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Sur le [[Champ de Mars]], où se tient une fête foraine, les stands et les manèges se volatilisent, mais la fréquentation est heureusement faible en ce début du lundi après-midi de vacances des Gras. La fête ne battait heureusement pas son plein contrairement à ce qu'on a lu depuis. Le quotidien ''Ouest-Éclair'' mentionna bien que "amuseurs et chalands étaient ensevelis sous les décombres" mais aucun article ne fait état d'un nombre important de Rennais tués à cet endroit. Seuls des forains et leurs familles furent atteints, comme le dira d'ailleurs de Vichy, le 14, le ministre Cathala.
Sur le [[Champ de Mars]], où se tient une fête foraine, les stands et les manèges se volatilisent, mais la fréquentation est heureusement faible en ce début du lundi après-midi de vacances des Gras. La fête ne battait heureusement pas son plein contrairement à ce qu'on a lu depuis. Le quotidien ''Ouest-Éclair'' mentionna bien que "amuseurs et chalands étaient ensevelis sous les décombres" mais aucun article ne fait état d'un nombre important de Rennais tués à cet endroit. Seuls des forains et leurs familles furent atteints, comme le dira d'ailleurs de Vichy, le 14, le ministre Cathala.
[[Avenue Janvier]], des voyageurs débarquant dans la ville, des ouvriers, des promeneurs sont littéralement fauchés, déchiquetés. Partout des scènes d'horreur et de désespoir. L'objectif attribué aux forteresses volantes était la gare de triage. "''Les quartiers les plus atteints ont été [[Le Foyer Rennais]],l'école  près de la [[rue Mauconseil]], au sud  du pont de Nantes, indemne lui, les Sacrés-Cœurs (37 paroissiens tués) <ref> ''Ouest-Eclair'' 22mars 1943</ref>, le Colombier, le [[Champ de Mars]] sur lequel étaient établis plusieurs manèges forains, le [[boulevard de la Liberté]], l'hôtel de Kergus, la gare Saint-Hélier, la [[rue Lucien Decombe]], les entrepôts de la Société [[L'Economique]] (immeubles incendiés), la plaine St-Hélier, l'avenue du [[Cimetière de l'Est|cimetière de l'Est]], les cités [[Villebois Mareuil]], le cimetière de l'est (21 bombes à l'intérieur),[[Fichier:Bombardement_1943.jpeg|350px|right|thumb|''"Ce petit cimetière rennais" touché est en fait le cimetière de l'Est. Extrait d'un livret intitulé "Les Assassins du Ciel", propagande anti-britannique du gouvernement de Vichy - mars 1943'']]les quartiers de Châteaugiron et Adolphe Leray''".<ref>procès-verbal de Uriac Auguste, commissaire central de police de la Ville de Rennes, en date du 8 mars 1943. 3e arrondissement n° 518</ref> Au cimetière de l'est des tombes sont éventrées, des morts déterrés par les bombes. Au quartier des Sacrés-Cœurs on dénombre 37 paroissiens tués.
[[Avenue Janvier]], des voyageurs débarquant dans la ville, des ouvriers, des promeneurs sont littéralement fauchés, déchiquetés. Partout des scènes d'horreur et de désespoir. L'objectif attribué aux forteresses volantes était la gare de triage. "''Les quartiers les plus atteints ont été [[Le Foyer Rennais]], l'école  près de la [[rue Mauconseil]], au sud  du pont de Nantes, indemne lui, les Sacrés-Cœurs (37 paroissiens tués) <ref> ''Ouest-Eclair'' 22mars 1943</ref>, le Colombier, le [[Champ de Mars]] sur lequel étaient établis plusieurs manèges forains, le [[boulevard de la Liberté]], l'hôtel de Kergus, la gare Saint-Hélier, la [[rue Lucien Decombe]], les entrepôts de la Société [[L'Economique]] (immeubles incendiés), la plaine St-Hélier, l'avenue du [[Cimetière de l'Est|cimetière de l'Est]], les cités ''Villebois Mareuil'', le cimetière de l'est (21 bombes à l'intérieur),[[Fichier:Bombardement_1943.jpeg|350px|right|thumb|''"Ce petit cimetière rennais" touché est en fait le cimetière de l'Est. Extrait d'un livret intitulé "Les Assassins du Ciel", propagande anti-britannique du gouvernement de Vichy - mars 1943'']]les quartiers de Châteaugiron et Adolphe Leray''".