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== En 1793 et 1794 : le rasoir national au travail ==
== En 1793 et 1794 : le rasoir national au travail ==


Pendant la période révolutionnaire, la place du Parlement de Bretagne, devenue ''place de l’Égalité'', et le palais de l'ancien parlement ''Temple de la Loi'', va être le théâtre d'exécutions sanglantes. De mars [[1793]] à juillet [[1794]] (chute de Robespierre), quelque 330 têtes tomberont<ref>[[Rennes d'histoire et de souvenirs]] quatrains 21 et 86</ref> sous la guillotine, ou « rasoir national », érigée au bas de la place à l'entrée de la ''rue de l’Égalité'' (aujourd'hui [[rue Edith Cavell]]), dont 30 dues à un premier tribunal, 224 dues à la commission Brutus Magnier<ref>''Terreur et Terroristes à Rennes'' par B.-A. Pocquet du Haut-Jussé, Joseph Floch imprimeur, 1974.</ref> (dont 120 laboureurs, 34 tisserands, 13 ex-soldats, 9 journaliers, 6 tailleurs, 9 charpentiers) et 81 par un tribunal criminel. Il ne s'agit donc pas, pour la plupart, de nobles mais de paysans et artisans faits prisonniers lors du soulèvement de mars et avril 1793, ou pendant l'automne et l'hiver suivant lors des insurrections des Chouans. Quelques Rennais seulement y perdent la tête : trois prêtres réfractaires, un serrurier et un menuisier condamnés pour avoir voulu émigrer, deux ex-nobles, Picot fils pour avoir trempé dans la conspiration du marquis de la Rouërie, deux chouans avérés et deux criminels de droit commun. [[Les  Demoiselles de Renac]] furent même exécutées après la chute du tyran, pour avoir caché leur vieux prêtre confesseur.[[Fichier:Parlement de bretagne 1892 e.maignen.jpg|300px|right|thumb|La place du Parlement en 1892. Photo E. Maignen]]
Pendant la période révolutionnaire, la place du Parlement de Bretagne, devenue ''place de l’Égalité'', et le palais de l'ancien parlement ''Temple de la Loi'', va être le théâtre d'exécutions sanglantes. De mars [[1793]] à juillet [[1794]] (chute de Robespierre), quelque 330 têtes tomberont<ref>[[Rennes d'histoire et de souvenirs]] quatrains 21 et 86</ref> sous la guillotine, ou « rasoir national », érigée au bas de la place à l'entrée de la ''rue de l’Égalité'' (aujourd'hui [[rue Edith Cavell]]), dont 30 dues à un premier tribunal, 224 dues à la commission Brutus Magnier<ref>''Terreur et Terroristes à Rennes'' par B.-A. Pocquet du Haut-Jussé, Joseph Floch imprimeur, 1974.</ref> (dont 120 laboureurs, 34 tisserands, 13 ex-soldats, 9 journaliers, 6 tailleurs, 9 charpentiers) et 81 par un tribunal criminel. Il ne s'agit donc pas, pour la plupart, de nobles mais de paysans et artisans faits prisonniers lors du soulèvement de mars et avril 1793, ou pendant l'automne et l'hiver suivant lors des insurrections des Chouans. Quelques Rennais seulement y perdent la tête : trois prêtres réfractaires, un serrurier et un menuisier condamnés pour avoir voulu émigrer, deux ex-nobles, Picot fils pour avoir trempé dans la conspiration du marquis de la Rouërie, deux chouans avérés et deux criminels de droit commun. [[Les  Demoiselles de Renac]] furent même exécutées après la chute du tyran, pour avoir caché leur vieux prêtre confesseur.
 
