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Le vendredi 29 juillet [[1836]], voici plus de deux heures qu’une foule compacte se presse à Rennes des rues du faubourg de Paris jusqu’au Mail, pour assister à l’arrivée de la chaîne qu’on annonce enfin car elle a passé Cesson. C’est un spectacle à ne pas manquer et un événement accroît la curiosité : voir l’horrible François, le complice de Lacénaire, l’homme le plus dangereux du convoi, objet d’une surveillance spéciale. | Le vendredi 29 juillet [[1836]], voici plus de deux heures qu’une foule compacte se presse à Rennes des rues du faubourg de Paris jusqu’au Mail, pour assister à l’arrivée de la chaîne qu’on annonce enfin car elle a passé Cesson. C’est un spectacle à ne pas manquer et un événement accroît la curiosité : voir l’horrible François, le complice de Lacénaire, l’homme le plus dangereux du convoi, objet d’une surveillance spéciale. | ||
Enfin, vers 15 heures, l’attente de tous ces Rennais et Rennaises, des classes bourgeoises et populaires, prend fin car ils entendent des chants qui approchent. Ce sont ceux de deux cents hommes qui, ferrés au cou à Bicêtre à Paris, poursuivent leur long trajet. depuis près de deux semaines. Attachés par un collier de fer et groupés en cordons de 24 ou 26 hommes, ils ont fait le trajet à pied, certains en charrette, accompagnés d’un officier de santé et escortés par une vingtaine de gardes, les « argousins », recrutés par un entrepreneur privé chargé par l’administration du ministère de l’Intérieur de toute l’organisation, de la logistique et de la surveillance des prisonniers. | Enfin, vers 15 heures, l’attente de tous ces Rennais et Rennaises, des classes bourgeoises et populaires, prend fin car ils entendent des chants qui approchent. Ce sont ceux de deux cents hommes qui, ferrés au cou à Bicêtre à Paris, poursuivent leur long trajet. via Dreux, depuis près de deux semaines. Attachés par un collier de fer et groupés en cordons de 24 ou 26 hommes, ils ont fait le trajet à pied, certains en charrette, accompagnés d’un officier de santé et escortés par une vingtaine de gardes, les « argousins », recrutés par un entrepreneur privé chargé par l’administration du ministère de l’Intérieur de toute l’organisation, de la logistique et de la surveillance des prisonniers. | ||
Les voici qui passent et on leur trouve des figures sinistres. De plus, le comportement étrange de ces misérables, avec leurs chants de colère et d’espoir, est perçu comme traduisant une insensibilité corrélatives à leurs méfaits et crimes et comme un mépris scandaleux des honnêtes citoyens qui respectent les lois et dont les regards réprobateurs se repaissent de ces rebuts de la société. La présence de spectatrices excite certains forçats qui lancent des quolibets salaces. Les invectives, les blasphèmes lancés entre les chants les démarquent du bon peuple. Le convoi a d’ailleurs une valeur symbolique et, en quelque sorte pédagogique, car il met en scène les conséquences redoutables du crime érigées par la société. <ref> Sylvain Rappaport,la Chaîne des forçats, 1782-1836, Paris, Aubier, 2006 </ref> | Les voici qui passent et on leur trouve des figures sinistres. De plus, le comportement étrange de ces misérables, avec leurs chants de colère et d’espoir, est perçu comme traduisant une insensibilité corrélatives à leurs méfaits et crimes et comme un mépris scandaleux des honnêtes citoyens qui respectent les lois et dont les regards réprobateurs se repaissent de ces rebuts de la société. La présence de spectatrices excite certains forçats qui lancent des quolibets salaces. Les invectives, les blasphèmes lancés entre les chants les démarquent du bon peuple. Le convoi a d’ailleurs une valeur symbolique et, en quelque sorte pédagogique, car il met en scène les conséquences redoutables du crime érigées par la société. <ref> Sylvain Rappaport,la Chaîne des forçats, 1782-1836, Paris, Aubier, 2006 </ref> |
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