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===4 août===
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[[Fichier:Jean_marin_betton115.jpg|250px|right|thumb|Jean Marin le 1er août à Betton. Il sera à Rennes le 4 de bonne heure]]
Les transmissions semblant défaillantes, le général Troy Middleton vient rencontrer Wood sur place, de bonne heure le 4 août et pince-sans-rire, lui demande :" Qu'as-tu, tu as perdu ta division ?", et Wood de répondre : "Bien pire, on est en train de gagner la guerre mais pas comme il faut", mais celui-ci doit accepter la mission de contrôler les routes au sud de Rennes et de descendre le long de la Vilaine puis vers Quiberon au lieu d'obliquer vers Angers. Un télégramme du général Hugh J. Gaffey, chef d'état-major de la 3 e Armée de Patton, est envoyé, ordonnant à Wood d'aller sur Vannes, comme prévu, et non sur Angers comme Wood le souhaitait.<ref> ''Le front des oubliés'', par Daniel Laurent et Roger Levenette, Histomag'44 - Jan-fév. 2012</ref>
Les transmissions semblant défaillantes, le général Troy Middleton vient rencontrer Wood sur place, de bonne heure le 4 août et pince-sans-rire, lui demande :" Qu'as-tu, tu as perdu ta division ?", et Wood de répondre : "Bien pire, on est en train de gagner la guerre mais pas comme il faut", mais celui-ci doit accepter la mission de contrôler les routes au sud de Rennes et de descendre le long de la Vilaine puis vers Quiberon au lieu d'obliquer vers Angers. Un télégramme du général Hugh J. Gaffey, chef d'état-major de la 3 e Armée de Patton, est envoyé, ordonnant à Wood d'aller sur Vannes, comme prévu, et non sur Angers comme Wood le souhaitait.<ref> ''Le front des oubliés'', par Daniel Laurent et Roger Levenette, Histomag'44 - Jan-fév. 2012</ref>
Vers 4 heures du matin, les servants restant de la batterie allemande mettent les canons hors d'usage et s'esquivent. Le colonel König, commandant les éléments allemands divers rassemblés à Rennes, a reçu du général Hausser vers 23 heures l’ordre officiel de repli, afin d'éviter l'encerclement total dans Rennes et 2000 hommes quittent la ville à partir de 3 heures du matin après avoir eu 60 morts et 130 blessés dans les combats de Maison-Blanche et Saint-Laurent. <ref> ''U.S Army in World War II- Breakout and pursuit''. chap. 19, par Martin Blumenson </ref>. Ils vont sortir de Rennes par les routes secondaires, les grands axes étant coupés depuis la veille après-midi par les troupes américaines. Les GI du 13e régiment d'infanterie reçoivent l'ordre de pénétrer dans Rennes.
Vers 4 heures du matin, les servants restant de la batterie allemande mettent les canons hors d'usage et s'esquivent. Le colonel König, commandant les éléments allemands divers rassemblés à Rennes, a reçu du général Hausser vers 23 heures l’ordre officiel de repli, afin d'éviter l'encerclement total dans Rennes et 2000 hommes quittent la ville à partir de 3 heures du matin après avoir eu 60 morts et 130 blessés dans les combats de Maison-Blanche et Saint-Laurent. <ref> ''U.S Army in World War II- Breakout and pursuit''. chap. 19, par Martin Blumenson </ref>. Ils vont sortir de Rennes par les routes secondaires, les grands axes étant coupés depuis la veille après-midi par les troupes américaines. Les GI du 13e régiment d'infanterie reçoivent l'ordre de pénétrer dans Rennes.
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  avec les groupes de  Résistance d'Ille-et-Vilaine, composée chacune de trois hommes, avaient été parachutées le 10 juillet à ... Courcité dans l'est de la Mayenne, à 120 km de Rennes et ne parviennent en Ille-et-Vilaine que le Ier août entre Vitré et Fougères, trop tard pour assumer leur mission à Rennes.<ref> ''L'action des forces spéciales alliées en Ille-et Vilaine : les équipes Jedburgh Guy et Gavin'' (juillet-août 1944), par Yann Lagadec. Bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine. t. CVII - 2003</ref>
  avec les groupes de  Résistance d'Ille-et-Vilaine, composée chacune de trois hommes, avaient été parachutées le 10 juillet à ... Courcité dans l'est de la Mayenne, à 120 km de Rennes et ne parviennent en Ille-et-Vilaine que le Ier août entre Vitré et Fougères, trop tard pour assumer leur mission à Rennes.<ref> ''L'action des forces spéciales alliées en Ille-et Vilaine : les équipes Jedburgh Guy et Gavin'' (juillet-août 1944), par Yann Lagadec. Bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine. t. CVII - 2003</ref>
[[Fichier:P%C3%A9n%C3%A9tration_dans_Rennes367.jpg|500px|left|thumb|Pénétration des troupes américaines dans Rennes, point de passage obligé : le secteur République-rue de Nemours. Les points rouges marquent les ponts détruits]]
[[Fichier:P%C3%A9n%C3%A9tration_dans_Rennes367.jpg|500px|left|thumb|Pénétration des troupes américaines dans Rennes, point de passage obligé : le secteur République-rue de Nemours. Les points rouges marquent les ponts détruits]]
[[Fichier:Ffi_place_de_la_mairie.jpeg|250px|left|thumb|Les F.F.I. paradent place de la Mairie, le 4 août<ref> cliché U.S.I.S (service d'information des Etats-Unis)</ref>  L. Riordan]] <ref> ''Rennes pendant la guerre. Chroniques de 1939 à 1945'', par Étienne Maignen. Editions Ouest-France - 2013</ref>
[[Fichier:Ffi_place_de_la_mairie.jpeg|250px|left|thumb|Les F.F.I. paradent place de la Mairie, le 4 août<ref> cliché U.S.I.S (service d'information des Etats-Unis)</ref>  L. Riordan]] <ref> ''Rennes pendant la guerre. Chroniques de 1939 à 1945'', par Étienne Maignen. Editions Ouest-France - 2013</ref>
[[Fichier:Ronde_place_de_la_mairie197.jpg|300px|center|thumb|Place de la Mairie, le 4 août après-midi]]
[[Fichier:Ronde_place_de_la_mairie197.jpg|300px|center|thumb|Place de la Mairie, le 4 août après-midi]]
[[Fichier:GI_place_de_la_mairie.jpg|250px|right|thumb|Les GI descendent la [[place de la Mairie]], au début de la [[rue d'Orléans]], à droite le café "L'Angélus"]]
[[Fichier:GI_place_de_la_mairie.jpg|250px|right|thumb|Les GI descendent la [[place de la Mairie]], au début de la [[rue d'Orléans]], à droite le café "L'Angélus"]]
[[Fichier:$_57_yanks_capture_rennes.JPG|250px|left|thumb|"Les Américains prennent Rennes. Gain de 75 km en 2 jours"]]
[[Fichier:390793073810_1_0_1_yanks_take_rennes.jpg|250px|right|thumb|Rennes est pris. L'article annonce que... "1000 Allemands se sont présentés sans armes pour se rendre"]]


