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[[Fichier:Plan de 1726 (rue des Fosses - Bon Pasteur).jpg|right|300px|thumb|Au 18e siècle, la contour de la Motte s'appelait la rue de la Motte, mais contournait déjà la "Motte à Madame". En 5 était la porte Saint-Georges avec son boulevard en avancée ]] | [[Fichier:Plan de 1726 (rue des Fosses - Bon Pasteur).jpg|right|300px|thumb|Au 18e siècle, la contour de la Motte s'appelait la rue de la Motte, mais contournait déjà la "Motte à Madame". En 5 était la porte Saint-Georges avec son boulevard en avancée ]] | ||
[[Fichier:Quartier_de_la_Motte.png|left|400px|thumb|Le quartier de la Motte en 1782 (extrait du plan Forestier)]] | [[Fichier:Quartier_de_la_Motte.png|left|400px|thumb|Le quartier de la Motte en 1782 (extrait du plan Forestier)]] | ||
Le lieu appartenait à l'abbaye voisine des Bénédictines et fut nommé "la Motte à Madame" en l'honneur de Madame l'abbesse de l'abbaye de Saint-Georges,mais cette dénomination a aussi couramment pour le peuple une connotation grivoise en référence au pubis féminin. Sur les plans du 18e siècle il porte le nom de ''rue de la Motte'' et la rue Louis-Philippe, actuelle [[rue Victor Hugo]], ne fut percée qu'en | Le lieu appartenait à l'abbaye voisine des Bénédictines et fut nommé "la Motte à Madame" en l'honneur de Madame l'abbesse de l'abbaye de Saint-Georges,mais cette dénomination a aussi couramment pour le peuple une connotation grivoise en référence au pubis féminin. Sur les plans du 18e siècle il porte le nom de ''rue de la Motte'' et la rue Louis-Philippe, actuelle [[rue Victor Hugo]], ne fut percée qu'en 1827, entraînant la suppression de ''la Petite Motte'', terrasse en fer à cheval garnie de gazon installée en 1728. | ||
===Souvent réaménagé=== | ===Souvent réaménagé=== | ||
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Sur le côté ouest s'élèvent au n°3 ''l'hôtel de Robien de Kerambourg'' ou hôtel de Bizien'', construit en 1703, qui abrita, de 1866 à 1872, le quartier général de la 16e division militaire, transféré [[rue de Corbin]], puis fut mis à la disposition de l'évêché de [[1905]] à 1982 et abrite le Tribunal administratif depuis janvier 1997.(On y voit sculptées, en haut à gauche, les armes du cardinal Charost, décédé le 7 novembre 1930 à Rennes). <ref>[[Les Demoiselles de Renac]]</ref> | Sur le côté ouest s'élèvent au n°3 ''l'hôtel de Robien de Kerambourg'' ou hôtel de Bizien'', construit en 1703, qui abrita, de 1866 à 1872, le quartier général de la 16e division militaire, transféré [[rue de Corbin]], puis fut mis à la disposition de l'évêché de [[1905]] à 1982 et abrite le Tribunal administratif depuis janvier 1997.(On y voit sculptées, en haut à gauche, les armes du cardinal Charost, décédé le 7 novembre 1930 à Rennes). <ref>[[Les Demoiselles de Renac]]</ref> | ||
, au n° 5'' l'hôtel de Kersalaün'', construit après l'[[incendie de 1720]], en face duquel un escalier construit en 1739, fut ôté en 1846 pour l'abaissement du niveau de la voie, et | , au n° 5'' l'hôtel de Kersalaün'', construit après l'[[incendie de 1720]], en face duquel un escalier construit en 1739, fut ôté en 1846 pour l'abaissement du niveau de la voie, et | ||
