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Agissant dans les mêmes domaines que ceux du Bezen Perrot <ref>[[Le Bezen Perrot à Rennes]]</ref>, avec qui on la retrouvait sur beaucoup d'opérations, tous deux groupes supplétifs du SIPO-SD de Rennes, ''la Selbstschutzpolizei (SSP)'', police d'autoprotection, était composée de jeunes Français qui portaient un uniforme de chasseur alpin, bleu avec un calot de même couleur, d'où la confusion fréquente avec la franc-garde de la Milice, mais ces jeunes gens arborent un brassard jaune avec le signe SSP sur le bras gauche. Mélange de jeunes gens de bonne famille et de voyous, le groupe avait été formé à l'école de police allemande de Taverny dirigée par le SS Hermann Bickler, vieille connaissance mosellane des nationalistes bretons. Comme au Bezen, la discipline y était stricte.<ref> ''Rennes pendant la guerre, chroniques de 1939 à 1945.'' p. 194. Étienne Maignen. Éditions Ouest-France - Nov. 2015</ref>
Agissant dans les mêmes domaines que ceux du Bezen Perrot <ref>[[Le Bezen Perrot à Rennes]]</ref>, avec qui on la retrouvait sur beaucoup d'opérations, tous deux groupes supplétifs du Sipo-SD de Rennes, ''la Selbstschutzpolizei (SSP)'', police d'autoprotection, était composée de jeunes Français qui portaient un uniforme de chasseur alpin, bleu avec un calot de même couleur, d'où la confusion fréquente avec la franc-garde de la Milice, mais ces jeunes gens arborent un brassard jaune avec le signe SSP sur le bras gauche. Mélange de jeunes gens de bonne famille et de voyous, le groupe avait été formé à l'école de police allemande de Taverny dirigée par le SS Hermann Bickler, vieille connaissance mosellane des nationalistes bretons. Comme au Bezen Perrot, la discipline y était stricte.<ref> ''Rennes pendant la guerre, chroniques de 1939 à 1945.'' p. 194. Étienne Maignen. Éditions Ouest-France - Nov. 2015</ref>


Le 8 mai 1944, une unité de douze hommes de la Selbstschutzpolizei (SSP) arriva de Paris et s’installa dans une maison réquisitionnée au 76 [[boulevard de la Duchesse Anne]] à Rennes. Moins d'une semaine plus tard la SSP commença ses activités dans les Côtes-du-Nord. Voici le début de son compte-rendu :
Le 8 mai 1944, une unité de douze hommes de la Selbstschutzpolizei (SSP) arriva de Paris et s’installa dans une maison réquisitionnée au 76 [[boulevard de la Duchesse Anne]] à Rennes. Moins d'une semaine plus tard la SSP commença ses activités dans les Côtes-du-Nord. Voici le début de son compte-rendu :


[[Fichier:Cpte-rendu_commando_allemand.jpg|500px|left|thumb|Compte-rendu d'activité en mai 1944]]
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[[Fichier:Selbstchutzpolizei.jpg|400px|right| thumb|La Selbstschutzpolizei de Rennes, debout à gauche du rang du milieu, Jean-Yves de Cambourg, Jean Frelin, Marcel Durot, Rémi Daigre (rang du haut), l'Oberscharführer Marx Jacob [Oscar Marx] à gauche du rang du milieu, René Hocquart, Depin, Roger Silly, Élie Cardun, Paul Anderlé , et Jacques Van Verden, Eugène Martin, Lionel Brot au rang du bas) ]]   
[[Fichier:Selbstchutzpolizei.jpg|400px|right|thumb|La Selbstschutzpolizei de Rennes, au rang du milieu, à gauche l'Oberscharführer Marx Jacob [Oscar Marx] puis Jean-Yves de Cambourg, Jean Frelin, Marcel Durot et Rémi Daigre, au rang du haut: René Hocquart, Depin, Roger Silly, Élie Cardun, Paul Anderlé, et au rang du bas: Jacques Van Verden, Eugène Martin, Lionel Brot]]   


