« Rue Liothaud » : différence entre les versions

De WikiRennes
Aller à la navigationAller à la recherche
mAucun résumé des modifications
(ajout précisions)
 
(24 versions intermédiaires par 2 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
[[Fichier:Rennes Rue Liothaud depuis Vaneau Juillet 2013.JPG|thumb|300px|Entrée ouest de la rue Liothaud depuis la [[rue Vaneau]] en juillet [[2013]].]]
[[Fichier:Rennes Rue Liothaud depuis Vaneau Juillet 2013.JPG|thumb|300px|Entrée ouest de la rue Liothaud depuis la [[rue Vaneau]] en juillet [[2013]].]]
La '''rue Liothaud''' est une rue de [[Rennes]] ouverte dans le court espace séparant, à l'ouest du centre-ville, le [[mail François Mitterrand]] du [[quai Saint-Cyr]], et remontant, au milieu d'immeubles récents, sur une centaine de mètres en direction du centre. Elle se termine par son carrefour avec la petite [[rue Mauduit Duplessix]].
La '''rue Liothaud''' est une rue de [[Rennes]] ouverte dans le court espace séparant, à l'ouest du centre-ville, le [[mail François Mitterrand]] du [[quai Saint-Cyr]], et remontant, au milieu d'immeubles récents, sur une centaine de mètres en direction du centre. Elle se termine par son carrefour avec la petite [[rue Mauduit Duplessix]]. Cette voie fut dénommée par délibération du conseil municipal de la ville de Rennes le 22 décembre 1900.


Cette voie rend hommage à Liothaud, bienfaiteur des pauvres (1832-1900)
Cette voie rend hommage très peu de temps après sa mort à :
 
== François-Félix Liothaud<ref>http://l.sebilleau.free.fr/And/SE/Bonh/arbgn/dat0.htm</ref> ==
 
Célibataire, en son vivant contrôleur des tabacs en Algérie (10 juin 1832, Rennes - 6 février 1900, Castiglione, Algérie). Il est indiqué sur la plaque de rue "bienfaiteur des pauvres". Il a en effet procédé à un acte de philanthropie en léguant sa fortune au bénéfice des plus nécessiteux de la ville où il est né. Il est d'ailleurs inhumé au [[cimetière du nord|cimetière du Nord]] de Rennes.
 
== Origine à Rennes ==
Le père de François-Félix, Jean, est né dans les Hautes-Alpes en 1804. Marchand épicier, il décède à Rennes le 28 avril 1852, peu avant le vingtième anniversaire de son fils. La mère de François-Félix, Emilie Henriette Deslandes, est une rennaise. Née en 1797, elle décède en 1832, huit jours après avoir donné naissance à François-Félix, son quatrième enfant. Leurs premier et troisième enfants sont décédés à l'âge de quelques semaines seulement. La cadette Emilie Rose est née à Rennes en 1829, et elle aussi est décédée en Algérie, mais à Alger en 1911. La famille est donc restreinte à trois personnes fin 1832 : le père Jean, ainsi que François-Félix et sa grande sœur Emilie Rose. Elle vit au 10 [[rue aux Foulons]] à Rennes. Peu de traces existent sur la première partie de la vie de François-Félix Liothaud.
 
== Activités en Algérie ==
=== Le contexte colonial ===
François-Félix Liothaud débarque certainement en Algérie, avant, pendant ou après son service militaire, sans doute entre 1850 et 1860, dans un contexte relativement nouveau. La culture, la fabrication et la vente du tabac furent libéralisées par l'Assemblée nationale en 1791 mais, en 1811, Napoléon rétablit un monopole d'État sur le tabac.
 
La conquête de l'Algérie par la France se réalise en plusieurs étapes distinctes. Elle débute par le débarquement de l'armée d'Afrique à Sidi-Ferruch (Alger) le 14 juin 1830. Elle s'achève en partie lors de la reddition formelle de l'émir Abdelkader au duc d'Aumale, le 23 décembre 1847.
 
L'assemblée Constituante vote le 19 septembre 1848 un décret ouvrant "''un crédit de 50 millions de francs au ministère de la Guerre sur les exercices 1848-1849-1850 et suivants pour être spécialement appliqué à l'établissement de colonies agricoles dans les provinces d'Algérie". C'était la première fois qu'une entreprise coloniale officielle, subventionnée, d'une telle ampleur était décidée. Quarante-deux "colonies agricoles" devaient être créées, 12 000 colons transportés, installés aux frais de l'Etat [...]''. François-Félix Liothaud vient d'avoir 16 ans lorsque ce décret est voté et que les premiers colons débarquent en Algérie en octobre 1848.
 
En 1847, on dénombre 110 000 colons : 48 000 Français, 31 000 Espagnols, 16 000 Italiens. Face à eux, environ deux millions d'indigènes. Lorsque la France envoie 12 000 colons en Algérie en 1848 (chiffre passé à 13 500 suite à un vote de l'Assemblée), l'Algérie ne compte qu'une cinquantaine de villages de colonisation peuplés d'environ 15 000 colons ruraux - dont 9 000 Français -, on peut se rendre compte de l'importance de l'effort envisagé. A partir du 8 octobre 1848, 800 personnes partent par le premier convoi, du quai de Bercy à Paris. Seize autres départs ont été organisés entre le 9 octobre et mars 1849<ref>http://colloque-algerie.ens-lyon.fr/communication.php3?id_article=247</ref>. Seulement 4 500 nouveaux colons arrivent en Algérie entre 1860 et 1870, mais de 1871 à 1881, 130 000 colons y débarquent pour s'installer<ref>{{w|Histoire sociale de l'Algérie française}}</ref>.
 
Deux ans après la visite de [[Napoléon III à Rennes]], le souverain se rend en septembre 1860 à Alger avec l'Impératrice, afin d'examiner lui-même la situation délicate liée au mécontentement des autochtones suite à la restriction des pouvoirs des chefs indigènes instaurée en 1858. Est aussi visée l'autorisation de toutes les transactions immobilières, sans distinction de territoires, mesure facilitant la mainmise des colons sur les meilleures terres des autochtones<ref>https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/articles/le-royaume-arabe-d-algerie/</ref>.
[[Fichier:20250120 plan colonisation Algerie.JPG|thumb|450px|Alger et ses alentours, jusqu'à des villes comme Blida, entrent massivement dans le périmètre de colonisation officielle de 1830 à 1870. Ce sera le cas plus tard des secteurs plus ruraux comme ceux situés au sud-ouest sur cette carte (extrait de plan dressé par le Service cartographique du gouvernement général de l'Algérie - 1919).]]
 
Dès 1881, le territoire est divisé en trois départements (Alger, Oran et Constantine) directement rattachés à la France, avant d'être placé, en 1896, sous l'administration du ministère de l'Intérieur.
 
Liothaud n'a peu ou pas connu les {{w|Délégations financières}}, cette assemblée territoriale locale mise en place lors de la présence française en Algérie entre 1898 et 1945. Il a donc davantage connu la conquête et l'expérience du « royaume arabe », conduite par Napoléon III, qui visait à canaliser et à ralentir la colonisation de peuplement, en vue de sauvegarder les droits et l'identité du peuple autochtone. Le chef de l'État ne déclarait-il pas : « Je suis aussi bien l'empereur des Arabes que celui des Français » ?<ref>"L'administration de l'Algérie à l'apogée de la colonisation (1898-1945) : réflexions en forme de bilan", par Jacques BOUVERESSE - https://www.diplomatie.gouv.fr/IMG/pdf/J-Bouveresse_Administration-Algerie-apogee-colonisation_cle0bdfc8.pdf</ref>
 
=== L'agent contrôleur des tabacs (en cours de rédaction) ===
En 1855, le tabac occupe toujours le premier rang des cultures en Algérie, en valeur. Ensuite vient le coton, qui représente trois fois plus que la laine. Cette année-là, 3 750 hectares étaient encore plantées en tabac, surface à peu près équivalente de celle qui est cultivée en coton<ref>{{w|Histoire sociale de l'Algérie française}}</ref>.
Liothaud apparaît dans l'"''Almanach Impérial pour 1865 à leurs majestés''"<ref>Source Gallica - https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k203931d/f875.image.r=liothaud - page 859</ref>. Dans la section liée aux finances pour l'Algérie (province d'Alger), il est mentionné faire partie d'une équipe "Tabacs" (sont aussi mentionnées des équipes "Douanes", "Postes", "Forêts") pilotée par un directeur à Alger, et composée de deux entreposeurs à Alger et à Blidah, trois contrôleurs à Alger et Blidah, ainsi qu'un vérificateur à Blidah. Liothaud est un des deux contrôleurs basés à Blidah. L'Algérie est alors gouvernée par le maréchal {{w|Patrice de Mac Mahon}} (1808-1893), duc de Magenta et gouverneur général de l'Algérie entre 1864 et 1870.
 
