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Dans la matinée du 7 juillet, l'armée allemande s'était livrée à des tirs d'artillerie à diverse entrées de Rennes : notamment au nord de Saint-Grégoire vers Montgermont (route de Saint-Malo), de la route de Fougères en direction de Liffré, vers Thorigné, au sud du Rheu et au nord-ouest de Pacé (route de Saint-Brieuc), de Chantepie à Cesson (route de Paris). La population avait été avertie la veille que l'accès à ces terrains serait interdit et qu'il y avait danger de mort à y pénétrer<ref> L'Ouest-Eclair du 6 juillet 1944</ref>. | Dans la matinée du 7 juillet, l'armée allemande s'était livrée à des tirs d'artillerie à diverse entrées de Rennes : notamment au nord de Saint-Grégoire vers Montgermont (route de Saint-Malo), de la route de Fougères en direction de Liffré, vers Thorigné, au sud du Rheu et au nord-ouest de Pacé (route de Saint-Brieuc), de Chantepie à Cesson (route de Paris). La population avait été avertie la veille que l'accès à ces terrains serait interdit et qu'il y avait danger de mort à y pénétrer<ref> L'Ouest-Eclair du 6 juillet 1944</ref>. | ||
Les troupes allemandes avaient commencé à quitter la ville dans les derniers jours de juillet: "''au cours de la nuit du 30 au 31, les officiers de la Feldkommandantur sont partis précipitamment, emportant leurs bagages. Des convois traversent la ville mais, dans les voitures, il n'y a plus que des colis, ni armes, ni munitions''"<ref> ''Les Heures douloureuses de Rennes'', par V. Ladam. imp. Les Nouvelles</ref>. Les Allemands accentuent leur replis le Ier et le 2 août.<ref>[[Notes d'un vieux rennais pendant les jours précédant la libération de Rennes]]</ref> | |||
===Les troupes allemandes à Rennes le 1er août=== | |||
Les troupes allemandes avaient commencé à quitter la ville dans les derniers jours de juillet: "''au cours de la nuit du 30 au 31, les officiers de la Feldkommandantur sont partis précipitamment, emportant leurs bagages. Des convois traversent la ville mais, dans les voitures, il n'y a plus que des colis, ni armes, ni munitions''"<ref> ''Les Heures douloureuses de Rennes'', par V. Ladam. imp. Les Nouvelles</ref>. Les Allemands accentuent leur replis le Ier et le 2 août.<ref>[[Notes d'un vieux rennais pendant les jours précédant la libération de Rennes]]</ref> | |||
À Rennes, le 1er août, stationnent des restes de la 91e division aérienne (91 LLD), des troupes de l'air à l'aérodrome de Saint-Jacques (nombre inconnu), 2 éléments de protection du bataillon 390 du camp Maria (80 soldats), Kommandantur départementale (76 soldats), gendarmerie militaire (110 soldats), groupe de combat du génie (80 soldats), unité d'alerte (service d'intendance 150 soldats), camp de prisonniers (60 soldats), 5 batteries mixte de DCA de l'unité 451 comportant 800 soldats avec 36 canons de 20 mm, 2 de 37 mm, 26 canons de 88 mm. ET, en fin de journée, arrivent de Le Mans 1000 soldats du bataillon de marche "Mann" et 900 du bataillon "Losgar". <ref> ''Die Geschichte der 91. Luftlande-Division: Rekonstruktion eines grossberbandes der Deutschen Wehrmacht'' Helge Sven Naurothn Boris Steinberg</ref> Le colonel Eugen Koenig dispose donc de ces deux bataillons s'ajoutant aux restes de la 91e division aéroportée amenés par le général Fahrmbacher "''pour défendre Rennes, une ville commerciale de 80000 h. [...] considérée par certains comme la ville la plus laide du pays''" (!). Cette appréciation américaine a sa source dans un guide britannique de 1895 et fut reprise ensuite dans divers guides de langue anglaise : dans son ''North-Western France'' Augustus J.-C. Hare qualifiait Rennes de "ville la plus morne de même qu'elle est presque la plus laide du pays"<ref> ''Rennes dans les guides de voyage du XIXe siècle'', par Étienne Maignen. Bulletin et mémoires de la Sté archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine. t. CXII -2008 | |||
