« Rue Liothaud » : différence entre les versions

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La '''rue Liothaud''' est une rue de [[Rennes]] ouverte dans le court espace séparant, à l'ouest du centre-ville, le [[Mail François Mitterrand]] du [[quai Saint-Cyr]], remontant, au milieu d'immeubles récents, sur une centaine de mètres en direction du centre. Elle se termine par son carrefour avec la petite [[rue Mauduit-Duplessix]].
La '''rue Liothaud''' est une rue de [[Rennes]] ouverte dans le court espace séparant, à l'ouest du centre-ville, le [[mail François Mitterrand]] du [[quai Saint-Cyr]], et remontant, au milieu d'immeubles récents, sur une centaine de mètres en direction du centre. Elle se termine par son carrefour avec la petite [[rue Mauduit Duplessix]]. Cette voie fut dénommée par délibération du conseil municipal de la ville de Rennes le 22 décembre 1900.


Cette voie rend hommage très peu de temps après sa mort à :


[[Catégorie:Voie de Rennes|Vaneau]]
== François-Félix Liothaud<ref>http://l.sebilleau.free.fr/And/SE/Bonh/arbgn/dat0.htm</ref> ==
[[Catégorie:Quartier_3_:_Bourg_l'Evesque_–_La_Touche_–_Moulin_du_Comte]]
 
Célibataire, en son vivant contrôleur des tabacs en Algérie (10 juin 1832, Rennes - 6 février 1900, Castiglione, Algérie). Il est indiqué sur la plaque de rue "bienfaiteur des pauvres". Il a en effet procédé à un acte de philanthropie en léguant sa fortune au bénéfice des plus nécessiteux de la ville où il est né. Il est d'ailleurs inhumé au [[cimetière du nord|cimetière du Nord]] de Rennes.
 
== Origine à Rennes ==
Le père de François-Félix, Jean, est né dans les Hautes-Alpes vers 1804. Marchand épicier, il décède à Rennes le 28 avril 1852, peu avant le vingtième anniversaire de son fils. Sa mère de François-Félix, Emilie Henriette Deslandes, est une rennaise. Née en 1797, elle décède en 1832, huit jours après avoir donné naissance à François-Félix, son quatrième enfant. Leur premier et troisième enfant sont décédés à l'âge de quelques semaines seulement. La cadette Emilie Rose est née à Rennes en 1829, et elle aussi est décédée en Algérie, mais à Alger en 1911. La famille est donc restreinte à trois personnes fin 1832 : le père Jean, ainsi que François-Félix et sa grande sœur Emilie Rose. Elle vit au 10 [[rue aux Foulons]] à Rennes. Peu de traces existent sur la première partie de la vie de François-Félix Liothaud.
 
== Activités en Algérie ==
=== Le contexte colonial ===
François-Félix Liothaud débarque certainement en Algérie, avant, pendant ou après son service militaire, sans doute entre 1850 et 1860, dans un contexte relativement nouveau. La culture, la fabrication et la vente du tabac furent libéralisées par l'Assemblée nationale en 1791 mais, en 1811, Napoléon rétablit un monopole d'État sur le tabac. La conquête de l'Algérie par la France se réalise en plusieurs étapes distinctes. Elle débute par le débarquement de l'armée d'Afrique à Sidi-Ferruch (Alger) le 14 juin 1830. Elle s'achève en partie lors de la reddition formelle de l'émir Abdelkader au duc d'Aumale, le 23 décembre 1847.
 
