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[[File:Plan Hevin (nord-ouest).jpg|thumb|300px|La [[place des Lices]] (4) hors les murs de la Cité sur le [[plan de 1685]].]]
[[File:Plan Hevin (nord-ouest).jpg|thumb|300px|La [[place des Lices]] (4) hors les murs de la Cité sur le [[plan de 1685]].]]
[[Fichier:Place_des_lices_1934.jpeg|300px|right|thumb|La place des Lices en 1934- dessin de R. Cornon<ref> ''La Bretagne dans la France du Maréchal'', pages écrites pour les prisonniers de guerre bretons - déc. 1942</ref>]]
[[Fichier:Place_des_lices_1934.jpeg|300px|right|thumb|La place des Lices en 1934- dessin de R. Cornon<ref> ''La Bretagne dans la France du Maréchal'', pages écrites pour les prisonniers de guerre bretons - déc. 1942</ref>]]
La '''place des lices''' est une place du [[quartier Centre|centre-ville nord]] de Rennes, prolongeant au sud-sud-ouest la [[place Saint-Michel]] en descendant vers le [[canal d’Ille-et-Rance]] qu'on aperçoit à son extrémité.
La '''place des Lices''' est une place du [[quartier Centre|centre-ville nord]] de Rennes, prolongeant au sud-sud-ouest la [[place Saint-Michel]] en descendant vers le [[canal d’Ille-et-Rance]], qu'on aperçoit à son extrémité.
   
   
=== D'abord hors la ville ===
=== D'abord hors la ville ===


Elle était hors des [[remparts|murs]], ainsi que l'indique la situation des [[Portes Mordelaises]] à son sud-est. Longtemps hors les murs car les remparts ne furent pas repoussés dans ce secteur pendant plusieurs siècles. Elle conserva longtemps une tradition guerrière et fut utilisée jusqu'au début du 18e siècle pour des exercices militaires.
Elle était hors des [[remparts|murs]], ainsi que l'indique la situation des [[Portes Mordelaises]] à son sud-est. Elle resta longtemps hors les murs car les remparts ne furent pas repoussés dans ce secteur pendant plusieurs siècles. Elle conserva longtemps une tradition guerrière et fut utilisée jusqu'au début du XVIIIe siècle pour des exercices militaires.


=== Aux tournois, un certain Bertrand ===
=== Aux tournois, un certain Bertrand ===


"Lices" est le nom donné à un "champ clos" au Moyen-Age, terrain fermé par des barrières où avait lieu des tournois des chevaliers s'affrontaient avec des lances.
« Lices » est le nom donné à un « champ clos » au Moyen-Age, terrain fermé par des barrières où avait lieu des tournois durant lesquels des chevaliers s'affrontaient avec des lances.


À Rennes, c'est en 1327 que ce nom est connu pour la première fois, car pour le mariage de la Duchesse de Bretagne, Jeanne de Penthièvre, dite ''la boiteuse'', avec Charles de Blois, le neveu du roi de France, un tournoi est organisé. Le 4 juin 1337,le jeune {{w|Bertrand Du Guesclin}} <ref>[[ rue Du Guesclin]]</ref> va entrer en lices où se dispute un tournoi auquel il a interdiction de participer mais un de ses cousins, vaincu, quitte la lice et lui prête son équipement. Bertrand aurait défait, masqué, douze ou quinze chevaliers, avant de refuser de combattre son père en inclinant sa lance par respect au moment de la joute, à la grande surprise de l'assemblée. Un dernier chevalier le défie et parvient à faire sauter la visière de son heaume. Le père découvre le visage de son fils. <ref>[[Bertrand Du Guesclin en lices]]</ref>
À Rennes, c'est en 1327 que ce nom est connu pour la première fois, car un tournoi est organisé pour le mariage de la Duchesse de Bretagne, Jeanne de Penthièvre, dite ''la boiteuse'', avec Charles de Blois, le neveu du roi de France. Le 4 juin 1337, le jeune {{w|Bertrand Du Guesclin}} <ref>[[ rue Du Guesclin]]</ref> va entrer en lices où se dispute un tournoi. Bertrand a interdiction de participer à ce tournoi, mais un de ses cousins, vaincu, quitte la lice et lui prête son équipement. Masqué, Bertrand aurait défait douze ou quinze chevaliers, avant de refuser de combattre son père en inclinant sa lance par respect au moment de la joute, à la grande surprise de l'assemblée. Un dernier chevalier le défie et parvient à faire sauter la visière de son heaume. Le père découvre le visage de son fils. <ref>[[Bertrand Du Guesclin en lices]]</ref>


