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« D'étranges "colons" internés au camp Margueritte » : différence entre les versions

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'''D’étranges « colons » allemands venus d’Alsace internés à Rennes'''
'''D’étranges « colons » allemands venus d’Alsace internés à Rennes'''


Des familles allemandes avec enfants, internées depuis novembre 1944 au camp de Schirmeck en Alsace furent amenées à Rennes, le lundi 22 janvier 1945, au camp Margueritte pour les internés administratifs. Ces familles allemandes avaient été installées par le régime national socialiste dans des propriétés alsaciennes pour coloniser cette région rattachée au Reich. Ils étaient 719, ces « colons » allemands, en majorité des femmes et des enfants. Le journal relatant cette arrivée, estime que «'' peut-être ce séjour et l’annonce prochaine de la défaite allemande feront comprendre à ces nationaux socialistes le drame de l’ambitieuse politique hitlériennes, relief du bellicisme germanique, dont souffre aujourd’hui le monde en guerre mais dont nous délivrera à jamais la victoire en marche'' ».<ref> Ouest-France du 25 janvier 1945</ref>
Des familles allemandes avec enfants, internées depuis novembre 1944 au camp de Schirmeck en Alsace furent amenées à Rennes, le lundi 22 janvier 1945, au camp Margueritte pour les internés administratifs. Ces familles allemandes avaient été installées par le régime national socialiste dans des propriétés alsaciennes pour coloniser cette région rattachée au Reich. Ils étaient 719, ces « colons » allemands, en majorité des femmes et des enfants. Le journal relatant cette arrivée, estime que «'' peut-être ce séjour et l’annonce prochaine de la défaite allemande feront comprendre à ces nationaux socialistes le drame de l’ambitieuse politique hitlérienne, relief du bellicisme germanique, dont souffre aujourd’hui le monde en guerre mais dont nous délivrera à jamais la victoire en marche'' »<ref>Ouest-France du 25 janvier 1945</ref>.
[[Fichier:Baraques_camp_Margueritte.png|300px|right|thumb|Dessin d'un détenu en 1945 (Document fourni par Mme Ulrike Weber, petite-fille de Else Fritz, rédactrice d'une pétition demandant des améliorations des conditions de détention)]]
En fait, il apparaît que, parmi ces internés administratifs, il y avait de nombreux Alsaciens, avec femmes et enfants, qui avaient été expulsés sommairement de leur domicile sans pouvoir rien prendre que ce qu’ils pouvaient porter personnellement. Il s’agissait essentiellement de familles de fonctionnaires de l’administration civile allemande des départements alsaciens-lorrain, qui avaient pratiquement été annexés à l’Allemagne durant l’occupation<ref>''La patrie interdite'', de Yann Fouéré (éditions France Empire) - 1987</ref>.


En mars une cinquantaine d’enfants sont hospitalisés. Le 9 mars 1945, les Allemandes de la baraque 9 signent une pétition ; ne s’estimant pas responsables du sort actuel de la France, elles demandent la possibilité de sortir du camp comme d’autres détenues, une amélioration de l’ordinaire pour leurs enfants et l’assistance de la Croix-Rouge pour obtenir huile de foie de morue, savons, réparations des chaussures.
En mars, une cinquantaine d’enfants sont hospitalisés. Le 9 mars 1945, les Allemandes de la baraque 9 signent une pétition ; ne s’estimant pas responsables du sort actuel de la France, elles demandent la possibilité de sortir du camp comme d’autres détenues, des Françaises qui, elles ont pourtant collaboré contre leur propre patrie - font-elles remarquer - une amélioration de l’ordinaire pour leurs enfants et l’assistance de la Croix-Rouge pour obtenir huile de foie de morue, savons, réparations des chaussures.