=== L'agent pensionnaire de l'Etat ===
Le "''Bulletin des lois de la République Française''" paru le 1er janvier 1877, qui contient les décrets d'intérêt local ou particulier, indique en page 198 les états de service du contrôleur de culture François-Félix Liothaud. Pour avoir servi presque 35 ans les manufactures de l'Etat (2 années militaires et 32,5 années civiles), il bénéficie d'une pension accordée suivant deux lois celles du 11 avril (terre) et du 18 avril (mer) 1831 sur les pensions militaires et du 9 juin 1853 sur les pensions civiles. L'orphelin Liothaud bénéficie fortement de la loi de 1831, puisque celle-ci admet "''un droit à pension immédiat, sans considération de durée, pour le militaire devenu invalide (amputation, cécité) à la suite de blessures provenant d'évènements de guerre. Les orphelins de moins de 21 ans et les veuves de militaires morts sur le champ de bataille bénéficient d'une pension de réversion.''"<ref>https://www.senat.fr/connaitre-le-senat/lhistoire-du-senat/dossiers-dhistoire/d32/loi-de-1853-sur-les-retraites-des-fonctionnaires-6.html</ref>. Il a probablement pu bénéficier des droits permis par la seconde. En effet, "''pour pallier les difficultés de financement des régimes de retraite particuliers, la loi du 9 juin 1853 supprime les différentes caisses et instaure une pension de vieillesse uniforme pour les 158.227 fonctionnaires rétribués par l'État. A compter du 1er janvier 1854, les traitements des fonctionnaires font l'objet d'une retenue de 5 % destinée à financer les retraites. [...] Le droit à pension est acquis à 60 ans, après 30 ans de services accomplis. Néanmoins, les fonctionnaires ayant occupé certains emplois (facteurs, chargeurs de malle, gardes forestiers, agents des douanes ou préposés en chef des postes d'octroi) peuvent prendre leur retraite à 55 ans, après 25 ans de services effectifs.''"<ref>https://www.senat.fr/connaitre-le-senat/lhistoire-du-senat/dossiers-dhistoire/d32/loi-de-1853-sur-les-retraites-des-fonctionnaires-19.html</ref>. Tout laisse à penser que François-Félix Liothaud a pu bénéficier dès 1870, de cette seconde pension, année à laquelle il est parvenu à 25 ans de services civils.
 
=== De nombreuses acquisitions immobilières (en cours de rédaction) ===
"''Le Tell - journal des intérêts coloniaux''" de Blida, le doyen des hebdomadaires d'Algérie paru dès 1864, publie le 21 septembre 1898 une "''mise aux enchères publiques sur expropriation forcée d'une propriété avec constructions sise territoire de Koléa, à proximité de la route de Castiglione, lieu-dit Aïn Hallouf''". Cette expropriation va à l'encontre de 21 personnes, et la contenance de la propriété d'après le plan cadastral est "''de 21 hectares, 91 ares, 52 centiares, dont 4 hectares environ en vigne en rapport, et le surplus en nature de culture avec quelques arbres fruitiers [...] Il existe sur cette propriété, sur les parties nord et sud, diverses constructions consistant en : celle sur la partie nord : une maison à simple rez-de-chaussée, avec pigeonniers à droite et à gauche, four à cuire le pain et écurie sur le derrière, le tout en mortier de chaux et sable et couvert en tuiles creuses, ces constructions sont en mauvais état. Et celles sur la partie sud : un corps de bâtiment, comprenant maison de ferme, cave, cuves en maçonnerie, hangar, écurie et autres dépendances, le tout de construction très ancienne et en très mauvais état ; devant la maison se trouve une treille et une tonnelle en fer, et près des bâtiments un puits de très bonne eau, avec pompe à volant, ne fonctionnant pas, et une noria avec bassin abandonnée. Il se trouve dans la cave, le matériel vinaire suivant, immeuble par destination, affecté à l'exploitation de la propriété, savoir : un foudre de 80 hectolitres, 2 foudres de 25 hectolitres environ chacun, 2 foudres de 22 hectolitres environ chacun, et 12 fûts usagés, le tout en mauvais état. Loyer annuel par bail authentique : 1250 francs. [...] Mise à prix : 10000 francs.''"
 
=== Décès et legs ===
Ce même hebdomadaire mentionne le lendemain du décès de Liothaud : "''On nous annonce de Castiglione le décès de M. Liothaud, riche propriétaire de cette charmante localité. M. Liothaud avait pendant de longues années habité Blida en qualité de Contrôleur des Tabacs. Bon, serviable, il était très aimé des colons, et avait su s'attirer ici, l'estime de chacun.''"
 
Castiglione, la commune où est décédé François-Félix Liothaud, porte le nom de la victoire que le général Augereau remporta sur les Autrichiens le 15 août 1796 à Castiglione delle Stiviere, au nord-ouest de Mantoue en Italie. Le village est situé à 45 kilomètres à l'ouest d'Alger. Doté d'une belle plage, il est déjà en 1900 une station balnéaire de premier plan. L'activité principale de ses habitants était tournée vers la terre (vignoble, maraîchage...) ainsi que vers la mer (pêche, conserverie...). François-Félix Liothaud fait d'ailleurs partie d'une liste d'une soixantaine de viticulteurs exerçant en 1900 sur la commune<ref>http://www.alger-roi.fr/Alger/castiglione/textes/3_castiglione_algerianiste_128.htm</ref>.
 
== Un numéro en 1905 ! ==
{{Citation|texte=''Circulez, s. v. p. - Une voiture de saltimbanques qui stationnait depuis assez longtemps dans la rue Liothaud a été enlevée hier par ses propriétaires sur ... invitation de la police.
 