==== Vers 9h00, les libérateurs en ville====
==== Vers 9h00, les libérateurs en ville====
[[Fichier:Grappe_humaine.png|400px|left|thumb|Place Maréchal Pétain, grappe rennaise sur véhicule américain]]
[[Fichier:Grappe_humaine.png|400px|left|thumb|Place Maréchal Pétain, grappe rennaise sur véhicule américain]]
=====Surprise et liesse=====
=====Surprise et liesse=====
[[Fichier:Place_de_la_mairie_4_ao%C3%BBt_1944195.jpg|left|250px|thumb|"Démonstration spontanée : un petit groupe de jeunes traversent la place centrale à Rennes agitant le drapeau américain après l'entrée des forces américaines" L'en-tête :" Scénes constatées dans de nombreuses villes et villages de France lors de leur libération du joug allemand". ''The Sphere'', London, 19 août 1944]]
[[Fichier:Place_de_la_mairie_4_ao%C3%BBt_1944195.jpg|left|250px|thumb|"Démonstration spontanée : un petit groupe de jeunes traversent la place centrale à Rennes agitant le drapeau américain après l'entrée des forces américaines" L'en-tête :" Scénes constatées dans de nombreuses villes et villages de France lors de leur libération du joug allemand". ''The Sphere'', London, 19 août 1944]]
[[Fichier:Jean_marin_betton115.jpg|250px|right|thumb|Jean Marin le 1er août à Betton. Il sera à Rennes le 4 de bonne heure]]
 