[[File:John_Shirley_Wood.jpg|150px|right|thumb|Major General John Shirley Wood, commandant de la 4th Armored Division; (''de Wikimedia Commons'')]] | [[File:John_Shirley_Wood.jpg|150px|right|thumb|Major General John Shirley Wood, commandant de la 4th Armored Division; (''de Wikimedia Commons'')]] | ||
===1er août, coup sévère à Maison-Blanche=== | ===1er août, coup sévère à Maison-Blanche=== | ||
[[Fichier:B815_316_maison_blanche.jpg|250px|left|thumb|Un des canons Flak 18 de 88 mm de la batterie allemande devant la ferme de la Chesnaie]] | [[Fichier:B815_316_maison_blanche.jpg|250px|left|thumb|Un des canons Flak 18 de 88 mm de la batterie allemande devant la ferme de la Chesnaie]] | ||
[[Fichier:Lieu_combat_1_aout.jpg|500px|left|thumb|Maison-Blanche ne figure pas sur la carte]] | [[Fichier:Lieu_combat_1_aout.jpg|500px|left|thumb|Maison-Blanche ne figure pas sur la carte]] | ||
Le 1er août, c'est par la route d'Antrain que des éléments de la 4e DB américaine du Major General John S. Wood (''4th Armored Division''), sous les ordres du général George Patton , descendent d’Avranches, <ref>'' 1er-4 août 1944, l'étrange libération de Rennes'', Etienne Maignen. éditions Yellow Concept - 2017 octobre </ref> mais "la longue descente sur Rennes ne fut pas une promenade dominicale dans un parc". Bien que la résistance allemande se fut évanouie au sud d’Avranches, il n’y avait aucune certitude quant à ce que rencontrerait la 4e blindée à mesure de l’approche du prochain objectif d’importance. Le 10e bataillon d’infanterie blindé (AIB) aurait bientôt un échantillon de ce que les Allemands lui réservaient à Rennes". Ce jour-là, un membre de la compagnie A, sans égal pour son audace et sa réussite mena une mission de reconnaissance bien particulière. Le soldat de première classe du 10 e bataillon d’infanterie blindé, Wilfred Pelletier, était d’ascendance française comme son nom l'indiquait et parlait français couramment. Il fut volontaire pour se mettre en civil et paraître un civil français pour faire une mission de reconnaissance approfondie des positions ennemies. Il se promena dans la campagne et fut bientôt chez les Allemands sans avoir été interpellé. De fait, il resta avec les troupes allemandes ce soir-là et demanda à l’une de leurs sentinelles de le réveiller à 7 heures du matin. Et l’Allemand s’exécuta ! Pelletier revint avec une moisson de renseignements sur les positions ennemies et leur dépôt de stocks. L'objectif premier était de "contrôler la hauteur entre Saint-Laurent et Lesboria"("Lesboria", déformation phonétique de ''Le Poirier'', ferme à l'ouest de la route (à l'emplacement de l'actuelle [[rue du Poirier Nivet]]).»<ref>''Patton's Vanguard, the United States Army Fourth Armored Division'', par Don M. Fox, éd. Macfarland - 2003</ref> | |||
====À 5,5 kilomètres de la place de la Mairie de Rennes...==== | ====À 5,5 kilomètres de la place de la Mairie de Rennes...==== | ||
Les chars et les autochenilles s’arrêtent avant Maison-Blanche, sur la commune de [[)]]-Grégoire]], à 5,5 km de la place de la Mairie de Rennes à vol d'oiseau. Est installée plus au sud , depuis le 9 mars 1943, près de la ferme de ''la Chesnaie'' à droite de la route vers Rennes, la 2e batterie de DCA (Flak Abt.2/441) avec 6 canons de 88 m/m, 2 canons quadri-tubes de 20 m/m, une centaine de fantassins disposant aussi de mitrailleuses et lance-roquettes anti-char. Les Américains savent l'existence d'une batterie allemande quelque part dans le secteur. | Les chars et les autochenilles s’arrêtent avant Maison-Blanche, sur la commune de [[)]]-Grégoire]], à 5,5 km de la place de la Mairie de Rennes à vol d'oiseau. Est installée plus au sud , depuis le 9 mars 1943, près de la ferme de ''la Chesnaie'' à droite de la route vers Rennes, la 2e batterie de DCA (Flak Abt.2/441) avec 6 canons de 88 m/m, 2 canons quadri-tubes de 20 m/m, une centaine de fantassins disposant aussi de mitrailleuses et lance-roquettes anti-char. Les Américains savent l'existence d'une batterie allemande quelque part dans le secteur. | ||