<ref>procès-verbal de Uriac Auguste, commissaire central de police de la Ville de Rennes, en date du 8 mars 1943. 3e arrondissement n° 518</ref> Au cimetière de l'est des tombes sont éventrées, des morts déterrés par les bombes. Au quartier des Sacrés-Cœurs on dénombre 37 paroissiens tués.
[[Fichier:Champ_de_mars_1943.jpg|300px|left|thumb|Sur le Champ de Mars, le 8 mars 1943 secteur bd de la Liberté-rue d'Isly, avions-jouets et avions de mort - effets des bombes sur les manèges de la fête foraine]]
[[Fichier:Champ_de_mars_1943.jpg|300px|left|thumb|Sur le Champ de Mars, le 8 mars 1943 secteur bd de la Liberté-rue d'Isly, avions-jouets et avions de mort - effets des bombes sur les manèges de la fête foraine]]
[[Rue Monseigneur Duchesne]], aux Entrepôts de la Société l’Economique installés là depuis une trentaine d'années, le personnel est à son poste de travail. Au bruit des premières bombes, suivant les consignes données, les employés se rendent aux abris. Quand plusieurs d'entre elles s'abattent sur les bâtiments de la Société, plafonds et cloisons s'effondrent sur les malheureux qui se trouvent prisonniers de locaux aux issues obstruées. L'incendie se déclare et se propage rapidement, [[l'Economique]] n'est plus qu'un amas de ruines fumantes dans lesquelles périssent 71 personnes. Les noms de ces martyrs sont gravés sur un monument élevé à leur mémoire au [[cimetière de l'Est]].<ref> [[''Le pt'it mot d'Alphonse'']] dans numéro 21 du journal de quartier paru dans la Revue de quartier, mémoire collective et expression citoyenne - n°1 septembre 2006</ref>
[[Rue Monseigneur Duchesne]], aux Entrepôts de la Société l’Economique installés là depuis une trentaine d'années, le personnel est à son poste de travail. Au bruit des premières bombes, suivant les consignes données, les employés se rendent aux abris. Quand plusieurs d'entre elles s'abattent sur les bâtiments de la Société, plafonds et cloisons s'effondrent sur les malheureux qui se trouvent prisonniers de locaux aux issues obstruées. L'incendie se déclare et se propage rapidement, [[l'Economique]] n'est plus qu'un amas de ruines fumantes dans lesquelles périssent 71 personnes. Les noms de ces martyrs sont gravés sur un monument élevé à leur mémoire au [[cimetière de l'Est]].<ref> [[''Le pt'it mot d'Alphonse'']] dans numéro 21 du journal de quartier paru dans la Revue de quartier, mémoire collective et expression citoyenne - n°1 septembre 2006</ref>
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[[Fichier:Cimeti%C3%A8re_mars_1943.jpg|350px|center|thumb|Au cimetière de l'Est, le 11 mars]]
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[[Fichier:Obs%C3%A8ques_8_mars_1943.png|300px|thumb|En 1re page de l'''Ouest-Eclair'' du 12 mars 1943]]
[[Fichier:Obs%C3%A8ques_8_mars_1943.png|300px|thumb|En 1re page de l'''Ouest-Eclair'' du 12 mars 1943]]
[[Fichier:Discours_de_Cathala.png|300px|right|thumb|Le discours du ministre Cathala, en présence des autorités françaises et militaires allemandes]]
[[Fichier:Rue du Plélo.jpg|center|250px|thumb|8 mars 1943  Rennes rue de Plélo]]
 