Il apparaissait déjà comme contrôleur du service des tabacs à Blida en 1864, date attestée pour un séjour thermal<ref>ANOM - Dossiers individuels. - Agents publics. Solliciteurs. Colons - Cote de communication :F80 285</ref>.
[[Fichier:20250109 plan Alger 3.JPG|thumb|300px|Les villes liées à François-Félix Liothaud en Algérie : Alger, Blida et Castiglione (extrait d'une carte agricole et industrielle de l'Algérie - 1878). Les deux villes provinciales se trouvent à une quarantaine de kilomètres d'Alger]]
[[Fichier:20250109 plan Alger 2.JPG|thumb|300px|Les villes liées à François-Félix Liothaud en Algérie : Alger, Blida et Castiglione (extrait d'une carte routière de l'Algérie datant des années 1950 et publiée par Shell).]]
 
=== Pensionnaire de l'Etat (en cours de rédaction) ===
Le "''Bulletin des lois de la République Française''" paru le 1er janvier 1877, qui contient les décrets d'intérêt local ou particulier, indique en page 198 les états de service du contrôleur de culture François-Félix Liothaud. Pour avoir servi presque 35 ans les manufactures de l'Etat (2 années militaires et 32,5 années civiles), il bénéficie d'une pension accordée suivant deux lois celles du 11 avril (terre) et du 18 avril (mer) 1831 sur les pensions militaires et du 9 juin 1853 sur les pensions civiles. L'orphelin Liothaud bénéficie fortement de la loi de 1831, puisque celle-ci admet "''un droit à pension immédiat, sans considération de durée, pour le militaire devenu invalide (amputation, cécité) à la suite de blessures provenant d'évènements de guerre. Les orphelins de moins de 21 ans et les veuves de militaires morts sur le champ de bataille bénéficient d'une pension de réversion.''"<ref>https://www.senat.fr/connaitre-le-senat/lhistoire-du-senat/dossiers-dhistoire/d32/loi-de-1853-sur-les-retraites-des-fonctionnaires-6.html</ref>. Il a probablement pu bénéficier des droits permis par la seconde. En effet, "''pour pallier les difficultés de financement des régimes de retraite particuliers, la loi du 9 juin 1853 supprime les différentes caisses et instaure une pension de vieillesse uniforme pour les 158.227 fonctionnaires rétribués par l'État. A compter du 1er janvier 1854, les traitements des fonctionnaires font l'objet d'une retenue de 5 % destinée à financer les retraites. [...] Le droit à pension est acquis à 60 ans, après 30 ans de services accomplis. Néanmoins, les fonctionnaires ayant occupé certains emplois (facteurs, chargeurs de malle, gardes forestiers, agents des douanes ou préposés en chef des postes d'octroi) peuvent prendre leur retraite à 55 ans, après 25 ans de services effectifs.''"<ref>https://www.senat.fr/connaitre-le-senat/lhistoire-du-senat/dossiers-dhistoire/d32/loi-de-1853-sur-les-retraites-des-fonctionnaires-19.html</ref>. Tout laisse à penser que François-Félix Liothaud a pu bénéficier dès 1870, de cette seconde pension, année à laquelle il est parvenu à 25 ans de services civils.
 
=== Répartiteur de l'impôt foncier (en cours de rédaction) ===
Toujours en 1877, par une circulaire, le Préfet d'Alger André Brunel informe tous les maires du département de la nomination des "''commissaires répartiteurs, appelés à concourir en 1877, avec les agents des contributions directes, à l'évaluation des accroissements et des diminutions de la matière imposable foncière dans les communes de l'arrondissement d'Alger''"<ref>"Recueil des actes administratifs du Département d'Alger" n°16, année 1877, pages 145 et suivantes</ref>. L'arrêté précise que "''l'estimation des propriétés devenues imposables ou ayant cessé de l'être, doit être confiée, d'après les dispositions légales prescrites, à des Commissions de répartition''". Cinq commissaires titulaires ainsi que cinq suppléants sont ainsi cités pour chacune des 53 communes dans cet arrêté. Liothaud apparaît comme titulaire pour deux d'entre elles. Pour Castiglione d'abord, ainsi que pour Oued-el-Alleug, commune située à la fois à 10 kilomètres au nord-ouest de Blida et à 10 kilomètres au sud-est de Castiglione, peuplée de 2 700 habitants en 1873, où il est noté qu'il est ex-receveur vivant à Blida.
 
{{Citation|texte=''En tous pays, a-t-on dit, l'état de la propriété dicte la forme de l'impôt ; les nombreuses anomalies du système des impôts arabes d'Algérie ne semblent pas justifier cette proposition. Il faut ici, comme en tant d'autres matières, distinguer les pays arabes des pays kabyles. Dans les premiers, nous avons deux impôts : l'un portant sur '''le revenu foncier, nommé achour''', l'autre nommé zekkat, portant sur le bétail [...].
 
'' '''L'achour est imposé, à raison d'une somme déterminée par charrue, à tout indigène cultivant la terre'''. Ici doit s'arrêter la définition, car le mode d'application est singulièrement variable ; dans certaines régions, la charrue correspond à une étendue de terre différente suivant les contrées ; dans d'autres, on comprend sous cette dénomination l'instrument lui-même, de forme européenne ou indigène, et on lui applique un tarif variable suivant qu'il est attelé de bœufs, de chameaux, de mules ou d'ânes. Ici l'impôt varie suivant la qualité de la récolte ; là il est fixe, comme l'impôt foncier de la métropole. [...] '''La caractéristique de cet impôt, c'est qu'il ne porte que sur l'indigène''' ; si un Arabe, jouissant d'une propriété individuelle, délimitée conformément à la loi de 1873, vient à la vendre à un Européen, l'impôt s'éteint : inversement, si un Européen vend une terre à un indigène, celle-ci devient immédiatement imposable. La propriété européenne, par le fait de la colonisation, ayant une tendance constante à se développer au détriment de la propriété indigène, et étant d'autre part exempte de toute charge fiscale, l'extension de la colonisation a pour conséquence légale la diminution du produit de l'impôt. [...]
 
''Le plus grand vice de tous ces impôts, c’est l'extrême difficulté de leur assiette. Au début de notre domination, nous avons accepté les chiffres de l'impôt payé aux Turcs ; '''chaque chef indigène était alors exclusivement chargé de l'assiette de l'impôt dans sa tribu''' et, pourvu que le montant en entrât exactement dans les caisses du beylick, on ne se préoccupait pas de la manière dont il était établi. Peu à peu '''les administrateurs militaires et civils se sont mis à contrôler le travail des chefs locaux''' ; enfin, '''depuis une vingtaine d'années, des fonctionnaires spéciaux assez improprement appelés répartiteurs''', — puisque les impôts arabes sont des impôts de quotité, et que dans la région kabyle la répartition individuelle leur échappe, — '''sont chargés de réviser le travail des chefs indigènes'''. Grâce à la sécurité de plus en plus grande du pays, et à la surveillance de plus en plus sérieuse exercée par l'administration, '''le produit des impôts arabes proprement dits qui, en 1852, n’atteignait pas 5 millions, s'est élevé progressivement, et il figure au budget de 1901 pour plus de 11 millions'''. Ce chiffre est cependant bien inférieur à celui qu'ils devraient produire si la matière imposable réellement existante était atteinte dans son intégralité. C'est ici que l'ingéniosité naturelle des indigènes et leurs habitudes de dissimulation peuvent se donner ample carrière. En Algérie bien plus encore qu'en France, le fisc étant l'ennemi commun, tous les moyens sont bons pour le tromper, et la situation est singulièrement aggravée par le fait qu'en ce pays, le fraudeur a pour complice l'autorité chargée de l'assiette de l’impôt.''|auteur=Anonyme|origine="Le Régime de l'Algérie au début du XXe siècle" - Revue des Deux Mondes, 5e période, tome 14, 1903 (Chapitre II sur les impôts, l'administration, la justice, p. 867-904).|collecteur=Manu35|date=2025}}
 
Liothaud, en tant que commissaire répartiteur de l'impôt foncier, était bien informé de ces spécificités fiscales, notamment l'absence d'impôt foncier pour les européens. Cela l'a certainement incité à diversifier ses activités.
 