''Pour ceux de nos concitoyens qui l'ignorent - et ils doivent être assez nombreux - la rue Liothaud est située entre la rue Mauduit-Duplessix et le pont de l'Abattoir : elle ne comporte qu'un numéro !|auteur=L'Ouest-Eclair|origine=Numéro publié le 26 mars 1905|collecteur=Manu35|date=2017}}
 
== Sur la carte ==
{{#display_points: Rue Liothaud, Rennes |width=450|zoom=14}}
 
== Note et références ==
<references/>
 
[[Catégorie:Voie de Rennes|Liothaud]][[Catégorie:Quartier_3_:_Bourg_l'Evesque_–_La_Touche_–_Moulin_du_Comte]][[Catégorie:Rue de Rennes|Liothaud]]

Version actuelle datée du 6 janvier 2025 à 17:50

Entrée ouest de la rue Liothaud depuis la rue Vaneau en juillet 2013.

La rue Liothaud est une rue de Rennes ouverte dans le court espace séparant, à l'ouest du centre-ville, le mail François Mitterrand du quai Saint-Cyr, et remontant, au milieu d'immeubles récents, sur une centaine de mètres en direction du centre. Elle se termine par son carrefour avec la petite rue Mauduit Duplessix. Cette voie fut dénommée par délibération du conseil municipal de la ville de Rennes le 22 décembre 1900.

Cette voie rend hommage très peu de temps après sa mort à :

François-Félix Liothaud[1]

Célibataire, en son vivant contrôleur des tabacs en Algérie (10 juin 1832, Rennes - 6 février 1900, Castiglione, Algérie). Il est indiqué sur la plaque de rue "bienfaiteur des pauvres". Il a en effet procédé à un acte de philanthropie en léguant sa fortune au bénéfice des plus nécessiteux de la ville où il est né. Il est d'ailleurs inhumé au cimetière du Nord de Rennes.

Origine à Rennes

Le père de François-Félix, Jean, est né dans les Hautes-Alpes vers 1804. Marchand épicier, il décède à Rennes le 28 avril 1852, peu avant le vingtième anniversaire de son fils. Sa mère de François-Félix, Emilie Henriette Deslandes, est une rennaise. Née en 1797, elle décède en 1832, huit jours après avoir donné naissance à François-Félix, son quatrième enfant. Leur premier et troisième enfant sont décédés à l'âge de quelques semaines seulement. La cadette Emilie Rose est née à Rennes en 1829, et elle aussi est décédée en Algérie, mais à Alger en 1911. La famille est donc restreinte à trois personnes fin 1832 : le père Jean, ainsi que François-Félix et sa grande sœur Emilie Rose. Elle vit au 10 rue aux Foulons à Rennes. Peu de traces existent sur la première partie de la vie de François-Félix Liothaud.

Activités en Algérie

Le contexte colonial

François-Félix Liothaud débarque certainement en Algérie, avant, pendant ou après son service militaire, sans doute entre 1850 et 1860, dans un contexte relativement nouveau. La culture, la fabrication et la vente du tabac furent libéralisées par l'Assemblée nationale en 1791 mais, en 1811, Napoléon rétablit un monopole d'État sur le tabac. La conquête de l'Algérie par la France se réalise en plusieurs étapes distinctes. Elle débute par le débarquement de l'armée d'Afrique à Sidi-Ferruch (Alger) le 14 juin 1830. Elle s'achève en partie lors de la reddition formelle de l'émir Abdelkader au duc d'Aumale, le 23 décembre 1847.

