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Des Rennais d'origine étrangère et juifs, réfugiés à Rennes, des Rennais français d'origine juive - le recensement lancé le 20 octobre 1940 n'en trouva que 124 à Rennes et 372 pour l'ensemble de l'Ille-et-Vilaine - furent arrêtés à Rennes par la police française et y seront détenus peu de temps, leur destination finale, souvent via Drancy, étant Auschwitz ou Sobibor d'où ils ne revinrent pas. Peu échapperont au sort final que les Nazis leur prévoyaient. [[Fichier:Le_juif_suss.jpeg|250px|left|thumb|Publicité de l'Alliance Cinématographique Européenne UFA (film allemand) 1941<ref>Le Tout-Cinéma, annuaire 1942</ref>]] [[Fichier:Juif_suss.jpg|250px|left|thumb|L'Ouest-Eclair vante le film nazi antisémite "le juif Suss" qui sort à Rennes le 22 mai 1941]] | Des Rennais d'origine étrangère et juifs, réfugiés à Rennes, des Rennais français d'origine juive - le recensement lancé le 20 octobre 1940 n'en trouva que 124 à Rennes et 372 pour l'ensemble de l'Ille-et-Vilaine - furent arrêtés à Rennes par la police française et y seront détenus peu de temps, leur destination finale, souvent via Drancy, étant Auschwitz ou Sobibor d'où ils ne revinrent pas. Peu échapperont au sort final que les Nazis leur prévoyaient. [[Fichier:Le_juif_suss.jpeg|250px|left|thumb|Publicité de l'Alliance Cinématographique Européenne UFA (film allemand) 1941<ref>Le Tout-Cinéma, annuaire 1942</ref>]] [[Fichier:Juif_suss.jpg|250px|left|thumb|L'Ouest-Eclair vante le film nazi antisémite "le juif Suss" qui sort à Rennes le 22 mai 1941]] | ||
Trois entreprises juives, l’entreprise Reiner Strul, radiateurs d’automobiles, chaudronnerie, [[boulevard de Chézy]] à Rennes, l’entreprise Isaac Benbassa, tissus, ''Au très bon marché'', [[rue de Toulouse]], l’entreprise José de Tolédo, usine de chemiserie-lingerie de fourrure, de confection, de bonneterie, tissus, sont pourvues d’un commissaire-gérant, administrateur provisoire, mais vingt-six autres furent fermées. Le commandement militaire attira l’attention des préfets sur les risques d’éventuelles réactions d’hostilité contre les entreprises juives révélées au public: « Les mesures énergiques prises par le gouvernement français contre les Juifs peuvent peut-être amener des excès quand les magasins seront désignés comme juifs. La préfecture est priée d’étouffer dans l’œuf tout acte éventuel de ce genre de la part de la population".<ref> ''Les Juifs en Bretagne'' Claude Toczé, Annie Lambert. PUR</ref> | Trois entreprises juives, l’entreprise Reiner Strul, radiateurs d’automobiles, chaudronnerie, [[boulevard de Chézy]] à Rennes, l’entreprise Isaac Benbassa, tissus, ''Au très bon marché'', [[rue de Toulouse]], l’entreprise José de Tolédo, usine de chemiserie-lingerie de fourrure, de confection, de bonneterie, tissus, sont pourvues d’un commissaire-gérant, administrateur provisoire, mais vingt-six autres furent fermées. Le commandement militaire attira l’attention des préfets sur les risques d’éventuelles réactions d’hostilité contre les entreprises juives révélées au public: « Les mesures énergiques prises par le gouvernement français contre les Juifs peuvent peut-être amener des excès quand les magasins seront désignés comme juifs. La préfecture est priée d’étouffer dans l’œuf tout acte éventuel de ce genre de la part de la population".<ref> ''Les Juifs en Bretagne'' Claude Toczé, Annie Lambert. PUR</ref>En fait l'éventualité de manifestations hostiles était très mince. | ||
À une propagande anti-juive participe le film allemand "Le Juif Suss" dont ''l'Ouest-Eclair'' fait l'éloge dans ses numéros des 20 et 21 mai 1941. | À une propagande anti-juive participe le film allemand "Le Juif Suss" dont ''l'Ouest-Eclair'' fait l'éloge dans ses numéros des 20 et 21 mai 1941. | ||
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Comme partout, des Rennais furent des délateurs, agissant en bons citoyens du régime de l'État français et estimaient bien faire en dénonçant la présence indésirable de voisins juifs. | Comme partout, des Rennais furent des délateurs, agissant en bons citoyens du régime de l'État français et estimaient bien faire en dénonçant la présence indésirable de voisins juifs. | ||
