Bannière liberation Rennes 2.jpg

A l'occasion des 80 ans de la libération de Rennes, (re)découvrez l'ensemble des
contributions autour de la Seconde Guerre mondiale et de la libération sur Wiki-Rennes.

« Une rentrée scolaire 1944 » : différence entre les versions

De WikiRennes
Aller à la navigationAller à la recherche
Aucun résumé des modifications
mAucun résumé des modifications
 
(2 versions intermédiaires par le même utilisateur non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
[[Catégorie:Seconde Guerre mondiale|Rentrée]]
[[Catégorie:Seconde Guerre mondiale|Rentrée]]


[[Fichier:Rentr%C3%A9e_des_classes_1944.png|left|200px|thumb| ''Ouest-France'', Rennes, samedi 30 sept- dimanche 1er oct. 1944]]


La rentrée scolaire d’octobre 1944 fut pour beaucoup d’enfants, dont les familles avaient quitté Rennes en 1943 pour fuir les bombardements, un retour à la normale. Mais, pour certains, après une absence d’un an à un an et demi, ce retour dans une ville amochée mais débarrassée des occupants et cette rentrée avaient le goût d’une vraie nouveauté et beaucoup retrouvèrent des conditions souvent différentes en matière de locaux scolaires.
La rentrée scolaire d’octobre 1944 fut pour beaucoup d’enfants, dont les familles avaient quitté Rennes en 1943 pour fuir les bombardements, un retour à la normale. Mais, pour certains, après une absence d’un an à un an et demi, ce retour dans une ville amochée mais débarrassée des occupants et cette rentrée avaient le goût d’une vraie nouveauté et beaucoup retrouvèrent des conditions souvent différentes en matière de locaux scolaires.
[[Fichier:Novembre_1944.jpeg|200px|right|thumb|Novembre 1944: le journal rappelle aux Rennais que la guerre n'est pas finie]]
[[Fichier:Novembre_1944.jpeg|200px|right|thumb|Novembre 1944: le journal rappelle aux Rennais que la guerre n'est pas finie]]
Ainsi pour les enfants de 9 ans qui rentraient à l’école-collège Saint-Vincent de Paul<ref>[[Ecole et lycée Saint-Vincent de Paul]]</ref>, en partie occupée par l’armée américaine, la classe de 8e était installée dans une maison particulière au n° 27 de la [[rue de Châteaudun]]. Nous faisions aller nos galoches sur les trottoirs de la [[rue de Paris]], balançant nos "''cartes''", terme souvent utilisé alors pour "cartables". En classe, la maîtresse, Mademoiselle Rouault, cheveux tirées en arrière pour fournir un chignon, avait eu une idée pour stimuler les écoliers. Elle avait constitué des équipes de 4 garçons symbolisées chacune par un avion de couleur punaisé sur un carton mural divisé en échelle de distances kilométriques, et les avions, censés être des bombardiers avec comme point de départ Rennes, étaient avancés chaque semaine selon la moyenne des résultats de chaque équipe. L’équipe dont l’avion atteindrait le premier le but aurait ainsi l’honneur de bombarder en premier la ville terminus inscrite... BERLIN ! On peut, certes s'étonner maintenant de pareil stimulus, mais placé dans le contexte de l'époque il n'est guère étonnant. C'est que la guerre n'était pas finie et certains avaient leur papa prisonnier, lequel ne rentrerait que dans 6 ou 7 mois, et l'on ignorait le sort des déportés...
Ainsi pour les enfants de 9 ans qui rentraient à l’école-collège Saint-Vincent de Paul<ref>[[Ecole et lycée Saint-Vincent de Paul]]</ref>, en partie occupée par l’armée américaine, la classe de 8e était installée dans une maison particulière au n° 27 de la [[rue de Châteaudun]]. Nous faisions aller nos galoches sur les trottoirs de la [[rue de Paris]], balançant nos "''cartes''", terme souvent utilisé alors pour "cartables". En classe, la maîtresse, Mademoiselle Rouault, cheveux tirées en arrière pour fournir un chignon, avait eu une idée pour stimuler les écoliers. Elle avait constitué des équipes de 4 garçons symbolisées chacune par un avion de couleur punaisé sur un carton mural divisé en échelle de distances kilométriques, et les avions, censés être des bombardiers avec comme point de départ Rennes, étaient avancés chaque semaine selon la moyenne des résultats de chaque équipe. L’équipe dont l’avion atteindrait le premier le but aurait ainsi l’honneur de bombarder en premier la ville terminus inscrite... BERLIN ! On peut, certes s'étonner maintenant de pareil stimulus, mais placé dans le contexte de l'époque il n'est guère étonnant. C'est que la guerre n'était pas finie, comme en Alsace, et certains avaient leur papa prisonnier, lequel ne rentrerait que dans 6 ou 7 mois, et l'on ignorait le sort des déportés...