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<ref> ''1er - 4 août 1944 :l'étrange libération de Rennes'', Étienne Maignen. éditions Yellow Concept - 2017</ref> | <ref> ''1er - 4 août 1944 :l'étrange libération de Rennes'', Étienne Maignen. éditions Yellow Concept - 2017</ref> | ||
Jean Chasle, 23 ans, qui habite la ferme de ''la Chesnaie'' où cantonnent les Allemands, est au lieu-dit ''Roulefort'', 1,5 km au bord de la route en direction de Betton, occupé à nettoyer un talus à la faucille, quand il voit arriver une drôle de voiture avec des soldats et, derrière, des chars marqués d’une étoile blanche. Ce sont les Américains que l’on croyait à Avranches. L’un d’eux lui dit être Pierre Bourdan - et il connaît cette voix française de l'émission ''Les Français parlent aux Français'' - qui lui demande où est la batterie allemande. Chasle explique qu’elle est près de chez lui, au nord de la ferme ''Les Fontenelles'', dans des cuves bétonnées et cachée aux vues par des haies, aussi tente-t-il, deux fois, de les dissuader (" Ils vous tireraient comme des lapins") et il leur conseille d’entrer dans Rennes ("comme dans du beurre") par la route qui, au passage à niveau, mène à gauche à la route Fougères-Rennes. Mais l’officier américain qui commande dit que les chars ne sont pas faits pour les combats de rue et exige qu’il les conduise à la batterie. Chasle pédale donc sur son vélo, suivi de la jeep et des chars, l'un deux ayant cassé les barrières du passage à niveau fermées alors que les trains ne circulent plus, et les mène jusqu’à la cour de la Chesnaie, les chars restant en arrière en file sur la route. Chasle va rejoindre son père qui quitte les lieux avec la famille. L’officier américain de la jeep a un entretien avec le capitaine Schmitt, commandant la batterie de DCA <ref>Entretien d'Étienne Maignen avec Me Jean Chasle, le 21 mars 2013 </ref> <ref> ''Rennes pendant la guerre, chroniques de 1939 à 1945'', par Étienne Maignen. Éditions Ouest-France - 2013</ref> | Jean Chasle, 23 ans, qui habite la ferme de ''la Chesnaie'' où cantonnent les Allemands, est au lieu-dit ''Roulefort'', 1,5 km au bord de la route en direction de Betton, occupé à nettoyer un talus à la faucille, quand il voit arriver une drôle de voiture avec des soldats et, derrière, des chars marqués d’une étoile blanche. Ce sont les Américains que l’on croyait à Avranches. L’un d’eux lui dit être Pierre Bourdan - et il connaît cette voix française de l'émission ''Les Français parlent aux Français'' - qui lui demande où est la batterie allemande. Chasle explique qu’elle est près de chez lui, au nord de la ferme ''Les Fontenelles'', dans des cuves bétonnées et cachée aux vues par des haies, aussi tente-t-il, deux fois, de les dissuader (" Ils vous tireraient comme des lapins") et il leur conseille d’entrer dans Rennes ("comme dans du beurre") par la route qui, au passage à niveau, mène à gauche à la route Fougères-Rennes. La garnison allemande n'est pas redoutable. Mais l’officier américain qui commande dit que les chars ne sont pas faits pour les combats de rue et exige qu’il les conduise à la batterie. Chasle pédale donc sur son vélo, suivi de la jeep et des chars, l'un deux ayant cassé les barrières du passage à niveau fermées alors que les trains ne circulent plus, et les mène jusqu’à la cour de la Chesnaie, les chars restant en arrière en file sur la route. Chasle va rejoindre son père qui quitte les lieux avec la famille. L’officier américain de la jeep a un entretien avec le capitaine Schmitt, commandant la batterie de DCA <ref>Entretien d'Étienne Maignen avec Me Jean Chasle, le 21 mars 2013 </ref> <ref> ''Rennes pendant la guerre, chroniques de 1939 à 1945'', par Étienne Maignen. Éditions Ouest-France - 2013</ref> | ||
==== Les Allemands font mouche : de lourdes pertes==== | ==== Les Allemands font mouche : de lourdes pertes==== |
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