=== De nombreuses acquisitions immobilières (en cours de rédaction) ===
En 1873, à la demande des colons, la loi change pour remplacer la propriété collective des tribus par la propriété individuelle de l'autochtone. Cette loi a pour effet de faciliter le rachat des terres, par les Européens, du fait que les autochtones ne peuvent pas résister aux offres d'achat des Européens. En 1888, un arrêt de la Cour de cassation annule la loi de 1873, pour éviter une expropriation définitive des autochtones<ref>{{w|Histoire sociale de l'Algérie française}}</ref>.
 
"''Le Tell - journal des intérêts coloniaux''" de Blida, le doyen des hebdomadaires d'Algérie paru dès 1864, publie le 21 septembre 1898 une "''mise aux enchères publiques sur expropriation forcée d'une propriété avec constructions sise territoire de Koléa, à proximité de la route de Castiglione, lieu-dit Aïn Hallouf''". Cette expropriation va à l'encontre de 21 personnes, et la contenance de la propriété d'après le plan cadastral est "''de 21 hectares, 91 ares, 52 centiares, dont 4 hectares environ en vigne en rapport, et le surplus en nature de culture avec quelques arbres fruitiers [...] Il existe sur cette propriété, sur les parties nord et sud, diverses constructions consistant en : celle sur la partie nord : une maison à simple rez-de-chaussée, avec pigeonniers à droite et à gauche, four à cuire le pain et écurie sur le derrière, le tout en mortier de chaux et sable et couvert en tuiles creuses, ces constructions sont en mauvais état. Et celles sur la partie sud : un corps de bâtiment, comprenant maison de ferme, cave, cuves en maçonnerie, hangar, écurie et autres dépendances, le tout de construction très ancienne et en très mauvais état ; devant la maison se trouve une treille et une tonnelle en fer, et près des bâtiments un puits de très bonne eau, avec pompe à volant, ne fonctionnant pas, et une noria avec bassin abandonnée. Il se trouve dans la cave, le matériel vinaire suivant, immeuble par destination, affecté à l'exploitation de la propriété, savoir : un foudre de 80 hectolitres, 2 foudres de 25 hectolitres environ chacun, 2 foudres de 22 hectolitres environ chacun, et 12 fûts usagés, le tout en mauvais état. Loyer annuel par bail authentique : 1250 francs. [...] Mise à prix : 10000 francs.''"
 
=== Le vigneron Liothaud (en cours de rédaction) ===
Plusieurs revues<ref>Le supplément à la "revue des vins et liqueurs" de septembre 1889, page 942 ; le supplément au n°170 du "Journal Général de l'Algérie et de la Tunisie" du 10 octobre 1889, page 4 ; "L'Indépendant de Mascara", journal radical autonomiste, n°552 du 3 octobre 1889, page 3 ; le "Télegraphe Algérien" n°46 du 2 octobre 1889, page 3</ref> mentionnent que Liothaud a été médaillé d'argent du Grand Prix des Vins (Classe 73) à l'{{w|Exposition Universelle de 1889}} qui s'est déroulée à Paris du 5 mai au 31 octobre 1889. Quatre catégories de récompenses y étaient décernées : or, argent, bronze, mention honorable. L'Algérie y avait son propre palais<ref>https://www.worldfairs.info/expopavillondetails.php?expo_id=6&pavillon_id=1000#:~:text=Son%20Palais%20de%20l'Alg%C3%A9rie,l'avenue%20centrale%20des%20invalides.</ref>. Le catalogue général officiel de l'exposition mentionne qu'il est viticulteur à Castiglione et propose des vins rouges de 1883 à 1888, ainsi que des vins blancs de 1884 et 1885<ref>Groupe VII, Classe 73, page 100</ref>. François-Félix Liothaud fait aussi partie d'une liste d'une soixantaine de viticulteurs exerçant en 1900 sur la commune de Castiglione<ref>http://www.alger-roi.fr/Alger/castiglione/textes/3_castiglione_algerianiste_128.htm</ref>.
 
{{Citation|texte=''Les principaux inconvénients de climat que rencontre la vigne en Afrique du Nord sont les gelées blanches et la faiblesse ou la mauvaise répartition des précipitations. [...] Les plaines et les coteaux proches de la mer, où le grand vignoble se trouve actuellement, ne sont sujets qu'à des gelées blanches exceptionnelles, localisées et liées à un type de temps bien défini. [...]
 
''Le vrai climat de la vigne en Algérie est celui qui règne dans les montagnes de l'Atlas Tellien autour de 800 m. d'altitude : malgré quelques gelées blanches, la plante y trouve les meilleures conditions de végétation ; en outre, les vendanges se font après l'époque des grandes chaleurs qui troublent la fermentation des marcs aux basses altitudes. Seules les montagnes donnent des vins de grand cru, à Tlemcen, à Mascara, à Miliana, à Médéa.
 
''Pourtant le grand vignoble ne s'étend guère au delà des collines et des basses plaines peu éloignées de la mer ; il est même ramassé presque tout entier dans la partie occidentale de la zone littorale, autour d'Alger et autour d'Oran [...] Le vignoble algérois est le moins étendu ; grâce à l'abondance des précipitations, le rendement est élevé, mais les maladies cryptogamiques ''(comme le mildiou, NDLR)'' fréquentes. L'Oranie, plus sèche, contient près des deux tiers des plantations algériennes et produit la moitié de la récolte totale [...]
 
''Les régions de grande culture de la vigne sont celles où les colons sont les plus nombreux. Cela ne signifie pas, comme on l'a dit à tort, que le peuplement européen des campagnes algériennes ne se serait pas fait sans la vigne. Ces régions ne se sont pas peuplées de colons parce qu'elles étaient les plus aptes aux plantations. Elles sont viticoles parce qu'elles étaient déjà habitées par les colons, qui ont trouvé leur intérêt à substituer à d'autres cultures celle de la vigne.
 
'' '''Les premières plantations de vigne n'ont été faites qu'à la fin d'une longue période pendant laquelle l'Algérie s'est vraiment efforcée de trouver un système agricole : cette recherche a duré de 1830 à 1878.''' [...] '''l'engouement des colons pour le tabac cesse dès 1860''' devant les exigences de la Régie française, les plantations de coton s'arrêtent après 1865 et la fin de la guerre de Sécession américaine. La colonisation algérienne est bien près de la faillite, quand, '''après 1875''', le phylloxéra commence à dévaster le vignoble métropolitain : pour éviter d'importer des vins étrangers, '''la France souhaite alors la création d'un vignoble algérien'''. C'est le salut pour l'Algérie. Depuis que la loi douanière de 1867 avait institué la liberté complète des échanges entre elle et la métropole, les colons auraient pu planter de la vigne : il leur manquait les capitaux nécessaires. Ceux-ci affluent maintenant vers l'Algérie, et le Gouvernement Général organise le crédit agricole en encourageant la création de {{w|Comptoir national d'escompte de Paris|Comptoirs d'Escompte}}, qui endossent les effets signés par les colons et en acceptent le renouvellement presque indéfini. [...]
 
