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'''Louis-René de Caradeuc de La Chalotais''' (né à Rennes le 6 mars 1701 dans le petit hôtel particulier de l'actuelle [[rue Gambetta]] et mort à Rennes le 12 juillet 1785) fut procureur général du Parlement de Bretagne, et une des principales personnalités du mouvement de la fronde parlementaire qui se déroula à la fin du règne de Louis XV.
== Louis-René de Caradeuc de La Chalotais ==


Sa famille appartenait à la noblesse de robe originaire de Bretagne (le château de Caradeuc à Bécherel appartient toujours aux descendants de cette famille).
(6 mars 1701, Rennes - 12 juillet 1785, Rennes)


La Chalotais fut nommé avocat général au [[Parlement de Bretagne]] en [[1730]] et procureur général en [[1752]].
L'enfant né dans le petit hôtel particulier de l'actuelle [[rue Gambetta]], n° 13, devint procureur général du Parlement de Bretagne, et une des principales personnalités du mouvement de la fronde parlementaire qui se déroula à la fin du règne de Louis XV.


Opposant farouche des Jésuites, il présenta au Parlement en [[1761]] un mémoire sur les constitutions de l'Ordre qui contribua à sa suppression en France. En [[1763]], il publia un Essai d'éducation nationale, dans lequel il proposait un programme d'enseignements scientifiques destiné à se substituer à ceux des Jésuites.
Sa famille appartenait à la noblesse de robe originaire de Bretagne (le château de Caradeuc à [[Bécherel]] appartient toujours aux descendants de cette famille).


Cette même année, commençait le conflit entre les Etats de Bretagne et le gouverneur de la province, le [[duc d'Aiguillon]], auquel la Chalotais était très hostile. Les Etats ayant refusé de voter les impôts extraordinaires demandés par le gouverneur au nom du roi, il prit la tête d'une opposition où le Parlement se rangea aux côtés des Etats, interdisant la levée d'impôts auxquels les Etats n'auraient pas consenti. L'annulation de cet arrêt par le roi entraîna la démission de tous les membres du Parlement sauf douze.
La Chalotais fut nommé avocat général au [[Parlement de Bretagne]] en 1730 et procureur général en 1752.


Le Secrétaire d'État à la Maison du Roi, chargé des affaires de la province, Louis Phélypeaux, comte de Saint-Florentin, ayant reçu deux lettres anonymes, et des lettres ayant été "trouvées" chez M. de La Chalotais dévoilant "''les égarements de l'esprit de cabale et d'indépendance''", et dans l'une on lisait : "''Les casuistes qui ont décidé qu'on ne pouvait, en conscience, donner sa démission, et qu'il fallait en tout obéir au roi, sont de grands J.F. et ceux qui les croient.'' (NB : "J.F. : Jean-Foutre) "<ref>''Rennes Moderne'' par A Marteville, t.3</ref> celui-ci fut suspecté d'en être l'auteur, ce que confirmèrent trois experts. Son arrestation et celle de son fils, en l'hôtel de Marbeuf qu'il avait acquis l'année précédente (actuellement [[rue du général Maurice Guillaudot]]), ainsi que celle de quatre autres conseillers, le 10 novembre 1765, fit scandale et crier au despotisme. La Chalotais fut enfermé au château du Taureau, près de Morlaix, puis au couvent des Cordeliers de Rennes mais, par crainte que sa popularité ne rendît difficile cette détention, on le transféra au château de Saint-Malo. Il écrivit quatre mémoires pour se disculper et Voltaire y alla de sa plume, décrivant La Chalotais réduit, faute d'encre, à écrire sa défense avec un cure-dent trempé dans du vinaigre.
Opposant farouche des Jésuites, il présenta au Parlement en 1761 un mémoire sur les constitutions de l'Ordre qui contribua à sa suppression en France. En 1763, il publia un Essai d'éducation nationale, dans lequel il proposait un programme d'enseignements scientifiques destiné à se substituer à ceux des Jésuites.
 
Cette même année, commençait le conflit entre les États de Bretagne et le gouverneur de la province, le duc d'Aiguillon, auquel La Chalotais était très hostile. Les États ayant refusé de voter les impôts extraordinaires demandés par le gouverneur au nom du roi, il prit la tête d'une opposition où le Parlement se rangea aux côtés des États, interdisant la levée d'impôts auxquels les États n'auraient pas consenti. L'annulation de cet arrêt par le roi entraîna la démission de tous les membres du Parlement sauf douze.
 