C'est à cause d'une épidémie de peste, en 1622, que fut décidé de faire le marché sur cette place, pour éviter que la maladie entre dans la ville.
C'est à cause d'une épidémie de peste, en 1622, qu'il fut décidé de faire le marché sur cette place, pour éviter que la maladie entre dans la ville.


===Lieu des exécutions judiciaires===
===Lieu des exécutions judiciaires===
[[Fichier:Affare_poussiniere.jpeg|200px|left|thumb|Gibets sur la place. Illustration d'André Rouault]]
[[Fichier:Affare_poussiniere.jpeg|200px|left|thumb|Gibets sur la place. Illustration d'André Rouault]]
La place servait aux exécutions des criminels et aux expositions au pilori comme l'indiquent les plans du 18e siècle sur lesquels figure le poteau de justice, à hauteur de la [[rue des Innocents]], à l'emplacement de l'horloge qui se trouve sur le haut de la place des Lices. Les condamnés y étaient encore exposés au pilori, généralement le samedi, jour du marché, jusqu'au milieu du 19e siècle.
La place servait aux exécutions des criminels et aux expositions au pilori, comme l'indiquent les plans du XVIIIe siècle sur lesquels figure le poteau de justice, à hauteur de la [[rue des Innocents]], à l'emplacement de l'horloge qui se trouve sur le haut de la place des Lices. Jusqu'au milieu du XIXe siècle, les condamnés y étaient encore exposés au pilori, généralement le samedi, jour du marché.


Certains des condamnés étaient marqués à l'épaule au fer rouge : amenés entre deux gendarmes ils étaient attachés au poteau par le carcan qui enserrait leur cou, mains liées derrière le dos. Ils étaient exposés deux heures avec sur leur tête un écriteau  indiquant leur nom et leur faute. Lorsqu'un condamné devait être marqué, le bourreau allait allumer son réchaud à la boutique du cloutier Rageaud, rue des Innocents et y chauffait ses fers puis allait marquer l'omoplate du condamné, d'un '''V''' s'il s'agissait d'un voleur ou des lettres ''T F P'' s'il s'agissait d'un condamné à perpétuité, puis il frottait la blessure à la graisse.<ref> Rennes, capitale de la Bretagne, Adolphe Orain, p. 102 - 1925 </ref>
Certains des condamnés étaient marqués à l'épaule au fer rouge : amenés entre deux gendarmes, ils étaient attachés au poteau par le carcan qui enserrait leur cou, mains liées derrière le dos. Ils étaient exposés deux heures avec sur leur tête un écriteau  indiquant leur nom et leur faute. Lorsqu'un condamné devait être marqué, le bourreau allait allumer son réchaud à la boutique du cloutier Rageaud, rue des Innocents, et y chauffait ses fers avant d'aller marquer l'omoplate du condamné, d'un '''V''' s'il s'agissait d'un voleur ou des lettres ''T F P'' s'il s'agissait d'un condamné à perpétuité, puis il frottait la blessure à la graisse.<ref> Rennes, capitale de la Bretagne, Adolphe Orain, p. 102 - 1925 </ref>