Jean Marin, <ref> [[rue Jean Marin]]</ref> en uniforme de lieutenant de vaisseau, dont la jeep à fanion tricolore est bloquée dans la file des chars et camions américains, route de Fougères, du côté des Gayeulles, emprunte un vélo à un Rennais et pédale pour arriver vers 8h30 au [[palais du Commerce]] pour contrôler la station de radio.<ref> ''Petit bois pour un grand feu'', par Jean Marin. éd. Arthème Fayard - 1994 </ref>
Jean Marin, <ref> [[rue Jean Marin]]</ref> en uniforme de lieutenant de vaisseau, dont la jeep à fanion tricolore est bloquée dans la file des chars et camions américains, route de Fougères, du côté des Gayeulles, emprunte un vélo à un Rennais et pédale pour arriver vers 8h30 au [[palais du Commerce]] pour contrôler la station de radio.<ref> ''Petit bois pour un grand feu'', par Jean Marin. éd. Arthème Fayard - 1994 </ref>
[[Fichier:Rennes_fete_sa_liberation.jpeg|350px|right|thumb|Vue partielle de la foule rennaise devant la mairie le 4 août. <ref> Accord n°9. ''Revue mensuelle diffusée en France occupée par les aviations alliées''</ref>]]
[[Fichier:Rennes_fete_sa_liberation.jpeg|350px|right|thumb|Vue partielle de la foule rennaise devant la mairie le 4 août. <ref> Accord n°9. ''Revue mensuelle diffusée en France occupée par les aviations alliées''</ref>]]
 
[[Fichier:Danse_ao%C3%BBt_1944_%C3%A0_Rennes.png|350px|center|thumb|4 août, au bas des marches du jardin du palais du Parlement, le GI Rosario Talliento, de Brooklyn, danse le jitterbug avec une Rennaise (photo Andrew Lopez. Credit: Signal Corps radiotelephoto from ACME, 6/8/1944</ref> ]]


[[Fichier:GI_place_de_la_mairie.png|left|250px|thumb|Place Maréchal Pétain, des GI saluent les Rennais en retour (''Archives de Rennes 255FI414'')]]
[[Fichier:GI_place_de_la_mairie.png|left|250px|thumb|Place Maréchal Pétain, des GI saluent les Rennais en retour (''Archives de Rennes 255FI414'')]]
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=====Impressions américaines=====
====Impressions américaines====




''The Baltimore News-Post'', "journal du soir le plus important de tout le Sud", titre en date du jeudi soir 3 août, en énorme bandeau sur toute sa première page, sur la prise de Rennes par les Américains (" Yankees") :    '''YANKS CAPTURE RENNES'''
''The Baltimore News-Post'', "journal du soir le plus important de tout le Sud", titre en date du jeudi soir 3 août, en énorme bandeau sur toute sa première page, sur la prise de Rennes par les Américains (" Yankees") :    '''YANKS CAPTURE RENNES'''
[[Fichier:$_57_yanks_capture_rennes.JPG|250px|left|thumb|"Les Américains prennent Rennes. Gain de 75 km en 2 jours"]]
[[Fichier:390793073810_1_0_1_yanks_take_rennes.jpg|250px|right|thumb|Rennes est pris. L'article annonce que... "1000 Allemands se sont présentés sans armes pour se rendre"]]


[[Fichier:Accueil_des_Am%C3%A9ricains_devant_St-Martin194.jpg|center|300px|thumb|Légende de la radiotelephoto "Conduits par une jeune fille qui crie et rit en agitant le drapeau tricolore, des  habitants de Rennes acclament les troupes américaines à leur entrée dans la capitale bretonne" (devant la chapelle du collège Saint-Martin, et, vu l'endroit, scène probablement filmée plusieurs heures après l'arrivée des GI en ville) <ref> {{CC-BY-NC-SA}} </ref>]]
[[Fichier:Accueil_des_Am%C3%A9ricains_devant_St-Martin194.jpg|center|300px|thumb|Légende de la radiotelephoto "Conduits par une jeune fille qui crie et rit en agitant le drapeau tricolore, des  habitants de Rennes acclament les troupes américaines à leur entrée dans la capitale bretonne" (devant la chapelle du collège Saint-Martin, et, vu l'endroit, scène probablement filmée plusieurs heures après l'arrivée des GI en ville) <ref> {{CC-BY-NC-SA}} </ref>]]


