« Camp Victor Rault - n° 24 » : différence entre les versions

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Pour nous évader le plus souvent possible de notre ghetto, le dimanche parfois, quand le soleil nous fait des promesses, nous allons pique-niquer en famille. Mon père a fabriqué un poste radio qui fonctionne avec une pile de récepteur militaire. Un poste radio qui fonctionne partout sans électricité du secteur,  c’est très pratique et ce n’est pas habituel. Bien sûr, nous nous faisons remarquer. Il est nécessaire pour moi de le faire entendre, de le montrer ostensiblement, pour être distingués des autres. J’aime bien, moi, quand on  nous remarque, c’est  un signe extérieur de richesse et c’est ce qui nous manque en particulier.  
Pour nous évader le plus souvent possible de notre ghetto, le dimanche parfois, quand le soleil nous fait des promesses, nous allons pique-niquer en famille. Mon père a fabriqué un poste radio qui fonctionne avec une pile de récepteur militaire. Un poste radio ''qui fonctionne partout sans électricité du secteur'',  c’est très pratique et ce n’est pas habituel. Bien sûr, nous nous faisons remarquer. Il est nécessaire pour moi de le faire entendre, de le montrer ostensiblement, pour être distingués des autres. J’aime bien, moi, quand on  nous remarque, c’est  un signe extérieur de richesse et c’est ce qui nous manque en particulier.  


Aujourd’hui, un dimanche de 1947, le lieu choisi pour la sortie est  Saint Jacques de la Lande. Arrivés sur place, nous nous installons près d’un Bunker bien propre et presque neuf, précaution prise en cas de survenance d’une pluie soudaine. Les maisons du village sont encore toutes marquées d’un numéro, inscrit en très gros caractères, héritage de la récente occupation allemande. Le poste radio diffuse de la musique qui attire l’attention du gardien des lieux. Celui-ci  s’approche de nous et rappelle que l’endroit où nous nous trouvons est interdit au public par suite du danger que représentent des engins explosifs disséminés un peu partout. Il nous demande de déguerpir. Mon père parlemente en précisant que nous resterons là où nous sommes, sans aller courir ailleurs et sans chercher à manipuler quelqu’objet abandonné. L’affaire est conclue, le gardien fait confiance, il ne veut pas dramatiser la situation, il s’en retourne nous laissant profiter de ce bel après midi ensoleillé jusqu'à cet instant. La radio l’aurait-elle influencé. La possession d’un tel appareil ne peut appartenir qu’à des gens sérieux !
Aujourd’hui, un dimanche de 1947, le lieu choisi pour la sortie est  Saint Jacques de la Lande. Arrivés sur place, nous nous installons près d’un Bunker bien propre et presque neuf, précaution prise en cas de survenance d’une pluie soudaine. Les maisons du village sont encore toutes marquées d’un numéro, inscrit en très gros caractères, héritage de la récente occupation allemande. Le poste radio diffuse de la musique qui attire l’attention du gardien des lieux. Celui-ci  s’approche de nous et rappelle que l’endroit où nous nous trouvons est interdit au public par suite du danger que représentent des engins explosifs disséminés un peu partout. Il nous demande de déguerpir. Mon père parlemente en précisant que nous resterons là où nous sommes, sans aller courir ailleurs et sans chercher à manipuler quelqu’objet abandonné. L’affaire est conclue, le gardien fait confiance, il ne veut pas dramatiser la situation, il s’en retourne nous laissant profiter de ce bel après midi ensoleillé jusqu'à cet instant. La radio l’aurait-elle influencé. La possession d’un tel appareil ne peut appartenir qu’à des gens sérieux !
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