Les corps des exécutés y restaient parfois plusieurs jours pour impressionner la population, avant d'être emmenés au cimetière qui se trouvait sur l'actuelle [[place Sainte-Anne]] en passant par cette [[rue des Innocents]], car l'on pensait que tous ceux qui étaient exécutés n'étaient pas tous coupables. Les paisibles habitants de la [[place du haut des Lices]] ne se doutent pas aujourd’hui des spectacles affreux donnés sur cette place. C’était ici que l'on rouait vif et que s’élevait, avant la Révolution, le gibet où l’on pendait les condamnés à mort.
Les corps des exécutés restaient parfois exposés plusieurs jours pour impressionner la population, avant d'être emmenés au cimetière qui se trouvait sur l'actuelle [[place Sainte-Anne]] en passant par la [[rue des Innocents]], car l'on pensait que tous ceux qui étaient exécutés n'étaient pas tous coupables. Les paisibles habitants de la [[place du haut des Lices]] ne se doutent pas aujourd’hui des spectacles affreux donnés sur cette place. C’était ici que l'on rouait vif et que s’élevait, avant la Révolution, le gibet où l’on pendait les condamnés à mort.


On transportait ensuite les corps des pendus dans un champ près de [[Saint-Hélier]], pour être exposé, nus, à la cime d’un arbre. On les y laissait à la merci des oiseaux de proie et des animaux qui mangeaient la chair corrompue lorsque les membres pourris se détachaient du corps.
On transportait ensuite les corps des pendus dans un champ près de [[Saint-Hélier]], pour être exposés, nus, à la cime d’un arbre. On les y laissait à la merci des oiseaux de proie et des animaux qui mangeaient la chair corrompue lorsque les membres pourris se détachaient du corps.
Ce champ portait le nom de Champ de la carrée. Il était autrefois entouré de murs formant un carré et était appelé par ironie ''Roque mignon'' (grimpe mignon). <ref> ''Au Pays de Rennes'', Adolphe Orain. éd. Hyacinthe Caillière - 1892 </ref> Le premier nom du [[cimetière de l'Est]] fut Roque-Mignon.
Ce champ portait le nom de champ de la Carrée. Il était autrefois entouré de murs formant un carré et était appelé par ironie ''Roque mignon'' (grimpe mignon). <ref> ''Au Pays de Rennes'', Adolphe Orain. éd. Hyacinthe Caillière - 1892 </ref> Le premier nom du [[cimetière de l'Est]] fut Roque-Mignon.


<u>Compte-rendu d'une pendaison sur la place le soir du 27 mars [[1776]]</u><ref>Jean Barat est condamné pour vol avec tentative d'incendie. Son exécution le soir même est exceptionnelle, mais cette rapidité est la simple conséquence du fait que le condamné n'a pas profité de la possibilité de faire appel et d'être jugé par le parlement, pour une raison inconnue. Une autre affaire apporte des précisions à l'occasion de la mise en scène par laquelle les condamnations des fugitifs étaient exécutées : "... poteau patibulaire à l'endroit du plus fort [[marché des Lices|marché]]... copie de laquelle et l'effigie y mentionnée etant en un tableau relativement audit Fablet [garçon meunier condamné pour meurtre] condamné à être pendu, ont eté en notre personne attachée au poteau par l'executeur de la haute justice de ce siège et aux portes d'entrée de cette ville"</ref>. :
<u>Compte-rendu d'une pendaison sur la place le soir du 27 mars [[1776]]</u><ref>Jean Barat est condamné pour vol avec tentative d'incendie. Son exécution le soir même est exceptionnelle, mais cette rapidité est la simple conséquence du fait que le condamné n'a pas profité de la possibilité de faire appel et d'être jugé par le parlement, pour une raison inconnue. Une autre affaire apporte des précisions à l'occasion de la mise en scène par laquelle les condamnations des fugitifs étaient exécutées : "... poteau patibulaire à l'endroit du plus fort [[marché des Lices|marché]]... copie de laquelle et l'effigie y mentionnée etant en un tableau relativement audit Fablet [garçon meunier condamné pour meurtre] condamné à être pendu, ont eté en notre personne attachée au poteau par l'executeur de la haute justice de ce siège et aux portes d'entrée de cette ville"</ref>. :
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=== Des demeures imposantes ===
=== Des demeures imposantes ===