Le Secrétaire d'État à la Maison du Roi, chargé des affaires de la province, Louis Phélypeaux, comte de Saint-Florentin, ayant reçu deux lettres anonymes, et des lettres ayant été "trouvées" chez M. de La Chalotais dévoilant "''les égarements de l'esprit de cabale et d'indépendance''", et dans l'une on lisait : "''Les casuistes qui ont décidé qu'on ne pouvait, en conscience, donner sa démission, et qu'il fallait en tout obéir au roi, sont de grands J.F. et ceux qui les croient.'' (NB : "J.F. : Jean-Foutre) "<ref>''Rennes Moderne'' par A Marteville, t.3</ref> celui-ci fut suspecté d'en être l'auteur, ce que confirmèrent trois experts. Son arrestation et celle de son fils, en l'hôtel de Marbeuf qu'il avait acquis l'année précédente (actuellement [[rue Général Maurice Guillaudot]]), ainsi que celle de quatre autres conseillers, le 10 novembre 1765, fit scandale et crier au despotisme. La Chalotais fut enfermé au château du Taureau, près de Morlaix, puis au couvent des Cordeliers de Rennes mais, par crainte que sa popularité ne rendît difficile cette détention, on le transféra au château de Saint-Malo. Il écrivit quatre mémoires pour se disculper et Voltaire y alla de sa plume, décrivant La Chalotais réduit, faute d'encre, à écrire sa défense avec un cure-dent trempé dans du vinaigre.
[[Fichier:Statue_de_la_chalotais.jpeg|200px|right|thumb|La statue de La Chalotais, l'une des quatre qui figuraient devant le Palais du Parlement]]
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"''Rennes vit bientôt avec stupeur une espèce de cour martiale s'installer dans le Palais''" pour juger les magistrats prisonniers, écrit Marteville. La Chalotais plaida l'illégalité du procès, soutenant que, comme procureur général, il avait le droit d'être jugé par le Parlement de Bretagne ou, à défaut, par celui de Bordeaux, conformément à la coutume de la province. Les juges n'osèrent pas le condamner sur la base d'expertises en écriture. Louis XV décida alors d'évoquer l'affaire devant le Conseil qui exila La Chalotais à Saintes (mai 1767). Cette sentence augmenta la fermentation des esprits. Philosophes, parlementaires, Jansénistes soutinrent que La Chalotais était victime de la vindicte du duc d'Aiguillon et des Jésuites. Des lettres-patentes du 5 août 1769 arrêtèrent le cours de la justice pour étouffer l'affaire et les parlements de mettre en cause le pouvoir du roi d'empêcher la justice. Le Roi ayant accepté de rappeler les parlementaires bretons qui avaient démissionné, le Parlement se réunit et réclama le retour des deux La Chalotais qui finit par être accordé en 1775 après que le nouveau roi, Louis XVI, eut rappelé les anciens parlements, revenant ainsi sur la réforme du chancelier Maupeou. Le château de Caradeuc, sous Bécherel, fut érigé en marquisat. La Chalotais fut autorisé à transmettre son office à son fils.
"''Rennes vit bientôt avec stupeur une espèce de cour martiale s'installer dans le Palais''" pour juger les magistrats prisonniers, écrit Marteville <ref>[[rue Marteville]]</ref>. La Chalotais plaida l'illégalité du procès, soutenant que, comme procureur général, il avait le droit d'être jugé par le Parlement de Bretagne ou, à défaut, par celui de Bordeaux, conformément à la coutume de la province. Les juges n'osèrent pas le condamner sur la base d'expertises en écriture. Louis XV décida alors d'évoquer l'affaire devant le Conseil qui exila La Chalotais à Saintes (mai 1767). Cette sentence augmenta la fermentation des esprits. Philosophes, parlementaires, Jansénistes soutinrent que La Chalotais était victime de la vindicte du duc d'Aiguillon et des Jésuites. Des lettres-patentes du 5 août 1769 arrêtèrent le cours de la justice pour étouffer l'affaire et les parlements de mettre en cause le pouvoir du roi d'empêcher la justice. Le Roi ayant accepté de rappeler les parlementaires bretons qui avaient démissionné, le Parlement se réunit et réclama le retour des deux La Chalotais qui finit par être accordé en 1775 après que le nouveau roi, Louis XVI, eut rappelé les anciens parlements, revenant ainsi sur la réforme du chancelier Maupeou. Le château de Caradeuc, sous Bécherel, fut érigé en marquisat. La Chalotais fut autorisé à transmettre son office à son fils.
 
Une des quatre statues qui ornaient la façade du palais sur la [[place du Parlement de Bretagne]] jusque dans les années soixante-dix du siècle dernier était celle de La Chalotais, fulminant son fameux réquisitoire dans l'affaire des Jésuites, et la ville donna en 1862 à la rue parallèle au quai allant de la [[rue de Nemours]] à la [[place de Bretagne]] le nom de [[rue de La Chalotais]].


Une des quatre statues qui ornaient la façade du palais sur la [[ place du Parlement de Bretagne]] jusque dans les années soixante-dix du siècle dernier était celle de La Chalotais, fulminant son fameux réquisitoire dans l'affaire des Jésuites, et la ville donna en 1862 à la rue parallèle au quai allant de la [[rue de Nemours]] à la [[place de Bretagne]] le nom de [[rue de La Chalotais]].
== Lien interne ==
====lien interne====
[[Place du Parlement de Bretagne]]
[[Place du Parlement de Bretagne]]


====références====
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<references/>
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La Chalotais.jpg

Louis-René de Caradeuc de La Chalotais

(6 mars 1701, Rennes - 12 juillet 1785, Rennes)

L'enfant né dans le petit hôtel particulier de l'actuelle rue Gambetta, n° 13, devint procureur général du Parlement de Bretagne, et une des principales personnalités du mouvement de la fronde parlementaire qui se déroula à la fin du règne de Louis XV.