[[Fichier:Parlement de bretagne 1892 e.maignen.jpg|300px|right|thumb|La place du Parlement en 1892. Photo E. Maignen]]
[[Fichier:Petits_bateaux.png|300px|right|thumb|Les petits bateaux, place du Palais. Ca 1925]]
« La guillotine faisait couler un continuel ruisseau de sang, qui se figeait et laissait sa trace sur les pierres. » Une fois, par suite d'une contestation entre « le citoyen chargé des sépultures » (l'exécuteur) et ses aides, les corps des suppliciés restèrent nus quatre jours au pied de la guillotine<ref>''Rennes Moderne'' par A. Marteville</ref>.
« La guillotine faisait couler un continuel ruisseau de sang, qui se figeait et laissait sa trace sur les pierres. » Une fois, par suite d'une contestation entre « le citoyen chargé des sépultures » (l'exécuteur) et ses aides, les corps des suppliciés restèrent nus quatre jours au pied de la guillotine<ref>''Rennes Moderne'' par A. Marteville</ref>.
[[Fichier:Palais_du_Parlement266.jpg|400px|center|thumb|Le Palais du Parlement en 1949 : on y voit les statues des 4 jurisconsultes]]
[[Fichier:Palais_du_Parlement266.jpg|400px|center|thumb|Le Palais du Parlement en 1949 : on y voit les statues des 4 jurisconsultes]]
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[[Fichier:Place_du_parlement_et_tram.png|300px|left|thumb|La place du parlement et son grand bassin central rond - vers 1916]]
[[Fichier:Place_du_parlement_et_tram.png|300px|left|thumb|La place du parlement et son grand bassin central rond - vers 1916]]


[[Fichier:Statues_des_4_jurisconsultes_devant_le_Palais.jpeg|300px|right|thumb|Les statues disparues des quatre jurisconsultes]]
Sous l'Empire, la place deviendra ''Place impériale''. Elle ne prendra sa forme actuelle qu'en 1829, après le percement de la rue appelée maintenant rue Victor Hugo. Elle est alors entièrement pavée. En 1883, un bassin central avec grand jet d'eau y fut inauguré en même temps que le service des eaux mais ce bassin, même remanié, fut décrié par les rennais qui le traitaient péjorativement de ''bassine''.
Sous l'Empire, la place deviendra ''Place impériale''. Elle ne prendra sa forme actuelle qu'en 1829, après le percement de la rue appelée maintenant rue Victor Hugo. Elle est alors entièrement pavée. En 1883, un bassin central avec grand jet d'eau y fut inauguré en même temps que le service des eaux mais ce bassin, même remanié, fut décrié par les rennais qui le traitaient péjorativement de ''bassine''.
{{citation|texte=''Le bassin de la '''Place du Palais'''
{{citation|texte=''Le bassin de la '''Place du Palais'''
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{{citation|texte=  ''On a réalisé un "square" devant le Palais de Justice; on y a creusé une manière de fosse aux lions dans une gaucherie à faire pleurer. Utile, puisque toujours pleine de mioches. Mais ne devait-on pas se méfier et étudier mieux encore ? Les garde-fous et les escaliers de l'insolite excavation sont si lourds qu'ils diminuent le Palais, le dessèchent et l'atrophient. Quel regret de l'ancien bassin et du grand jet d'eau ! Les parterres sont sans originalité et bien moroses.
{{citation|texte=  ''On a réalisé un "square" devant le Palais de Justice; on y a creusé une manière de fosse aux lions dans une gaucherie à faire pleurer. Utile, puisque toujours pleine de mioches. Mais ne devait-on pas se méfier et étudier mieux encore ? Les garde-fous et les escaliers de l'insolite excavation sont si lourds qu'ils diminuent le Palais, le dessèchent et l'atrophient. Quel regret de l'ancien bassin et du grand jet d'eau ! Les parterres sont sans originalité et bien moroses.
|auteur=Jean de La Varende|qualite=|origine=Les Nouvelles de Bretagne et du Maine|collecteur=|date=5 août 1956}}
|auteur=Jean de La Varende|qualite=|origine=Les Nouvelles de Bretagne et du Maine|collecteur=|date=5 août 1956}}
[[Fichier:Statues_des_4_jurisconsultes_devant_le_Palais.jpeg|300px|right|thumb|Les statues disparues des quatre jurisconsultes]]
== Le mystère de la disparition  des quatre jurisconsultes ==
== Le mystère de la disparition  des quatre jurisconsultes ==


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