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« Chronique vezinoise sous l'occupation n°13 » : différence entre les versions

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Les Allemands sont-ils partis ?… Pas sûr !… Les Américains ne sont pas encore arrivés, c’est certain!… Mais que font-ils ?  
Les Allemands sont-ils partis ?… Pas sûr !… Les Américains ne sont pas encore arrivés, c’est certain!… Mais que font-ils ?  


Le lendemain, dans l’après midi, après une bonne nuit passée dans un fossé du ''[[Chronique vezinoise sous l'occupation. 8|Chemin vert]]'', les choses se précipitent .
Le lendemain, dans l’après-midi, après une bonne nuit passée dans un fossé du ''[[Chronique vezinoise sous l'occupation. 8|Chemin vert]]'', les choses se précipitent .
Une partie de la population du bourg est présente devant la mairie-école et de fait devant la maréchalerie. Dans la cour de l'école et dans la rue, les gens conversent.  
Une partie de la population du bourg est présente devant la mairie-école et, de fait,devant la maréchalerie. Dans la cour de l'école et dans la rue, les gens conversent.  


Les Allemands sont-ils partis? ''« Croyez-vous qu'ils sont encore à Rennes ? »''  
Les Allemands sont-ils partis? ''« Croyez-vous qu'ils sont encore à Rennes ? »''  
Un grand espoir mêlé d’un peu d’anxiété se lit sur tous les visages. Le boche est-il enfin parti ? L’impatience de savoir est à son comble.
Un grand espoir mêlé d’un peu d’anxiété se lit sur tous les visages. Le boche est-il enfin parti ? L’impatience de savoir est à son comble.
Monsieur Guérin, le directeur de l'école, dit alors ''« il faut téléphoner à ''la Croix Rouge'' »'' (lieu-dit à l'entrée de Rennes sur la route de Vezin à environ quatre kms).  
Monsieur Guérin, le directeur de l'école, dit alors ''« il faut téléphoner à ''la Croix Rouge'' »'' (lieu-dit à l'entrée de Rennes sur la route de Vezin à environ quatre km).  


Le père Letort prend le combiné du téléphone....Je suis à côté du téléphone, bien entendu ! Il tourne la manivelle.'' Allô, dit-il. Alors ! Ah oui… sont-ils partis?… Comment? …'''. Oui, ils sont partis''' !'' crie t-il à tous. Joie soudaine, allégresse.  
Le père Letort prend le combiné du téléphone....Je suis à côté du téléphone, bien entendu ! Il tourne la manivelle.'' Allô, dit-il. Alors ! Ah oui… sont-ils partis?… Comment? …'''. Oui, ils sont partis''' !'' crie t-il à tous. Joie soudaine, allégresse.  
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'''''Tous aux dépôts allemands'''''
'''''Tous aux dépôts allemands'''''


Persuadé que l’occupant a fui, c’est maintenant une course presque effrénée pour tous, mais surtout pour les jeunes, vers un lieu de stockage allemand resté paraît-il intact dans le bois de ''la Glestière''. Quels trésors va-t-on y découvrir ?
Persuadés que l’occupant a fui, c’est maintenant une course presque effrénée pour tous, mais surtout pour les jeunes, vers un lieu de stockage allemand resté, paraît-il, intact dans le bois de ''la Glestière''. Quels trésors va-t-on y découvrir ?
Les petits courent parfois loin derrière les grands, les filles ne suivent pas... prudentes... affaire d'hommes! Après reconnaissance des lieux, force est de constater qu'il n'y a rien d'important qui mérite d'être détruit par l’Allemand ou récupéré par le civil français.  
Les petits courent parfois loin derrière les grands, les filles ne suivent pas... prudentes... affaire d'hommes! Après reconnaissance des lieux, force est de constater qu'il n'y a rien d'important qui mérite d'être détruit par l’Allemand ou récupéré par le civil français.  
Jean Pinel repart avec un fût de 200 litres plein de quelque chose, il le roule à toute allure sur la route en le poussant vers le bourg.  
Jean Pinel repart avec un fût de 200 litres plein de quelque chose, il le roule à toute allure sur la route en le poussant vers le bourg.  
Soudain, moment de panique, il paraît que les Allemands reviennent ! Affolement général chez les grands. Personnellement je ne perçois pas le danger. Je continue tranquillement de contempler mon butin.
Soudain, moment de panique, il paraît que les Allemands reviennent ! Affolement général chez les grands. Personnellement je ne perçois pas le danger. Je continue tranquillement de contempler mon butin.
Bien heureusement les Allemands ne sont pas revenus jusqu’à nous.  
Bien heureusement, les Allemands ne sont pas revenus jusqu’à nous.  