[[Fichier:Les-Hotels-de-la-Place-des-Lices-Rennes-Mars-2022.jpg|200px|left|thumb|Au centre, l'hôtel de la Noue et l'hôtel Racapée de la Feuillée à gauche.]]
[[Fichier:Les-Hotels-de-la-Place-des-Lices-Rennes-Mars-2022.jpg|200px|left|thumb|Au centre, l'hôtel de la Noue, et à gauche, l'hôtel Racapée de la Feuillée.]]
La place est bordée, en rive nord, par d'anciennes demeures comme l'[[Hôtel de la Noue]], dont le toit en carène inversée de la tour centrale traduit une volonté d'ostentation, à laquelle répond le toit en carène de l'[[Hôtel Racapé de La Feuillée]], tous deux à pans de bois construits en 1658,ainsi que l'[[Hôtel de Montbourcher]] dont les armes figurent au fronton (trois marmites) illustrant la devise familiale ("''Assez d'amis quand elles sont pleines''") et l'[[Hôtel du Molant]] en pierre, qui fut construit par [[ Pierre Hévin]]. Cet hôtel de 1666, comporte au-dessus de la porte qui communique avec la cage d'escalier, le profil du roi-soleil sculpté dans un médaillon ovale.  
La place est bordée, en rive nord, par d'anciennes demeures comme l'[[Hôtel de la Noue]], dont le toit en carène inversée de la tour centrale traduit une volonté d'ostentation, à laquelle répond le toit en carène de l'[[Hôtel Racapé de La Feuillée]], tous deux à pans de bois construits en 1658, ainsi que l'[[Hôtel de Montbourcher]] dont les armes figurent au fronton (trois marmites) illustrant la devise familiale (« ''Assez d'amis quand elles sont pleines ''») et l'[[Hôtel du Molant]] en pierre, qui fut construit par[[ Pierre Hévin]]. Cet hôtel de 1666 comporte au-dessus de la porte qui communique avec la cage d'escalier, le profil du Roi-Soleil sculpté dans un médaillon ovale.  


Ces demeures furent construites dans la seconde moitié du 17e siècle sur initiatives de gens de robe du Présidial et du barreau, mais le quartier des Lices, sans jardins et très resserré, ne fut espace aristocratique qu'un temps assez bref, la noblesse parlementaire - exilée à Vannes pendant quinze ans - et les notables lui ayant préféré le secteur de la [[rue Saint-Georges]] puis le nouveau quartier du [[Contour de la Motte]]<ref>"''Pas au sud de la Vilaine'' !" géographie des pouvoirs et des élites à Rennes sous l'Ancien Régime, par Gauthier Aubert dans : Habiter les villes de cours souveraines en France - 2008 publication de la MSH-Alpes </ref>.
Ces demeures furent construites dans la seconde moitié du XVIIe siècle sur l'initiative de gens de robe du Présidial et du barreau, mais le quartier des Lices, sans jardins et très resserré, ne fut qu'assez brièvement un espace aristocratique. La noblesse parlementaire - exilée à Vannes pendant quinze ans - et les notables lui ont préféré le secteur de la [[rue Saint-Georges]] puis le nouveau quartier du [[Contour de la Motte]]<ref>"''Pas au sud de la Vilaine'' !" géographie des pouvoirs et des élites à Rennes sous l'Ancien Régime, par Gauthier Aubert dans : Habiter les villes de cours souveraines en France - 2008 publication de la MSH-Alpes </ref>.


