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[[Fichier:Appel_du_pr%C3%A9fet_r%C3%A9gional.png|350px|right|thumb| ''Ouest-Eclair'' du 8 juin 1944]] | [[Fichier:Appel_du_pr%C3%A9fet_r%C3%A9gional.png|350px|right|thumb| ''Ouest-Eclair'' du 8 juin 1944]] | ||
Si la nouvelle du débarquement entendue à la TSF a rempli d'espoir les Rennaises et les Rennais , il en a résulté un vent de panique, comme si les 150 km entre les plages du débarquement et Rennes allaient être franchis dès le lendemain par les armées alliées et mettre la ville dans la situation périlleuse de combats assaisonnés de bombardements. La panique fut d'abord le fait de la garnison allemande et les habitants observèrent des mouvements apparemment désordonnés comme dans une fourmilière bouleversée."Les Alliés ont débarqué en Normandie ! Les Rennais l'apprennent à 8 heures. Et, avec l'espoir arrive la crainte car des tracts largués sur la ville annoncent un prochain bombardement. Les alertes sont fréquentes, aussi beaucoup fuient-ils à la campagne. [...] les Allemands s'affolent, les auxiliaires féminines de l'armée, les "souris grises", ont été embarquées en camion dès le matin, des soldats prennent partout des bicyclettes, des officiers partent en autos, en camions, emportant leurs valises. "Ils partent !" Personne n'en croit ses yeux. Les routes sont barrées par les Allemands, ce qui a empêché l'arrivée du ravitaillement. La ville est sans lait." <ref> ''Rennes pendant la guerre, chroniques de 1939 à 1945'' p.169. Étienne Maignen. Éditions Ouest-France - Nov. 2013 </ref> les divers accès à la ville furent fermés, empêchant entrées et sorties, occasionnant des ruptures d'approvisionnement en denrées. On dit qu'un mariage fut enfin célébré difficilement après la recherche et d'un conseiller municipal et d'un prêtre, quant au restaurateur retenu, il n'avait rien préparé, certain que les convives avaient fui. Fonctionnaires, ouvriers, chefs d'entreprise, commerçants de prendre le large, abandonnant toute activité. | Si la nouvelle du débarquement entendue à la TSF a rempli d'espoir les Rennaises et les Rennais , il en a résulté un vent de panique, comme si les 150 km entre les plages du débarquement et Rennes allaient être franchis dès le lendemain par les armées alliées et mettre la ville dans la situation périlleuse de combats assaisonnés de bombardements. La panique fut d'abord le fait de la garnison allemande et les habitants observèrent des mouvements apparemment désordonnés comme dans une fourmilière bouleversée."Les Alliés ont débarqué en Normandie ! Les Rennais l'apprennent à 8 heures. Et, avec l'espoir arrive la crainte car des tracts largués sur la ville annoncent un prochain bombardement. Les alertes sont fréquentes, aussi beaucoup fuient-ils à la campagne. [...] les Allemands s'affolent, les auxiliaires féminines de l'armée, les "souris grises", ont été embarquées en camion dès le matin, des soldats prennent partout des bicyclettes, des officiers partent en autos, en camions, emportant leurs valises. "Ils partent !" Personne n'en croit ses yeux. Les routes sont barrées par les Allemands, ce qui a empêché l'arrivée du ravitaillement. La ville est sans lait." <ref> ''Rennes pendant la guerre, chroniques de 1939 à 1945'' p.169. Étienne Maignen. Éditions Ouest-France - Nov. 2013 </ref> les divers accès à la ville furent fermés, empêchant entrées et sorties, occasionnant des ruptures d'approvisionnement en denrées. On dit qu'un mariage fut enfin célébré difficilement après la recherche et d'un conseiller municipal et d'un prêtre, quant au restaurateur retenu, il n'avait rien préparé, certain que les convives avaient fui. Fonctionnaires, ouvriers, chefs d'entreprise, commerçants de prendre le large, abandonnant toute activité. | ||
[[Fichier:Appel_du_mar%C3%A9chal.png|250px|left|thumb|''Ouest-Eclair'' du 7 juin 1944]] Dès le lendemain du débarquement le maréchal Pétain abjure les Français de ne pas se mêler de cette invasion et de rester calmes et obéissants. Le lendemain, 8 juin, le préfet régional demande aux Rennais qui ont fui la ville de reprendre leurs postes; ce même jour, 32 résistants furent fusillés dans la caserne du Colombier et les [[ Bombardements des 9 et 12 juin 1944]] et et le [[Bombardement du 18 juin 1944]] effectués par les alliés pour empêcher les renforts allemands de remonter vers la côte normande, ramenèrent cruellement les Rennais aux horreurs de la guerre. | [[Fichier:Appel_du_mar%C3%A9chal.png|250px|left|thumb|''Ouest-Eclair'' du 7 juin 1944]] Dès le lendemain du débarquement le maréchal Pétain abjure les Français de ne pas se mêler de cette invasion et de rester calmes et obéissants. le 7 juin au matin douze personnalités, dont le futur maire de Rennes Yves Milon, sont internées au camp Margueritte, à titre d'otages. Le lendemain, 8 juin, le préfet régional demande aux Rennais qui ont fui la ville de reprendre leurs postes; ce même jour, 32 résistants furent fusillés dans la caserne du Colombier et les [[ Bombardements des 9 et 12 juin 1944]] et et le [[Bombardement du 18 juin 1944]] effectués par les alliés pour empêcher les renforts allemands de remonter vers la côte normande, ramenèrent cruellement les Rennais aux horreurs de la guerre. | ||