Dans le grand hangar du bois de ''la Glestière'', sont entreposés, par piles, des sacs à dos militaires. La partie supérieure de chaque sac est recouverte d’une peau de vache. La poche principale centrale est vide, les petites disposées de part et d’autre du sac contiennent quelques trésors. De toutes façons, à mon âge, je ne suis pas en mesure d’estimer la valeur de quoi que ce soit. Ce sont des petits drapeaux triangulaires de couleur jaune sur lesquels est imprimée une tête de mort de couleur noire. On y trouve aussi des rouleaux de ruban d’un beau jaune orange reluisant. J’extrais aussi des tubes en bakélite de couleur marron, contenant des pastilles d’eau de javel (chlore). Beurk!...ça sent mauvais.  
Dans le grand hangar du bois de ''la Glestière'', sont entreposés, par piles, des sacs à dos militaires. La partie supérieure de chaque sac est recouverte d’une peau de vache. La poche principale centrale est vide, les petites disposées de part et d’autre du sac contiennent quelques trésors. De toutes façons, à mon âge, je ne suis pas en mesure d’estimer la valeur de quoi que ce soit. Ce sont des petits drapeaux triangulaires de couleur jaune sur lesquels est imprimée une tête de mort de couleur noire. On y trouve aussi des rouleaux de ruban d’un beau jaune orange reluisant. J’extrais aussi des tubes en bakélite de couleur marron, contenant des pastilles d’eau de javel (chlore). Beurk!...ça sent mauvais.  
''Pi-park'' n'est pas un camp du génie militaire pour rien.  
''Pi-Park'' n'est pas un camp du génie militaire pour rien.  


Les rubans servent à localiser, sur le front, un chemin ouvert à travers un champ de mines et les fanions à indiquer les mines découvertes encore en place.  
Les rubans servent à localiser, sur le front, un chemin ouvert à travers un champ de mines et les fanions à indiquer les mines découvertes encore en place.  
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'''''Panique! L'Allemand revient'''''
'''''Panique! L'Allemand revient'''''


Sur la route au moment de notre retour de ''la Gléstière'' après avoir récupéré ce qui pouvait être pris dans ce qui restait des stocks abandonnés par les Allemands, il y eut tout à coup un vent de panique, quelqu'un a crié « Les Allemands reviennent ! ».  
Sur la route au moment de notre retour de ''la Gléstière'', après avoir récupéré ce qui pouvait être pris dans ce qui restait des stocks abandonnés par les Allemands, il y eut tout à coup un vent de panique, quelqu'un a crié « Les Allemands reviennent ! ».  
En effet deux, trois ou quatre Allemands sont revenus, ils arrivaient de Montigné ''(ça ! c'étaient des mauvais m’a dit Madeleine)''. Ils ont pris un otage, un jeune homme et décident de le fusiller devant le monument aux morts du cimetière en guise de ''« cadeau d’adieu »''. Des témoins de l'événement, voisins ou passants, ont alors crié bien fort ''« les Américains !. ...les Américains arrivent !… »''. Les Allemands ont alors rapidement pris la fuite en abandonnant leur otage vivant.  
En effet deux, trois ou quatre Allemands sont revenus, ils arrivaient de Montigné ''(ça ! c'étaient des mauvais m’a dit Madeleine)''. Ils ont pris un otage, un jeune homme et décident de le fusiller devant le monument aux morts du cimetière en guise de ''« cadeau d’adieu »''. Des témoins de l'événement, voisins ou passants, ont alors crié bien fort ''« les Américains !. ...les Américains arrivent !… »''. Les Allemands ont alors rapidement pris la fuite en abandonnant leur otage vivant.  


Par opposition aux Allemands mauvais, Madeleine me dit qu'il y en avait de gentils. Ceux du champ de DCA, de très jeunes soldats dont j’ai déjà évoqué la présence. Lorsque je me rends dans leur cantonnement, je mange sans crainte et sans hésitation les bonbons qu'ils me donnent. Oui ! Parce qu'il faut préciser, entre nous les enfants, nous nous passons la recommandation suivante ''« il ne faut surtout pas manger des bonbons que les Allemands donnent car ils sont empoisonnés et en plus, dedans il y a de la crotte de cheval »''. J’avoue avoir assumé tous ces risques en ne respectant pas cette consigne.
Par opposition aux Allemands mauvais, Madeleine me dit qu'il y en avait de gentils. Ceux du champ de DCA, de très jeunes soldats dont j’ai déjà évoqué la présence. Lorsque je me rends dans leur cantonnement, je mange sans crainte et sans hésitation les bonbons qu'ils me donnent. Oui ! Parce qu'il faut préciser, entre nous les enfants, nous nous passons la recommandation suivante ''« il ne faut surtout pas manger des bonbons que les Allemands donnent car ils sont empoisonnés et en plus, dedans il y a de la crotte de cheval »''. J’avoue avoir assumé tous ces risques en ne respectant pas cette consigne.