=== ...souvent mises en location ===
=== ...souvent mises en location ===
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« Acte sous seing privé du 26 janvier [[1819]] portant entre nous soussigné D<small>elle</small> Rose De Forsan de la Bouteillerie d'une part et Dame Guitton née Anne Angélique André Duquesnoy, tout deux demeurant à Rennes, rue Saint Louis n° 28 et Place des Lices, a été par le présent acte de ferme s.s.p. par lequel ladite demoiselle Rose De Forsan loue aujourd'hui à la dite D<small>e</small> Guiton pour neuf années qui commenceront le 24 juin 1820 et finiront à pareil jour [[1829]], savoir un appartement dans l'hôtel Forsan situé place des Lices à Rennes au rez de chaussée au coin meridionnal et occidental dit hôtel composé d'une grande salle ayant ses couvertures! sur la lice avec alcove et cheminée et un cabinet d'entrée ayant aussi sa croisée sur la lice, plus une grande salle ou chambre donnant sur la rue Saint Louis ayant de plus une croisée sous le pignon occidental dudit hôtel avec cabinet privatif de latrinnes, une cave et caveau à côté, une remise sur la rue Saint Louis et un grenier, le tout occupé et dont jouissent actuellement les demoiselles Ergault ;<br />
« Acte sous seing privé du 26 janvier [[1819]] portant entre nous soussigné D<small>elle</small> Rose De Forsan de la Bouteillerie d'une part et Dame Guitton née Anne Angélique André Duquesnoy, tout deux demeurant à Rennes, rue Saint Louis n° 28 et Place des Lices, a été par le présent acte de ferme s.s.p. par lequel ladite demoiselle Rose De Forsan loue aujourd'hui à la dite D<small>e</small> Guiton pour neuf années qui commenceront le 24 juin 1820 et finiront à pareil jour [[1829]], savoir un appartement dans l'hôtel Forsan situé place des Lices à Rennes au rez de chaussée au coin meridionnal et occidental dit hôtel composé d'une grande salle ayant ses couvertures! sur la lice avec alcove et cheminée et un cabinet d'entrée ayant aussi sa croisée sur la lice, plus une grande salle ou chambre donnant sur la rue Saint Louis ayant de plus une croisée sous le pignon occidental dudit hôtel avec cabinet privatif de latrinnes, une cave et caveau à côté, une remise sur la rue Saint Louis et un grenier, le tout occupé et dont jouissent actuellement les demoiselles Ergault ;<br />
la salle donnant sur la lice tapissée en papier pour y rester ou autre qui y serait placé par Dame Guiton en remplaçant sans que ladite De Guiton puisse réclamer d'indemnité ;<br />
la salle donnant sur la lice tapissée en papier pour y rester ou autre qui y serait placé par Dame Guiton en remplaçant sans que ladite De Guiton puisse réclamer d'indemnité ;<br />
la grande chambre sur la rue Saint Louis garnie d'armoires d'attaches et ladite De Guiton déclare bien connaître le tout et en jouir sans rien dégrader ni changer à peine de rétablir à ses frais si ces changements n'étaient pas agréables à Demoiselle De Forsan et fera ramoner les cheminées conformément aux arrêtés de police, rendra les appartements en état de réparation locative ainsi qu'elle les aura reçue, payera sa diminution du prix du fermage designé ci-après les impôts pour portes et fenêtres et pour jouissance des appartements et autres objets ci-dessus M<small>ade</small> Guiton s'oblige de payer chaque année en deux termes égaux dont le premier echoira et sera payé le 25 décembre [[1820]] et 2e le jour St Jean [[1821]] cent vingt cinq francs chaque ce qui fait par an deux cent cinquante francs, fait double à Rennes. Reçu sept francs vingt sept."<ref>'''s.s.p.''', c'est-à-dire sous seing privé ou signature(s) privée(s).<br /> Transcription du folio 72 (4 février 1819) du registre du bureau de l'enregistrement de Plélan-le-Grand, registre conservé aux Archives départementales d'Ille-et-Vilaine (cote 3Q 27 239). Le motif de cet enregistrement dans un bureau autre que celui du [[Bureau de l'enregistrement de Rennes|bureau de Rennes]] n'est pas clair et il est probable que cet acte soit absent des registres de la ville (il y aurait double compte...). »</ref>
la grande chambre sur la rue Saint Louis garnie d'armoires d'attaches et ladite De Guiton déclare bien connaître le tout et en jouir sans rien dégrader ni changer à peine de rétablir à ses frais si ces changements n'étaient pas agréables à Demoiselle De Forsan et fera ramoner les cheminées conformément aux arrêtés de police, rendra les appartements en état de réparation locative ainsi qu'elle les aura reçue, payera sa diminution du prix du fermage designé ci-après les impôts pour portes et fenêtres et pour jouissance des appartements et autres objets ci-dessus M<small>ade</small> Guiton s'oblige de payer chaque année en deux termes égaux dont le premier echoira et sera payé le 25 décembre [[1820]] et 2e le jour St Jean [[1821]] cent vingt cinq francs chaque ce qui fait par an deux cent cinquante francs, fait double à Rennes. Reçu sept francs vingt sept. »<ref>'''s.s.p.''', c'est-à-dire sous seing privé ou signature(s) privée(s).<br /> Transcription du folio 72 (4 février 1819) du registre du bureau de l'enregistrement de Plélan-le-Grand, registre conservé aux Archives départementales d'Ille-et-Vilaine (cote 3Q 27 239). Le motif de cet enregistrement dans un bureau autre que celui du [[Bureau de l'enregistrement de Rennes|bureau de Rennes]] n'est pas clair et il est probable que cet acte soit absent des registres de la ville (il y aurait double compte...). »</ref>


