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La '''rue des Frères Blin''' est une petite voie résidentielle axée nord-ouest/sud-est, qui descend du [[boulevard de Verdun]] vers le [[canal d’Ille-et-Rance]] quand il est longé par le [[boulevard Maréchal de Lattre de Tassigny]], toute proche de l'ancienne [[Caserne Mac-Mahon]]. | |||
Peu avant d'y aboutir, elle forme, comme la [[rue du Canal]] plus à l'ouest, un carrefour avec la [[rue Auguste Blanqui]]. | |||
Elle honore trois frères, les médecins [[François-Pierre Blin]] et [[Jean-Charles Blin]], et le député [[Joseph Blin]], fils de [[Jacques Bonaventure Blin]], démonstrateur royal en chirurgie à Rennes, conseiller général, et de Françoise Le Forestier de Villeneuve, fille de l'architecte [[François Forestier de Villeneuve]], et petit-fils du maître chirurgien [[Pierre Blin]]. | |||
Cette voie fut dénommée par délibération du conseil municipal de la Ville de Rennes le 24 juillet 1923<ref>à partir de la notice rédigée par Joël DAVID, chargé d'odonymie à la Ville de Rennes, Rennes Métropole</ref>. | |||
== Biographie de Joseph Blin == | |||
[[Fichier:Joseph Blin deputy.jpg|right|200px|thumb|Joseph Blin vers 1798]] | |||
[[Joseph Blin|Joseph-Marie-Jacques Blin]], frère de François-Pierre, est né, à Rennes, le 31 mars 1764. Son père voulait faire de ce cadet un médecin, mais il se heurte à une vive répulsion. Enthousiasmé par la Guerre d'indépendance des États-Unis, il entre à 16 ans au régiment d'Auvergne et sert aux Antilles. | |||
En 1784, à l’expiration de son engagement, il revient à Rennes et entre alors dans les fermes de Bretagne. | |||
En 1789, il fait partie des premiers partisans de la Révolution. Il sera blessé lors des émeutes de la [[Journée des Bricoles]] en janvier 1789. | |||
Il est élu député de Rennes en 1790 à la fédération de Pontivy. Il fait partie des signataires de l'adresse au roi et est administrateur du département d'Ille-et-Vilaine. | |||
En 1791, il obtient un poste de receveur de timbre extraordinaire, qu’il abandonne un an plus tard pour aller à la tête d’une compagnie franche à l’armée commandée par Dumouriez. Un corps prussien ayant envahi la frontière, Joseph Blin y court, nommé par acclamation Capitaine des 150 jeunes Rennais qui lui demandaient de les commander. | |||
Après les hostilités, il rentre dans sa Bretagne et est nommé directeur des Postes de Rennes. | |||
Révolutionnaire modéré, il participe aux assemblées locales, est membre du comité de Salut public de Rennes, et membre de la commission des 5 opposés à la Montagne. Il s'oppose en 1793 aux sinistres projets du représentant [[Carrier à Rennes]]. Carrier va alors sévir à Nantes, d'où il fait arrêter Blin, libéré à fin de 1793 sous la pression de ses compatriotes. Blin est surnommé « le sauveur de la cité ». | |||
Le 26 Germinal de l’an VI (15 avril 1798), il est élu député au conseil des Cinq-Cents, puis passa au corps législatif qu’il quitte en l’an VIII. Pendant les Cent Jours, il se montre anti-royaliste militant. Il appuie cependant le projet pour la surveillance des journaux, vote pour la détention des émigrés naufragés, attire l'attention sur les dangers qui menacent la République. Il s'oppose au coup d'État du 18 brumaire. Après le coup d'État, exclu du Corps législatif, Blin reprend à Rennes ses fonctions de directeur de la poste. | |||
Le 23 avril 1815, il est élu président de la fédération des cinq départements de Bretagne. Lors des Cent-Jours, des fédérations régionales sont créées pour soutenir le régime. Il préside à la rédaction du pacte fédératif, rappelant que la Bretagne avait déployé la première l'étendard de la liberté et cherché à s'opposer à l'invasion étrangère. Il reçoit alors la Légion d'honneur pour son action de fondateur de la fédération où il joue un rôle modérateur, empêchant les fédérés de s'en prendre aux royalistes locaux, et leur ordonne finalement de mettre bas les armes à la seconde Restauration. Révoqué de la direction des postes , en raison de son attitude anti-royaliste, il conserve cependant l'intégralité de son traitement. | |||
En 1830, on lui propose un emploi analogue à Caen, mais il refuse. Coup dur auquel vient se joindre la mort de ses deux fils, il meurt à Rennes, le 22 juillet 1834. | |||
== Biographie de François-Pierre Blin == | |||