en haut du Contour, côté est, se trouve le [[square de la Motte]], version moderne de la promenade créée en | en haut du Contour, côté est, se trouve le [[square de la Motte]], version moderne de la promenade créée en 1659 sur des terrains qui avaient été prélevés en 1424 à l'abbaye de Saint-Georges pour la construction de la deuxième enceinte démolie pour cette promenade, de forme ovale, visible sur la plan Hévin de 1685, appelée ''Motte à Madame'', abréviation alors usuelle de "Motte à Madame l'Abbesse". C'est sur cette promenade que furent célébrées, pendant la 1re République, la fête des enfants et celle des vieillards. La promenade fut maintes fois réaménagée. La partie descendante, au sud-est, était munie d'un grand escalier de granit, dessiné par l'architecte Millardet en 1829, aménagé pour recevoir des fontaines et déplacé en 1899 pour l'entrée sud du [[Thabor]], donnant sur la [[rue de Paris]]<ref>''Les rues de Rennes'', par Lucien Decombe. Le Roy, éditeur - 1892</ref>. | ||
===Très apprécié par ces messieurs du Parlement=== | ===Très apprécié par ces messieurs du Parlement=== | ||
La noblesse parlementaire apparaît, extra muros, sur la Motte après 1640 : en 1646 la famille de Marbeuf est la première à s'installer dans son hôtel. Un conseiller au parlement, Jean-Jacques de Renouard de Villayer, construisit de | La noblesse parlementaire apparaît, extra muros, sur la Motte après 1640 : en 1646 la famille de Marbeuf est la première à s'installer dans son hôtel. Un conseiller au parlement, Jean-Jacques de Renouard de Villayer, construisit de 1659 à [[1692]] l'hôtel qui va devenir propriété des Farcy de Cuillé vers 1740. Le quartier est, en 1727, devant les Lices, le principal lieu d'habitation des parlementaires, conséquence de l'[[incendie de 1720]]. On en compta jusqu'à une quinzaine mais ils n'étaient plus qu'une demi-douzaine quarante ans plus tard<ref>''Habiter les villes de cours souveraines en France (XVIe-XVIIIe s). Pas au sud de la Vilaine'',p. 35,36 par Gauthier Aubert, publié, sous la direction de Clarisse Coulomb, par MSH-Alpes -2008</ref>. | ||
La promenade de la Motte avait été la deuxième promenade aménagée à Rennes, dans la 2e moitié du 17e siècle, après celle du Mail. Son rôle attractif, au 18e siècle après la reconstruction de la ville, se manifesta par les projets de rénovation et d'agrandissement dont elle fit l'objet. Le projet de Mousseux ( | La promenade de la Motte avait été la deuxième promenade aménagée à Rennes, dans la 2e moitié du 17e siècle, après celle du Mail. Son rôle attractif, au 18e siècle après la reconstruction de la ville, se manifesta par les projets de rénovation et d'agrandissement dont elle fit l'objet. Le projet de Mousseux (1729), se présente sous la forme d'un cours, qui épouserait les contours de l'enceinte, prolongé à la porte de la [[rue des Francs-Bourgeois]]. Celui de l'ingénieur de la ville Abeille (1739) adoptait un plan régulier où les plantations suivent un tracé en ellipse sur la grande Motte, distincte de la petite Motte dotée d'un parterre. Ce choix s'explique par la création d'une seconde promenade, au port de Viarmes. | ||
La Motte forme un cadre attrayant comme le montre la construction de plusieurs hôtels dès la fin du 17e siècle. Dotée d'un escalier monumental ( | La Motte forme un cadre attrayant comme le montre la construction de plusieurs hôtels dès la fin du 17e siècle. Dotée d'un escalier monumental (1826) destiné à racheter la pente du terrain, après la démolition du portail et d'une portion de tour carrée, restes de l'église Saint-Georges, de la porte du même nom et de la petite Motte, pour permettre l'ouverture de la ''rue Louis-Philippe'', future [[rue Victor-Hugo]], la promenade devient le cœur d'un nouveau quartier résidentiel réalisé par l'architecte Louis Richelot, dans les années [[1830]]<ref>Inventaire topographique, par Isabelle Barbedor -1998</ref>. | ||
