« Libération de Rennes » : différence entre les versions

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====''Relations américaines sur le combat de Maison Blanche''====
====''Relations américaines sur le combat de Maison Blanche''====


« ... ''Puis, à Ducey, je fus rattaché au 10e bataillon d’infanterie blindé, ils étaient bien équipés et on poussa sur Rennes. Ils me mirent un chalumeau au cul pour me bouger et ceux du 53e il fallait aussi leur bouger le cul. En arrivant sur Rennes, il y avait deux buttes par ici sur le côté et des baraquements au pied de ces buttes. On appelle ça « exploitation et poursuite » : vous foncez dans l’ennemi à l’occasion mais vous n’êtes pas censé engager le combat avec l’ennemi latéral, on tire dessus mais on continue de rouler. Donc on passait à côté et je tire sur ces soldats qui sortaient des baraques et couraient vers ces buttes. Eh bien, ces buttes étaient des emplacements de canons de 88 mm antiaériens, des vrais, tous les deux. Alors je leur tire dessus et je fonce parce qu’on était en tête et qu’on devait foncer et j’étais chef de section, Tiegs capitaine, et nous voilà dans les haies de Rennes, notre colonne en arrière sur la route et voilà ces canons de 88 mm qui tirent sur la colonne le long de la route : pchi, pchi [...] Je me souviens de ce chef de section de mortiers du  10e qui grimpa sur un arbre pour diriger les tirs de mortier et alors qu’il était en haut sur l’arbre les Allemands descendirent l’arbre sous lui et il tomba par terre. On s’est foutu de lui pendant longtemps. Finalement la 35e blindée l’emporta et les neutralisa''."       Jimmie Leach'' <ref> James Herbert "Jimmie" Leach, lieutenant d'infanterie blindée, de ''Breakout'' (traduction Étienne Maignen)</ref>. ''Ce témoignage est "arrangé" quant à sa chute au vu du déroulement du combat''.
« ... ''Puis, à Ducey, je fus rattaché au 10e bataillon d’infanterie blindé, ils étaient bien équipés et on poussa sur Rennes. Ils me mirent un chalumeau au cul pour me bouger et ceux du 53e il fallait aussi leur bouger le cul. En arrivant sur Rennes, il y avait deux buttes par ici sur le côté et des baraquements au pied de ces buttes. On appelle ça « exploitation et poursuite » : vous foncez dans l’ennemi à l’occasion mais vous n’êtes pas censé engager le combat avec l’ennemi latéral, on tire dessus mais on continue de rouler. Donc on passait à côté et je tire sur ces soldats qui sortaient des baraques et couraient vers ces buttes. Eh bien, ces buttes étaient des emplacements de canons de 88 mm antiaériens, des vrais, tous les deux. Alors je leur tire dessus et je fonce parce qu’on était en tête et qu’on devait foncer et j’étais chef de section, Tiegs capitaine, et nous voilà dans les haies de Rennes, notre colonne en arrière sur la route et voilà ces canons de 88 mm qui tirent sur la colonne le long de la route : pchi, pchi [...] Je me souviens de ce chef de section de mortiers du  10e qui grimpa sur un arbre pour diriger les tirs de mortier et alors qu’il était en haut sur l’arbre les Allemands descendirent l’arbre sous lui et il tomba par terre. On s’est foutu de lui pendant longtemps. Finalement la 35e blindée l’emporta et les neutralisa''." Jimmie Leach'' <ref> James Herbert "Jimmie" Leach, lieutenant d'infanterie blindée, de ''Breakout'' (traduction Étienne Maignen)</ref>. ''Ce témoignage est "arrangé" quant à sa chute au vu du déroulement du combat''.


