son amant Victor Fanneau de la Horie parrain du petit Victor, d'où le même prénom, en était aussi le père.
C'est à Rennes en 1788 que débuta la Révolution française : le couvent des Cordeliers fut l'un des cadres des prémices de la Révolution en janvier 1789. Les députés des États de Bretagne y jurent de demeurer fidèles à l'ancienne constitution du duché de Bretagne. À cette époque, parmi les étudiants en droit se trouvait un certain Jean-Victor Moreau, futur général de Napoléon avant de se retourner contre lui et qui eut pour aide de camp un certain Victor Fanneau de la Horie, le précepteur (c'est-à-dire l'éducateur) de Victor Hugo.
Victor Hugo de passage à Rennes en 1834
« Le 7 août 1834 Victor Hugo visitait notre ville
Le 7 août 1834, un siècle, ce matin même, à 5 h. 30, entre les Feuilles d'Automne et les Chants du Crépuscule, Victor Hugo, arrivé à Rennes « au point du jour », confiait à un correspondant, « qu'à part quelques vieilles maisons, la ville ne signifiait pas grand'chose » ! Notons de suite que le jugement de ce jeune poète de 32 ans, ne traine pas... A peine s'il fait jour, depuis une heure et notre capitale bretonne est déjà rangée parmi les inutilités, comme cela, au débotté... Victor Hugo n'a vu ni la place aux Arbres, ni la place du Palais, ni la promenade du Mail, ni le Thabor. Sait-il que dix libraires se souviennent ici, comme si cela était d'hier, des controverses de 1827, autour de la préface de Cromwell ? Ne devine-t-il pas, l'ingrat, que cette rue nouvelle, s'ouvrant dans l'enclos des Cordeliers reniera, un jour, le vocable du Roi-Citoyen[2], pour s'appeler la rue Victor Hugo ?
M. Henry Jouin, dans son « Rennes il y a cent ans », eût été, pour le voyageur désabusé et méprisant, le meilleur des guides. Au lieu d'exhaler sa mauvaise humeur, gageons que « l'un des trois grands estomacs[3], connus en histoire naturelle », n'eût pas dédaigné de faire connaissance avec la fine galette de Nelleau-Poganne, rue Beaurepaire, aujourd'hui rue Motte-Fablet, un galette cuite sur la tuile, au feu de bois, « beurrée et molle, sur laquelle se serait épanoui un jaune d'œuf bien cuit ». Et sans doute, ce gourmet eût ajouté (tant pis pour les belles dames de Fougères et autres lieux !) la saveur âcre et piquante de l'oignon vert. Peut-être même, dans quelqu'une de ces vieilles auberges, qui sont la Parure du Vieux Rennes, et dont, par notre plume et l'art photographique de Georges Bourges, l' Ouest-Eclair sauvera la mémoire, l'auteur de «Claude Gueux» eût-il tâté d'une de ces feulées ou bidouillées, dont étaient friands les vieux Rennais, cette trempette de galette dans l'écuellée de cidre chaud. Et puisqu'il osa nommer le « cochon par son nom », aurait-il dédaigné d'enrouler, dans cette même galette, une savoureuse saucisse, grillée sur les braises ?
Sans doute, n'était-ce point pour un tel déjeuner matinal, que Victor Hugo s'arrêtait à Rennes. Nous en saurons prochainement la raison. En tout cas, il eût été courtois de sa part de ne point médire de cette pittoresque ville. Lui qu'on vit circuler à Fougères, sous la clarté romantique de la lune, crayonnant de droite et de gauche, que n'a-t-il croqué un Rennes, encore plus charmant et vieillot, que celui que nous avons eu l'honneur de présenter au public rennais ? Tant de choses étaient encore debout : remparts du Champ Dolent, église St-Georges, tout ce dont nous ont gardé souvenir les illustrations d'un Decombe. N'eut-ce point été là du romantisme, pris sur le vif, et une confidence bien sentie à la Gazette de Bretagne ou à l' Auxiliaire Breton, ces lointains ancêtres de l' Ouest-Eclair, ne nous eût-elle pas été plus précieuse pour nous, Rennais, que la préface de Cromwell ? »
— Léon Le Berre
Origine : L'Ouest-Eclair, numéro du 7 août 1934 • Recueilli par Manu35 • 2021 • licence
Note et références
- ↑ à partir de la notice rédigée par Joël DAVID, chargé d'odonymie à la Ville de Rennes, Rennes Métropole
- ↑ Surnom donné à Louis Philippe 1er et que lui-même revendiquait, il est le dernier monarque à avoir régné en France, entre 1830 et 1848, et s'avère bien moins traditionaliste que ses prédécesseurs.
- ↑ Cf la citation de Charles-Augustin Sainte-Beuve, critique littéraire et écrivain, qui fit partie du "'Cénacle'", l'école romantique constituée en 1827 autour de Victor Hugo : «L'histoire naturelle connaît trois grands estomacs : le canard, le requin et Victor Hugo. »
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