A l'occasion des 80 ans de la libération de Rennes, (re)découvrez l'ensemble des
contributions autour de la Seconde Guerre mondiale et de la libération sur Wiki-Rennes.
« Jardin Violette Jacquet-Silberstein » : différence entre les versions
Aucun résumé des modifications |
Aucun résumé des modifications |
||
Ligne 27 : | Ligne 27 : | ||
''Notice biographique Joël David - Ville de Rennes – Rennes Métropole - Service ResCom'' | ''Notice biographique Joël David - Ville de Rennes – Rennes Métropole - Service ResCom'' | ||
[[Catégorie:Matrimoine|Jacquet-Silberstein]] | [[Catégorie:Matrimoine|Jacquet-Silberstein, Jardin Violette]] | ||
[[Catégorie:Voie de Rennes]] | [[Catégorie:Voie de Rennes]] | ||
[[Catégorie:Voie portant un nom de femme|Jacquet-Silberstein]] | [[Catégorie:Voie portant un nom de femme|Jacquet-Silberstein, , Jardin Violette]] |
Version du 14 février 2023 à 16:20
Le jardin Violette Jacquet-Silberstein (Liorzh Violette Jacquet-Silberstein ) a été dénommé par par délibération du conseil municipal de Rennes du 1er avril 2019 pour rendre hommage à :
Violette Jacquet-Silberstein
Déportée à Auschwitz-Birkenau (1925 - 2014)
Violette Silberstein est née le 9 novembre 1925, à Petroșani, en Roumanie, dans une famille juive hongroise. Elle a trois ans lorsque la famille arrive en France, d'abord à Boulogne-sur-Mer, puis au Havre où son père exerce le métier de tailleur. Tous les trois vivent dans la même pièce et dorment dans le même lit.
Parmi les amis qui leurs rendent visite de temps à autre, il y a un violoniste. Alors qu'un soir, cet ami joue un morceau de violon, la jeune violette l'accompagne en chantonnant. On la trouve douée et qu'elle a le ton juste. A sept ans, on la met au violon. Violette progresse très vite en musique et plus particulièrement sur les airs tziganes. En 1938, la famille Silberstein obtient la nationalité française.
Dès la déclaration de la guerre en 1939, Anton, son père est mobilisé. En 1940, avec l'avancée des troupes allemandes, Violette, qui a 14 ans, part sur les chemin de l'exode en compagnie de sa mère. Après un mois passé en Bretagne, la famille retourne au Havre où elle demeure jusqu'en 1942. Démobilisé, son père les a rejoints. Désormais, ils sont devenus apatrides car le gouvernement de Vichy leur a retiré la nationalité française et il leur faut porter l'étoile jaune. Violette est alors envoyée chez des amis à Paris, bientôt rejointe par ses parents, pensant être plus anonyme en ville. Le 16 juillet 1942, c'est la rafle du Vel d'Hiv. Le danger est maintenant partout pour les juifs. La famille Silberstein entre dans la clandestinité et part se réfugier à Lille, chez un oncle maternel, qui lui ne s'est pas déclaré juif. Mais l'amant de sa tante, un italien qui trafique avec l'occupant, adepte du marché noir, dénonce toute la famille.
Ils sont arrêtés par la Gestapo, le 1er juillet 1943 et emprisonnés à Loos (Nord). Ils passent ensuite en Belgique, d'abord la prison Saint-Gilles, à Bruxelles puis au camp de Malines, avant d'arriver au camp d'Auschwitz-Birkenau, en Pologne, le 2 août 1943. Dès leur arrivée, les hommes et les femmes sont séparés, tandis que Violette prend la direction des baraquements, sa mère est embarquée dans un camion.
Durant plus de trois heures, elles interrogent les autres détenues pour savoir où ont pu être emmenés ses parents, personne ne lui répond. La réponse vient alors de la femme qui est en train de la tatouer, qui par un simple mouvement de la tête lui désigne deux cheminées d'où s'échappe une épaisse fumée. Violette est surprise que, dès leur arrivée; on ait pu les envoyer travailler dans une usine. La tatoueuse lui explique que c'est plutôt une usine de la mort.