Lors des obsèques, l'autorité religieuse fait chorus avec l'autorité civile : Mgr Roques dit "''sa réprobation et son indignation de toutes ces horreurs que la guerre a créées sur notre sol, car les procédés de la guerre, quelle qu'elle soit, d'où qu'elle vienne, ne justifient pas ni n'autorisent le massacre des innocents et des populations civiles''."<ref> ''L'Ouest-Eclair'' - 12 mars 1943</ref> Les jours suivants eurent lieu d'autres obsèques de victimes découvertes ultérieurement dans les ruines et nombreux furent les avis d'obsèques de personnes "décédées accidentellement".
Lors des obsèques, l'autorité religieuse fait chorus avec l'autorité civile : Mgr Roques dit "''sa réprobation et son indignation de toutes ces horreurs que la guerre a créées sur notre sol, car les procédés de la guerre, quelle qu'elle soit, d'où qu'elle vienne, ne justifient pas ni n'autorisent le massacre des innocents et des populations civiles''."<ref> ''L'Ouest-Eclair'' - 12 mars 1943</ref> Les jours suivants eurent lieu d'autres obsèques de victimes découvertes ultérieurement dans les ruines et nombreux furent les avis d'obsèques de personnes "décédées accidentellement".


L'hebdomadaire ''l'Illustration'' fera sa couverture des funérailles nationales des victimes : sur le [[quai Chateaubriand]], une longue file de camions avec plateau portant les cercueils se dirige vers le [[cimetière de l'Est]] entre des Rennais stationnant sur les trottoirs, et un ministre du gouvernement de Vichy, Pierre Cathala, ministre secrétaire d'Etat à l'économie et aux finances, originaire de Montfort-sur-Meu, a fait le déplacement<ref>''L'Illustration'', n° 5819, du 20 mars 1943</ref>. Les préfets régional et départemental et l'archevêque de Rennes verront au cinéma ''Le Celtic'', 10 [[rue Saint-Louis]], les actualités cinématographiques relatant les cérémonies des obsèques nationales à Rennes. Pendant des semaines l'''Ouest-Eclair'' publie en colonne des listes de donateurs, noms et adresses et des montants des dons pour les sinistrés.
L'hebdomadaire ''l'Illustration'' fera sa couverture des funérailles nationales des victimes : sur le [[quai Chateaubriand]], une longue file de camions avec plateau portant les cercueils se dirige vers le [[cimetière de l'Est]] entre des Rennais stationnant sur les trottoirs, et un ministre du gouvernement de Vichy, Pierre Cathala, ministre secrétaire d'Etat à l'économie et aux finances, originaire de Montfort-sur-Meu, a fait le déplacement<ref>''L'Illustration'', n° 5819, du 20 mars 1943</ref>. Les préfets régional et départemental et l'archevêque de Rennes verront au cinéma ''Le Celtic'', 10 [[rue Saint-Louis]], les actualités cinématographiques relatant les cérémonies des obsèques nationales à Rennes. Pendant des semaines l'''Ouest-Eclair'' publie en colonne des listes de donateurs, noms et adresses et des montants des dons pour les sinistrés.


[[Fichier:Rue du Plélo.jpg|left|250px|thumb|8 mars 1943  Rennes rue de Plélo
[[Fichier:Discours_de_Cathala.png|300px|right|thumb|Le discours du ministre Cathala, en présence des autorités françaises et militaires allemandes]]
Numéro d'inventaire  : 977.0030.131
Numéro d'inventaire  : 977.0030.131
Collections Musée de Bretagne]]
Collections Musée de Bretagne]]
[[Fichier:Apres_le_bombardement_du_8_mars_1943.jpeg|250px|center|thumb|page de la plaquette "Les Assassins du Ciel"- mars 1943]]
[[Fichier:Apres_le_bombardement_du_8_mars_1943.jpeg|250px|left|thumb|page de la plaquette "Les Assassins du Ciel"- mars 1943]]


--[[Utilisateur:Stephanus|Stephanus]] 18 mai 2012 à 09:27 (CEST)
--[[Utilisateur:Stephanus|Stephanus]] 18 mai 2012 à 09:27 (CEST)
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===J'ai sept ans  et sur Rennes tombent les bombes===
 
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J''''ai sept ans  et sur Rennes tombent les bombes'''
   