'''Un compte-rendu d'activité de la Selbstschuztpolizei de Rennes'''  
'''Un compte-rendu d'activité de la Selbstschuztpolizei de Rennes'''  


''Le chef du groupe 3 de l'unité d'autoprotection, SSP de Rennes (Selbstschutzpolizei) chef de groupe, adjudant Marx (Oberscharführer) adresse le compte rendu mensuel d'activité pour le mois de mai au service des groupes d'autoprotection :
''Le chef du groupe 3 de l'unité d'autoprotection, SSP de Rennes (Selbstschutzpolizei) chef de groupe, adjudant Marx (Oberscharführer) adresse le compte rendu mensuel d'activité pour le mois de mai au service des groupes d'autoprotection :


''Pleyben, 1er juin 1944''
''Pleyben, 1er juin 1944''


''à l'attention du colonel Best (Sturmbannführer)
''à l'attention du colonel Best (Sturmbannführer)
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''Les 10, 11 et 12 en astreinte. Le 13 mai rafles avec les résultats : 15 arrestations et 50 hommes pris pour le service du travail.
''Les 10, 11 et 12 en astreinte. Le 13 mai rafles avec les résultats : 15 arrestations et 50 hommes pris pour le service du travail.
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''Le 15 mai, déplacement à 15h00 près de Saint-Brieuc, nuit là-bas.''
''Le 15 mai, déplacement à 15h00 près de Saint-Brieuc, nuit là-bas.''


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NB : De fait,  à la suite de parachutages d'armes destinées au maquis F.T.P., le 16 mai 1944 les SS, appuyés par la SSP de Rennes, raflent une vingtaine d’hommes à Maël-Pestivien, dont le maire. 9 d'entre eux (P.Moisan, L.L'Horset, C.Gallais, L.Bertrand, M.Bertrand, G.Launay, L.Le Moigne, L.Guéguan, L.Champion) seront abattus en cours de route ou mourront en déportation. Les classes de l’école publique furent utilisées comme salle de regroupement et de contrôle d’identité - À l’étage une salle  servait à la torture des personnes arrêtées.
NB : De fait,  à la suite de parachutages d'armes destinées au maquis F.T.P., le 16 mai 1944 les SS, appuyés par la SSP de Rennes, raflent une vingtaine d’hommes à Maël-Pestivien, dont le maire. 9 d'entre eux (P.Moisan, L.L'Horset, C.Gallais, L.Bertrand, M.Bertrand, G.Launay, L.Le Moigne, L.Guéguan, L.Champion) seront abattus en cours de route ou mourront en déportation. Les classes de l’école publique furent utilisées comme salle de regroupement et de contrôle d’identité - À l’étage une salle  servait à la torture des personnes arrêtées.
===références
 
Le 16 juillet 1944 cinq membres de ce SSP participent, avec cinq membres du Bezen Perrot, aux tortures de résistants à Bourbriac et à leur exécution.
 
Le 16 mars 1945 , la cour de Justice donne "la fin d'une sanglante odyssée" pour quatre d'entre eux, prononçant la peine capitale pour Daigre et de Sérillac (fusillés le 24 avril au stand de tir de Coëtlogon), les travaux forcés à perpétuité pour de Cambourg qui avait déclaré "Je suis prêt à payer. Mon idéal était faux" et 20 ans de travaux forcés pour Hocquard<ref> Ouest-France du 17 mars 1945</ref>.
===références===