Les GI du 13e régiment d'infanterie, détaché de la 8e division, entrent dans Rennes vers 9 heures du matin et "acceptent les baisers et les vins des habitants libérés", rapporte Martin Blumenson. Les Rennais s'amassent peu à peu sur la place de la Mairie. "L'ancienne capitale de la Bretagne était belle, vrai parterre de fleurs multicolores au passage de nos unités de tête par les rues et avenues, fusil barrant la poitrine. Des femmes jeunes et vieilles accouraient pour nous serrer la main et embrasser ces Américains survenus et, au passage de nos jeeps et véhicules, les Français, dont beaucoup essuyaient des larmes de joie, accablaient notre convoi de fruits et de fleurs et démontraient leur quasi unanimité en criant "Vive l'Amérique !". <ref> ''Report of Enemy Action'', 13th Infantry APO US Army, September 4 1944. </ref> Un journaliste américain qui a couvert les combats de Normandie depuis le 6 juin constate que "''l'arrivée des Américains ne s'est pas traduite par bombes et obus rasant des maisons de civils. Il n'y a pas eu de féroces combats de rue et maison par maison. Il y a bien eu quelques dégâts mais que l'on répare rapidement'', estime-t-il. [...]''De longues files de véhicules alliés s'écoulent à travers la ville. Une jeep a des portraits d'Hitler et de Goering ficelés à la roue de secours, leurs visages barrés d'une grande croix noires. Les citadins acclament, rient et chargent les jeeps de fleurs''. Il note deux événements "inoubliables" : le défilé de 24 meneurs (sic) de la Résistance, fusils sur l'épaule. "''C'étaient des hommes vieux, jeunes, aux teints clairs ou bronzés. Ils ne manœuvraient pas très bien et paraissaient un peu débraillés [...] Ils étaient fiers et Rennes aussi''". L'autre fait : un vieillard grimpé sur une coupole et embouchant une trompette pour jouer la Marseillaise. "''Aux premières notes les gens étaient silencieux, les larmes leur venant, puis ils se mirent à chanter. Le son, d'abord faible, résonna avec écho entre les murs à mesure qu'augmentait le nombre de ceux qui chantaient''" <ref> ''Quand Rennes chante la Marseillaise c'est l'esprit de la France qu'on entend'', par G. K. Hodenfield. ''Stars and Stripes''.(journal de l'armée américaine)</ref> Rémy est aussi témoin de ce fait en indiquant que le "vieil homme à longues moustaches blanches à la gauloise [...] était juché à califourchon sur le toit d'une fenêtre mansardée"<ref>''Les Mains Jointes'', par Rémy, Raoul Solar éditeur, p. 226 - 1948 </ref> Le ''Cairns Post'' indique que "l'atmosphère qui prévaut ici semble être une vive amitié absolument sincère".
Les GI du 13e régiment d'infanterie, détaché de la 8e division, entrent dans Rennes vers 9 heures du matin et "acceptent les baisers et les vins des habitants libérés", rapporte Martin Blumenson. Les Rennais s'amassent peu à peu sur la place de la Mairie. "L'ancienne capitale de la Bretagne était belle, vrai parterre de fleurs multicolores au passage de nos unités de tête par les rues et avenues, fusil barrant la poitrine. Des femmes jeunes et vieilles accouraient pour nous serrer la main et embrasser ces Américains survenus et, au passage de nos jeeps et véhicules, les Français, dont beaucoup essuyaient des larmes de joie, accablaient notre convoi de fruits et de fleurs et démontraient leur quasi unanimité en criant "Vive l'Amérique !". <ref> ''Report of Enemy Action'', 13th Infantry APO US Army, September 4 1944. </ref> Un journaliste américain qui a couvert les combats de Normandie depuis le 6 juin constate que "''l'arrivée des Américains ne s'est pas traduite par bombes et obus rasant des maisons de civils. Il n'y a pas eu de féroces combats de rue et maison par maison. Il y a bien eu quelques dégâts mais que l'on répare rapidement'', estime-t-il. [...]''De longues files de véhicules alliés s'écoulent à travers la ville. Une jeep a des portraits d'Hitler et de Goering ficelés à la roue de secours, leurs visages barrés d'une grande croix noires. Les citadins acclament, rient et chargent les jeeps de fleurs''. Il note deux événements "inoubliables" : le défilé de 24 meneurs (sic) de la Résistance, fusils sur l'épaule. "''C'étaient des hommes vieux, jeunes, aux teints clairs ou bronzés. Ils ne manœuvraient pas très bien et paraissaient un peu débraillés [...] Ils étaient fiers et Rennes aussi''". L'autre fait : un vieillard grimpé sur une coupole et embouchant une trompette pour jouer la Marseillaise. "''Aux premières notes les gens étaient silencieux, les larmes leur venant, puis ils se mirent à chanter. Le son, d'abord faible, résonna avec écho entre les murs à mesure qu'augmentait le nombre de ceux qui chantaient''" <ref> ''Quand Rennes chante la Marseillaise c'est l'esprit de la France qu'on entend'', par G. K. Hodenfield. ''Stars and Stripes''.(journal de l'armée américaine)</ref> Rémy est aussi témoin de ce fait en indiquant que le "vieil homme à longues moustaches blanches à la gauloise [...] était juché à califourchon sur le toit d'une fenêtre mansardée"<ref>''Les Mains Jointes'', par Rémy, Raoul Solar éditeur, p. 226 - 1948 </ref> Le ''Cairns Post'' indique que "l'atmosphère qui prévaut ici semble être une vive amitié absolument sincère".
[[Fichier:3_collaborateurs_%C3%A0_Rennes196.jpg|350px|right|thumb||Trois collaborateurs dans Rennes entourés par des gendarmes. "Quelques scènes laides survinrent, photographiées ici. Certains des hommes attaqués par la foule furent rudement malmenés et auraient beaucoup plus souffert sans l'intervention de la police;" NB: L'homme à droite tient un mouchoir et semble saigner du nez. D'une page  intitulée "Scènes d'émeute à Rennes". ''The Sphere'', London, 19 août 1944]]
 