L'agent pensionnaire de l'Etat

Le "Bulletin des lois de la République Française" paru le 1er janvier 1877, qui contient les décrets d'intérêt local ou particulier, indique en page 198 les états de service du contrôleur de culture François-Félix Liothaud. Pour avoir servi presque 35 ans les manufactures de l'Etat (2 années militaires et 32,5 années civiles), il bénéficie d'une pension accordée suivant deux lois celles du 11 avril (terre) et du 18 avril (mer) 1831 sur les pensions militaires et du 9 juin 1853 sur les pensions civiles. L'orphelin Liothaud bénéficie fortement de la loi de 1831, puisque celle-ci admet "un droit à pension immédiat, sans considération de durée, pour le militaire devenu invalide (amputation, cécité) à la suite de blessures provenant d'évènements de guerre. Les orphelins de moins de 21 ans et les veuves de militaires morts sur le champ de bataille bénéficient d'une pension de réversion."[2]. Il a probablement pu bénéficier des droits permis par la seconde. En effet, "pour pallier les difficultés de financement des régimes de retraite particuliers, la loi du 9 juin 1853 supprime les différentes caisses et instaure une pension de vieillesse uniforme pour les 158.227 fonctionnaires rétribués par l'État. A compter du 1er janvier 1854, les traitements des fonctionnaires font l'objet d'une retenue de 5 % destinée à financer les retraites. [...] Le droit à pension est acquis à 60 ans, après 30 ans de services accomplis. Néanmoins, les fonctionnaires ayant occupé certains emplois (facteurs, chargeurs de malle, gardes forestiers, agents des douanes ou préposés en chef des postes d'octroi) peuvent prendre leur retraite à 55 ans, après 25 ans de services effectifs."[3]. Tout laisse à penser que François-Félix Liothaud a pu bénéficier dès 1870, de cette seconde pension, année à laquelle il est parvenu à 25 ans de services civils.

De nombreuses acquisitions immobilières (en cours de rédaction)

"Le Tell - journal des intérêts coloniaux" de Blida, le doyen des hebdomadaires d'Algérie paru dès 1864, publie le 21 septembre 1898 une "mise aux enchères publiques sur expropriation forcée d'une propriété avec constructions sise territoire de Koléa, à proximité de la route de Castiglione, lieu-dit Aïn Hallouf". Cette expropriation va à l'encontre de 21 personnes, et la contenance de la propriété d'après le plan cadastral est "de 21 hectares, 91 ares, 52 centiares, dont 4 hectares environ en vigne en rapport, et le surplus en nature de culture avec quelques arbres fruitiers [...] Il existe sur cette propriété, sur les parties nord et sud, diverses constructions consistant en : celle sur la partie nord : une maison à simple rez-de-chaussée, avec pigeonniers à droite et à gauche, four à cuire le pain et écurie sur le derrière, le tout en mortier de chaux et sable et couvert en tuiles creuses, ces constructions sont en mauvais état. Et celles sur la partie sud : un corps de bâtiment, comprenant maison de ferme, cave, cuves en maçonnerie, hangar, écurie et autres dépendances, le tout de construction très ancienne et en très mauvais état ; devant la maison se trouve une treille et une tonnelle en fer, et près des bâtiments un puits de très bonne eau, avec pompe à volant, ne fonctionnant pas, et une noria avec bassin abandonnée. Il se trouve dans la cave, le matériel vinaire suivant, immeuble par destination, affecté à l'exploitation de la propriété, savoir : un foudre de 80 hectolitres, 2 foudres de 25 hectolitres environ chacun, 2 foudres de 22 hectolitres environ chacun, et 12 fûts usagés, le tout en mauvais état. Loyer annuel par bail authentique : 1250 francs. [...] Mise à prix : 10000 francs."

Décès et legs

Ce même hebdomadaire mentionne le lendemain du décès de Liothaud : "On nous annonce de Castiglione le décès de M. Liothaud, riche propriétaire de cette charmante localité. M. Liothaud avait pendant de longues années habité Blida en qualité de Contrôleur des Tabacs. Bon, serviable, il était très aimé des colons, et avait su s'attirer ici, l'estime de chacun."

Castiglione, la commune où est décédé François-Félix Liothaud, porte le nom de la victoire que le général Augereau remporta sur les Autrichiens le 15 août 1796 à Castiglione delle Stiviere, au nord-ouest de Mantoue en Italie. Le village est situé à 45 kilomètres à l'ouest d'Alger. Doté d'une belle plage, il est déjà en 1900 une station balnéaire de premier plan. L'activité principale de ses habitants était tournée vers la terre (vignoble, maraîchage...) ainsi que vers la mer (pêche, conserverie...). François-Félix Liothaud fait d'ailleurs partie d'une liste d'une soixantaine de viticulteurs exerçant en 1900 sur la commune[4].

Un numéro en 1905 !

« Circulez, s. v. p. - Une voiture de saltimbanques qui stationnait depuis assez longtemps dans la rue Liothaud a été enlevée hier par ses propriétaires sur ... invitation de la police. Pour ceux de nos concitoyens qui l'ignorent - et ils doivent être assez nombreux - la rue Liothaud est située entre la rue Mauduit-Duplessix et le pont de l'Abattoir : elle ne comporte qu'un numéro ! »

— L'Ouest-Eclair
Origine : Numéro publié le 26 mars 1905 • Recueilli par Manu35 • 2017licence

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