En réalité, il apparut bien ultérieurement que les commandants des compagnies B et C du 35e bataillon de chars n'avaient pas eu connaissance de l'importance de la batterie mixte et, ayant reçu l'ordre  de la réduire, avancèrent leurs chars  et les exposèrent aux tirs directs des canons de 88 mm . Lors d'entretiens d'évaluation de ce combat consignés deux mois plus tard, ils employèrent les termes de "fiasco" et de "défaite" pour le qualifier, dévoilant la réalité du déroulement catastrophique de l'affrontement sans toutefois en citer les causes et les responsables. <ref> ''Collection d'entretiens  d'officiers de la 4e division blindée américaine'', déclassés par la National Archives and Records Administration  (NARA) en novembre 1987 </ref>
En réalité, il apparut bien ultérieurement que les commandants des compagnies B et C du 35e bataillon de chars n'avaient pas eu connaissance de l'importance de la batterie mixte et, ayant reçu l'ordre  de la réduire, avancèrent leurs chars  et les exposèrent aux tirs directs des canons de 88 mm . Lors d'entretiens d'évaluation de ce combat consignés deux mois plus tard, ils employèrent les termes de "fiasco" et de "défaite" pour le qualifier, dévoilant la réalité du déroulement catastrophique de l'affrontement sans toutefois en citer les causes et les responsables. <ref> ''Collection d'entretiens  d'officiers de la 4e division blindée américaine'', déclassés par la National Archives and Records Administration  (NARA) en novembre 1987 </ref>
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Le 3 août au matin, à 4 h 00, on entend les explosions au loin d'un dépôt de munitions à Fouillard alors que depuis une heure flambe le dépôt de de munitions de la Luftwaffe à la Croix-Carrée avec des explosions qui se succèdent. Les Allemands viennent de faire partir nuitamment le dernier train de résistants déportés qui emporte aussi 293 soldats américains, 81 britanniques et 27 Canadiens <ref>[[Le dernier train de résistants déportés quitte Rennes juste avant la libération]]</ref>. Le docteur [[René Patay]] constate que l’aile sud de l’hôtel de ville, a été abandonnée par la Standhortkommandantur. Sur une table, il trouve soigneusement plié, le drapeau à croix gammée qui, pendant quatre ans, a flotté du balcon de l'hôtel de ville ; il le prend ainsi qu'un Mauser à crosse cassée et des munitions et met le tout dans une armoire de son cabinet. Le drapeau en ayant disparu, il pensa alors qu'il devait "orner l'appartement de quelqu'un qui doit se vanter de l'avoir enlevé au péril de sa vie".
Le 3 août au matin, à 4 h 00, on entend les explosions au loin d'un dépôt de munitions à Fouillard alors que depuis une heure flambe le dépôt de de munitions de la Luftwaffe à la Croix-Carrée avec des explosions qui se succèdent. Les Allemands viennent de faire partir nuitamment le dernier train de résistants déportés qui emporte aussi 293 soldats américains, 81 britanniques et 27 Canadiens <ref>[[Le dernier train de résistants déportés quitte Rennes juste avant la libération]]</ref>. Le docteur [[René Patay]] constate que l’aile sud de l’hôtel de ville, a été abandonnée par la Standhortkommandantur. Sur une table, il trouve soigneusement plié, le drapeau à croix gammée qui, pendant quatre ans, a flotté du balcon de l'hôtel de ville ; il le prend ainsi qu'un Mauser à crosse cassée et des munitions et met le tout dans une armoire de son cabinet. Le drapeau en ayant disparu, il pensa alors qu'il devait "orner l'appartement de quelqu'un qui doit se vanter de l'avoir enlevé au péril de sa vie".
