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=== Assassinat de trois Rennais === | === Assassinat de trois Rennais === |
Version du 3 avril 2019 à 11:51
Le mois de juin avec le débarquement des troupes alliées en Normandie et l'annulation dans la nuit du 5 au 6, du Kriegspiel (exercices sur cartes) décidé par le général Friedrich Dollmann, qui devait rassembler à Rennes les commandants de divisions et de régiments, est marqué à Rennes par les bombardements[1] mais c'est aussi le mois d'un raidissement des autorités d’occupation qui va se traduire par des internements, des exécutions, et des Français collaborateurs vont même tuer des compatriotes.
Prises d'otages
Ainsi, le 7 juin au matin douze personnalités, dont le futur maire de Rennes Yves Milon, sont internées au camp Margueritte, baraque 14[2] où elles retrouvent une soixantaine d’autres otages des départements bretons. Huit autres sont arrêtées le 8. Il s’agit bien de notables : médecins, professeurs, avocats, banquiers, policiers. Au total ce sont 76 Bretons ainsi retenus pour garantir la sécurité des Allemands.
Exécutions de 32 résistants
Le 8 juin, les Allemands sortent de la prison Jacques-Cartier et exécutent par fusillade à la caserne du Colombier 32 résistants dont 9 Républicains espagnols ; ainsi tombent Maurice Prestaut, de Libération-Nord, délégué militaire régional de Défense de la France, arrêté rue de Châteaudun après avoir abattu un milicien et blessé un autre, et Pedro Florès-Cano, capitaine FTP et responsable régional des groupes armés espagnols pour la Bretagne.
Assassinat de trois Rennais
Malgré la situation générale qui tourne mal pour le Reich et le débarquement des Alliés en Normandie, les Miliciens ne désarment pas et s'en prennent aux "terroristes", quand ils ne se vengent pas sur des citoyens à titre de représailles.
Le 28 juin 1944, huit jours après l'assassinat de l'ancien ministre de l'Education nationale Jean Zay par la Milice mais dont la réalité n'était pas encore connue, Philippe Henriot , secrétaire d'Etat à la propagande du gouvernement de Vichy, était assassiné, sous les yeux de sa femme, au ministère de l'information à Paris par un groupe de résistants du COMAC (Comité d'action militaire ) qui s'étaient fait passer pour des miliciens. L'un de ses fils, membre du NSKK (Nationalsocialistische KraftfahrKorps : formation militarisée rassemblant les chauffeurs nazis), était reparti la veille pour le front. Ainsi se taisait définitivement la voix de l'orateur talentueux que les Français entendaient sur les ondes de Radio-Paris, en opposition totale aux voix des Français libres s'exprimant de Londres dans l'émission "Les Français parlent aux Français".
Des obsèques nationales eurent lieu le samedi 2 juillet à Notre-Dame de Paris, présidées par le cardinal Suhard, archevêque de Paris, en présence du chef du gouvernement, Pierre Laval et d'Otto Abetz, ambassadeur d'Allemagne. Des milliers d'affiches avaient été collées dans Paris : "Il disait la vérité, ils l'ont tué."
Le journal l'Ouest-Eclair du 3 juillet en rendit compte, mais au verso de la feuille unique, on trouvait d'étranges avis d'obsèques de Rennais décédés "accidentellement". Dans toute la France, par mesure de représailles, 150 assassinats de citoyens avaient été décidés, dont celui de l'ancien ministre Georges Mandel , le 7 juillet. L'ordre avait été donné aux miliciens de les faire disparaître dans la nuit du 30 juin au Ier juillet.
Ce fut le cas à Rennes où trois Rennais furent abattus par des miliciens appartenant au C.E.N.S., le Cercle d'études national-socialiste de Raymond du Perron de Maurin (journaliste collaborateur qui s'enfuira en Allemagne et sera fusillé en 1946). Sept désignations avaient été faites, dont l'ancien maire, François Château et quatre attentats exécutés : contre le fils de M. Louis Volclair, libraire tué sur son lit à la clinique de la Sagesse, probablement par erreur à la place de son père, vieux militant socialiste; M. Gaëtan Hervé, secrétaire général de la Mairie, [3] qui aurait été abattu en pyjama dans la rue de Coëtquen par une patrouille allemande rencontrée malencontreusement alors qu'il tentait de fuir les miliciens;[4] M. Pierre Lemoine, greffier près la Cour d'Appel, blessé à l'entrée de son
appartement au Palais de justice et achevé à la mitraillette dans les combles dont des poutres de la charpente gardaient des traces de balles en arc de cercle,[5] et contre Oscar Leroux, adjoint au maire, blessé à l'épaule par un de ses agresseurs et qui ne dut son salut qu'à l'arrivée inopinée de policiers français.
En outre, du 8 au 30 juin, 63 personnes furent passées par les armes en Ille-et-Vilaine sur ordre du tribunal militaire allemand.[6]
références
- ↑ bombardements des 9 et 12 juin 1944
- ↑ Les otages bretons de la baraque 14- Yves Rannou :Communication présentée à la Société Archéologique d'Ille-et-Vilaine - Rennes, 9 mars 1999
- ↑ boulevard Gaëtan Hervé
- ↑ Mémoires d'un Français moyen, par René Patay - 1974
- ↑ visite sur place de Gilbert Guillou et de son père en compagnie du gardien, après la Libération
- ↑ Les Fusillés, par Jean-Pierre Besse et Thomas Pouty. Editions de l’Atelier