'' '''Le vignoble algérien s'est constitué en deux temps. De 1878 à 1905, les plantations se poursuivent sans arrêt''' ; elles se ralentissent ensuite quand le phylloxéra parvient en Algérie et quand les colons doivent à leur tour se résigner à remplacer les vignes françaises dépérissantes par des porte-greffes américains. Ce premier vignoble fit la prospérité de l'Algérie ; il s'étendait en 1918 sur 200 000 ha. [...]
 
''Les caractères du vignoble algérien découlent de sa répartition géographique, qui est loin d'être celle que les conditions naturelles commanderaient. L'événement décisif a été la descente des plantations dans les plaines entre 1889 et 1897 : l'Algérie s'est ainsi orientée vers une concurrence inévitable et insoluble avec le Languedoc. En plantant dans les plaines, les colons renonçaient à produire une majorité de vins de coupage et de vins fins ; les cépages qu'ils adoptèrent, et qu'ils empruntèrent au Midi de la France, donnent de grosses quantités de vins ordinaires, ceux que le marché français réclamait lors des premières plantations algériennes, mais dont il sera plus tard encombré dans les années d'abondance, quand le vignoble languedocien, reconstitué, sera lui aussi descendu des coteaux dans la plaine.|auteur=Marcel Larnaude|origine="La vigne en Algérie" d'après H. Isnard, Annales de Géographie, t. 57, n°308, 1948. pp. 356-359|collecteur=Manu35|date=2025}}
 
Sa bonne connaissance des modes de culture en Algérie et son activité immobilière ont sans doute favorisé le développement de son activité viticole au moment de faire valoir ses droits à la retraite. Bien que les premières pentes de l'{{w|Atlas Blidéen}} entre 500 et 1 500m d'altitude font partie de l'{{w|Atlas Tellien}} et sont donc situées en zone climatique intermédiaire, favorables au développement des cépages précoces et de saison, c'est à Castiglione, en zone littorale où les coteaux atteignent un maximum de 250m d'altitude, que François-Félix Liothaud a installé son activité.
 
=== Décès et legs (en cours de rédaction) ===
Ce même hebdomadaire mentionne le lendemain du décès de Liothaud : "''On nous annonce de Castiglione le décès de M. Liothaud, riche propriétaire de cette charmante localité. M. Liothaud avait pendant de longues années habité Blida en qualité de Contrôleur des Tabacs. Bon, serviable, il était très aimé des colons, et avait su s'attirer ici, l'estime de chacun''". Selon son acte de décès, c'est son neveu Félix Leroux (1858-1912), fils d'Emilie Rose né comme elle à Rennes, commis principal des contributions diverses, qui déclare son décès<ref>http://anom.archivesnationales.culture.gouv.fr/caomec2/osd.php?territoire=ALGERIE&acte=1199985</ref>. Puisque ce dernier est né à Rennes, il s'agit certainement là d'un signe que la famille Liothaud ne faisait partie de la liste de la première vague de 12 000 colons arrivés en 1848 en Afrique du Nord. Le projet de septembre 1848 prévoyait la venue de 12 000 colons volontaires, installés aux frais de l'État et devant recevoir une concession, une maison, des instruments, du bétail, des semences, des rations journalières de vivres, pendant les trois premières années durant lesquelles ils dépendraient de l'autorité militaire<ref>https://shs.cairn.info/revue-annales-de-demographie-historique-2007-1-page-127?lang=fr</ref>.
 
La ''Revue des établissements de bienfaisance'' publiée en 1901 met en lumière dans ses pages 213 et 214 les conditions de la validation du legs Liothaud :
* Le décret du 21 janvier 1901 a autorisé le bureau de bienfaisance de Rennes (Ille-et-Vilaine) à accepter, ''sous bénéfice d'inventaire'', le legs universel fait aux pauvres de cette ville par M. Liothaud.
 
* La commission administrative du bureau de bienfaisance a délibéré le 6 avril 1901 en demandant que le décret reçoive une modification, par la suppression des mots "sous bénéfice d'inventaire". "''La commission fait valoir que l'acceptation pure et simple ne présente aucun inconvénient pour le légataire universel étant donnés l'importance de l'actif de la succession qui s'élève à 219 497 fr. 05 et le chiffre insignifiant du passif, qui n'atteint pas 1 000 fr. La commission ne voit donc aucun intérêt à l'acceptation de la libéralité sous bénéfice d'inventaire. Cette formalité retarderait le règlement de la succession et entraînerait des frais au détriment des pauvres de Rennes. Elle modifierait aussi le mode de la vente des immeubles, ce qui pourrait, par suite de la dépréciation des immeubles en Algérie, causer un préjudice sérieux à l'établissement légataire. M. le Préfet estime que, pour ces motifs, et en raison de la solvabilité de la succession qui semble certaine, l'acceptation sous bénéfice d'inventaire paraît sans objet ; ce haut fonctionnaire appuie d'un avis favorable la demande du bureau de bienfaisance.''"
 
* Suite au renvoi ordonné par le ministre de l'Intérieur, le conseil d'Etat a pris connaissance du projet de modification du décret initial. Il "''considère que le décret du 21 janvier 1901 est un acte de tutelle administrative qui applique la jurisprudence constante d'après laquelle les établissements publics ne doivent être autorisés à accepter une succession que sous bénéfice d'inventaire, que ledit décret ne peut, par suite, être rapporté. Le conseil d'Etat émet finalement un avis le 22 mai 1901 et qu'il n'y a pas lieu d'adopter le projet de décret.''" Est donc acté la réalisation d'un inventaire avant acceptation par le bureau de bienfaisance de la ville de Rennes.
 
Cet inventaire va prendre de nombreux mois durant lesquels la succession va s'éterniser. En octobre 1902 est toujours en cours "''une vente sur baisse de mises à prix aux enchères publiques en trois lots séparés non réunissables au plus offrant et dernier enchérisseur et à l'extinction des feux de :
 
- une grande propriété en partie bâtie, située à Castiglione (mise à prix 22 500 fr.)
 
- une propriété de rapport située dans l'intérieur du village de Castiglione, rue Nationale et rue Martin, avec diverses constructions (mise à prix 15 750 fr.)
 
- une maison située à Castiglione, rue Marceau, avec écurie, cave, four et autres dépendances (mise à prix 3 650 fr.)''"<ref>"Les Nouvelles de Blida" du 26 octobre 1902, page 4</ref>
 
=== Castiglione ===
Castiglione, la commune où est décédé François-Félix Liothaud, porte le nom de la victoire que le général Augereau remporta sur les Autrichiens le 15 août 1796 à Castiglione delle Stiviere, au nord-ouest de Mantoue en Italie. Le village est situé à 45 kilomètres à l'ouest d'Alger. Doté d'une belle plage, il est déjà en 1900 une station balnéaire de premier plan, où ne vivent cependant qu'un peu plus de 1 500 habitants. L'activité principale de ses habitants était tournée vers la terre (vignoble, maraîchage...) ainsi que vers la mer (pêche, conserverie...). Aujourd'hui et depuis l'indépendance de l'Algérie en 1962, Castiglione a repris le nom de la source auprès de laquelle s'est installé le village, Bou Ismaïl. Aujourd'hui, plus de 40 000 personnes y vivent. Il s'agit du lieu de naissance d'un certain Jean-Pierre Bacri.
 
== Un numéro en 1905 ! ==
{{Citation|texte=''Circulez, s. v. p. - Une voiture de saltimbanques qui stationnait depuis assez longtemps dans la rue Liothaud a été enlevée hier par ses propriétaires sur ... invitation de la police.
 
''Pour ceux de nos concitoyens qui l'ignorent - et ils doivent être assez nombreux - la rue Liothaud est située entre la rue Mauduit-Duplessix et le pont de l'Abattoir : elle ne comporte qu'un numéro !|auteur=L'Ouest-Eclair|origine=Numéro publié le 26 mars 1905|collecteur=Manu35|date=2017}}
 
Plusieurs entreprises étaient installées '''rue Liothaud''', comme la ''fabrique de meubles Rual'' au numéro 2 construite en 1913<ref>https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/IA35023509</ref>, ou encore l'''imprimerie Papeterie L. Edoneur'', devenue ''Société des Etablissements Ramage'' au numéro 4 construite en 1909<ref>https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/IA35023508</ref>. Les deux donnaient également sur le [[mail François Mitterrand]].


