« Bombardement du 17 juillet 1944 » : différence entre les versions

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Les bombes se rapprochaient. Nous entendions les chapelets hurler dans l'air, puis éclater, et bientôt ce fut le souffle qui nous secoua comme jamais je n'avais été secoué de la guerre. J'ai fait un rapide acte de contrition alors que tout semblait trembler et s'écrouler autour de nous. J'ai fait un signe de croix… Puis le bombardement s'est arrêté. Nous avons repris la route dans un torrent de fumée. Sans incident jusqu'à l'Hôtel-Dieu. Au retour nous sommes passés voir nos maisons, si elles étaient encore debout, puis chez Guillard, nous avons bu du vin. De retour à Jeanne d'Arc, il y avait une morte à transporter [[rue Paul Bert]]. Blessée à mort au dos, elle perdait du sang en abondance. Le mari, un ouvrier assez âgé, suivait. De retour de cette deuxième expédition, M. Martin a décidé que nous avions assez fait et je suis rentré ainsi que quelques camarades. M. l'abbé Geffriaud nous a offert, au passage, un verre de cidre bouché.
Les bombes se rapprochaient. Nous entendions les chapelets hurler dans l'air, puis éclater, et bientôt ce fut le souffle qui nous secoua comme jamais je n'avais été secoué de la guerre. J'ai fait un rapide acte de contrition alors que tout semblait trembler et s'écrouler autour de nous. J'ai fait un signe de croix… Puis le bombardement s'est arrêté. Nous avons repris la route dans un torrent de fumée. Sans incident jusqu'à l'Hôtel-Dieu. Au retour nous sommes passés voir nos maisons, si elles étaient encore debout, puis chez Guillard, nous avons bu du vin. De retour à Jeanne d'Arc, il y avait une morte à transporter [[rue Paul Bert]]. Blessée à mort au dos, elle perdait du sang en abondance. Le mari, un ouvrier assez âgé, suivait. De retour de cette deuxième expédition, M. Martin a décidé que nous avions assez fait et je suis rentré ainsi que quelques camarades. M. l'abbé Geffriaud nous a offert, au passage, un verre de cidre bouché.


J'ai oublié de dire qu'entre le retour de l'Hôtel-Dieu et le départ à Paul Bert, je suis allé avec Guillard voir à Saint-Méen si l'on avait besoin de nous. L'asile était très touché. Un bâtiment brûlait. C'était le pavillon des femmes furieuses qui riant, hurlant, se laissant faire puis se débattant, se cachant dans les coins, faisant fonctionner les portes automatiques, rendirent aux sauveteurs la tâche pénible et offrirent aux spectateurs une vision infernale. Un autre bâtiment, celui de la milice, je crois, [[boulevard de Strasbourg]], face à Saint-Méen, était sérieusement touché. On disait que quelques folles, déjà très énervées par le temps orageux, surexcitées par ce drame, s'étaient enfuies. La sueur coulait de mon casque cette après-midi …"   
J'ai oublié de dire qu'entre le retour de l'Hôtel-Dieu et le départ à Paul Bert, je suis allé avec Guillard voir à Saint-Méen si l'on avait besoin de nous. L'asile était très touché. Un bâtiment brûlait. C'était le pavillon des femmes furieuses qui riant, hurlant, se laissant faire puis se débattant, se cachant dans les coins, faisant fonctionner les portes automatiques, rendirent aux sauveteurs la tâche pénible et offrirent aux spectateurs une vision infernale. Un autre bâtiment, celui de la milice, <ref>[[La Milice à Rennes]]</ref> je crois, [[boulevard de Strasbourg]], face à Saint-Méen, était sérieusement touché. On disait que quelques folles, déjà très énervées par le temps orageux, surexcitées par ce drame, s'étaient enfuies. La sueur coulait de mon casque cette après-midi …"   


''Pierre de La Haye'' <ref> ''Journal 6 juin - 18 août 1944''. Pierre et Armande de La Haye. (autorisation de publication donnée à Étienne Maignen)</ref>   
''Pierre de La Haye'' <ref> ''Journal 6 juin - 18 août 1944''. Pierre et Armande de La Haye. (autorisation de publication donnée à Étienne Maignen)</ref>   
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