[[Fichier:Ma%C3%AEtris%C3%A9_par_des_GI413.jpg|300px|left|thumb|Cet homme furieux n'est pas un collaborateur, il est retenu par des GI car il voulait s'en prendre à des prisonniers allemands assis sur les marches du théâtre <ref> Hebdomadaire illustré britannique ''The Sphere'', London, 19 août 1944</ref>]]
Les Rennais s'amassent, dans l'après-midi, devant la mairie pour les acclamer ainsi que les nouveaux dirigeants au grand balcon nord de l'hôtel de ville décoré du drapeau français et de la bannière étoilée : Jean Marin, voix de la France Libre et le colonel de Chevigné, délégué militaire pour le front nord, entrés en ville avant les troupes américaines.
Les Rennais s'amassent, dans l'après-midi, devant la mairie pour les acclamer ainsi que les nouveaux dirigeants au grand balcon nord de l'hôtel de ville décoré du drapeau français et de la bannière étoilée : Jean Marin, voix de la France Libre et le colonel de Chevigné, délégué militaire pour le front nord, entrés en ville avant les troupes américaines. Certains pourchassent des Rennais dénoncés comme collaborateurs. On arrache les pancartes en allemand, on brûle le kiosque où, pendant quatre ans, les revues allemandes ont figuré en bonne place.
Les jours suivants, les Rennais iront nombreux à Saint-Laurent et Maison-Blanche voir les vestiges des combats. "La chute de Rennes couronne une percée américaine de 55 km" titre le journal de l'armée américaine '' The Stars ans Stripes'' en date du 4 août.
Les jours suivants, les Rennais iront nombreux à Saint-Laurent et Maison-Blanche voir les vestiges des combats. "La chute de Rennes couronne une percée américaine de 55 km" titre le journal de l'armée américaine '' The Stars ans Stripes'' en date du 4 août.


[[Fichier:Kiosque_incendi%C3%A9.jpg|250px|left|thumb|Le feu au kiosque à journaux]]
 
[[Fichier:Stars_and_stripes.jpg|200px|center|thumb|"La chute de Rennes couronne une percée américaine de 55 km" ]]
[[Fichier:Stars_and_stripes.jpg|200px|center|thumb|"La chute de Rennes couronne une percée américaine de 55 km" ]]
[[Fichier:US_place_de_la_mairie.gif|300px|center|thumb|Place de la Mairie, le 4 août 1944]]
[[Fichier:US_place_de_la_mairie.gif|300px|center|thumb|Place de la Mairie, le 4 août 1944]]
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[[Fichier:Arrestation_a_rennes_aout_1944.jpg|300px|center|thumb|"Soudain à Rennes ce matin-là, j'entendis une agitation : une jeune femme était emmenée violemment au poste de police tandis que des personnes présentes la conspuaient et crachaient sur elle" - John G. Morris]] [[Fichier:Chasse_aux_collaborateurs.jpeg|250px|left|thumb|A Rennes la chasse aux collaborateurs est ouverte;<ref>photo USIS (United States Information Service)</ref>]]
===Dès le lundi 7 août, bonjour ''Ouest-France'' !===
Des troupes de la 8e division d'infanterie (8th Infantry Division) vont prendre le relais et sécuriser Rennes et ses abords.
 