À 17 ans, Violette, devenue le matricule 51937, comprend alors qu'elle ne reverra plus ses parents et qu'ils ont été vraisemblablement gazés. Elle est effondrée et n'a qu'une seule idée en tête, mourir elle-même. C'est pourquoi, lorsqu'un SS passe dans les blocs pour demander qui sait jouer de la musique, elle refuse estimant qu'il serait indécent d'aller faire de la musique alors que ses parents étaient morts. Deux détenues avec qui elle venait de sympathiser se sont portées volontaires et reviennent avec des vêtements neufs et des chaussures, alors que toutes portent des galoches. Ses amies la poussent à se présenter. Violette finit par accepter, mais sa prestation au violon est tellement mauvaise qu'elle n'est pas retenue. Quelques jours plus tard arrive une nouvelle détenue à qui elle sera toujours reconnaissante, Alma Rosé. C'est une violoniste autrichienne réputée, qui en 1932, à Vienne, fonde un orchestre féminin dont elle devient la cheffe. Elle est fille du premier violon de l'orchestre philarmonique de Vienne et nièce du compositeur Gustav Mahler, le frère de sa mère. Alma Rosé devient, dès son arrivée, la nouvelle chef d'orchestre du camp. Violette veut alors retenter sa chance. Le jour où elle se présente; elle arrive pieds nus et pleins de boue, on lui a dérobé ses galoches. Alors qu'elle se nettoie, elle fond en larme. Alma Rosé prend pitié d'elle et l'incorpore d'office dans l'orchestre.
Cette nouvelle situation apporte quelques petits privilèges. Même si elles dorment dans un bloc commun, les musiciennes ont droit à une douche quotidienne et à la soupe à volonté. À l'aube, elles accompagnent le départ des autres détenues qui partent casser des cailloux dans les kommandos. La journée, elles répètent ou sont obligées de jouer pour les officiers nazis. Violette est effarée de voir que ces montres, capables de tuer de sang-froid un enfant devant sa mère, peuvent pleurer à l'écoute d'un morceau de musique.
Cette situation privilégiée ne l'empêche pas de tomber malade, Violette attrape le typhus. Par deux fois, elle se retrouve devant le médecin bourreau d'Auschwitz, Josef Mengele. La seconde fois, elle est tellement affaiblie qu'au moment de la sélection, elle sait que si elle ne fait pas un effort démesuré, elle est bonne pour la chambre à gaz. Dans un ultime effort, elle se dresse fièrement et échappe de justesse à la sentence. Fin 1944, avec ses camarades survivantes, elle est envoyée au camp de Bergen-Belsen, dans le même groupe que la jeune Anne Frank. Le 15 avril 1945, elle est libérée par les Anglais.
De retour à Paris, elle se refait une santé et du violon, elle passe au chant et à la guitare. Elle chante dans les cabarets de la rive gauche, où elle mêle le répertoire du moment et parfois ses propres compositions. Après le mariage et la naissance de deux enfants, c'est le divorce. Elle se rend à Toulon où elle chante dans un cabaret avant d'y ouvrir un restaurant où, de temps à autres, elle se perche sur un tabouret et chante pour les clients. À l'âge de la retraite, elle parcourt la France pour aller témoigner dans les collèges et les lycées. À cette occasion, elle vient plusieurs fois à Rennes. Elle publie en 2005, une autobiographie pour les enfants : Les sanglots longs des violons de la mort : avoir dix-huit ans à Auschwitz. Une pièce de théâtre est adaptée sur son histoire "Vis au long de la vie". La Compagnie Patrick Cosnet à plusieurs reprises va lui rend hommage.
En tant qu'ancienne déportée, en mars 2009, Violette Jacquet-Silberstein entre à l’Institution nationale des Invalides, un centre d’accueil privilégié pour les victimes de la guerre, où elle décéde le mardi 28 janvier 2014, à l’âge de 88 ans. Le 3 février 2014, dans la cour des Invalides, Violette Jacquet-Silberstein, chevalier de la Légion d’honneur, a reçu les honneurs militaires avant d’être inhumée, en musique, dans le carré des Invalides du cimetière de Vaugirard.
Notice biographique Joël David - Ville de Rennes – Rennes Métropole - Service ResCom