Sa famille appartenait à la noblesse de robe originaire de Bretagne (le château de Caradeuc à Bécherel appartient toujours aux descendants de cette famille).

La Chalotais fut nommé avocat général au Parlement de Bretagne en 1730 et procureur général en 1752.

Opposant farouche des Jésuites, il présenta au Parlement en 1761 un mémoire sur les constitutions de l'Ordre qui contribua à sa suppression en France. En 1763, il publia un Essai d'éducation nationale, dans lequel il proposait un programme d'enseignements scientifiques destiné à se substituer à ceux des Jésuites.

Cette même année, commençait le conflit entre les États de Bretagne et le gouverneur de la province, le duc d'Aiguillon, auquel La Chalotais était très hostile. Les États ayant refusé de voter les impôts extraordinaires demandés par le gouverneur au nom du roi, il prit la tête d'une opposition où le Parlement se rangea aux côtés des États, interdisant la levée d'impôts auxquels les États n'auraient pas consenti. L'annulation de cet arrêt par le roi entraîna la démission de tous les membres du Parlement sauf douze.

Le Secrétaire d'État à la Maison du Roi, chargé des affaires de la province, Louis Phélypeaux, comte de Saint-Florentin, ayant reçu deux lettres anonymes, et des lettres ayant été "trouvées" chez M. de La Chalotais dévoilant "les égarements de l'esprit de cabale et d'indépendance", et dans l'une on lisait : "Les casuistes qui ont décidé qu'on ne pouvait, en conscience, donner sa démission, et qu'il fallait en tout obéir au roi, sont de grands J.F. et ceux qui les croient. (NB : "J.F. : Jean-Foutre) "[1] celui-ci fut suspecté d'en être l'auteur, ce que confirmèrent trois experts. Son arrestation et celle de son fils, en l'hôtel de Marbeuf qu'il avait acquis l'année précédente (actuellement rue Général Maurice Guillaudot), ainsi que celle de quatre autres conseillers, le 10 novembre 1765, fit scandale et crier au despotisme. La Chalotais fut enfermé au château du Taureau, près de Morlaix, puis au couvent des Cordeliers de Rennes mais, par crainte que sa popularité ne rendît difficile cette détention, on le transféra au château de Saint-Malo. Il écrivit quatre mémoires pour se disculper et Voltaire y alla de sa plume, décrivant La Chalotais réduit, faute d'encre, à écrire sa défense avec un cure-dent trempé dans du vinaigre.

La statue de La Chalotais, l'une des quatre qui figuraient devant le Palais du Parlement

"Rennes vit bientôt avec stupeur une espèce de cour martiale s'installer dans le Palais" pour juger les magistrats prisonniers, écrit Marteville [2]. La Chalotais plaida l'illégalité du procès, soutenant que, comme procureur général, il avait le droit d'être jugé par le Parlement de Bretagne ou, à défaut, par celui de Bordeaux, conformément à la coutume de la province. Les juges n'osèrent pas le condamner sur la base d'expertises en écriture. Louis XV décida alors d'évoquer l'affaire devant le Conseil qui exila La Chalotais à Saintes (mai 1767). Cette sentence augmenta la fermentation des esprits. Philosophes, parlementaires, Jansénistes soutinrent que La Chalotais était victime de la vindicte du duc d'Aiguillon et des Jésuites. Des lettres-patentes du 5 août 1769 arrêtèrent le cours de la justice pour étouffer l'affaire et les parlements de mettre en cause le pouvoir du roi d'empêcher la justice. Le Roi ayant accepté de rappeler les parlementaires bretons qui avaient démissionné, le Parlement se réunit et réclama le retour des deux La Chalotais qui finit par être accordé en 1775 après que le nouveau roi, Louis XVI, eut rappelé les anciens parlements, revenant ainsi sur la réforme du chancelier Maupeou. Le château de Caradeuc, sous Bécherel, fut érigé en marquisat. La Chalotais fut autorisé à transmettre son office à son fils.

Une des quatre statues qui ornaient la façade du palais sur la place du Parlement de Bretagne jusque dans les années soixante-dix du siècle dernier était celle de La Chalotais, fulminant son fameux réquisitoire dans l'affaire des Jésuites, et la ville donna en 1862 à la rue parallèle au quai allant de la rue de Nemours à la place de Bretagne le nom de rue de La Chalotais.

Lien interne

Place du Parlement de Bretagne

Références

  1. Rennes Moderne par A Marteville, t.3
  2. rue Marteville