===Puis moins au 19e siècle=== | ===Puis moins au 19e siècle=== | ||
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Le déplacement de l'escalier monumental banalisa la promenade qui devint un petit jardin public sans grande fréquentation. | Le déplacement de l'escalier monumental banalisa la promenade qui devint un petit jardin public sans grande fréquentation. | ||
Au n° 1, côté ouest du Contour, à l'angle de la rue Victor-Hugo, fut construit en | Au n° 1, côté ouest du Contour, à l'angle de la rue Victor-Hugo, fut construit en 1878, par l'architecte Michel Gelly, un immeuble de rapport à huit travées, avec rez-de-chaussée, entresol et deux étages, le premier souligné par un grand balcon courant sur toute la longueur de la façade, les deux premiers niveaux en calcaire travaillé en bossage, l'accès à l'immeuble se faisant par une porte cochère monumentale avec deux cariatides symbolisant la race noire et la race blanche, œuvre du sculpteur Pierre Resnays, qui étonnaient l'écrivain {{w|Jean de La Varende}}, hôte de cet immeuble de 1899 à 1905, comme le rappelle une plaque apposée<ref>''Rennes au XIXe siècle architectes, urbanisme et architecture'', par Jean-Yves Veillard, éditions du Thabor - 1978</ref>. En face, au n° 2, l'hôtel de Cuillé fit l'objet, en 1885, d'une extension au nord-ouest, sur les plans de l'architecte Jobbé-Duval. | ||
===La réunion du 2 juin 1788=== | ===La réunion du 2 juin 1788=== | ||
Au bas du contour, au n°2, se trouve ''l' | Au bas du contour, au n°2, se trouve ''l'hôtel de Cuillé'' dont l'entrée est précédée d'un large porche massif voûté. Le 2 juin 1788, le Palais du Parlement ayant été fermé par les ordres de M. de Thiard, commandant militaire à Rennes, les parlementaires ayant protesté contre des édits royaux attentatoires aux libertés provinciales et enregistrés de force, le Parlement, auquel il avait été défendu de siéger, se réunit quand même à l'hôtel Cuillé, qui est aussitôt cerné par la troupe. Malgré cela, la Cour délibère avec calme dans le salon qui aboutit à la Motte, d'où l'on entend les cris du peuple aux prises avec les soldats. | ||
Soudain, M. de Melesse, grand prévôt de la province, envoyé par M. de Thiard, notifie au Parlement 48 lettres de cachet émanant du roi. Les magistrats indignés, cèdent devant la force, tout en protestant énergiquement contre la violence déployée à leur égard. Ils quittent tous l'hôtel Cuillé aux acclamations de la foule, qui les accompagne jusque chez eux. Le palais fermé, c'est le constat fait dans les [[impressions d'un voyageur britannique sur Rennes en 1788]]. C'est aussi ici, qu'en avril [[1795]] banquetèrent "en un repas fraternel" les délégués républicains et les chefs royalistes après avoir signé un accord, [[le traité de la Mabilais, une éphémère pacification]]. | Soudain, M. de Melesse, grand prévôt de la province, envoyé par M. de Thiard, notifie au Parlement 48 lettres de cachet émanant du roi. Les magistrats indignés, cèdent devant la force, tout en protestant énergiquement contre la violence déployée à leur égard. Ils quittent tous l'hôtel Cuillé aux acclamations de la foule, qui les accompagne jusque chez eux. Le palais fermé, c'est le constat fait dans les [[impressions d'un voyageur britannique sur Rennes en 1788]]. C'est aussi ici, qu'en avril [[1795]] banquetèrent "en un repas fraternel" les délégués républicains et les chefs royalistes après avoir signé un accord, [[le traité de la Mabilais, une éphémère pacification]]. |