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[[Fichier:Mariage le 19 avril 1922 à l’Eglise Toussaints de Rennes.png|vignette|Mariage de Marguerite Chanvril et Théophile Lognoné le 19 avril 1922 à l’Eglise Toussaints de Rennes]]
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'''Eugène Dolon''' est un capitaine du 41eme Régiment d'Infanterie, chevalier de la Légion d'honneur, décoré de la Croix de Guerre à Rennes.
'''Eugène Dolon''' est un capitaine du 41eme Régiment d'Infanterie, chevalier de la Légion d'honneur, décoré de la Croix de Guerre à Rennes.


Il a été témoin du mariage de [[Marguerite Chanvril]] et [[Théophile Lognoné]] célébré le 19 avril 1922 à l’[[Eglise Toussaints]] de Rennes.
Il a été témoin du mariage de [[Marguerite Chanvril]] et [[Théophile Lognoné]] (horloger) célébré le 19 avril 1922 à l’[[Eglise Toussaints]] de Rennes.
 
La présence d'un militaire à ce mariage est symbolique dans la mesure où l'Eglise Toussaints est situé [[Rue du Capitaine Alfred Dreyfus]].
 
Les troupes étaient réunis devant l'église Toussaints, le 9 septembre 1899, jour du verdict. Le capitaine Dreyfus, défendu par Me Fernand Labori et Me Charles Demange sera condamné, le samedi 9 septembre 1899, par cinq voix contre 2, à dix ans avec circonstances atténuantes, avant d'être gracié dix jours plus tard, par le président Loubet. La grâce n'efface pas la culpabilité jugée. Mais le jugement de Rennes ne sera cassé qu'en 1906 avec la réhabilitation.
 
== Rennes sur le chemin de la réconciliation et du vivre-ensemble dans les années 20==
 
=== La quête d'une nouvelle mixité sociale et d'affectation ===
 
L'esprit des Années folles et la fin de la Première Guerre mondiale participent à une nouvelle forme de mixité sociale et d'affectation dans laquelle progressent Eugène Dolon et la société civile et militaire dans son ensemble.
 
Si la presse rennaise était majoritairement antidreyfusarde, Dreyfus a reconstruit sa vie. Bien qu'âgé de 55 ans en 1914, l'officier réserviste Alfred Dreyfus est mobilisé durant toute la Grande Guerre et participe notamment aux dramatiques combats du Chemin des Dames.
 
Mobilisé pendant la Première Guerre mondiale, en tant que chef d'escadron d'artillerie de réserve, il est affecté à l'état-major de l'artillerie du camp retranché de Paris ; puis, à partir de 1917, au parc d'artillerie de la 168e division. Il participe aux combats du Chemin des Dames et de Verdun. En septembre 1918, il est élevé au grade de lieutenant-colonel et, le 9 juillet 1919, promu officier de la Légion d'honneur.
 
=== L'entrée dans les Années folles ===
 
Les Années folles constituent une période charnière de l'histoire du XXe siècle, synonyme de progrès. Cette dernière débute à Rennes vers 1920, au lendemain de la Première Guerre mondiale. L'utopie positiviste du XIXe siècle et son credo progressiste font place avec Charles-Édouard Jeanneret-Gris, dit Le Corbusier, architecte, urbaniste, décorateur, peintre, sculpteur originaire de la Chaux-de-Fonds, qui influencera par la suite [[Georges Maillols]], l'architecte qui a redessiné Rennes pendant les Trente Glorieuses<ref>https://www.tourisme-rennes.com/decouvrir-rennes/histoire/architecture-maillols/</ref>.
 
==== Le temps de l’horlogerie et du chemin de fer accélère cohésion et performances créatives ====
 
Les échanges techniques se multiplient avec le reste de l'Europe. Dans les années 20, Le Corbusier quitte La Chaux-de-Fonds et s'installe en France. Karl Marx disait que la ville de La Chaux-de-Fonds ne forme qu'une vaste manufacture, sorte de gigantesque ville-usine<ref>https://fr.worldtempus.com/article/patrimoine-la-chaux-de-fonds-ville-improbable-10760.html</ref>.
 
Quand il analyse la division du travail dans Le Capital, Karl Marx prend comme exemple l’industrie horlogère du Jura suisse et invente à propos de La Chaux-de-Fonds le terme de « ville-manufacture »<ref>https://whc.unesco.org/fr/list/1302/</ref>.
 
Grâce aux échanges horlogers et commerçants avec des communautés de Suisse et d'Alsace, Rennes retrouve des lettres de noblesse d'attractivité et de centralité au détriment de sa périphérie où des familles inventives et porteuses d'un capitalisme familial s'étaient exilées à Dol-de-Bretagne, Saint-Malo ou Vitré.
 
