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« Camp Victor Rault - n° 24 » : différence entre les versions

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'''Époque 1946 - 1950'''
'''Époque 1946 - 1950'''


'''''L'opérette " Monsieur beaucaire au théâtre de Rennes'''''
'''''L'opérette " Monsieur Beaucaire au théâtre de Rennes'''''
 
J’ai appris que  le professeur qui enseigne  la musique  à  notre  école communale  « Victor Rault » est violoniste  de  son  état,  au  théâtre de Rennes. J’ai pu  l’apercevoir dans la fosse d’orchestre,  quand nous  sommes allés assister en famille, à la représentation d’une opérette d’André Messager "Monsieur Beaucaire".
 
Nous sommes en 1947 ou 1948 je ne peux préciser exactement l’année, j’ai entre dix et onze ans.
Mais aujourd’hui, c’est la fête, changement de décors.  Nous allons vivre  un grand événement.  Nous sommes dimanche, nous quittons pour un après midi notre  bien triste camp pour  nous rendre  à pieds au théâtre de Rennes. Nous avons revêtu pour cette  exceptionnelle  occasion nos habits du dimanche. Je suppose que mon père s’est vu offrir les billets d’entrées dont le coût aurait trop entamé nos modestes ressources.
C’est la première fois que je pénètre  dans un édifice aussi  prestigieux. Je suis très intimidé, alors que je suis d’ordinaire si turbulent.  Quand j’entre dans la salle du théâtre, celle-ci m’apparait comme pareil à un palais. Cet univers qui s’offre à mes yeux et dans lequel je fais mes premiers pas est à lui seul un magnifique spectacle, prélude de ce qui va suivre..
Partout, d'innombrables lumières,  des velours, de superbes dorures, des fauteuils capitonnés très confortables mais aussi des fragrances agréables qui m’arrivent de tous cotés et qui me changent de l’odeur du savon de Marseille de la maison. Il ne m’a jamais encore  été permis d’admirer d’aussi belles  choses. Comme par magie  je passe soudainement au-delà de l’écran et entre dans un  film des contes des mille et  une nuits …et pourtant,  pour mon plus grand bonheur,  je n’ai pas terminé d’être magnifiquement étonné. Je vole sur un petit nuage, tous mes soucis, tous les relents d’une vie grise que j’ai en moi se sont arrêtés là, à la porte de cette salle.
Nous sommes assis confortablement, le rideau se lève, les conversations étouffées font place à un grand silence.  Quelle merveille vais-je maintenant  découvrir ?  La musique et les chants  ne pourront être que magnifiques puisque servis dans un si bel écrin. Sur scène des personnages vêtus de riches costumes aux éblouissantes couleurs vont et viennent. Tout est prétexte pour placer un discours chanté,  merveilleusement interprété.  Oh ! L’air de « La rose rouge » comme je l’ai aimé  immédiatement et retenu pour toujours  et plus encore celui de « Rossignol » qui chante  encore aujourd’hui dans ma tête. Je suis  aux anges, je suis ébloui,  non seulement par la magnificence des costumes mais aussi par les  jolis décors qui se succèdent.  Je suis  enchanté  par la pureté des voix  et ravi de l’aisance avec laquelle sont interprétés les chants. Comme j’aime entendre ces belles voix. 
Il est vrai que l’enfant qui a connu  la période de l’occupation avec toutes ses restrictions qui l’accompagnaient, puis, la vie difficile surtout pour les gens humbles durant les quelques années qui ont suivi, rêvait  de voir pleuvoir sur son foyer mille  pièces d’or. Ce qui ne fut pas.
A la maison, nous avons toujours eu un poste de TSF, il fonctionne sans arrêt quand nous sommes présents. Je retiens  facilement la mélodie des chants  que diffusent « La chaine parisienne » ou « Paris Inter ». A cette époque les radios nous font entendre très souvent de la  musique classique et surtout beaucoup d’airs d’opérettes. Je n'imaginais pas, alors, qu’ils pouvaient être produits dans un cadre aussi enchanteur.
Je ne comprends pas entièrement l’intrigue de « Monsieur Beaucaire »,  peu importe. J’entends  néanmoins que sous  l’aspect d’un barbier se cache un noble, c’est très romantique, j’aime bien !. Monsieur Beaucaire  sera-t-il démasqué ? Je suis transporté durant tout le spectacle. Il se peut, ce jour là, que les rôles principaux de l’opérette, soient interprétés par Marcel Merkes avec son inséparable partenaire sur scène et épouse, Paulette Merval,  je ne l’affirmerais pas.
 
La fin du conte est survenue comme une porte qui se referme brusquement et qui met fin à de beaux moments de rêve et d’évasion. Je quitte la salle la tête pleine de lumières, de couleurs, de musique  et de chants. Je suis différent.
 
Sur le chemin du retour, notre carrosse s’étant rapidement transformé en citrouille, il faut maintenant faire face au désenchantement et accepter la dure réalité de notre vie de gens humbles, je n’ose pas penser de gens pauvres. Nous devons rejoindre notre triste camp.
 
Ensemble, la fratrie, nous entretenons bien longtemps dans notre foyer, le rêve que nous a fait vivre  l’opérette « Monsieur Beaucaire ». Nous chantons à tout moment  les principaux airs du spectacle, surtout « ô Rose merveilleux butin » comme si nous y étions. Nous les avons bien mémorisés malgré l’unique spectacle auquel  il nous aura été permis d’assister. Dans cette opérette, entendre aussi chanter les paroles « Anglais et Français au regard vainqueur » suscite en moi comme un brin de fierté. En effet, les événements de la guerre sont encore frais dans ma mémoire et je n’oublie pas que  Français et Anglais, ensemble nous avons combattu l’occupant.
Albert René Gilmet
Le 27 octobre 2014.
 
 
 
 


J’ai appris que le professeur de musique qui enseigne dans notre école à Victor Rault est violoniste de son état, au théâtre de Rennes. J’ai pu l’apercevoir dans la fosse d’orchestre, quand nous sommes allés voir en famille, une opérette d’André Messager ''"Monsieur Beaucaire"''.


C’est un grand événement, un dimanche, nous sortons de notre triste camp pour nous rendre au théâtre de Rennes. Nous avons revêtu nos habits du dimanche.
Je découvre alors le faste d’une opérette, le cadre somptueux dans lequel elle se déroule. Elle présente sur scène des personnages vêtus de riches costumes aux éblouissantes couleurs, de magnifiques décors, des chants merveilleusement interprétés. La salle du théâtre est, à elle seule, tout aussi un spectacle pour l’enfant que je suis. D'innombrables lumières, des velours, des dorures, des fauteuils capitonnés très confortables, des parfums, je ne me souviens pas avoir déjà vu de si belles choses. Je n'imaginais pas que cela puisse exister. Je suis transporté durant tout le spectacle.
Il se peut, ce jour là, que les rôles principaux de l’opérette, soient interprétés par ''Marcel Merkes'' avec son inséparable partenaire sur scène et épouse, ''Paulette Merval'', je ne l’affirmerais pas.


Au retour, notre carrosse s’étant rapidement transformé en citrouille, il faut faire face au désenchantement et accepter la dure réalité de notre vie de gens humbles, je n’ose pas penser, de gens pauvres.
Au retour, notre carrosse s’étant rapidement transformé en citrouille, il faut faire face au désenchantement et accepter la dure réalité de notre vie de gens humbles, je n’ose pas penser, de gens pauvres.
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