Version actuelle datée du 3 mai 2024 à 08:09


Agissant dans les mêmes domaines que ceux du Bezen Perrot [1], avec qui on la retrouvait sur beaucoup d'opérations, tous deux groupes supplétifs du Sipo-SD de Rennes, la Selbstschutzpolizei (SSP), police d'autoprotection, était composée de jeunes Français qui portaient un uniforme de chasseur alpin, bleu avec un calot de même couleur, d'où la confusion fréquente avec la franc-garde de la Milice, mais ces jeunes gens arborent un brassard jaune avec le signe SSP sur le bras gauche. Mélange de jeunes gens de bonne famille et de voyous, le groupe avait été formé à l'école de police allemande de Taverny dirigée par le SS Hermann Bickler, vieille connaissance mosellane des nationalistes bretons. Comme au Bezen Perrot, la discipline y était stricte.[2]

Le 8 mai 1944, une unité de douze hommes de la Selbstschutzpolizei (SSP) arriva de Paris et s’installa dans une maison réquisitionnée au 76 boulevard de la Duchesse Anne à Rennes. Moins d'une semaine plus tard la SSP commença ses activités dans les Côtes-du-Nord. Voici le début de son compte-rendu :

Compte-rendu d'activité en mai 1944
La Selbstschutzpolizei de Rennes, au rang du milieu, à gauche l'Oberscharführer Marx Jacob [Oscar Marx] puis Jean-Yves de Cambourg, Jean Frelin, Marcel Durot et Rémi Daigre, au rang du haut: René Hocquart, Depin, Roger Silly, Élie Cardun, Paul Anderlé, et au rang du bas: Jacques Van Verden, Eugène Martin, Lionel Brot

Un compte-rendu d'activité de la Selbstschuztpolizei de Rennes

Le chef du groupe 3 de l'unité d'autoprotection, SSP de Rennes (Selbstschutzpolizei) chef de groupe, adjudant Marx (Oberscharführer) adresse le compte rendu mensuel d'activité pour le mois de mai au service des groupes d'autoprotection :

Pleyben, 1er juin 1944

à l'attention du colonel Best (Sturmbannführer)

Arrivée à Rennes le 9 mai,

Les 10, 11 et 12 en astreinte. Le 13 mai rafles avec les résultats : 15 arrestations et 50 hommes pris pour le service du travail.

Le 15 mai, déplacement à 15h00 près de Saint-Brieuc, nuit là-bas.

Le 16, départ à 4h 00 pour Maël-Pestivien (C.d.N.). Arrivée là-bas à 7 h 10. Opération. Résultats : 16 terroristes annihilés, 28 hommes pris pour le travail. Pertes : 1 mort, 3 blessés, 1 terroriste abattu dans sa fuite, 2 arrêtés….


NB : De fait, à la suite de parachutages d'armes destinées au maquis F.T.P., le 16 mai 1944 les SS, appuyés par la SSP de Rennes, raflent une vingtaine d’hommes à Maël-Pestivien, dont le maire. 9 d'entre eux (P.Moisan, L.L'Horset, C.Gallais, L.Bertrand, M.Bertrand, G.Launay, L.Le Moigne, L.Guéguan, L.Champion) seront abattus en cours de route ou mourront en déportation. Les classes de l’école publique furent utilisées comme salle de regroupement et de contrôle d’identité - À l’étage une salle servait à la torture des personnes arrêtées.

Le 16 juillet 1944 cinq membres de ce SSP participent, avec cinq membres du Bezen Perrot, aux tortures de résistants à Bourbriac et à leur exécution.

Le 16 mars 1945 , la cour de Justice donne "la fin d'une sanglante odyssée" pour quatre d'entre eux, prononçant la peine capitale pour Daigre et de Sérillac (fusillés le 24 avril au stand de tir de Coëtlogon), les travaux forcés à perpétuité pour de Cambourg qui avait déclaré "Je suis prêt à payer. Mon idéal était faux" et 20 ans de travaux forcés pour Hocquard[3].

références

  1. Le Bezen Perrot à Rennes
  2. Rennes pendant la guerre, chroniques de 1939 à 1945. p. 194. Étienne Maignen. Éditions Ouest-France - Nov. 2015
  3. Ouest-France du 17 mars 1945