Les rez-de-chaussée ne suffisaient pas à la demande en matière de locaux commerciaux, des baraques la complétaient pour des non-Rennais, comme en témoigne la vente aux enchères de deux baraques de François Bourée (marchand à [[Baulon]]) le 11 juin [[1785]], l'une située sur la place des Lices et l'autre [[rue Neuve]]. "La baraque située sur la lice ayant vingt et sept pieds de profondeur sur sept pieds et demi de largeur de dedans en dedans, sa façade vers nord et la boutique vers occident, dans celle-ci une cheminée et un petit grenier au dessus qui se desert par une trape", estimée et mise à prix à 150 livres, enchères couverte par la Demoiselle Lacroix à 151 livres. L'après-midi "l'enchère mise par la Dlle Lacroix a été couverte par le Sr. Houssais, marchand de fil, à cent cinquante deux livres", et après plusieurs enchères, elle est achetée par le Sieur Pierre Metel à 201,5 livres. Celle de la rue Neuve, mise à prix à 900 livres à plusieurs reprises, n'intéresse personne : elle est finalement acquise après de nouvelles publications (et une mise à prix inférieure) pour 910 livres par le Sr. Pierre Mathurin Collin<ref>Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, fonds du consulat de Rennes.</ref>.
Les rez-de-chaussée ne suffisaient pas à la demande en matière de locaux commerciaux, des baraques la complétaient pour des non-Rennais, comme en témoigne la vente aux enchères de deux baraques de François Bourée (marchand à [[Baulon]]) le 11 juin [[1785]], l'une située sur la place des Lices et l'autre [[rue Neuve]]. « La baraque située sur la lice ayant vingt et sept pieds de profondeur sur sept pieds et demi de largeur de dedans en dedans, sa façade vers nord et la boutique vers occident, dans celle-ci une cheminée et un petit grenier au dessus qui se desert par une trape », estimée et mise à prix à 150 livres, enchères couverte par la Demoiselle Lacroix à 151 livres. L'après-midi « l'enchère mise par la Dlle Lacroix a été couverte par le Sr. Houssais, marchand de fil, à cent cinquante deux livres », et après plusieurs enchères, elle est achetée par le Sieur Pierre Metel à 201,5 livres. Celle de la rue Neuve, mise à prix à 900 livres à plusieurs reprises, n'intéresse personne : elle est finalement acquise après de nouvelles publications (et une mise à prix inférieure) pour 910 livres par le Sr. Pierre Mathurin Collin<ref>Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, fonds du consulat de Rennes.</ref>.
[[Fichier:Soleil_place_des_Lices.png|350px|left|thumb|Beau soleil place des Lices, mais parapluies pour se protéger dudit]]
[[Fichier:Soleil_place_des_Lices.png|350px|left|thumb|Beau soleil place des Lices, mais parapluies pour se protéger dudit]]
[[Fichier:Place_des_lices_27mars1897_e.maignen.jpg|300px|right|thumb|Le marché le samedi 27 mars 1897. photo d'Etienne Maignen]]
[[Fichier:Place_des_lices_27mars1897_e.maignen.jpg|300px|right|thumb|Le marché le samedi 27 mars 1897. photo d'Etienne Maignen]]
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{{citation |texte=que la nuit du trois au quatre de ce mois, environ minuit, il entendit son chien qui aboiait, ce qui le fit se lever. Il prit son fusil et fut à une fenestre du coté de l'hotel du Molan, côté où le magasin est le plus mauvais ; que ne voyant personne quoique son chien aboiat toujours et entendant une dispute vers la rue Saint Louis, pourquoi après avoir tiré un coup de fusil, il fut se coucher aiant néantmoins auparavant ouvert une fenestre donante sur le lice et regardé sans avoir vu personne...|auteur=Archives du présidial de Rennes|origine=Cote 2B 1076 - Archives d'Ille-et-Vilaine|collecteur=|date=}}
{{citation |texte=que la nuit du trois au quatre de ce mois, environ minuit, il entendit son chien qui aboiait, ce qui le fit se lever. Il prit son fusil et fut à une fenestre du coté de l'hotel du Molan, côté où le magasin est le plus mauvais ; que ne voyant personne quoique son chien aboiat toujours et entendant une dispute vers la rue Saint Louis, pourquoi après avoir tiré un coup de fusil, il fut se coucher aiant néantmoins auparavant ouvert une fenestre donante sur le lice et regardé sans avoir vu personne...|auteur=Archives du présidial de Rennes|origine=Cote 2B 1076 - Archives d'Ille-et-Vilaine|collecteur=|date=}}