François-Pierre Blin est né, à Rennes, le 8 juin 1756 ; comme son père Jacques Blin, Maître en Chirurgie de Rennes, il fait des études de médecine et est reçu docteur à Montpellier. En 1783, il s’installe à Nantes, non sans mal, car la Faculté exigeait pour cette ville, des docteurs formés en son sein. Il s’entend avec son confrère Guillaume Laënnec (Médecin qui éleva son neveu René-Théophile Laënnec, créateur de l’auscultation médicale) pour intenter un procès à la faculté, que la cour de Rennes juge en leur faveur. | |||
Très convaincu par les idées révolutionnaires, en 1788, il est député des États de Bretagne ; le 7 août, avec 12 Nantais il va demander au roi l’égale répartition des impôts, la liberté de réunion, et une plus équitable représentation du tiers-état aux États de Bretagne. | |||
== | Le 4 avril 1789, il est représentant du tiers-état pour la Ville de Nantes, et le 18 avril 1789, il est élu député aux États généraux et à l'Assemblée constituante, il participe à la fondation du [[Club breton]] qui devient le club des Jacobins. | ||
Peu à peu, il perd son ardeur et ses idées évoluent vers la modération ; après un sérieux rappel à l’ordre, en 1791, il reprend donc la direction de Nantes pour exercer la médecine. | |||
En 1792, il se prononce avec énergie contre la République et après la proscription des Girondins, il doit se réfugier à Noirmoutier. Accusé, en 1794, d’avoir suivi l’armée Vendéenne. En Nivose de l’an X (du 22 décembre 1801 au 5 janvier 1802) il est nommé médecin en chef de l’Armée de l’Ouest. | |||
En 1808, sous l’Empire, François-Pierre Blin est professeur d’hygiène et de thérapeutique à l’École de Médecine de Nantes. | |||
Après avoir été Girondin, il est partisan du nouveau régime sous le Premier Empire et royaliste militant sous la Restauration. | |||
De 1815 à 1830, tout en professant à l’École de médecine, il est conseiller à la Préfecture de Nantes. Guillaume Laënnec lui reprochera « d’avoir retourné le bonnet rouge qu’il arborait sous la Révolution » . François-Pierre Blin répondit en riant qu’il « avait bien mérité d’être pendu ». | |||
Vers la fin de sa vie il se retira à Chantenay (44), où il meurt de dysenterie le 4 novembre 1834. | |||
== Biographie de Jean-Charles Blin == | |||
Reçu docteur à Montpellier en 1780, médecin. | Reçu docteur à Montpellier en 1780, médecin. | ||
== Sur la carte == | |||
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== Note et références == | |||
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== Liens externes == | |||
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Version du 7 février 2024 à 09:38
La rue des Frères Blin est une petite voie résidentielle axée nord-ouest/sud-est, qui descend du boulevard de Verdun vers le canal d’Ille-et-Rance quand il est longé par le boulevard Maréchal de Lattre de Tassigny, toute proche de l'ancienne Caserne Mac-Mahon. Peu avant d'y aboutir, elle forme, comme la rue du Canal plus à l'ouest, un carrefour avec la rue Auguste Blanqui.
Elle honore trois frères, les médecins François-Pierre Blin et Jean-Charles Blin, et le député Joseph Blin, fils de Jacques Bonaventure Blin, démonstrateur royal en chirurgie à Rennes, conseiller général, et de Françoise Le Forestier de Villeneuve, fille de l'architecte François Forestier de Villeneuve, et petit-fils du maître chirurgien Pierre Blin.
Cette voie fut dénommée par délibération du conseil municipal de la Ville de Rennes le 24 juillet 1923[1].
Biographie de Joseph Blin
Joseph-Marie-Jacques Blin, frère de François-Pierre, est né, à Rennes, le 31 mars 1764. Son père voulait faire de ce cadet un médecin, mais il se heurte à une vive répulsion. Enthousiasmé par la Guerre d'indépendance des États-Unis, il entre à 16 ans au régiment d'Auvergne et sert aux Antilles.
En 1784, à l’expiration de son engagement, il revient à Rennes et entre alors dans les fermes de Bretagne.
En 1789, il fait partie des premiers partisans de la Révolution. Il sera blessé lors des émeutes de la Journée des Bricoles en janvier 1789.
Il est élu député de Rennes en 1790 à la fédération de Pontivy. Il fait partie des signataires de l'adresse au roi et est administrateur du département d'Ille-et-Vilaine.
En 1791, il obtient un poste de receveur de timbre extraordinaire, qu’il abandonne un an plus tard pour aller à la tête d’une compagnie franche à l’armée commandée par Dumouriez. Un corps prussien ayant envahi la frontière, Joseph Blin y court, nommé par acclamation Capitaine des 150 jeunes Rennais qui lui demandaient de les commander.