Très vite, les soldats américains, dont beaucoup sont noirs, déblaient les rues et des ponts Bailey britanniques, composés d’éléments modulaires, vont suppléer les ponts détruits. Le journal ''Défense de la France'', encore clandestin 8 jours avant, quotidien du soir du Mouvement de la Libération nationale, provisoirement imprimé à Rennes, 38 [[rue du Pré Botté]]  sur une seule feuille, (qui deviendra France Soir dans Paris libéré) s'étonne dans son n°8 du 17 août 1944, "de voir des soldats américains, avec leur matériel, occupés à déblayer les débris de mur et de vitres, balayer les trottoirs, replacer les pavés sans qu'un seul ouvrier français n'ait l'air de vouloir sans mêler. La foule admire les efforts de nos braves "boys" avec componction, les encourageant volontiers du geste et de la voix, mais reste rigoureusement passive."
Très vite, les soldats américains, dont beaucoup sont noirs, déblaient les rues et des ponts Bailey britanniques, composés d’éléments modulaires, vont suppléer les ponts détruits. Le journal ''Défense de la France'', encore clandestin 8 jours avant, quotidien du soir du Mouvement de la Libération nationale, provisoirement imprimé à Rennes, 38 [[rue du Pré Botté]]  sur une seule feuille, (qui deviendra France Soir dans Paris libéré) s'étonne dans son n°8 du 17 août 1944, "de voir des soldats américains, avec leur matériel, occupés à déblayer les débris de mur et de vitres, balayer les trottoirs, replacer les pavés sans qu'un seul ouvrier français n'ait l'air de vouloir sans mêler. La foule admire les efforts de nos braves "boys" avec componction, les encourageant volontiers du geste et de la voix, mais reste rigoureusement passive."
[[Fichier:Canon_de_88_M_B.jpg|500px|right|thumb|Un des canons de 88 mm laissé hors d'usage à Maison-Blanche par les Allemands à l'aube du 4 août (photo musée de Bretagne) ]]
[[Fichier:Canon_de_88_M_B.jpg|500px|right|thumb|Un des canons de 88 mm laissé hors d'usage à Maison-Blanche par les Allemands à l'aube du 4 août (photo musée de Bretagne) ]]
[[Fichier:Collaboratrices.jpg|150px|left|thumb|Collaboratrices maltraitées près du palais du Commerce (''Photo Lee Miller'')]]
===Dès le lundi 7 août, bonjour ''Ouest-France'' !===
En application d'une ordonnance du 22 juin 1944 de mise sous séquestre des entreprises de presse après le débarquement, un comité régional de presse se réunit dès le 6 août, à la préfecture, présidé par [[Henri Fréville]], composé de deux membres du Comité départemental de libération d'Ille-et-Vilaine et de deux journalistes représentant les organisations syndicales, pour prendre acte de la suppression du journal l'''Ouest-Eclair'', approuver la  
En application d'une ordonnance du 22 juin 1944 de mise sous séquestre des entreprises de presse après le débarquement, un comité régional de presse se réunit dès le 6 août, à la préfecture, présidé par [[Henri Fréville]], composé de deux membres du Comité départemental de libération d'Ille-et-Vilaine et de deux journalistes représentant les organisations syndicales, pour prendre acte de la suppression du journal l'''Ouest-Eclair'', approuver la  
création du quotidien ''Ouest-France'', dont le directeur serait Paul Hutin, et l'impression à Rennes du journal clandestin désormais public ''Défense de la France''.
création du quotidien ''Ouest-France'', dont le directeur serait Paul Hutin, et l'impression à Rennes du journal clandestin désormais public ''Défense de la France''.
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Le 4 vers 13 heures, de nombreux membres du personnel se sont réunis dans la salle des rotatives avec Paul Hutin-Desgrées, Jean Marin et Alphonse Aubrée, administrateur. Ceux-ci prirent la parole pour affirmer que le grand quotidien mènerait le combat du redressement national dans le droit fil de ses origines, et pour présenter les lignes de la politique d'information qui allait être menée. Le 7 août sortait le premier numéro, trois jours après la libération de Rennes.<ref> ''La presse bretonne dans la tourmente - 1940-1946'', par Henri Fréville. Plon - 1979</ref> Curieusement, la revue mensuelle ''Accord'', diffusée en France occupée par les aviations alliées, annonça la création à Rennes de ... ''France-Ouest'' avec deux autres erreurs : l'existence d'"un rédacteur en chef appointé par le Comité National de Libération, un professeur de la faculté de Rennes, membre de la Résistance" ("''appointé''" étant une mauvaise traduction du terme anglais "appointed" qui signifie "désigné", et Henri Fréville n'en était pas le rédacteur en chef. <ref>''Accord'' revue mensuelle illustrée numéro 9, diffusée en France occupée par l’aviation alliée </ref>
Le 4 vers 13 heures, de nombreux membres du personnel se sont réunis dans la salle des rotatives avec Paul Hutin-Desgrées, Jean Marin et Alphonse Aubrée, administrateur. Ceux-ci prirent la parole pour affirmer que le grand quotidien mènerait le combat du redressement national dans le droit fil de ses origines, et pour présenter les lignes de la politique d'information qui allait être menée. Le 7 août sortait le premier numéro, trois jours après la libération de Rennes.<ref> ''La presse bretonne dans la tourmente - 1940-1946'', par Henri Fréville. Plon - 1979</ref> Curieusement, la revue mensuelle ''Accord'', diffusée en France occupée par les aviations alliées, annonça la création à Rennes de ... ''France-Ouest'' avec deux autres erreurs : l'existence d'"un rédacteur en chef appointé par le Comité National de Libération, un professeur de la faculté de Rennes, membre de la Résistance" ("''appointé''" étant une mauvaise traduction du terme anglais "appointed" qui signifie "désigné", et Henri Fréville n'en était pas le rédacteur en chef. <ref>''Accord'' revue mensuelle illustrée numéro 9, diffusée en France occupée par l’aviation alliée </ref>


