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La rentrée scolaire d’octobre 1944 fut pour beaucoup d’enfants, dont les familles avaient quitté Rennes en 1943 pour fuir les bombardements, un retour à la normale. Mais, pour certains après une absence d’un an et demi, ce retour dans une ville amochée mais débarrassée des occupants et cette rentrée avaient le goût d’une vraie nouveauté. Ils retrouvaient des conditions souvent différentes en matière de locaux. | La rentrée scolaire d’octobre 1944 fut pour beaucoup d’enfants, dont les familles avaient quitté Rennes en 1943 pour fuir les bombardements, un retour à la normale. Mais, pour certains après une absence d’un an et demi, ce retour dans une ville amochée mais débarrassée des occupants et cette rentrée avaient le goût d’une vraie nouveauté. Ils retrouvaient des conditions souvent différentes en matière de locaux. | ||
[[Fichier:Novembre_1944.jpeg|200px|right|thumb|Novembre 1944: le journal rappelle aux Rennais que la guerre n'est pas finie]] | [[Fichier:Novembre_1944.jpeg|200px|right|thumb|Novembre 1944: le journal rappelle aux Rennais que la guerre n'est pas finie]] | ||
Ainsi pour les enfants de 9 ans qui rentraient à l’école-collège Saint-Vincent de Paul,<ref>[[Ecole et lycée Saint-Vincent de Paul]]</ref> en partie occupée par l’armée américaine, la classe était installée dans une maison particulière au n° 27 de la [[rue de Châteaudun]]. Nous faisions aller nos galoches sur les trottoirs de la [[rue de Paris]], balançant nos "''cartes''", terme souvent utilisé alors pour "cartable". En classe, la maîtresse avait eu une idée pour stimuler les écoliers. Elle avait constitué des équipes de 4 garçons symbolisées chacune par un avion de couleur punaisé sur un grand carton mural divisé en échelle de distances kilométriques, et les avions, censés être des bombardiers partis de Rennes, étaient avancés chaque semaine selon la moyennes des résultats de chaque équipe. L’équipe dont l’avion atteindrait le premier le but aurait ainsi l’honneur de bombarder la ville terminus inscrite: BERLIN ! C'est que la guerre n'était pas finie et certains avaient leur papa | Ainsi pour les enfants de 9 ans qui rentraient à l’école-collège Saint-Vincent de Paul,<ref>[[Ecole et lycée Saint-Vincent de Paul]]</ref> en partie occupée par l’armée américaine, la classe était installée dans une maison particulière au n° 27 de la [[rue de Châteaudun]]. Nous faisions aller nos galoches sur les trottoirs de la [[rue de Paris]], balançant nos "''cartes''", terme souvent utilisé alors pour "cartable". En classe, la maîtresse avait eu une idée pour stimuler les écoliers. Elle avait constitué des équipes de 4 garçons symbolisées chacune par un avion de couleur punaisé sur un grand carton mural divisé en échelle de distances kilométriques, et les avions, censés être des bombardiers partis de Rennes, étaient avancés chaque semaine selon la moyennes des résultats de chaque équipe. L’équipe dont l’avion atteindrait le premier le but aurait ainsi l’honneur de bombarder la ville terminus inscrite: BERLIN ! C'est que la guerre n'était pas finie et certains avaient leur papa prisonnier, lequel ne rentrerait que dans 7 mois. | ||
Après la classe d’après-midi, des élèves allaient en récréation et en « étude » au vrai collège de la rue de Paris, et voyaient un détachement de G.Is, en haut des marches de l'avenue, descendre la bannière étoilée au son de l’hymne américain, tandis que les jeunes « cornichons », élèves de la classe préparatoire à l’école militaire de Saint-Cyr, calot bleu et rouge sur la tête, saluaient au garde-à-vous. Lorsque j'entends les accents de l'hymne américain, ''the Star-spangled banner'', je suis aussitôt ramené à cette année 1944 où je l'avais entendu jouer pour la première fois en haut des marches du collège et où, après les bombes envoyées sur la ville, les premiers contacts avec ces soldats avaient été des tablettes de ''chouine gomme'' ou de chocolat. | Après la classe d’après-midi, des élèves allaient en récréation et en « étude » au vrai collège de la rue de Paris, et voyaient un détachement de G.Is, en haut des marches de l'avenue, descendre la bannière étoilée au son de l’hymne américain, tandis que les jeunes « cornichons », élèves de la classe préparatoire à l’école militaire de Saint-Cyr, calot bleu et rouge sur la tête, saluaient au garde-à-vous. Lorsque j'entends les accents de l'hymne américain, ''the Star-spangled banner'', je suis aussitôt ramené à cette année 1944 où je l'avais entendu jouer pour la première fois en haut des marches du collège et où, après les bombes envoyées sur la ville, les premiers contacts avec ces soldats avaient été des tablettes de ''chouine gomme'' ou de chocolat. |
Version du 16 janvier 2013 à 11:06
La rentrée scolaire d’octobre 1944 fut pour beaucoup d’enfants, dont les familles avaient quitté Rennes en 1943 pour fuir les bombardements, un retour à la normale. Mais, pour certains après une absence d’un an et demi, ce retour dans une ville amochée mais débarrassée des occupants et cette rentrée avaient le goût d’une vraie nouveauté. Ils retrouvaient des conditions souvent différentes en matière de locaux.
Ainsi pour les enfants de 9 ans qui rentraient à l’école-collège Saint-Vincent de Paul,[1] en partie occupée par l’armée américaine, la classe était installée dans une maison particulière au n° 27 de la rue de Châteaudun. Nous faisions aller nos galoches sur les trottoirs de la rue de Paris, balançant nos "cartes", terme souvent utilisé alors pour "cartable". En classe, la maîtresse avait eu une idée pour stimuler les écoliers. Elle avait constitué des équipes de 4 garçons symbolisées chacune par un avion de couleur punaisé sur un grand carton mural divisé en échelle de distances kilométriques, et les avions, censés être des bombardiers partis de Rennes, étaient avancés chaque semaine selon la moyennes des résultats de chaque équipe. L’équipe dont l’avion atteindrait le premier le but aurait ainsi l’honneur de bombarder la ville terminus inscrite: BERLIN ! C'est que la guerre n'était pas finie et certains avaient leur papa prisonnier, lequel ne rentrerait que dans 7 mois.
Après la classe d’après-midi, des élèves allaient en récréation et en « étude » au vrai collège de la rue de Paris, et voyaient un détachement de G.Is, en haut des marches de l'avenue, descendre la bannière étoilée au son de l’hymne américain, tandis que les jeunes « cornichons », élèves de la classe préparatoire à l’école militaire de Saint-Cyr, calot bleu et rouge sur la tête, saluaient au garde-à-vous. Lorsque j'entends les accents de l'hymne américain, the Star-spangled banner, je suis aussitôt ramené à cette année 1944 où je l'avais entendu jouer pour la première fois en haut des marches du collège et où, après les bombes envoyées sur la ville, les premiers contacts avec ces soldats avaient été des tablettes de chouine gomme ou de chocolat.
--Stephanus 16 janvier 2013 à 06:41 (CET)