Après les hostilités, il rentre dans sa Bretagne et est nommé directeur des Postes de Rennes.
Révolutionnaire modéré, il participe aux assemblées locales, est membre du comité de Salut public de Rennes, et membre de la commission des 5 opposés à la Montagne. Il s'oppose en 1793 aux sinistres projets du représentant Carrier à Rennes. Carrier va alors sévir à Nantes, d'où il fait arrêter Blin, libéré à fin de 1793 sous la pression de ses compatriotes. Blin est surnommé « le sauveur de la cité ».
Le 26 Germinal de l’an VI (15 avril 1798), il est élu député au conseil des Cinq-Cents, puis passa au corps législatif qu’il quitte en l’an VIII. Pendant les Cent Jours, il se montre anti-royaliste militant. Il appuie cependant le projet pour la surveillance des journaux, vote pour la détention des émigrés naufragés, attire l'attention sur les dangers qui menacent la République. Il s'oppose au coup d'État du 18 brumaire. Après le coup d'État, exclu du Corps législatif, Blin reprend à Rennes ses fonctions de directeur de la poste.
Le 23 avril 1815, il est élu président de la fédération des cinq départements de Bretagne. Lors des Cent-Jours, des fédérations régionales sont créées pour soutenir le régime. Il préside à la rédaction du pacte fédératif, rappelant que la Bretagne avait déployé la première l'étendard de la liberté et cherché à s'opposer à l'invasion étrangère. Il reçoit alors la Légion d'honneur pour son action de fondateur de la fédération où il joue un rôle modérateur, empêchant les fédérés de s'en prendre aux royalistes locaux, et leur ordonne finalement de mettre bas les armes à la seconde Restauration. Révoqué de la direction des postes , en raison de son attitude anti-royaliste, il conserve cependant l'intégralité de son traitement.
En 1830, on lui propose un emploi analogue à Caen, mais il refuse. Coup dur auquel vient se joindre la mort de ses deux fils, il meurt à Rennes, le 22 juillet 1834.
Biographie de François-Pierre Blin
François-Pierre Blin est né, à Rennes, le 8 juin 1756 ; comme son père Jacques Blin, Maître en Chirurgie de Rennes, il fait des études de médecine et est reçu docteur à Montpellier. En 1783, il s’installe à Nantes, non sans mal, car la Faculté exigeait pour cette ville, des docteurs formés en son sein. Il s’entend avec son confrère Guillaume Laënnec (Médecin qui éleva son neveu René-Théophile Laënnec, créateur de l’auscultation médicale) pour intenter un procès à la faculté, que la cour de Rennes juge en leur faveur.
Très convaincu par les idées révolutionnaires, en 1788, il est député des États de Bretagne ; le 7 août, avec 12 Nantais il va demander au roi l’égale répartition des impôts, la liberté de réunion, et une plus équitable représentation du tiers-état aux États de Bretagne.
Le 4 avril 1789, il est représentant du tiers-état pour la Ville de Nantes, et le 18 avril 1789, il est élu député aux États généraux et à l'Assemblée constituante, il participe à la fondation du Club breton qui devient le club des Jacobins.
Peu à peu, il perd son ardeur et ses idées évoluent vers la modération ; après un sérieux rappel à l’ordre, en 1791, il reprend donc la direction de Nantes pour exercer la médecine.
En 1792, il se prononce avec énergie contre la République et après la proscription des Girondins, il doit se réfugier à Noirmoutier. Accusé, en 1794, d’avoir suivi l’armée Vendéenne. En Nivose de l’an X (du 22 décembre 1801 au 5 janvier 1802) il est nommé médecin en chef de l’Armée de l’Ouest.
En 1808, sous l’Empire, François-Pierre Blin est professeur d’hygiène et de thérapeutique à l’École de Médecine de Nantes.
Après avoir été Girondin, il est partisan du nouveau régime sous le Premier Empire et royaliste militant sous la Restauration.
De 1815 à 1830, tout en professant à l’École de médecine, il est conseiller à la Préfecture de Nantes. Guillaume Laënnec lui reprochera « d’avoir retourné le bonnet rouge qu’il arborait sous la Révolution » . François-Pierre Blin répondit en riant qu’il « avait bien mérité d’être pendu ».
Vers la fin de sa vie il se retira à Chantenay (44), où il meurt de dysenterie le 4 novembre 1834.
Biographie de Jean-Charles Blin
Reçu docteur à Montpellier en 1780, médecin.
Sur la carte
Note et références
- ↑ à partir de la notice rédigée par Joël DAVID, chargé d'odonymie à la Ville de Rennes, Rennes Métropole