Au soir de ce 4 août, par mesure de précaution, un couvre-feu sera imposé.
Au soir de ce 4 août, par mesure de précaution, un couvre-feu sera imposé.Des troupes de la 8e division d'infanterie (8th Infantry Division) vont prendre le relais et sécuriser Rennes et ses abords.
[[Fichier:Journaux_%C3%A0_rennes_ao%C3%BBt_1944.png|550px|center|thumb|Journaux imprimés à Rennes en août 1944, dont le 1er numéro de ''Ouest-France'']]
=== Chasse aux "collabos" ===
Certains pourchassent des Rennais dénoncés comme collaborateurs. On arrache les pancartes en allemand, on brûle le kiosque où, pendant quatre ans, les revues allemandes ont figuré en bonne place.
[[Fichier:Kiosque_incendi%C3%A9.jpg|250px|left|thumb|Le feu au kiosque à journaux]]
[[Fichier:3_collaborateurs_%C3%A0_Rennes196.jpg|350px|right|thumb||Trois collaborateurs dans Rennes entourés par des gendarmes. "Quelques scènes laides survinrent, photographiées ici. Certains des hommes attaqués par la foule furent rudement malmenés et auraient beaucoup plus souffert sans l'intervention de la police;" NB: L'homme à droite tient un mouchoir et semble saigner du nez. D'une page  intitulée "Scènes d'émeute à Rennes". ''The Sphere'', London, 19 août 1944]]
[[Fichier:Chasse_aux_collaborateurs.jpeg|250px|left|thumb|A Rennes la chasse aux collaborateurs est ouverte;<ref>photo USIS (United States Information Service)</ref>]]
[[Fichier:Ru%C3%A9e_place_de_la_mairie.png|500px[left|thumb|Place de la mairie des Rennais se ruent vers un camion où l'on embarque un collaborateur (Credit ACME) ]]
[[Fichier:Ma%C3%AEtris%C3%A9_par_des_GI413.jpg|300px|left|thumb|Cet homme furieux n'est pas un collaborateur, il est retenu par des GI car il voulait s'en prendre à des prisonniers allemands assis sur les marches du théâtre <ref> Hebdomadaire illustré britannique ''The Sphere'', London, 19 août 1944</ref>]]
[[Fichier:Arrestation_a_rennes_aout_1944.jpg|300px|center|thumb|"Soudain à Rennes ce matin-là, j'entendis une agitation : une jeune femme était emmenée violemment au poste de police tandis que des personnes présentes la conspuaient et crachaient sur elle" - John G. Morris]]
 