[[Fichier:Le_Vigan.jpg|150px|left|thumb|Pierre Herbart, "général Le Vigan"]]
[[Fichier:Le_Vigan.jpg|150px|left|thumb|Pierre Herbart, "général Le Vigan"]]
[[Pierre Herbart]], dit « général [[Le Vigan]]», délégué général du MLN pour l'ouest (Mouvement de libération nationale), avait été chargé de mettre en place les nouvelles autorités civiles avant l’arrivée des troupes alliées. Le plan de prise du pouvoir fut mis au point avec le futur commissaire de la République, Le Gorgeu et le futur préfet d’Ille-et-Vilaine, Cornut-Gentil, le comité départemental de Libération devant être présidé par le magistrat de Kérembrun. Herbart, qui disposait d'un groupe d'action spéciale destiné à l'insurrection civile, <ref> Défense de la France du 15 août 1944 </ref> expose au préfet régional Robert Martin et au préfet d’Ille-et-Vilaine Émile Bouché-Leclercq qu’il est chargé par la Résistance de mettre en place les nouvelles autorités, les conduit à l’hôtel de France où ils restent sous surveillance. Vers 16 h la police commence à arrêter des collaborateurs et des Rennais les conspuent et les houspillent [[rue Ferdinand Buisson]]. Vers 16 h 30 des avions de chasse alliés passent en rase-motte et sont acclamés.  
[[Pierre Herbart]], dit « général [[Le Vigan]]», délégué général du MLN pour l'ouest (Mouvement de libération nationale), avait été chargé de mettre en place les nouvelles autorités civiles avant l’arrivée des troupes alliées. Le plan de prise du pouvoir fut mis au point avec le futur commissaire de la République, Le Gorgeu et le futur préfet d’Ille-et-Vilaine, Cornut-Gentil, le comité départemental de Libération devant être présidé par le magistrat de Kérembrun. Herbart, qui disposait d'un groupe d'action spéciale destiné à l'insurrection civile, <ref> ''Défense de la France'' du 15 août 1944 </ref> expose au préfet régional Robert Martin et au préfet d’Ille-et-Vilaine Émile Bouché-Leclercq qu’il est chargé par la Résistance de mettre en place les nouvelles autorités, les conduit à l’hôtel de France où ils restent sous surveillance. Vers 16 h la police commence à arrêter des collaborateurs et des Rennais les conspuent et les houspillent [[rue Ferdinand Buisson]]. Vers 16 h 30 des avions de chasse alliés passent en rase-motte et sont acclamés.  


Vers 19h30, des agents casqués et quelques civils avec brassard tricolore au bras gauche se dirigent vers la mairie. <ref> ''Mémoires d'un Français moyen'', par René Patay -1974</ref> Le docteur René Patay, nommé maire le 14 juin, est contraint de se démettre de ses fonctions, en présence de Hubert de Solminihac (Hémeric dans la Résistance), accompagné de quatre gardes mobiles de réserve, représentant du commissaire de la République nommé par le Comité d’Alger, il écrit sa lettre de démission et passe les pouvoirs à son premier adjoint, M. Gripon. On lui donne l’autorisation de se retirer dans une propriété qu’il possède dans les environs de Rennes. René Patay dit à de Solminihac en franchissant la porte : «  Maintenant c’est à vous d’empêcher les ponts de sauter. »
Vers 19h30, des agents casqués et quelques civils avec brassard tricolore au bras gauche se dirigent vers la mairie. <ref> ''Mémoires d'un Français moyen'', par René Patay -1974</ref> Le docteur René Patay, nommé maire le 14 juin, est contraint de se démettre de ses fonctions, en présence de Hubert de Solminihac (Hémeric dans la Résistance), accompagné de quatre gardes mobiles de réserve, représentant du commissaire de la République nommé par le Comité d’Alger, il écrit sa lettre de démission et passe les pouvoirs à son premier adjoint, M. Gripon. On lui donne l’autorisation de se retirer dans une propriété qu’il possède dans les environs de Rennes. René Patay dit à de Solminihac en franchissant la porte : «  Maintenant c’est à vous d’empêcher les ponts de sauter. »
