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==Sur la carte== | ''C'est avec peine que je remarque combien peu la science est représentée parmi les célébrités bretonnes, dont les voussures de l'[[Hôtel de Ville]] restauré doivent rappeler les noms. Permettez-moi de la défendre en inscrivant ici celui d'un botaniste qui fut parmi les premiers de son temps : Desfontaines. | ||
''René Desfontaines naquit à Tremblay (Ille-et-Vilaine) en 1752. Son enfance ne fut pas heureuse. Il avait pour maître d'école un brutal qui le battait sans cesse, accompagnant chaque correction de ce refrain : « Tu ne seras jamais rien ». Placé au collège de Rennes, Desfontaines y devint le meilleur écolier de sa classe, aussi écrivait-il malicieusement à son père, quand il annonçait un nouveau succès « N'oubliez pas de dire à M. X. que je ne serai jamais rien ! » Cette petite raillerie fut répétée, même après qu'il eût quitté le collège, et le dernier de ces post-scriptum date du jour où il annonça à son père qu'il venait d'entrer à l'Académie des sciences. Ceci se passait en 1785. | |||
''Entre temps, Desfontaines était venu à Paris étudier la médecine. L'étude d'une science accessoire, la botanique, lui montra sa véritable vocation. Devenir botaniste, mais n'ayant encore acquis aucune notoriété, il fut présenté par Antoine-Laurent de Jussieu à Lemonnier, alors titulaire de la chaire de botanique du Jardin du Roi - nom ancien du Muséum -. Celui-ci le dirigea dans ses études et le poussa à explorer la Barbarie. Quand il revint, Lemonnier, passé premier médecin du roi et contraint d'habiter Versailles, voulut démissionner en sa faveur, mais Buffon<ref>[[rue Buffon]]</ref> s'y opposa. C'est que Buffon, en qualité d'intendant du Jardin, avait la prérogative de nommer les professeurs et n'entendait pas qu'on lui en imposât le choix. « Que M. Lemonnier donne sa démission, disait-il, ensuite j'userais des droits de ma charge ». Lemonnier démissionna et, trois jours après, Desfontaines était appelé à lui succéder. A quelque temps de là Buffon mourait (16 avril 1788) laissant les trois seules chaires alors existantes au Jardin, celles de botanique, de chimie et d'anatomie occupées, soit comme titulaires, soit comme démonstrateurs par des hommes tels que Desfontaines, Daubenton, Macquer, Fourcroy, Brongniart, Antoine Petit, Portal, Vicq d'Azir. Trois chaires, avons-nous dit ! Et Desfontaines en avait une ! L'honneur n'en est que plus grand. | |||
''Le labeur de Desfontaines est considérable. Sans nous étendre sur ce qu'il fit au point de vue botanique, je rappellerai qu'il fut, en 1793, au nombre de ceux qui sauvèrent le Jardin que la Convention voulait détruire en tant qu'établissement royal. C'est lui, avec Thouin et Daubenton, qui remit à Lakanal, président du Comité d'instruction publique, venu secrètement enquêter au Jardin, les plans de réorganisation de l'établissement. Le lendemain, le Muséum était créé avec l'appellation qu'il porte encore aujourd'hui. | |||
''Sur la fin de sa vie, Desfontaines devint aveugle. Il voulait cependant encore déterminer les plantes et il manifestait, parait-il, une joie inexprimable quand, par le toucher, l'épreuve tournait à son avantage. Il mourut en 1833, âgé de 79 ans. Son suppléant, Ad. Brongniart, lui succéda. | |||
''De nos jours, Desfontaines, bien qu'un genre de plantes porte son nom, est quelque peu méconnu. Rennes doit avoir à cœur de le sortir de l'oubli. Ne s'agit-il pas d'un enfant d'Ille-et-Vilaine ? Alger, il y a quelque vingt-cinq ans, à l'instigation de deux de ses habitants, éminents botanistes, lui a dédié une voie nouvelle. Que Rennes fasse quelque chose et le geste sera heureux !''|auteur=Dr E. Fleury, dans L'Ouest-Eclair|origine=Numéro du 10 mars 1914|collecteur=Manu35|date=2018}} | |||
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Version actuelle datée du 6 août 2018 à 14:22
La rue René Desfontaines se situe dans le quartier 8 : Sud-Gare et prend son origine sur la rue de Riaval. Cette voie fut dénommée par délibération du Conseil Municipal de la Ville de Rennes le 24 juillet 1923[1].