== Sur la carte ==
== Sur la carte ==
{{#display_points: Rue Liothaud, Rennes |width=450|zoom=14}}
{{#display_points: Rue Liothaud, Rennes |width=450|zoom=14}}
== Note et références ==
<references/>
== Lien externe ==
Pour en savoir plus sur la vie à Castiglione au XIXème siècle avec l'arrivée des premiers colons : http://algeroisementvotre.free.fr/site3000/village3/villa040.html


[[Catégorie:Voie de Rennes|Liothaud]][[Catégorie:Quartier_3_:_Bourg_l'Evesque_–_La_Touche_–_Moulin_du_Comte]][[Catégorie:Rue de Rennes|Liothaud]]
[[Catégorie:Voie de Rennes|Liothaud]][[Catégorie:Quartier_3_:_Bourg_l'Evesque_–_La_Touche_–_Moulin_du_Comte]][[Catégorie:Rue de Rennes|Liothaud]]

Version actuelle datée du 21 janvier 2025 à 15:37

Entrée ouest de la rue Liothaud depuis la rue Vaneau en juillet 2013.

La rue Liothaud est une rue de Rennes ouverte dans le court espace séparant, à l'ouest du centre-ville, le mail François Mitterrand du quai Saint-Cyr, et remontant, au milieu d'immeubles récents, sur une centaine de mètres en direction du centre. Elle se termine par son carrefour avec la petite rue Mauduit Duplessix. Cette voie fut dénommée par délibération du conseil municipal de la ville de Rennes le 22 décembre 1900.

Cette voie rend hommage très peu de temps après sa mort à :

François-Félix Liothaud[1]

Célibataire, en son vivant contrôleur des tabacs en Algérie (10 juin 1832, Rennes - 6 février 1900, Castiglione, Algérie). Il est indiqué sur la plaque de rue "bienfaiteur des pauvres". Il a en effet procédé à un acte de philanthropie en léguant sa fortune au bénéfice des plus nécessiteux de la ville où il est né. Il est d'ailleurs inhumé au cimetière du Nord de Rennes.

Origine à Rennes

Le père de François-Félix, Jean, est né dans les Hautes-Alpes en 1804. Marchand épicier, il décède à Rennes le 28 avril 1852, peu avant le vingtième anniversaire de son fils. La mère de François-Félix, Emilie Henriette Deslandes, est une rennaise. Née en 1797, elle décède en 1832, huit jours après avoir donné naissance à François-Félix, son quatrième enfant. Leurs premier et troisième enfants sont décédés à l'âge de quelques semaines seulement. La cadette Emilie Rose est née à Rennes en 1829, et elle aussi est décédée en Algérie, mais à Alger en 1911. La famille est donc restreinte à trois personnes fin 1832 : le père Jean, ainsi que François-Félix et sa grande sœur Emilie Rose. Elle vit au 10 rue aux Foulons à Rennes. Peu de traces existent sur la première partie de la vie de François-Félix Liothaud.

Activités en Algérie

Le contexte colonial

François-Félix Liothaud débarque certainement en Algérie, avant, pendant ou après son service militaire, sans doute entre 1850 et 1860, dans un contexte relativement nouveau. La culture, la fabrication et la vente du tabac furent libéralisées par l'Assemblée nationale en 1791 mais, en 1811, Napoléon rétablit un monopole d'État sur le tabac.

La conquête de l'Algérie par la France se réalise en plusieurs étapes distinctes. Elle débute par le débarquement de l'armée d'Afrique à Sidi-Ferruch (Alger) le 14 juin 1830. Elle s'achève en partie lors de la reddition formelle de l'émir Abdelkader au duc d'Aumale, le 23 décembre 1847.

L'assemblée Constituante vote le 19 septembre 1848 un décret ouvrant "un crédit de 50 millions de francs au ministère de la Guerre sur les exercices 1848-1849-1850 et suivants pour être spécialement appliqué à l'établissement de colonies agricoles dans les provinces d'Algérie". C'était la première fois qu'une entreprise coloniale officielle, subventionnée, d'une telle ampleur était décidée. Quarante-deux "colonies agricoles" devaient être créées, 12 000 colons transportés, installés aux frais de l'Etat [...]. François-Félix Liothaud vient d'avoir 16 ans lorsque ce décret est voté et que les premiers colons débarquent en Algérie en octobre 1848.

En 1847, on dénombre 110 000 colons : 48 000 Français, 31 000 Espagnols, 16 000 Italiens. Face à eux, environ deux millions d'indigènes. Lorsque la France envoie 12 000 colons en Algérie en 1848 (chiffre passé à 13 500 suite à un vote de l'Assemblée), l'Algérie ne compte qu'une cinquantaine de villages de colonisation peuplés d'environ 15 000 colons ruraux - dont 9 000 Français -, on peut se rendre compte de l'importance de l'effort envisagé. A partir du 8 octobre 1848, 800 personnes partent par le premier convoi, du quai de Bercy à Paris. Seize autres départs ont été organisés entre le 9 octobre et mars 1849[2]. Seulement 4 500 nouveaux colons arrivent en Algérie entre 1860 et 1870, mais de 1871 à 1881, 130 000 colons y débarquent pour s'installer[3].

Deux ans après la visite de Napoléon III à Rennes, le souverain se rend en septembre 1860 à Alger avec l'Impératrice, afin d'examiner lui-même la situation délicate liée au mécontentement des autochtones suite à la restriction des pouvoirs des chefs indigènes instaurée en 1858. Est aussi visée l'autorisation de toutes les transactions immobilières, sans distinction de territoires, mesure facilitant la mainmise des colons sur les meilleures terres des autochtones[4].

Alger et ses alentours, jusqu'à des villes comme Blida, entrent massivement dans le périmètre de colonisation officielle de 1830 à 1870. Ce sera le cas plus tard des secteurs plus ruraux comme ceux situés au sud-ouest sur cette carte (extrait de plan dressé par le Service cartographique du gouvernement général de l'Algérie - 1919).

Dès 1881, le territoire est divisé en trois départements (Alger, Oran et Constantine) directement rattachés à la France, avant d'être placé, en 1896, sous l'administration du ministère de l'Intérieur.

Liothaud n'a peu ou pas connu les Délégations financières Wikipedia-logo-v2.svg, cette assemblée territoriale locale mise en place lors de la présence française en Algérie entre 1898 et 1945. Il a donc davantage connu la conquête et l'expérience du « royaume arabe », conduite par Napoléon III, qui visait à canaliser et à ralentir la colonisation de peuplement, en vue de sauvegarder les droits et l'identité du peuple autochtone. Le chef de l'État ne déclarait-il pas : « Je suis aussi bien l'empereur des Arabes que celui des Français » ?[5]

L'agent contrôleur des tabacs (en cours de rédaction)

En 1855, le tabac occupe toujours le premier rang des cultures en Algérie, en valeur. Ensuite vient le coton, qui représente trois fois plus que la laine. Cette année-là, 3 750 hectares étaient encore plantées en tabac, surface à peu près équivalente de celle qui est cultivée en coton[6]. Liothaud apparaît dans l'"Almanach Impérial pour 1865 à leurs majestés"[7]. Dans la section liée aux finances pour l'Algérie (province d'Alger), il est mentionné faire partie d'une équipe "Tabacs" (sont aussi mentionnées des équipes "Douanes", "Postes", "Forêts") pilotée par un directeur à Alger, et composée de deux entreposeurs à Alger et à Blidah, trois contrôleurs à Alger et Blidah, ainsi qu'un vérificateur à Blidah. Liothaud est un des deux contrôleurs basés à Blidah. L'Algérie est alors gouvernée par le maréchal Patrice de Mac Mahon Wikipedia-logo-v2.svg (1808-1893), duc de Magenta et gouverneur général de l'Algérie entre 1864 et 1870.