À l'inverse, au 70 bis [[rue de Paris]], habita une famille Nerson (en fait Nersum) de cinq personnes, qui quitta Rennes fin août 1942 | À l'inverse, au 70 bis [[rue de Paris]], habita une famille Nerson (en fait Nersum) de cinq personnes, qui quitta Rennes fin août 1942 pour une destination inconnue mais fut arrêtée. M. et Mme André Tesson, leurs voisins de pallier, reçurent d'eux, fin septembre, une lettre du camp de Pithiviers et les habitants de l'immeuble - qui savaient bien leur confession israëlite - envoyèrent un colis puis reçurent une brève carte indiquant que la famille partait pour une destination inconnue : en fait un camp d'extermination. Une autre famille rennaise, les Schklarewski, fut arrêtée à Rennes en dépit de démarches faites par le père, dentiste, visant à démontrer qu'ils n'étaient pas de confession israëlite.<ref> ''Les Juifs en Bretagne''. Ch 4 Le temps des rafles et des déportations. Claude Toczé, Annie Lambert. Presses Universitaires de Rennes </ref> | ||
Certains Juifs furent secourus efficacement par des gens compatissants et courageux, telle la Rennaise {{w|Marie-Louise Charpentier}}, 30 ans, qui cacha et sauva une partie d'une famille juive de la [[rue Saint-Louis]] en novembre 1943<ref>''Rennes pendant la guerre'', par Etienne Maignen, p.111, éditions Ouest-France - 2013</ref>. Telle cette jeune femme mariée, née Rosa Rubinstein, employée aux Nouvelles Galeries, ne se déclara pas juive à la préfecture (division 1), avec la complicité de son employeur qui avait prévu son évacuation du magasin en cas de contrôle et elle obtint la carte d'alimentation au [[palais Saint-Georges]] sans qu'on relevât la spécificité de son patronyme alors qu'elle présentait une carte d'identité non frappée du stigmatisant tampon rouge "Juif". | Certains Juifs furent secourus efficacement par des gens compatissants et courageux, telle la Rennaise {{w|Marie-Louise Charpentier}}, 30 ans, qui cacha et sauva une partie d'une famille juive de la [[rue Saint-Louis]] en novembre 1943<ref>''Rennes pendant la guerre'', par Etienne Maignen, p.111, éditions Ouest-France - 2013</ref>. Telle cette jeune femme mariée, née Rosa Rubinstein, employée aux Nouvelles Galeries, ne se déclara pas juive à la préfecture (division 1), avec la complicité de son employeur qui avait prévu son évacuation du magasin en cas de contrôle et elle obtint la carte d'alimentation au [[palais Saint-Georges]] sans qu'on relevât l'observation d'une employée " Tu as vu ce nom ? "<ref>''Rennes 1939-1944'', Le Rennais, supplément au N° 245 - juin 1994</ref>. On avait fait la sourde oreille à la spécificité de son patronyme alors qu'elle présentait une carte d'identité non frappée du stigmatisant tampon rouge "Juif". | ||
Et des Juifs étaient entrés dans la Résistance, tel Marcel Cordon, 26 ans, né à Saint-Brieuc, sergent aviateur en 1939, au réseau ''Maho-Praxitèle', agent de liaison entre la Bretagne et Paris, arrêté à Rennes au cours d'une rafle dans un restaurant le 30 avril, emprisonné à la caserne "le Colombier" pendant deux mois, puis de Compiègne déporté le 28 juillet à Neuengamme. À l'approche des Alliés, le camp est évacué et le 15 avril 1945, les prisonniers sont dirigés à pied vers Lübeck où ils furent embarqués sur le Cappacorna et deux autres bateaux que l'aviation britannique coula le 3 mai<ref>''Arrestations 1939-1945 : Rennes'' AJPN. org.</ref>. | Et des Juifs étaient entrés dans la Résistance, tel Marcel Cordon, 26 ans, né à Saint-Brieuc, sergent aviateur en 1939, au réseau ''Maho-Praxitèle', agent de liaison entre la Bretagne et Paris, arrêté à Rennes au cours d'une rafle dans un restaurant le 30 avril, emprisonné à la caserne "le Colombier" pendant deux mois, puis de Compiègne déporté le 28 juillet à Neuengamme. À l'approche des Alliés, le camp est évacué et le 15 avril 1945, les prisonniers sont dirigés à pied vers Lübeck où ils furent embarqués sur le Cappacorna et deux autres bateaux que l'aviation britannique coula le 3 mai<ref>''Arrestations 1939-1945 : Rennes'' AJPN. org.</ref>. |
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