Cette voie rend hommage à René Desfontaines, botaniste (1752 - 1833)
« Les vieux Rennais - ON OUBLIE : DESFONTAINES
C'est avec peine que je remarque combien peu la science est représentée parmi les célébrités bretonnes, dont les voussures de l'Hôtel de Ville restauré doivent rappeler les noms. Permettez-moi de la défendre en inscrivant ici celui d'un botaniste qui fut parmi les premiers de son temps : Desfontaines.
René Desfontaines naquit à Tremblay (Ille-et-Vilaine) en 1752. Son enfance ne fut pas heureuse. Il avait pour maître d'école un brutal qui le battait sans cesse, accompagnant chaque correction de ce refrain : « Tu ne seras jamais rien ». Placé au collège de Rennes, Desfontaines y devint le meilleur écolier de sa classe, aussi écrivait-il malicieusement à son père, quand il annonçait un nouveau succès « N'oubliez pas de dire à M. X. que je ne serai jamais rien ! » Cette petite raillerie fut répétée, même après qu'il eût quitté le collège, et le dernier de ces post-scriptum date du jour où il annonça à son père qu'il venait d'entrer à l'Académie des sciences. Ceci se passait en 1785.
Entre temps, Desfontaines était venu à Paris étudier la médecine. L'étude d'une science accessoire, la botanique, lui montra sa véritable vocation. Devenir botaniste, mais n'ayant encore acquis aucune notoriété, il fut présenté par Antoine-Laurent de Jussieu à Lemonnier, alors titulaire de la chaire de botanique du Jardin du Roi - nom ancien du Muséum -. Celui-ci le dirigea dans ses études et le poussa à explorer la Barbarie. Quand il revint, Lemonnier, passé premier médecin du roi et contraint d'habiter Versailles, voulut démissionner en sa faveur, mais Buffon[2] s'y opposa. C'est que Buffon, en qualité d'intendant du Jardin, avait la prérogative de nommer les professeurs et n'entendait pas qu'on lui en imposât le choix. « Que M. Lemonnier donne sa démission, disait-il, ensuite j'userais des droits de ma charge ». Lemonnier démissionna et, trois jours après, Desfontaines était appelé à lui succéder. A quelque temps de là Buffon mourait (16 avril 1788) laissant les trois seules chaires alors existantes au Jardin, celles de botanique, de chimie et d'anatomie occupées, soit comme titulaires, soit comme démonstrateurs par des hommes tels que Desfontaines, Daubenton, Macquer, Fourcroy, Brongniart, Antoine Petit, Portal, Vicq d'Azir. Trois chaires, avons-nous dit ! Et Desfontaines en avait une ! L'honneur n'en est que plus grand.
Le labeur de Desfontaines est considérable. Sans nous étendre sur ce qu'il fit au point de vue botanique, je rappellerai qu'il fut, en 1793, au nombre de ceux qui sauvèrent le Jardin que la Convention voulait détruire en tant qu'établissement royal. C'est lui, avec Thouin et Daubenton, qui remit à Lakanal, président du Comité d'instruction publique, venu secrètement enquêter au Jardin, les plans de réorganisation de l'établissement. Le lendemain, le Muséum était créé avec l'appellation qu'il porte encore aujourd'hui.
Sur la fin de sa vie, Desfontaines devint aveugle. Il voulait cependant encore déterminer les plantes et il manifestait, parait-il, une joie inexprimable quand, par le toucher, l'épreuve tournait à son avantage. Il mourut en 1833, âgé de 79 ans. Son suppléant, Ad. Brongniart, lui succéda.
De nos jours, Desfontaines, bien qu'un genre de plantes porte son nom, est quelque peu méconnu. Rennes doit avoir à cœur de le sortir de l'oubli. Ne s'agit-il pas d'un enfant d'Ille-et-Vilaine ? Alger, il y a quelque vingt-cinq ans, à l'instigation de deux de ses habitants, éminents botanistes, lui a dédié une voie nouvelle. Que Rennes fasse quelque chose et le geste sera heureux ! »
— Dr E. Fleury, dans L'Ouest-Eclair
Origine : Numéro du 10 mars 1914 • Recueilli par Manu35 • 2018 • licence
Sur la carte
Note et références
- ↑ Délibérations municipales, Archives de Rennes
- ↑ rue Buffon