Un an après leur arrivée, le 31 janvier 1946, ils  sont en gare de Rennes pour rentrer, via Pithiviers, femmes et enfants en tête, suivis d’hommes en civil et d’autres en uniformes de l’organisation Todt. Et le journaliste de remarquer : « '' Bien des témoins ont même pu s’étonner un peu de constater leur bonne mine, de les voir chaudement vêtus, gantés de laine, chargés de lourds bagages, sacs tyroliens etc. Beaucoup poussaient leur progéniture dans des voitures d’enfants. Quant à leurs compagnons, ils restaient militairement et impeccablement alignés. Ils ont cela dans le sang !'' » <ref> Ouest-France Ier février 1946</ref>
Un an après leur arrivée, le 31 janvier 1946, 400 Allemands internés au camp Margueritte quittent Rennes. Ils sont en gare de Rennes pour rentrer, via Pithiviers, femmes et enfants en tête, suivis d’hommes en civil et d’autres en uniformes de l’organisation Todt. Et le journaliste de remarquer : « '' Bien des témoins ont même pu s’étonner un peu de constater leur bonne mine, de les voir chaudement vêtus, gantés de laine, chargés de lourds bagages, sacs tyroliens etc. On remarquait des femmes en longs pantalons, toutes prêtes, en somme, à partir aux sports d'hiver ! Beaucoup poussaient leur progéniture dans des voitures d’enfants. Quant à leurs compagnons, ils restaient militairement et impeccablement alignés. Ils ont cela dans le sang !'' »<ref> Ouest-France Ier février 1946</ref>.


===Références===
===Références===
<references/>
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Version actuelle datée du 7 juin 2021 à 09:03


D’étranges « colons » allemands venus d’Alsace internés à Rennes

Des familles allemandes avec enfants, internées depuis novembre 1944 au camp de Schirmeck en Alsace furent amenées à Rennes, le lundi 22 janvier 1945, au camp Margueritte pour les internés administratifs. Ces familles allemandes avaient été installées par le régime national socialiste dans des propriétés alsaciennes pour coloniser cette région rattachée au Reich. Ils étaient 719, ces « colons » allemands, en majorité des femmes et des enfants. Le journal relatant cette arrivée, estime que « peut-être ce séjour et l’annonce prochaine de la défaite allemande feront comprendre à ces nationaux socialistes le drame de l’ambitieuse politique hitlérienne, relief du bellicisme germanique, dont souffre aujourd’hui le monde en guerre mais dont nous délivrera à jamais la victoire en marche »[1].

Dessin d'un détenu en 1945 (Document fourni par Mme Ulrike Weber, petite-fille de Else Fritz, rédactrice d'une pétition demandant des améliorations des conditions de détention)

En fait, il apparaît que, parmi ces internés administratifs, il y avait de nombreux Alsaciens, avec femmes et enfants, qui avaient été expulsés sommairement de leur domicile sans pouvoir rien prendre que ce qu’ils pouvaient porter personnellement. Il s’agissait essentiellement de familles de fonctionnaires de l’administration civile allemande des départements alsaciens-lorrain, qui avaient pratiquement été annexés à l’Allemagne durant l’occupation[2].

En mars, une cinquantaine d’enfants sont hospitalisés. Le 9 mars 1945, les Allemandes de la baraque 9 signent une pétition ; ne s’estimant pas responsables du sort actuel de la France, elles demandent la possibilité de sortir du camp comme d’autres détenues, des Françaises qui, elles ont pourtant collaboré contre leur propre patrie - font-elles remarquer - une amélioration de l’ordinaire pour leurs enfants et l’assistance de la Croix-Rouge pour obtenir huile de foie de morue, savons, réparations des chaussures.

Un an après leur arrivée, le 31 janvier 1946, 400 Allemands internés au camp Margueritte quittent Rennes. Ils sont en gare de Rennes pour rentrer, via Pithiviers, femmes et enfants en tête, suivis d’hommes en civil et d’autres en uniformes de l’organisation Todt. Et le journaliste de remarquer : «  Bien des témoins ont même pu s’étonner un peu de constater leur bonne mine, de les voir chaudement vêtus, gantés de laine, chargés de lourds bagages, sacs tyroliens etc. On remarquait des femmes en longs pantalons, toutes prêtes, en somme, à partir aux sports d'hiver ! Beaucoup poussaient leur progéniture dans des voitures d’enfants. Quant à leurs compagnons, ils restaient militairement et impeccablement alignés. Ils ont cela dans le sang ! »[3].

Références

  1. Ouest-France du 25 janvier 1945
  2. La patrie interdite, de Yann Fouéré (éditions France Empire) - 1987
  3. Ouest-France Ier février 1946