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[[File:Quai_Lamartine.jpeg|300px|right|thumb|4 août 1944 : les ponts ont sauté et voici les immeubles riverains du quai Lamartine]]
[[File:Quai_Lamartine.jpeg|300px|right|thumb|4 août 1944 : les ponts ont sauté et voici les immeubles riverains du quai Lamartine]]
[[Fichier:Rue_de_Nemours_4_ao%C3%BBt_1944.png|300px|right|thumb|4 août 1944: Rue de Nemours: la voie n'est pas coupée. (''Archives de Rennes 255FI412'')]]
[[Fichier:Rue_de_Nemours_4_ao%C3%BBt_1944.png|300px|right|thumb|4 août 1944: Rue de Nemours: la voie n'est pas coupée. (''Archives de Rennes 255FI412'')]]
 
[[Fichier:Couverture_endommag%C3%A9e.png|300px|right|thumb|Une couverture endommagée]]
[[Fichier:Immeuble_bout_quai_Duguay_Trouin.jpg|250px|left|thumb|Le pont de la Mission dynamité, remplacé par un pont Bailey: état de l'immeuble en extrémité ouest du quai Duguay Trouin]]
[[Fichier:Immeuble_bout_quai_Duguay_Trouin.jpg|250px|left|thumb|Le pont de la Mission dynamité, remplacé par un pont Bailey: état de l'immeuble en extrémité ouest du quai Duguay Trouin]]
[[Fichier:Pont_Bailey_vers_place_de_Bretagne.png|300px|left|thumb|Le pont Bailey donnant accès à la place de Bretagne]]
[[Fichier:Pont_Bailey_vers_place_de_Bretagne.png|300px|left|thumb|Le pont Bailey donnant accès à la place de Bretagne]]
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[[Fichier:Rennaises_et_GI.png|left|300px|thumb|Rennaises et GI rue d"Antrain (photo Bob Landry)]]
[[Fichier:Rennaises_et_GI.png|left|300px|thumb|Rennaises et GI rue d"Antrain (photo Bob Landry)]]
[[Fichier:GI_place_de_la_mairie.png|left|300px|thumb|Place Maréchal Pétain, des GI saluent les Rennais en retour (''Archives de Rennes 255FI414'')]]
[[Fichier:GI_place_de_la_mairie.png|left|300px|thumb|Place Maréchal Pétain, des GI saluent les Rennais en retour (''Archives de Rennes 255FI414'')]]
[[Fichier:Batterie_place_du_Parlement.png|400px|right|thumb|Batterie place du parlement, au cas où...]]
[[Fichier:Batterie_place_du_Parlement.png|400px|right|thumb|Batterie place du Parlement, au cas où...]]
Des soldats du 13e régiment d'infanterie U.S pénètrent prudemment dans Rennes, arme à la main, par la [[rue d'Antrain]] et par la [[rue de Fougères]], par la [[rue Victor Hugo]] puis la [[rue Nationale]] pour gagner la [[place de la Mairie]]. Il est près de 9h30 et, en tête un GI de petite taille sous son casque, Fred Scherrer, 19 ans depuis un mois, fusil Garand M1 à la hanche, va déboucher sur la place de la Mairie, déserte, dont il aperçoit à gauche le théâtre et sa rotonde, lorsqu'une jeune fille, descendue d'un immeuble, des fleurs et une bouteille de vin dans les mains, se jette dans ses bras et l'embrasse en criant " Je t'aime !"<ref> ''Le "big" baiser rennais au GI Fred''.''Ouest-France'', édition de Rennes, 5 août 1994</ref>  <ref>témoignage de René Herbault, ''Ouest-France'', édition de Rennes, 1er juin 2010</ref>
Des soldats du 13e régiment d'infanterie U.S pénètrent prudemment dans Rennes, arme à la main, par la [[rue d'Antrain]] et par la [[rue de Fougères]], par la [[rue Victor Hugo]] puis la [[rue Nationale]] pour gagner la [[place de la Mairie]]. Il est près de 9h30 et, en tête un GI de petite taille sous son casque, Fred Scherrer, 19 ans depuis un mois, fusil Garand M1 à la hanche, va déboucher sur la place de la Mairie, déserte, dont il aperçoit à gauche le théâtre et sa rotonde, lorsqu'une jeune fille, descendue d'un immeuble, des fleurs et une bouteille de vin dans les mains, se jette dans ses bras et l'embrasse en criant " Je t'aime !"<ref> ''Le "big" baiser rennais au GI Fred''.''Ouest-France'', édition de Rennes, 5 août 1994</ref>  <ref>témoignage de René Herbault, ''Ouest-France'', édition de Rennes, 1er juin 2010</ref>