Il apparaissait déjà comme contrôleur du service des tabacs à Blida en 1864, date attestée pour un séjour thermal[8].

Les villes liées à François-Félix Liothaud en Algérie : Alger, Blida et Castiglione (extrait d'une carte agricole et industrielle de l'Algérie - 1878). Les deux villes provinciales se trouvent à une quarantaine de kilomètres d'Alger
Les villes liées à François-Félix Liothaud en Algérie : Alger, Blida et Castiglione (extrait d'une carte routière de l'Algérie datant des années 1950 et publiée par Shell).

Pensionnaire de l'Etat (en cours de rédaction)

Le "Bulletin des lois de la République Française" paru le 1er janvier 1877, qui contient les décrets d'intérêt local ou particulier, indique en page 198 les états de service du contrôleur de culture François-Félix Liothaud. Pour avoir servi presque 35 ans les manufactures de l'Etat (2 années militaires et 32,5 années civiles), il bénéficie d'une pension accordée suivant deux lois celles du 11 avril (terre) et du 18 avril (mer) 1831 sur les pensions militaires et du 9 juin 1853 sur les pensions civiles. L'orphelin Liothaud bénéficie fortement de la loi de 1831, puisque celle-ci admet "un droit à pension immédiat, sans considération de durée, pour le militaire devenu invalide (amputation, cécité) à la suite de blessures provenant d'évènements de guerre. Les orphelins de moins de 21 ans et les veuves de militaires morts sur le champ de bataille bénéficient d'une pension de réversion."[9]. Il a probablement pu bénéficier des droits permis par la seconde. En effet, "pour pallier les difficultés de financement des régimes de retraite particuliers, la loi du 9 juin 1853 supprime les différentes caisses et instaure une pension de vieillesse uniforme pour les 158.227 fonctionnaires rétribués par l'État. A compter du 1er janvier 1854, les traitements des fonctionnaires font l'objet d'une retenue de 5 % destinée à financer les retraites. [...] Le droit à pension est acquis à 60 ans, après 30 ans de services accomplis. Néanmoins, les fonctionnaires ayant occupé certains emplois (facteurs, chargeurs de malle, gardes forestiers, agents des douanes ou préposés en chef des postes d'octroi) peuvent prendre leur retraite à 55 ans, après 25 ans de services effectifs."[10]. Tout laisse à penser que François-Félix Liothaud a pu bénéficier dès 1870, de cette seconde pension, année à laquelle il est parvenu à 25 ans de services civils.

Répartiteur de l'impôt foncier (en cours de rédaction)

Toujours en 1877, par une circulaire, le Préfet d'Alger André Brunel informe tous les maires du département de la nomination des "commissaires répartiteurs, appelés à concourir en 1877, avec les agents des contributions directes, à l'évaluation des accroissements et des diminutions de la matière imposable foncière dans les communes de l'arrondissement d'Alger"[11]. L'arrêté précise que "l'estimation des propriétés devenues imposables ou ayant cessé de l'être, doit être confiée, d'après les dispositions légales prescrites, à des Commissions de répartition". Cinq commissaires titulaires ainsi que cinq suppléants sont ainsi cités pour chacune des 53 communes dans cet arrêté. Liothaud apparaît comme titulaire pour deux d'entre elles. Pour Castiglione d'abord, ainsi que pour Oued-el-Alleug, commune située à la fois à 10 kilomètres au nord-ouest de Blida et à 10 kilomètres au sud-est de Castiglione, peuplée de 2 700 habitants en 1873, où il est noté qu'il est ex-receveur vivant à Blida.


« En tous pays, a-t-on dit, l'état de la propriété dicte la forme de l'impôt ; les nombreuses anomalies du système des impôts arabes d'Algérie ne semblent pas justifier cette proposition. Il faut ici, comme en tant d'autres matières, distinguer les pays arabes des pays kabyles. Dans les premiers, nous avons deux impôts : l'un portant sur le revenu foncier, nommé achour, l'autre nommé zekkat, portant sur le bétail [...].

L'achour est imposé, à raison d'une somme déterminée par charrue, à tout indigène cultivant la terre. Ici doit s'arrêter la définition, car le mode d'application est singulièrement variable ; dans certaines régions, la charrue correspond à une étendue de terre différente suivant les contrées ; dans d'autres, on comprend sous cette dénomination l'instrument lui-même, de forme européenne ou indigène, et on lui applique un tarif variable suivant qu'il est attelé de bœufs, de chameaux, de mules ou d'ânes. Ici l'impôt varie suivant la qualité de la récolte ; là il est fixe, comme l'impôt foncier de la métropole. [...] La caractéristique de cet impôt, c'est qu'il ne porte que sur l'indigène ; si un Arabe, jouissant d'une propriété individuelle, délimitée conformément à la loi de 1873, vient à la vendre à un Européen, l'impôt s'éteint : inversement, si un Européen vend une terre à un indigène, celle-ci devient immédiatement imposable. La propriété européenne, par le fait de la colonisation, ayant une tendance constante à se développer au détriment de la propriété indigène, et étant d'autre part exempte de toute charge fiscale, l'extension de la colonisation a pour conséquence légale la diminution du produit de l'impôt. [...]

Le plus grand vice de tous ces impôts, c’est l'extrême difficulté de leur assiette. Au début de notre domination, nous avons accepté les chiffres de l'impôt payé aux Turcs ; chaque chef indigène était alors exclusivement chargé de l'assiette de l'impôt dans sa tribu et, pourvu que le montant en entrât exactement dans les caisses du beylick, on ne se préoccupait pas de la manière dont il était établi. Peu à peu les administrateurs militaires et civils se sont mis à contrôler le travail des chefs locaux ; enfin, depuis une vingtaine d'années, des fonctionnaires spéciaux assez improprement appelés répartiteurs, — puisque les impôts arabes sont des impôts de quotité, et que dans la région kabyle la répartition individuelle leur échappe, — sont chargés de réviser le travail des chefs indigènes. Grâce à la sécurité de plus en plus grande du pays, et à la surveillance de plus en plus sérieuse exercée par l'administration, le produit des impôts arabes proprement dits qui, en 1852, n’atteignait pas 5 millions, s'est élevé progressivement, et il figure au budget de 1901 pour plus de 11 millions. Ce chiffre est cependant bien inférieur à celui qu'ils devraient produire si la matière imposable réellement existante était atteinte dans son intégralité. C'est ici que l'ingéniosité naturelle des indigènes et leurs habitudes de dissimulation peuvent se donner ample carrière. En Algérie bien plus encore qu'en France, le fisc étant l'ennemi commun, tous les moyens sont bons pour le tromper, et la situation est singulièrement aggravée par le fait qu'en ce pays, le fraudeur a pour complice l'autorité chargée de l'assiette de l’impôt. »

— Anonyme
Origine : "Le Régime de l'Algérie au début du XXe siècle" - Revue des Deux Mondes, 5e période, tome 14, 1903 (Chapitre II sur les impôts, l'administration, la justice, p. 867-904). • Recueilli par Manu35 • 2025licence

Liothaud, en tant que commissaire répartiteur de l'impôt foncier, était bien informé de ces spécificités fiscales, notamment l'absence d'impôt foncier pour les européens. Cela l'a certainement incité à diversifier ses activités.

De nombreuses acquisitions immobilières (en cours de rédaction)

En 1873, à la demande des colons, la loi change pour remplacer la propriété collective des tribus par la propriété individuelle de l'autochtone. Cette loi a pour effet de faciliter le rachat des terres, par les Européens, du fait que les autochtones ne peuvent pas résister aux offres d'achat des Européens. En 1888, un arrêt de la Cour de cassation annule la loi de 1873, pour éviter une expropriation définitive des autochtones[12].