Albert Pinel qui vient de nous quitter en cette année 2010, est le fils du boucher et frère de Jean, ''le bon ami'' de ma sœur aînée. C’est lui qui est chargé d’affûter les couteaux de la boucherie et ceux utilisés après abattage. Il habite au bas du bourg avant la [[Chronique vezinoise sous l'occupation.11|grange à Fourché]] et le café Pécoil/Saunier. Il a l’habitude d’aiguiser ses couteaux sur une meule qui n’est pas motorisée, celle qui se trouve dans une grange de la ferme chez Anger, au Bas Vezin route de Montigné. Alors forcément quand il se rend à l’affûtage, il passe forcément devant notre fenêtre, et forcément je suis là quand je ne suis pas chez Letort ou à l'école. Peut-être n’affûte-t-il que le jeudi ?! Il m’aperçoit et me dit alors ''« Bébert viens tourner la meule »''. Ce n’est pas une demande, pas même une invitation, c’est un ordre. Je me crois donc obligé d’obéir. Il faut dire que je le crains un peu. Il est de l’équipe des grands qui commandent. Je l’accompagne donc jusqu’à la ferme Anger au Bas Vezin. Je connais parfaitement le détail de ce qui va se dérouler. Albert ne parle pas beaucoup. Sous un aspect très réservé, peut-être un peu froid, il a très bon cœur. Je tourne la meule, je tourne, je sais quand il faut cesser de tourner ou recommencer. Le travail terminé, Albert met la main dans sa poche, il sort une pièce trouée et me la tend.'' Je l’savais ! C’est toujours ainsi que ça se passe.!'' Je cours vite porter ma pièce à maman. Je suis sans doute un expert en tournage de meule pour affûtage de couteaux, enfin, c’est comme cela que je le ressens.
Albert Pinel, qui vient de nous quitter en cette année 2010, est le fils du boucher et frère de Jean, ''le bon ami'' de ma sœur aînée. C’est lui qui est chargé d’affûter les couteaux de la boucherie et ceux utilisés après abattage. Il habite au bas du bourg avant la [[Chronique vezinoise sous l'occupation.11|grange à Fourché]] et le café Pécoil/Saunier. Il a l’habitude d’aiguiser ses couteaux sur une meule qui n’est pas motorisée, celle qui se trouve dans une grange de la ferme chez Anger, au Bas Vezin route de Montigné. Alors forcément quand il se rend à l’affûtage, il passe forcément devant notre fenêtre, et forcément je suis là quand je ne suis pas chez Letort ou à l'école. Peut-être n’affûte-t-il que le jeudi ?! Il m’aperçoit et me dit alors ''« Bébert viens tourner la meule »''. Ce n’est pas une demande, pas même une invitation, c’est un ordre. Je me crois donc obligé d’obéir. Il faut dire que je le crains un peu. Il est de l’équipe des grands qui commandent. Je l’accompagne donc jusqu’à la ferme Anger au Bas Vezin. Je connais parfaitement le détail de ce qui va se dérouler. Albert ne parle pas beaucoup. Sous un aspect très réservé, peut-être un peu froid, il a très bon cœur. Je tourne la meule, je tourne, je sais quand il faut cesser de tourner ou recommencer. Le travail terminé, Albert met la main dans sa poche, il sort une pièce trouée et me la tend.'' Je l’savais ! C’est toujours ainsi que ça se passe.!'' Je cours vite porter ma pièce à maman. Je suis sans doute un expert en tournage de meule pour affûtage de couteaux, enfin, c’est comme cela que je le ressens.


Parmi les personnes du bourg de notre connaissance, nombreux se nomment Albert. Il y a Albert Pinel, fils d'Albert Pinel qui m’a élevé au grade de filleul parce que je m'appelle Albert, mon père que madame Letort appelle toujours ''monsieur'' Albert.
Parmi les personnes du bourg de notre connaissance, nombreux se nomment Albert. Il y a Albert Pinel, fils d'Albert Pinel qui m’a élevé au grade de filleul parce que je m'appelle Albert, mon père que madame Letort appelle toujours ''monsieur'' Albert.
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