[[Fichier:Fiche_d%27%C3%A9vacuation087_cr.jpg|300px|right|thumb| Après le bombardement du 9 juin 1944 : fiche d'évacuation d'une famille de 5 personnes vers Liffré, en date du 9 juin 1944]] | [[Fichier:Fiche_d%27%C3%A9vacuation087_cr.jpg|300px|right|thumb| Après le bombardement du 9 juin 1944 : fiche d'évacuation d'une famille de 5 personnes vers Liffré, en date du 9 juin 1944]] | ||
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'''8h30''' - une fois couché, impossible de dormir. plusieurs alertes accompagnées de DCA et de la DCA sans alerte. Armande me réveille pour me dire que son père vient de lui téléphoner. D'après la radio suisse, les Anglo-américains auraient débarqué entre Le Havre et Calais. Dans les magasins du quartier, elle a entendu parler de débarquements à Dunkerque, dans le Calvados, etc. Chacun a des nouvelles à dire, nouvelles qu'il prétend de bonne source et qui sont contradictoires. | '''8h30''' - une fois couché, impossible de dormir. plusieurs alertes accompagnées de DCA et de la DCA sans alerte. Armande me réveille pour me dire que son père vient de lui téléphoner. D'après la radio suisse, les Anglo-américains auraient débarqué entre Le Havre et Calais. Dans les magasins du quartier, elle a entendu parler de débarquements à Dunkerque, dans le Calvados, etc. Chacun a des nouvelles à dire, nouvelles qu'il prétend de bonne source et qui sont contradictoires. | ||
'''9h30''' - Le bruit circule que la ville est fermée par les chevaux de frise | '''9h30''' - Le bruit circule que la ville est fermée par les chevaux de frise et que les Allemands exécutent le plan de sécurité, occupant de petits postes, un peu partout, dissimulés dans la campagne autour de la ville. Quoi qu’il en soit, des gens quittent Rennes, par la rue de Fougères, à vélo, avec des voitures de bébé, emportant de maigres bagages. C’est avec moins de nombre et de gravité l’exode de Belgique de juin et mai 1940. Beaucoup de gens reviennent sur leurs pas. Est-ce que leur désir de fuir a été contrarié par les Allemands aux « portes » de fil de fer barbelé de la ville ? Est-ce que leur conviction de trouver ailleurs plus de sécurité qu’en ville s’est émoussée en déambulant sous un ciel gris, menaçant, au milieu des alertes données de deux heures en deux heures et scandées par la DCA ? Le bruit circule que les Allemands laissent passer les femmes et les enfants mais ne laissent pas partir les hommes. | ||
[[Fichier:Les_fonctionnaires_en_juin_1944.png|200px|right|thumb|Fonctionnaires partis et révoqués (Ouest-Eclair du 16 juin 1944)]] | [[Fichier:Les_fonctionnaires_en_juin_1944.png|200px|right|thumb|Fonctionnaires partis et révoqués (Ouest-Eclair du 16 juin 1944)]] | ||
Rennes est devenue une souricière. Tout en regardant le triste spectacle de la rue, où les autos allemandes vont et viennent à grand train, où les gens quittent un abri pour rentrer dans un autre y colportant des bobards, où passent et repassent des familles entières, valises aux mains, je m’habille […] et j’écoute les bruits du dehors que ma femme m’apporte de temps à autre. J’apprends ainsi que les avions ont jeté vers 7 heures un tract demandant l’évacuation de la ville, trop tard pour nous. Un second tract a été jeté sur les régions côtières annonçant que sur 35 kilomètres en profondeur il y a danger de bombardement. Je lis le premier tract relevé à Saint-Laurent. | Rennes est devenue une souricière. Tout en regardant le triste spectacle de la rue, où les autos allemandes vont et viennent à grand train, où les gens quittent un abri pour rentrer dans un autre y colportant des bobards, où passent et repassent des familles entières, valises aux mains, je m’habille […] et j’écoute les bruits du dehors que ma femme m’apporte de temps à autre. J’apprends ainsi que les avions ont jeté vers 7 heures un tract demandant l’évacuation de la ville, trop tard pour nous. Un second tract a été jeté sur les régions côtières annonçant que sur 35 kilomètres en profondeur il y a danger de bombardement. Je lis le premier tract relevé à Saint-Laurent. |
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