=== Au 20e siècle des projets heureusement avortés ===
=== Au XXe siècle des projets heureusement avortés ===
[[Fichier:Place_des_lices.png|350px|left|thumb|La place des Lices, avec ses deux pavillons en vue aérienne à partir de l'ouest]]
[[Fichier:Place_des_lices.png|350px|left|thumb|La place des Lices, avec ses deux pavillons en vue aérienne à partir de l'ouest]]


En [[1924]], l'active municipalité de [[Jean Janvier]] faillit commettre une grosse bévue : la commission départementale reçoit un projet de possible démolition des hôtels du 17e siècle en rive nord de la place en vue d'un agrandissement du marché - si toutefois leur disparition est provoquée par la vétusté, un sinistre ou la volonté des propriétaires, s'empresse de préciser le conseil municipal. Mais la Société archéologique d'Ille-et-Vilaine <ref>[[Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine (SAHIV)]]</ref> émet un vœu porté au Conseil d’État qui, par lettre du 14 juin 1927, souhaite que les observations de la Société archéologique soient prises en compte mais le ministre des Beaux-Arts juge inutile de prononcer le classement "considérant le faible intérêt artistique, archéologique et historique de ces maisons " ! <ref>''L'Urbanisme à Rennes de la Belle Époque à la Reconstruction'', par Benjamin Sabattier. Bulletin et mémoires de la Société Archéologiques & Historique d'Ille-et-Vilaine, tome CXVIII - 2014</ref>.  
En [[1924]], l'active municipalité de [[Jean Janvier]] faillit commettre une grosse bévue : la commission départementale reçoit un projet de possible démolition des hôtels du XVIIe siècle en rive nord de la place, en vue d'un agrandissement du marché - si toutefois leur disparition est provoquée par la vétusté, un sinistre ou la volonté des propriétaires, s'empresse de préciser le conseil municipal. Mais la Société archéologique d'Ille-et-Vilaine <ref>[[Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine (SAHIV)]]</ref> émet un vœu porté au Conseil d’État qui, par lettre du 14 juin 1927, souhaite que les observations de la Société archéologique soient prises en compte mais le ministre des Beaux-Arts juge inutile de prononcer le classement « considérant le faible intérêt artistique, archéologique et historique de ces maisons » ! <ref>''L'Urbanisme à Rennes de la Belle Époque à la Reconstruction'', par Benjamin Sabattier. Bulletin et mémoires de la Société Archéologiques & Historique d'Ille-et-Vilaine, tome CXVIII - 2014</ref>.  