"Le Tell - journal des intérêts coloniaux" de Blida, le doyen des hebdomadaires d'Algérie paru dès 1864, publie le 21 septembre 1898 une "mise aux enchères publiques sur expropriation forcée d'une propriété avec constructions sise territoire de Koléa, à proximité de la route de Castiglione, lieu-dit Aïn Hallouf". Cette expropriation va à l'encontre de 21 personnes, et la contenance de la propriété d'après le plan cadastral est "de 21 hectares, 91 ares, 52 centiares, dont 4 hectares environ en vigne en rapport, et le surplus en nature de culture avec quelques arbres fruitiers [...] Il existe sur cette propriété, sur les parties nord et sud, diverses constructions consistant en : celle sur la partie nord : une maison à simple rez-de-chaussée, avec pigeonniers à droite et à gauche, four à cuire le pain et écurie sur le derrière, le tout en mortier de chaux et sable et couvert en tuiles creuses, ces constructions sont en mauvais état. Et celles sur la partie sud : un corps de bâtiment, comprenant maison de ferme, cave, cuves en maçonnerie, hangar, écurie et autres dépendances, le tout de construction très ancienne et en très mauvais état ; devant la maison se trouve une treille et une tonnelle en fer, et près des bâtiments un puits de très bonne eau, avec pompe à volant, ne fonctionnant pas, et une noria avec bassin abandonnée. Il se trouve dans la cave, le matériel vinaire suivant, immeuble par destination, affecté à l'exploitation de la propriété, savoir : un foudre de 80 hectolitres, 2 foudres de 25 hectolitres environ chacun, 2 foudres de 22 hectolitres environ chacun, et 12 fûts usagés, le tout en mauvais état. Loyer annuel par bail authentique : 1250 francs. [...] Mise à prix : 10000 francs."

Le vigneron Liothaud (en cours de rédaction)

Plusieurs revues[13] mentionnent que Liothaud a été médaillé d'argent du Grand Prix des Vins (Classe 73) à l'Exposition Universelle de 1889 Wikipedia-logo-v2.svg qui s'est déroulée à Paris du 5 mai au 31 octobre 1889. Quatre catégories de récompenses y étaient décernées : or, argent, bronze, mention honorable. L'Algérie y avait son propre palais[14]. Le catalogue général officiel de l'exposition mentionne qu'il est viticulteur à Castiglione et propose des vins rouges de 1883 à 1888, ainsi que des vins blancs de 1884 et 1885[15]. François-Félix Liothaud fait aussi partie d'une liste d'une soixantaine de viticulteurs exerçant en 1900 sur la commune de Castiglione[16].


« Les principaux inconvénients de climat que rencontre la vigne en Afrique du Nord sont les gelées blanches et la faiblesse ou la mauvaise répartition des précipitations. [...] Les plaines et les coteaux proches de la mer, où le grand vignoble se trouve actuellement, ne sont sujets qu'à des gelées blanches exceptionnelles, localisées et liées à un type de temps bien défini. [...]

Le vrai climat de la vigne en Algérie est celui qui règne dans les montagnes de l'Atlas Tellien autour de 800 m. d'altitude : malgré quelques gelées blanches, la plante y trouve les meilleures conditions de végétation ; en outre, les vendanges se font après l'époque des grandes chaleurs qui troublent la fermentation des marcs aux basses altitudes. Seules les montagnes donnent des vins de grand cru, à Tlemcen, à Mascara, à Miliana, à Médéa.

Pourtant le grand vignoble ne s'étend guère au delà des collines et des basses plaines peu éloignées de la mer ; il est même ramassé presque tout entier dans la partie occidentale de la zone littorale, autour d'Alger et autour d'Oran [...] Le vignoble algérois est le moins étendu ; grâce à l'abondance des précipitations, le rendement est élevé, mais les maladies cryptogamiques (comme le mildiou, NDLR) fréquentes. L'Oranie, plus sèche, contient près des deux tiers des plantations algériennes et produit la moitié de la récolte totale [...]

Les régions de grande culture de la vigne sont celles où les colons sont les plus nombreux. Cela ne signifie pas, comme on l'a dit à tort, que le peuplement européen des campagnes algériennes ne se serait pas fait sans la vigne. Ces régions ne se sont pas peuplées de colons parce qu'elles étaient les plus aptes aux plantations. Elles sont viticoles parce qu'elles étaient déjà habitées par les colons, qui ont trouvé leur intérêt à substituer à d'autres cultures celle de la vigne.

Les premières plantations de vigne n'ont été faites qu'à la fin d'une longue période pendant laquelle l'Algérie s'est vraiment efforcée de trouver un système agricole : cette recherche a duré de 1830 à 1878. [...] l'engouement des colons pour le tabac cesse dès 1860 devant les exigences de la Régie française, les plantations de coton s'arrêtent après 1865 et la fin de la guerre de Sécession américaine. La colonisation algérienne est bien près de la faillite, quand, après 1875, le phylloxéra commence à dévaster le vignoble métropolitain : pour éviter d'importer des vins étrangers, la France souhaite alors la création d'un vignoble algérien. C'est le salut pour l'Algérie. Depuis que la loi douanière de 1867 avait institué la liberté complète des échanges entre elle et la métropole, les colons auraient pu planter de la vigne : il leur manquait les capitaux nécessaires. Ceux-ci affluent maintenant vers l'Algérie, et le Gouvernement Général organise le crédit agricole en encourageant la création de Comptoirs d'Escompte Wikipedia-logo-v2.svg, qui endossent les effets signés par les colons et en acceptent le renouvellement presque indéfini. [...]

Le vignoble algérien s'est constitué en deux temps. De 1878 à 1905, les plantations se poursuivent sans arrêt ; elles se ralentissent ensuite quand le phylloxéra parvient en Algérie et quand les colons doivent à leur tour se résigner à remplacer les vignes françaises dépérissantes par des porte-greffes américains. Ce premier vignoble fit la prospérité de l'Algérie ; il s'étendait en 1918 sur 200 000 ha. [...]

Les caractères du vignoble algérien découlent de sa répartition géographique, qui est loin d'être celle que les conditions naturelles commanderaient. L'événement décisif a été la descente des plantations dans les plaines entre 1889 et 1897 : l'Algérie s'est ainsi orientée vers une concurrence inévitable et insoluble avec le Languedoc. En plantant dans les plaines, les colons renonçaient à produire une majorité de vins de coupage et de vins fins ; les cépages qu'ils adoptèrent, et qu'ils empruntèrent au Midi de la France, donnent de grosses quantités de vins ordinaires, ceux que le marché français réclamait lors des premières plantations algériennes, mais dont il sera plus tard encombré dans les années d'abondance, quand le vignoble languedocien, reconstitué, sera lui aussi descendu des coteaux dans la plaine. »

— Marcel Larnaude
Origine : "La vigne en Algérie" d'après H. Isnard, Annales de Géographie, t. 57, n°308, 1948. pp. 356-359 • Recueilli par Manu35 • 2025licence

Sa bonne connaissance des modes de culture en Algérie et son activité immobilière ont sans doute favorisé le développement de son activité viticole au moment de faire valoir ses droits à la retraite. Bien que les premières pentes de l'Atlas Blidéen Wikipedia-logo-v2.svg entre 500 et 1 500m d'altitude font partie de l'Atlas Tellien Wikipedia-logo-v2.svg et sont donc situées en zone climatique intermédiaire, favorables au développement des cépages précoces et de saison, c'est à Castiglione, en zone littorale où les coteaux atteignent un maximum de 250m d'altitude, que François-Félix Liothaud a installé son activité.

Décès et legs (en cours de rédaction)

Ce même hebdomadaire mentionne le lendemain du décès de Liothaud : "On nous annonce de Castiglione le décès de M. Liothaud, riche propriétaire de cette charmante localité. M. Liothaud avait pendant de longues années habité Blida en qualité de Contrôleur des Tabacs. Bon, serviable, il était très aimé des colons, et avait su s'attirer ici, l'estime de chacun". Selon son acte de décès, c'est son neveu Félix Leroux (1858-1912), fils d'Emilie Rose né comme elle à Rennes, commis principal des contributions diverses, qui déclare son décès[17]. Puisque ce dernier est né à Rennes, il s'agit certainement là d'un signe que la famille Liothaud ne faisait partie de la liste de la première vague de 12 000 colons arrivés en 1848 en Afrique du Nord. Le projet de septembre 1848 prévoyait la venue de 12 000 colons volontaires, installés aux frais de l'État et devant recevoir une concession, une maison, des instruments, du bétail, des semences, des rations journalières de vivres, pendant les trois premières années durant lesquelles ils dépendraient de l'autorité militaire[18].