Les Juifs venant d'Alsace avaient déjà joué un rôle économique et culturel important en Suisse dans les montagnes Neuchâteloises, la communauté comptant à cette époque 850 israélites. La synagogue de La Chaux-de-Fonds construite en 1896 était une des plus grandes de Suisse. Dès 1900, La Chaux-de-Fonds était un centre important de production et du commerce de la montre. La production se mécanise dans les manufactures horlogères.
==== Marchands de paix et de prospérité du futur ====
 
Avec la bénédiction d'Eugène Dolon, des familles commerçantes et horlogères forment des alliances à Rennes. Parmi les grandes familles rennaises commerçantes, Alice Chanvril (1889-1966) se marie avec un avocat juif rennais, Charles Herbert. Celle-ci a géré l'enseigne rennaise : Aux Travailleurs, magasin de vêtements et d'équipements qui a existé pendant plusieurs décennies.
 
Les horlogers cultivent une réputation de véritables aristocrates prolétariens. Les plans d'urbanisme des villes qu'ils souhaitent voir prospérer ou dans lesquelles ils se sont formés sont clairs, généreux, mais à dimension humaine. Il y a du pragmatisme dans l'esprit du lieu, mais aussi un certain respect de l'autre, qu'il soit riche ou pauvre, d'ici ou d'ailleurs.
 
== Les plaies de la guerre pour reconstruire un espace de paix et d'échange ==
 
« il allait prendre une belle raclée qui laverait l'affront de 1870 et ferait oublier la honte de l'affaire Dreyfus pour l'Armée française » disait-on.
 
== Récit du maintien de l’ordre en gare de Troyes par Paul Ricadat. ==
 
L’auteur, né en 1893 à Sedan, sergent au 33e RI au moment des mutineries, est chargé par le capitaine Dolon dont il est « l’homme de confiance » d’une mission temporaire de maintien de l’ordre face aux permissionnaires mutinés en gare de Troyes au mois de juin 1917. Il raconte longuement cette expérience ambiguë dans Petits récits d’un grand drame (1914-1918) Histoire de mes vingt ans, Paris, Editions La Bruyère, 1986, p. 172-183.
 
== Mutineries de 1917 ==
 
Les mutineries de 1917 désignent généralement la série de révoltes ayant eu lieu au sein des forces armées françaises au cours de l'année 1917, pendant la Première Guerre mondiale. Des mutineries ont toutefois eu lieu la même année dans les forces armées d'autres pays.
 
De nombreux facteurs expliquent cette rébellion française, notamment l'échec humiliant de la bataille du Chemin des Dames au printemps 1917, offensive dirigée par le général Nivelle qui entraîna environ 200 000 victimes (morts, disparus et blessés) côté français. Les conditions de vie effroyables auxquelles devaient faire face les soldats français — le froid, la boue et le déluge d'obus n'étant que quelques facteurs parmi tant d'autres — eurent également un impact sur l'état d'esprit des troupes.
 
== Décorations militaires ==
 
Première Guerre mondiale<ref>https://horizon14-18.eu/wa_files/45eRI.pdf</ref>
 
== Sources ==
 
Petits récits d’un grand drame (1914-1918)
Histoire de mes vingt ans, Paris, Editions La Bruyère, 1986, p. 172-183.

Version du 1 février 2024 à 20:49

Les troupes devant l'église Toussaints, le 9 septembre, jour du verdict du capitaine Dreyfus
Eugène Dolon, témoin du mariage Lognoné x Chanvril 1922 à l'église Toussaints de Rennes
Mariage de Marguerite Chanvril et Théophile Lognoné le 19 avril 1922 à l’Eglise Toussaints de Rennes

Eugène Dolon est un capitaine du 41eme Régiment d'Infanterie, chevalier de la Légion d'honneur, décoré de la Croix de Guerre à Rennes.

Il a été témoin du mariage de Marguerite Chanvril et Théophile Lognoné (horloger) célébré le 19 avril 1922 à l’Eglise Toussaints de Rennes.

La présence d'un militaire à ce mariage est symbolique dans la mesure où l'Eglise Toussaints est situé Rue du Capitaine Alfred Dreyfus.

Les troupes étaient réunis devant l'église Toussaints, le 9 septembre 1899, jour du verdict. Le capitaine Dreyfus, défendu par Me Fernand Labori et Me Charles Demange sera condamné, le samedi 9 septembre 1899, par cinq voix contre 2, à dix ans avec circonstances atténuantes, avant d'être gracié dix jours plus tard, par le président Loubet. La grâce n'efface pas la culpabilité jugée. Mais le jugement de Rennes ne sera cassé qu'en 1906 avec la réhabilitation.

Rennes sur le chemin de la réconciliation et du vivre-ensemble dans les années 20

La quête d'une nouvelle mixité sociale et d'affectation

L'esprit des Années folles et la fin de la Première Guerre mondiale participent à une nouvelle forme de mixité sociale et d'affectation dans laquelle progressent Eugène Dolon et la société civile et militaire dans son ensemble.

Si la presse rennaise était majoritairement antidreyfusarde, Dreyfus a reconstruit sa vie. Bien qu'âgé de 55 ans en 1914, l'officier réserviste Alfred Dreyfus est mobilisé durant toute la Grande Guerre et participe notamment aux dramatiques combats du Chemin des Dames.