Et en 1977, le projet de démolition des halles pour les remplacer par un vaste parc automobile souterrain au-dessus duquel fonctionnerait le marché en plein air, projet de la municipalité d'[[Henri Fréville]] fait long feu en raison de l'élection de la liste conduite par [[Edmond Hervé]] dont la municipalité entreprendra une grande rénovation à la fin des années quatre-vingt. Une des trois halles, celle dessinée par [[Emmanuel Le Ray]], est finalement détruite en 1987<ref>http://www.ina.fr/video/RNC87031007/debut-des-travaux-de-la-place-des-lices-video.html</ref>.
En 1977, le projet de démolition des halles pour les remplacer par un vaste parc automobile souterrain au-dessus duquel fonctionnerait le marché en plein air, projet de la municipalité d'[[Henri Fréville]], fait long feu en raison de l'élection de la liste conduite par [[Edmond Hervé]] dont la municipalité entreprendra une grande rénovation à la fin des années 80. Une des trois halles, celle dessinée par [[Emmanuel Le Ray]], est finalement détruite en 1987<ref>http://www.ina.fr/video/RNC87031007/debut-des-travaux-de-la-place-des-lices-video.html</ref>.


Dans les années 50, des rencontres de boxe attiraient les Rennais aux Lices le samedi soir<ref>''Les années 50 en Ille-et-Vilaine'', hors-série Ouest-France [[2005]], p. 25.</ref>.
Dans les années 50, des rencontres de boxe attiraient les Rennais aux Lices le samedi soir<ref>''Les années 50 en Ille-et-Vilaine'', hors-série Ouest-France [[2005]], p. 25.</ref>.
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La place est ouverte à la circulation automobile sauf le samedi matin, jour du grand [[marché des Lices]].
La place est ouverte à la circulation automobile sauf le samedi matin, jour du grand [[marché des Lices]].


=== Et au 21e siècle de nouveaux projets voient le jour ===
=== Et au XXIe siècle de nouveaux projets voient le jour ===


[[Fichier:Travaux_en_cours_Place_des_Lices_-_Rennes_-_Aout_2019.jpg|350px|right|thumb|Les travaux en cours en août 2019]]
[[Fichier:Travaux_en_cours_Place_des_Lices_-_Rennes_-_Aout_2019.jpg|350px|right|thumb|Les travaux en cours en août 2019]]
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Toutes les cartes de la [[Collection YRG]] avec l'[[Index cartes postales]] ou le mot clé ''YRG'' dans le moteur de recherche de WikiRennes.
Toutes les cartes de la [[Collection YRG]] avec l'[[Index cartes postales]] ou le mot clé ''YRG'' dans le moteur de recherche de WikiRennes.


Pour déambuler dans les rues de Rennes, son histoire et la collection, cliquer '''[[ici 727]]'''
Pour déambuler dans les rues de Rennes, son histoire et la collection, cliquer '''[[ici 727]]'''.
 
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[[Catégorie:Voie de Rennes|Lices]][[Catégorie:Quartier 1 : Centre]][[Catégorie:Place de Rennes|Lices]]
[[Catégorie:Voie de Rennes|Lices]][[Catégorie:Quartier 1 : Centre]][[Catégorie:Place de Rennes|Lices]]
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