Jean Marin, homme d'''Ici Londres, les Français parlent aux Français'', maintenant de la Mission militaire de liaison administrative (MMLA), en tenue d'officier de marine, entré dans Rennes avec les Américains par les Gayeulles et la [[rue de Fougères]] les avait laissés pour gagner à vélo la place de la Mairie, avait pris à 9 h 15 le siège de la radio au Palais du Commerce et allait se rendre [[rue du Pré-Botté]], au siège de l' ''Ouest-Éclair''.<ref> ''Petit bois pour un grand feu'', par Jean Marin, éd. Fayard -1994</ref>
Jean Marin, homme d'''Ici Londres, les Français parlent aux Français'', maintenant de la Mission militaire de liaison administrative (MMLA), en tenue d'officier de marine, entré dans Rennes avec les Américains par les Gayeulles et la [[rue de Fougères]] les avait laissés pour gagner à vélo la place de la Mairie, avait pris à 9 h 15 le siège de la radio au Palais du Commerce et allait se rendre [[rue du Pré-Botté]], au siège de l' ''Ouest-Éclair''.<ref> ''Petit bois pour un grand feu'', par Jean Marin, éd. Fayard -1994</ref>
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<ref>https://www.cinematheque-bretagne.bzh/Base-documentaire-Rennes-France-_-mobile-broadcasting-station_-Granville_-France-426-11247-0-170.html? </ref>  
<ref>https://www.cinematheque-bretagne.bzh/Base-documentaire-Rennes-France-_-mobile-broadcasting-station_-Granville_-France-426-11247-0-170.html? </ref>  
Les GI du 13e régiment d'infanterie, détaché de la 8e division, entrent dans Rennes vers 9 heures du matin et "acceptent les baisers et les vins des habitants libérés", rapporte Martin Blumenson. Les Rennais s'amassent peu à peu sur la place de la Mairie. "L'ancienne capitale de la Bretagne était belle, vrai parterre de fleurs multicolores au passage de nos unités de tête par les rues et avenues, fusil barrant la poitrine. Des femmes jeunes et vieilles accouraient pour nous serrer la main et embrasser ces Américains survenus et, au passage de nos jeeps et véhicules, les Français, dont beaucoup essuyaient des larmes de joie, accablaient notre convoi de fruits et de fleurs et démontraient leur quasi unanimité en criant "Vive l'Amérique !". <ref> ''Report of Enemy Action'', 13th Infantry APO US Army, September 4 1944. </ref> Un journaliste américain qui a couvert les combats de Normandie depuis le 6 juin constate que "''l'arrivée des Américains ne s'est pas traduite par bombes et obus rasant des maisons de civils. Il n'y a pas eu de féroces combats de rue et maison par maison. Il y a bien eu quelques dégâts mais que l'on répare rapidement'', estime-t-il. [...]''De longues files de véhicules alliés s'écoulent à travers la ville. Une jeep a des portraits d'Hitler et de Goering ficelés à la roue de secours, leurs visages barrés d'une grande croix noires. Les citadins acclament, rient et chargent les jeeps de fleurs''. Il note deux événements "inoubliables" : le défilé de 24 meneurs (sic) de la Résistance, fusils sur l'épaule. "''C'étaient des hommes vieux, jeunes, aux teints clairs ou bronzés. Ils ne manœuvraient pas très bien et paraissaient un peu débraillés [...] Ils étaient fiers et Rennes aussi''". L'autre fait : un vieillard grimpé sur une coupole et embouchant une trompette pour jouer la Marseillaise. "''Aux premières notes les gens étaient silencieux, les larmes leur venant, puis ils se mirent à chanter. Le son, d'abord faible, résonna avec écho entre les murs à mesure qu'augmentait le nombre de ceux qui chantaient''" <ref> ''Quand Rennes chante la Marseillaise c'est l'esprit de la France qu'on entend'', par G. K. Hodenfield. ''Stars and Stripes''.(journal de l'armée américaine)</ref> Rémy est aussi témoin de ce fait en indiquant que le "vieil homme à longues moustaches blanches à la gauloise [...] était juché à califourchon sur le toit d'une fenêtre mansardée"<ref>''Les Mains Jointes'', par Rémy, Raoul Solar éditeur, p. 226 - 1948 </ref> Le ''Cairns Post'' indique que "l'atmosphère qui prévaut ici semble être une vive amitié absolument sincère".