Mobilisé pendant la Première Guerre mondiale, en tant que chef d'escadron d'artillerie de réserve, il est affecté à l'état-major de l'artillerie du camp retranché de Paris ; puis, à partir de 1917, au parc d'artillerie de la 168e division. Il participe aux combats du Chemin des Dames et de Verdun. En septembre 1918, il est élevé au grade de lieutenant-colonel et, le 9 juillet 1919, promu officier de la Légion d'honneur.

L'entrée dans les Années folles

Les Années folles constituent une période charnière de l'histoire du XXe siècle, synonyme de progrès. Cette dernière débute à Rennes vers 1920, au lendemain de la Première Guerre mondiale. L'utopie positiviste du XIXe siècle et son credo progressiste font place avec Charles-Édouard Jeanneret-Gris, dit Le Corbusier, architecte, urbaniste, décorateur, peintre, sculpteur originaire de la Chaux-de-Fonds, qui influencera par la suite Georges Maillols, l'architecte qui a redessiné Rennes pendant les Trente Glorieuses[1].

Le temps de l’horlogerie et du chemin de fer accélère cohésion et performances créatives

Les échanges techniques se multiplient avec le reste de l'Europe. Dans les années 20, Le Corbusier quitte La Chaux-de-Fonds et s'installe en France. Karl Marx disait que la ville de La Chaux-de-Fonds ne forme qu'une vaste manufacture, sorte de gigantesque ville-usine[2].

Quand il analyse la division du travail dans Le Capital, Karl Marx prend comme exemple l’industrie horlogère du Jura suisse et invente à propos de La Chaux-de-Fonds le terme de « ville-manufacture »[3].

Grâce aux échanges horlogers et commerçants avec des communautés de Suisse et d'Alsace, Rennes retrouve des lettres de noblesse d'attractivité et de centralité au détriment de sa périphérie où des familles inventives et porteuses d'un capitalisme familial s'étaient exilées à Dol-de-Bretagne, Saint-Malo ou Vitré.

Les Juifs venant d'Alsace avaient déjà joué un rôle économique et culturel important en Suisse dans les montagnes Neuchâteloises, la communauté comptant à cette époque 850 israélites. La synagogue de La Chaux-de-Fonds construite en 1896 était une des plus grandes de Suisse. Dès 1900, La Chaux-de-Fonds était un centre important de production et du commerce de la montre. La production se mécanise dans les manufactures horlogères.

Marchands de paix et de prospérité du futur

Avec la bénédiction d'Eugène Dolon, des familles commerçantes et horlogères forment des alliances à Rennes. Parmi les grandes familles rennaises commerçantes, Alice Chanvril (1889-1966) se marie avec un avocat juif rennais, Charles Herbert. Celle-ci a géré l'enseigne rennaise : Aux Travailleurs, magasin de vêtements et d'équipements qui a existé pendant plusieurs décennies.

Les horlogers cultivent une réputation de véritables aristocrates prolétariens. Les plans d'urbanisme des villes qu'ils souhaitent voir prospérer ou dans lesquelles ils se sont formés sont clairs, généreux, mais à dimension humaine. Il y a du pragmatisme dans l'esprit du lieu, mais aussi un certain respect de l'autre, qu'il soit riche ou pauvre, d'ici ou d'ailleurs.

Les plaies de la guerre pour reconstruire un espace de paix et d'échange

« il allait prendre une belle raclée qui laverait l'affront de 1870 et ferait oublier la honte de l'affaire Dreyfus pour l'Armée française » disait-on.

Récit du maintien de l’ordre en gare de Troyes par Paul Ricadat.

L’auteur, né en 1893 à Sedan, sergent au 33e RI au moment des mutineries, est chargé par le capitaine Dolon dont il est « l’homme de confiance » d’une mission temporaire de maintien de l’ordre face aux permissionnaires mutinés en gare de Troyes au mois de juin 1917. Il raconte longuement cette expérience ambiguë dans Petits récits d’un grand drame (1914-1918) Histoire de mes vingt ans, Paris, Editions La Bruyère, 1986, p. 172-183.

Mutineries de 1917

Les mutineries de 1917 désignent généralement la série de révoltes ayant eu lieu au sein des forces armées françaises au cours de l'année 1917, pendant la Première Guerre mondiale. Des mutineries ont toutefois eu lieu la même année dans les forces armées d'autres pays.

De nombreux facteurs expliquent cette rébellion française, notamment l'échec humiliant de la bataille du Chemin des Dames au printemps 1917, offensive dirigée par le général Nivelle qui entraîna environ 200 000 victimes (morts, disparus et blessés) côté français. Les conditions de vie effroyables auxquelles devaient faire face les soldats français — le froid, la boue et le déluge d'obus n'étant que quelques facteurs parmi tant d'autres — eurent également un impact sur l'état d'esprit des troupes.

Décorations militaires

Première Guerre mondiale[4]

Sources

Petits récits d’un grand drame (1914-1918) Histoire de mes vingt ans, Paris, Editions La Bruyère, 1986, p. 172-183.