La Revue des établissements de bienfaisance publiée en 1901 met en lumière dans ses pages 213 et 214 les conditions de la validation du legs Liothaud :

  • Le décret du 21 janvier 1901 a autorisé le bureau de bienfaisance de Rennes (Ille-et-Vilaine) à accepter, sous bénéfice d'inventaire, le legs universel fait aux pauvres de cette ville par M. Liothaud.
  • La commission administrative du bureau de bienfaisance a délibéré le 6 avril 1901 en demandant que le décret reçoive une modification, par la suppression des mots "sous bénéfice d'inventaire". "La commission fait valoir que l'acceptation pure et simple ne présente aucun inconvénient pour le légataire universel étant donnés l'importance de l'actif de la succession qui s'élève à 219 497 fr. 05 et le chiffre insignifiant du passif, qui n'atteint pas 1 000 fr. La commission ne voit donc aucun intérêt à l'acceptation de la libéralité sous bénéfice d'inventaire. Cette formalité retarderait le règlement de la succession et entraînerait des frais au détriment des pauvres de Rennes. Elle modifierait aussi le mode de la vente des immeubles, ce qui pourrait, par suite de la dépréciation des immeubles en Algérie, causer un préjudice sérieux à l'établissement légataire. M. le Préfet estime que, pour ces motifs, et en raison de la solvabilité de la succession qui semble certaine, l'acceptation sous bénéfice d'inventaire paraît sans objet ; ce haut fonctionnaire appuie d'un avis favorable la demande du bureau de bienfaisance."
  • Suite au renvoi ordonné par le ministre de l'Intérieur, le conseil d'Etat a pris connaissance du projet de modification du décret initial. Il "considère que le décret du 21 janvier 1901 est un acte de tutelle administrative qui applique la jurisprudence constante d'après laquelle les établissements publics ne doivent être autorisés à accepter une succession que sous bénéfice d'inventaire, que ledit décret ne peut, par suite, être rapporté. Le conseil d'Etat émet finalement un avis le 22 mai 1901 et qu'il n'y a pas lieu d'adopter le projet de décret." Est donc acté la réalisation d'un inventaire avant acceptation par le bureau de bienfaisance de la ville de Rennes.

Cet inventaire va prendre de nombreux mois durant lesquels la succession va s'éterniser. En octobre 1902 est toujours en cours "une vente sur baisse de mises à prix aux enchères publiques en trois lots séparés non réunissables au plus offrant et dernier enchérisseur et à l'extinction des feux de :

- une grande propriété en partie bâtie, située à Castiglione (mise à prix 22 500 fr.)

- une propriété de rapport située dans l'intérieur du village de Castiglione, rue Nationale et rue Martin, avec diverses constructions (mise à prix 15 750 fr.)

- une maison située à Castiglione, rue Marceau, avec écurie, cave, four et autres dépendances (mise à prix 3 650 fr.)"[19]

Castiglione

Castiglione, la commune où est décédé François-Félix Liothaud, porte le nom de la victoire que le général Augereau remporta sur les Autrichiens le 15 août 1796 à Castiglione delle Stiviere, au nord-ouest de Mantoue en Italie. Le village est situé à 45 kilomètres à l'ouest d'Alger. Doté d'une belle plage, il est déjà en 1900 une station balnéaire de premier plan, où ne vivent cependant qu'un peu plus de 1 500 habitants. L'activité principale de ses habitants était tournée vers la terre (vignoble, maraîchage...) ainsi que vers la mer (pêche, conserverie...). Aujourd'hui et depuis l'indépendance de l'Algérie en 1962, Castiglione a repris le nom de la source auprès de laquelle s'est installé le village, Bou Ismaïl. Aujourd'hui, plus de 40 000 personnes y vivent. Il s'agit du lieu de naissance d'un certain Jean-Pierre Bacri.

Un numéro en 1905 !

« Circulez, s. v. p. - Une voiture de saltimbanques qui stationnait depuis assez longtemps dans la rue Liothaud a été enlevée hier par ses propriétaires sur ... invitation de la police. Pour ceux de nos concitoyens qui l'ignorent - et ils doivent être assez nombreux - la rue Liothaud est située entre la rue Mauduit-Duplessix et le pont de l'Abattoir : elle ne comporte qu'un numéro ! »

— L'Ouest-Eclair
Origine : Numéro publié le 26 mars 1905 • Recueilli par Manu35 • 2017licence

Plusieurs entreprises étaient installées rue Liothaud, comme la fabrique de meubles Rual au numéro 2 construite en 1913[20], ou encore l'imprimerie Papeterie L. Edoneur, devenue Société des Etablissements Ramage au numéro 4 construite en 1909[21]. Les deux donnaient également sur le mail François Mitterrand.

Sur la carte

Chargement de la carte...

Note et références

  1. http://l.sebilleau.free.fr/And/SE/Bonh/arbgn/dat0.htm
  2. http://colloque-algerie.ens-lyon.fr/communication.php3?id_article=247
  3. Histoire sociale de l'Algérie française Wikipedia-logo-v2.svg
  4. https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/articles/le-royaume-arabe-d-algerie/
  5. "L'administration de l'Algérie à l'apogée de la colonisation (1898-1945) : réflexions en forme de bilan", par Jacques BOUVERESSE - https://www.diplomatie.gouv.fr/IMG/pdf/J-Bouveresse_Administration-Algerie-apogee-colonisation_cle0bdfc8.pdf
  6. Histoire sociale de l'Algérie française Wikipedia-logo-v2.svg
  7. Source Gallica - https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k203931d/f875.image.r=liothaud - page 859
  8. ANOM - Dossiers individuels. - Agents publics. Solliciteurs. Colons - Cote de communication :F80 285
  9. https://www.senat.fr/connaitre-le-senat/lhistoire-du-senat/dossiers-dhistoire/d32/loi-de-1853-sur-les-retraites-des-fonctionnaires-6.html
  10. https://www.senat.fr/connaitre-le-senat/lhistoire-du-senat/dossiers-dhistoire/d32/loi-de-1853-sur-les-retraites-des-fonctionnaires-19.html
  11. "Recueil des actes administratifs du Département d'Alger" n°16, année 1877, pages 145 et suivantes
  12. Histoire sociale de l'Algérie française Wikipedia-logo-v2.svg
  13. Le supplément à la "revue des vins et liqueurs" de septembre 1889, page 942 ; le supplément au n°170 du "Journal Général de l'Algérie et de la Tunisie" du 10 octobre 1889, page 4 ; "L'Indépendant de Mascara", journal radical autonomiste, n°552 du 3 octobre 1889, page 3 ; le "Télegraphe Algérien" n°46 du 2 octobre 1889, page 3
  14. https://www.worldfairs.info/expopavillondetails.php?expo_id=6&pavillon_id=1000#:~:text=Son%20Palais%20de%20l'Alg%C3%A9rie,l'avenue%20centrale%20des%20invalides.
  15. Groupe VII, Classe 73, page 100
  16. http://www.alger-roi.fr/Alger/castiglione/textes/3_castiglione_algerianiste_128.htm
  17. http://anom.archivesnationales.culture.gouv.fr/caomec2/osd.php?territoire=ALGERIE&acte=1199985
  18. https://shs.cairn.info/revue-annales-de-demographie-historique-2007-1-page-127?lang=fr
  19. "Les Nouvelles de Blida" du 26 octobre 1902, page 4
  20. https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/IA35023509
  21. https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/IA35023508

Lien externe

Pour en savoir plus sur la vie à Castiglione au XIXème siècle avec l'arrivée des premiers colons : http://algeroisementvotre.free.fr/site3000/village3/villa040.html