Les GI du 13e régiment d'infanterie, détaché de la 8e division, entrent dans Rennes vers 9 heures du matin et "acceptent les baisers et les vins des habitants libérés", rapporte Martin Blumenson. Les Rennais s'amassent peu à peu sur la place de la Mairie. "L'ancienne capitale de la Bretagne était belle, vrai parterre de fleurs multicolores au passage de nos unités de tête par les rues et avenues, fusil barrant la poitrine. Des femmes jeunes et vieilles accouraient pour nous serrer la main et embrasser ces Américains survenus et, au passage de nos jeeps et véhicules, les Français, dont beaucoup essuyaient des larmes de joie, accablaient notre convoi de fruits et de fleurs et démontraient leur quasi unanimité en criant "Vive l'Amérique !". <ref> ''Report of Enemy Action'', 13th Infantry APO US Army, September 4 1944. </ref> Un journaliste américain qui a couvert les combats de Normandie depuis le 6 juin constate que "''l'arrivée des Américains ne s'est pas traduite par bombes et obus rasant des maisons de civils. Il n'y a pas eu de féroces combats de rue et maison par maison. Il y a bien eu quelques dégâts mais que l'on répare rapidement'', estime-t-il. [...]''De longues files de véhicules alliés s'écoulent à travers la ville. Une jeep a des portraits d'Hitler et de Goering ficelés à la roue de secours, leurs visages barrés d'une grande croix noires. Les citadins acclament, rient et chargent les jeeps de fleurs''. Il note deux événements "inoubliables" : le défilé de 24 meneurs (sic) de la Résistance, fusils sur l'épaule. "''C'étaient des hommes vieux, jeunes, aux teints clairs ou bronzés. Ils ne manœuvraient pas très bien et paraissaient un peu débraillés [...] Ils étaient fiers et Rennes aussi''". L'autre fait : un vieillard grimpé sur une coupole et embouchant une trompette pour jouer la Marseillaise. "''Aux premières notes les gens étaient silencieux, les larmes leur venant, puis ils se mirent à chanter. Le son, d'abord faible, résonna avec écho entre les murs à mesure qu'augmentait le nombre de ceux qui chantaient''" <ref> ''Quand Rennes chante la Marseillaise c'est l'esprit de la France qu'on entend'', par G. K. Hodenfield. ''Stars and Stripes''.(journal de l'armée américaine)</ref> Rémy est aussi témoin de ce fait en indiquant que le "vieil homme à longues moustaches blanches à la gauloise [...] était juché à califourchon sur le toit d'une fenêtre mansardée"<ref>''Les Mains Jointes'', par Rémy, Raoul Solar éditeur, p. 226 - 1948 </ref> Le ''Cairns Post'' indique que "l'atmosphère qui prévaut ici semble être une vive amitié absolument sincère".
[[Fichier:Couverture_endommag%C3%A9e.png|300px|right|thumb|Une couverture endommagée]]
 
Les Rennais s'amassent, dans l'après-midi, devant la mairie pour les acclamer ainsi que les nouveaux dirigeants au grand balcon nord de l'hôtel de ville décoré du drapeau français et de la bannière étoilée : Jean Marin, voix de la France Libre et le colonel de Chevigné, délégué militaire pour le front nord, entrés en ville avant les troupes américaines.