Après la classe d’après-midi, nous allions en récréation et en « étude » au vrai collège de la rue de Paris<ref>[[École et lycée Saint-Vincent de Paul]]</ref>, et voyions, en haut des marches de l'avenue interne, un détachement de G.Is descendre la bannière étoilée au son de l’hymne américain, tandis que les jeunes « cornichons », élèves de la classe préparatoire à l’école militaire de Saint-Cyr, calot gris-bleu et fond rouge sur la tête, saluaient au garde-à-vous.
Après la classe d’après-midi, nous allions en récréation et en « étude » au vrai collège de la rue de Paris<ref>[[École et lycée Saint-Vincent de Paul]]</ref>, et voyions, en haut des marches de l'avenue interne, un détachement de G.Is descendre la bannière étoilée au son de l’hymne américain, tandis que les jeunes « cornichons », élèves de la classe préparatoire à l’école militaire de Saint-Cyr, calot gris-bleu et fond rouge sur la tête, saluaient au garde-à-vous.

Version actuelle datée du 21 octobre 2024 à 07:37


Ouest-France, Rennes, samedi 30 sept- dimanche 1er oct. 1944

La rentrée scolaire d’octobre 1944 fut pour beaucoup d’enfants, dont les familles avaient quitté Rennes en 1943 pour fuir les bombardements, un retour à la normale. Mais, pour certains, après une absence d’un an à un an et demi, ce retour dans une ville amochée mais débarrassée des occupants et cette rentrée avaient le goût d’une vraie nouveauté et beaucoup retrouvèrent des conditions souvent différentes en matière de locaux scolaires.

Novembre 1944: le journal rappelle aux Rennais que la guerre n'est pas finie

Ainsi pour les enfants de 9 ans qui rentraient à l’école-collège Saint-Vincent de Paul[1], en partie occupée par l’armée américaine, la classe de 8e était installée dans une maison particulière au n° 27 de la rue de Châteaudun. Nous faisions aller nos galoches sur les trottoirs de la rue de Paris, balançant nos "cartes", terme souvent utilisé alors pour "cartables". En classe, la maîtresse, Mademoiselle Rouault, cheveux tirées en arrière pour fournir un chignon, avait eu une idée pour stimuler les écoliers. Elle avait constitué des équipes de 4 garçons symbolisées chacune par un avion de couleur punaisé sur un carton mural divisé en échelle de distances kilométriques, et les avions, censés être des bombardiers avec comme point de départ Rennes, étaient avancés chaque semaine selon la moyenne des résultats de chaque équipe. L’équipe dont l’avion atteindrait le premier le but aurait ainsi l’honneur de bombarder en premier la ville terminus inscrite... BERLIN ! On peut, certes s'étonner maintenant de pareil stimulus, mais placé dans le contexte de l'époque il n'est guère étonnant. C'est que la guerre n'était pas finie, comme en Alsace, et certains avaient leur papa prisonnier, lequel ne rentrerait que dans 6 ou 7 mois, et l'on ignorait le sort des déportés...

Après la classe d’après-midi, nous allions en récréation et en « étude » au vrai collège de la rue de Paris[2], et voyions, en haut des marches de l'avenue interne, un détachement de G.Is descendre la bannière étoilée au son de l’hymne américain, tandis que les jeunes « cornichons », élèves de la classe préparatoire à l’école militaire de Saint-Cyr, calot gris-bleu et fond rouge sur la tête, saluaient au garde-à-vous.

Lorsque j'entends les accents de l'hymne américain, The Star-Spangled Banner Wikipedia-logo-v2.svg, je suis aussitôt ramené à cette année 1944 où je les avais entendus joués pour la première fois en haut des marches du collège et où, après les bombes envoyées sur la ville, les premiers contacts avec ces soldats avaient été générateurs de tablettes de chouine gomme et de chocolat.


Etienne Maignen

Recueilli par --Stephanus 19 janvier 2013 à 12:03 (CET)

Lien interne