[[Fichier:Collaboratrices.jpg|150px|center|thumb|Collaboratrices maltraitées près du palais du Commerce (''Photo Lee Miller'')]]
 


[[Fichier:Milon_et_Patton.png|300px|right|thumb|27 octobre 1945: le maire de Rennes, Yves Milon, remet au général Patton le diplôme de citoyen d'honneur de la ville. derrière eux Victor le Gorgeu]]
[[Fichier:Milon_et_Patton.png|300px|right|thumb|27 octobre 1945: le maire de Rennes, Yves Milon, remet au général Patton le diplôme de citoyen d'honneur de la ville. derrière eux Victor le Gorgeu]]
[[Fichier:Diplome_Patton.jpg|right|250px|thumb|Diplôme de citoyen d'honneur de la Ville de Rennes remis, le 27 octobre 1945, au général Patton, commandant en chef des troupes américaines ayant libéré Rennes]]
[[Fichier:Diplome_Patton.jpg|right|250px|thumb|Diplôme de citoyen d'honneur de la Ville de Rennes remis, le 27 octobre 1945, au général Patton, commandant en chef des troupes américaines ayant libéré Rennes]]
[[Fichier:Nancy_Bachant_et_Jean_Chaslle.png|250px|right|thumb| Août 2014 :à droite, Jean Chasle qui tenta de dissuader les Américains de passer devant la batterie de DCA allemande, avec Nancy Bachant, une des triplées de Herbert R. Bachant, tué le 1er août 1944, et Etienne Maignen, historien local]]
[[Fichier:Nancy_Bachant_et_Jean_Chaslle.png|250px|right|thumb| Août 2014 :à droite, Jean Chasle qui tenta de dissuader les Américains de passer devant la batterie de DCA allemande, avec Nancy Bachant, une des triplées de Herbert R. Bachant, tué le 1er août 1944, et Etienne Maignen, historien local]]
[[Fichier:Danse_ao%C3%BBt_1944_%C3%A0_Rennes.png|350px|center|thumb|4 août, au bas des marches du jardin du palais du Parlement, le GI Rosario Talliento, de Brooklyn, danse le jitterbug avec une Rennaise (photo Andrew Lopez. Credit: Signal Corps radiotelephoto from ACME, 6/8/1944</ref> ]]
 
[[Fichier:Drapeau_allemand.png|300px|left|thumb|"Oncle Sam est le nouveau patron", légende dans le ''Daily News from New York'', 7 août 1944]]
[[Fichier:Drapeau_allemand.png|300px|left|thumb|"Oncle Sam est le nouveau patron", légende dans le ''Daily News from New York'', 7 août 1944]]
[[Fichier:L%27%C3%A9trange_lib%C3%A9ration066.jpg|250px|center|thumb|Ouvrage sur la libération de Rennes - 2017 ]]
 
Une édition du journal de l'armée américaine, ''Stars and Stripes'', sera imprimé à Rennes à partir du 21 août pendant plusieurs semaines.
Une édition du journal de l'armée américaine, ''Stars and Stripes'', sera imprimé à Rennes à partir du 21 août pendant plusieurs semaines.
Il faudra attendre le samedi 19 août  pour entendre " Ici, radio de la Nation française, poste de Radio-Bretagne". la radio émet sur 288,6 m à partir d'un camion de l'armée américaine équipé d'un émetteur d'I kw.<ref> Radio Rennes PTT, histoire du poste de TSF breton</ref> Les principaux cinémas rouvrent le 10 et une soirée de gala est organisée par les autorités alliées qui remettent les 150 000 f. de la recette à la municipalité.
Il faudra attendre le samedi 19 août  pour entendre " Ici, radio de la Nation française, poste de Radio-Bretagne". la radio émet sur 288,6 m à partir d'un camion de l'armée américaine équipé d'un émetteur d'I kw.<ref> Radio Rennes PTT, histoire du poste de TSF breton</ref> Les principaux cinémas rouvrent le 10 et une soirée de gala est organisée par les autorités alliées qui remettent les 150 000 f. de la recette à la municipalité.
[[Fichier:Journaux_%C3%A0_rennes_ao%C3%BBt_1944.png|550px|center|thumb|Journaux imprimés à Rennes en août 1944, dont le 1er numéro de ''Ouest-France'']]
[[Fichier:L%27%C3%A9trange_lib%C3%A9ration066.jpg|250px|center|thumb|Ouvrage sur la libération de Rennes - 2017 ]]


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