Les Rennais s'amassent, dans l'après-midi, devant la mairie pour les acclamer ainsi que les nouveaux dirigeants au grand balcon nord de l'hôtel de ville décoré du drapeau français et de la bannière étoilée : Jean Marin, voix de la France Libre et le colonel de Chevigné, délégué militaire pour le front nord, entrés en ville avant les troupes américaines.
Les jours suivants, les Rennais iront nombreux à Saint-Laurent et Maison-Blanche voir les vestiges des combats. "La chute de Rennes couronne une percée américaine de 55 km" titre le journal de l'armée américaine '' The Stars ans Stripes'' en date du 4 août.
Les jours suivants, les Rennais iront nombreux à Saint-Laurent et Maison-Blanche voir les vestiges des combats. "La chute de Rennes couronne une percée américaine de 55 km" titre le journal de l'armée américaine '' The Stars ans Stripes'' en date du 4 août.


[[Fichier:Stars_and_stripes.jpg|200px|center|thumb|"La chute de Rennes couronne une percée américaine de 55 km" ]]
[[Fichier:Stars_and_stripes.jpg|200px|center|thumb|"La chute de Rennes couronne une percée américaine de 55 km" ]]
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Pour s'exprimer en français les soldats ont un petit manuel de langage parlé, édité par le War Department en juin 1943, à la prononciation phonétique adéquate : " ''juh nuh KAWM-prahng PA. par-lay LAHNT-mahng, seel voo PLAY''" pour "Je ne comprends pas. Parlez lentement, s'il vous plaît".<ref> ''French language guide''- War department Washington, June 21, 1943</ref> [[Fichier:Pour_parler_francais.jpeg|350px|right|thumb|French language guide : guide du français parlé]]  
Pour s'exprimer en français les soldats ont un petit manuel de langage parlé, édité par le War Department en juin 1943, à la prononciation phonétique adéquate : " ''juh nuh KAWM-prahng PA. par-lay LAHNT-mahng, seel voo PLAY''" pour "Je ne comprends pas. Parlez lentement, s'il vous plaît".<ref> ''French language guide''- War department Washington, June 21, 1943</ref> [[Fichier:Pour_parler_francais.jpeg|350px|right|thumb|French language guide : guide du français parlé]]  
Pour s'exprimer dans la langue de l'ennemi, les GI disposent aussi d'un petit manuel de même format, ici une page d'interjections guerrières [[Fichier:Dico_anglais_allemand203.jpg|250px|left|thumb|German Phrase Book, November 30, 1943 (restricted) : Six mois avant, Les Américains préparaient leur débarquement de juin 1944]]
Pour s'exprimer dans la langue de l'ennemi, les GI disposent aussi d'un petit manuel de même format, ici une page d'interjections guerrières [[Fichier:Dico_anglais_allemand203.jpg|250px|left|thumb|German Phrase Book, November 30, 1943 (restricted) : Six mois avant, Les Américains préparaient leur débarquement de juin 1944]]




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[[Fichier:Collaboratrices.jpg|150px|center|thumb|Collaboratrices maltraitées près du palais du Commerce (''Photo Lee Miller'')]]
[[Fichier:Collaboratrices.jpg|150px|center|thumb|Collaboratrices maltraitées près du palais du Commerce (''Photo Lee Miller'')]]


[[Fichier:Milon_et_Patton.png|300px|right|thumb|27 octobre 1945: le maire de Rennes, Yves Milon, remet au général Patton le diplôme de citoyen d'honneur de la ville. derrière eux Victor le Gorgeu]]
[[Fichier:Milon_et_Patton.png|300px|right|thumb|27 octobre 1945: le maire de Rennes, Yves Milon, remet au général Patton le diplôme de citoyen d'honneur de la ville. derrière eux Victor le Gorgeu]]
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