   
Tout à côté de notre rue, sur le toit du [[palais Saint-Georges]], il y a une sirène d’alerte. On entend, surtout de nuit, le son qui prend son élan puis monte et descend pendant une ou deux minutes, et on descend à la cave. Un midi de février 1943, en rentrant du p'tit cours de la [[rue Victor Hugo]], je descends la [[rue Gambetta]] avec ma petite sœur, la sirène retentit. Je prend sa main et nous courons ; les gens pédalent plus vite ou courent aussi, telles ces deux « souris grises » qui retiennent à grand peine d’une main leur petit calot sur leur chevelure à rouleaux et de l’autre leur sac à courroie sur l’épaule. Les parents nous attendent pour descendre à la cave. Fausse alerte… C’était pour Nantes ou Saint-Nazaire…
Tout à côté de notre rue, sur le toit du [[palais Saint-Georges]], il y a une sirène d’alerte. On entend, surtout de nuit, le son qui prend son élan puis monte et descend pendant une ou deux minutes, et on descend à la cave. Un midi de février 1943, en rentrant du p'tit cours de la [[rue Victor Hugo]], je descends la [[rue Gambetta]] avec ma petite sœur, la sirène retentit. Je prend sa main et nous courons ; les gens pédalent plus vite ou courent aussi, telles ces deux « souris grises » qui retiennent à grand peine d’une main leur petit calot sur leur chevelure à rouleaux et de l’autre leur sac à courroie sur l’épaule. Les parents nous attendent pour descendre à la cave. Fausse alerte… C’était pour Nantes ou Saint-Nazaire…
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Nous sortons et repoussons les volets intérieurs que nous avions rabattus. En face, le grand drapeau à croix gammée pend toujours tranquille le long de sa hampe mais du ciel maintenant sale tombent lentement des bouts de papiers et des petites plumes blanches ! Mon père vient de rentrer en courant pour s’assurer que l’immeuble n’est pas touché. On apprendra que ces plumes avaient probablement été soufflées de matelas éventrés qui étaient dans des baraques de forains sur le [[Champ de Mars]]. Le lendemain, on dit que beaucoup d’employés de l’Economique sont morts « caramélisés » dans du sucre entreposé.
Nous sortons et repoussons les volets intérieurs que nous avions rabattus. En face, le grand drapeau à croix gammée pend toujours tranquille le long de sa hampe mais du ciel maintenant sale tombent lentement des bouts de papiers et des petites plumes blanches ! Mon père vient de rentrer en courant pour s’assurer que l’immeuble n’est pas touché. On apprendra que ces plumes avaient probablement été soufflées de matelas éventrés qui étaient dans des baraques de forains sur le [[Champ de Mars]]. Le lendemain, on dit que beaucoup d’employés de l’Economique sont morts « caramélisés » dans du sucre entreposé.
   
   
|auteur=[[Etienne Maignen]]|qualite=|origine=|collecteur=|date=26 janvier 2011}}
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===A bord du tramway tournant de l'avenue Janvier vers la rue Saint-Hélier...===
===A bord du tramway tournant de l'avenue Janvier vers la rue Saint-Hélier...===


Alors que le tramway abordait le virage vers la rue Saint-Hélier, une énorme explosion  fait éclater toutes les vitres du tram qui s'arrête brutalement. Nous descendons rapidement et allons nous réfugier dans la café qui se  trouve au carrefour. Je suis avec maman. Où se trouve Jean-Paule ? je me souviens m'être retrouvé à plat ventre sur le trottoir, le nez dans les chaussures  à clous d'un homme à plat ventre devant moi. C'est alors que j'ai vu la totalité du pan de mur, au moins quatre niveaux,  du bâtiment  de l'autre côté du carrefour 'la caserne de Kergus) s'effondrer d'un seul bloc. J'ai été très impressionné. Nous voilà repartis vers la rue d'Estrées. Tout au long du trajet, je vois voltiger des plumes blanches en très grand nombre et je dis à Maman: "Les petits oiseaux, ils ont été tués par les bombes." Il s'agissait de en réalité de pièces de couchage des forains installés pour la fête sur le Champ de Mars qui avait reçu des bombes..
Alors que le tramway abordait le virage vers la rue Saint-Hélier, une énorme explosion  fait éclater toutes les vitres du tram qui s'arrête brutalement. Nous descendons rapidement et allons nous réfugier dans la café qui se  trouve au carrefour. Je suis avec maman. Où se trouve Jean-Paul ? je me souviens m'être retrouvé à plat ventre sur le trottoir, le nez dans les chaussures  à clous d'un homme à plat ventre devant moi. C'est alors que j'ai vu la totalité du pan de mur, au moins quatre niveaux,  du bâtiment  de l'autre côté du carrefour 'la caserne de Kergus) s'effondrer d'un seul bloc. J'ai été très impressionné. Nous voilà repartis vers la rue d'Estrées. Tout au long du trajet, je vois voltiger des plumes blanches en très grand nombre et je dis à Maman: "Les petits oiseaux, ils ont été tués par les bombes." Il s'agissait de en réalité de pièces de couchage des forains installés pour la fête sur le Champ de Mars qui avait reçu des bombes.


'''Yves Garnier''', 6 ans et demi en mai 1943 (
'''Yves Garnier''', 6 ans et demi en mai 1943 (essai d'écriture sur le déroulement de la vie d'Yves Garnier)




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