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On connaît en général que, pendant la guerre de 1939-1945, il fallait avoir des tickets pour pouvoir acheter la plupart des denrées, tickets attribués selon l'âge (exemple J1, J2, J3 pour les tranches d'âge des jeunes...) et cette pratique dura au-delà de la guerre. | On connaît en général que, pendant la guerre de 1939-1945, il fallait avoir des tickets pour pouvoir acheter la plupart des denrées, tickets attribués selon l'âge (exemple J1, J2, J3 pour les tranches d'âge des jeunes...) et cette pratique dura au-delà de la guerre. | ||
[[Fichier:Tickets.png|250px|right|thumb|Disitribution des tickets (Ouest-Eclair, 19 août 1942]] | [[Fichier:Tickets.png|250px|right|thumb|Disitribution des tickets (Ouest-Eclair, 19 août 1942]] | ||
[[Fichier:Carte_de_pain_et_tickets_de_lait.jpeg| | [[Fichier:Carte_de_pain_et_tickets_de_lait.jpeg|250px|right|thumb|Carte de pain et tickets pour lait entier]] | ||
[[Fichier:Bons_de_chaussures.png|150px|left|thumb|Liste de numéros donnant droit à l'achat (O''uest-Eclair'' du 3 juin 1942)]] | [[Fichier:Bons_de_chaussures.png|150px|left|thumb|Liste de numéros donnant droit à l'achat (O''uest-Eclair'' du 3 juin 1942)]] | ||
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[[Fichier:Arr%C3%AAter_de_maigrir.png|250px|center|thumb|Pour combattre les effets du rationnement (''Ouest-Eclair'' du 5 janvier 1943)]] | [[Fichier:Arr%C3%AAter_de_maigrir.png|250px|center|thumb|Pour combattre les effets du rationnement (''Ouest-Eclair'' du 5 janvier 1943)]] | ||
En Ille-et-Vilaine, les familles doivent en général se contenter, au maximum d’un repas de viande par semaine et encore certaines en sont totalement privées. Le 29 avril, le département n’ayant pas la viande aux quantités prévues par les cartes de rationnement, est imposée l’inscription du client chez le boucher « afin que chacun ait sa petite part ». Le 6 mai la préfecture annonce que la ration de viande par personne est limitée à 100 gr de veau par semaine au lieu des 60 gr quotidiens ! Le mécontentement de la population s’aggrave de jour en jour à Rennes. Même la galette de blé-noir, consommée par les classes pauvres, ne va plus pouvoir être fabriquée par suite du manque de sarrasin. Les pièces de 0,25 F. et 0,10 F. manquent et 30 trains de marchandises autres qu'alimentaires sont bloqués en gare de Rennes, les Allemands monopolisant le réseau<ref>Synthèse des préfets rapports du 15 au 25 avril 1941</ref>. Pour le mois de juillet 1941, les lecteurs du journal lisent attentivement les rations autorisées par denrée sur tickets et selon les catégories de consommateurs : rations hebdomadaire de 250 gr de viande (350 et 450 pour les travailleurs de force 1ère et 2nde catégories), 80 gr de fromage, rations mensuelles de 550 gr de matière grasse, de 500 gr de sucre (sauf enfant 1 kg), de 250 gr de pâtes, de 200 gr de riz (sauf enfant 300), de 125 à 250 gr de chocolat<ref>Ouest-Eclair du 25 juin 1941</ref>. [[Le Secours national]] aide les plus démunis. Les [[T.I.V.]] seront utilisés pour se ravitailler à la campagne, eux qui verront leur nombre de voyageurs passer de 595 000 en 1936 à 169 000 en 1943. | En Ille-et-Vilaine, les familles doivent en général se contenter, au maximum d’un repas de viande par semaine et encore certaines en sont totalement privées. Le 29 avril, le département n’ayant pas la viande aux quantités prévues par les cartes de rationnement, est imposée l’inscription du client chez le boucher « afin que chacun ait sa petite part ». Le 6 mai la préfecture annonce que la ration de viande par personne est limitée à 100 gr de veau par semaine au lieu des 60 gr quotidiens ! Le mécontentement de la population s’aggrave de jour en jour à Rennes. Même la galette de blé-noir, consommée par les classes pauvres, ne va plus pouvoir être fabriquée par suite du manque de sarrasin. Les pièces de 0,25 F. et 0,10 F. manquent et 30 trains de marchandises autres qu'alimentaires sont bloqués en gare de Rennes, les Allemands monopolisant le réseau<ref>Synthèse des préfets rapports du 15 au 25 avril 1941</ref>. Pour le mois de juillet 1941, les lecteurs du journal lisent attentivement les rations autorisées par denrée sur tickets et selon les catégories de consommateurs : rations hebdomadaire de 250 gr de viande (350 et 450 pour les travailleurs de force 1ère et 2nde catégories), 80 gr de fromage, rations mensuelles de 550 gr de matière grasse, de 500 gr de sucre (sauf enfant 1 kg), de 250 gr de pâtes, de 200 gr de riz (sauf enfant 300), de 125 à 250 gr de chocolat<ref>Ouest-Eclair du 25 juin 1941</ref>. [[Le Secours national]] aide les plus démunis. Les [[T.I.V.]] seront utilisés pour se ravitailler à la campagne, eux qui verront leur nombre de voyageurs passer de 595 000 en 1936 à 169 000 en 1943. | ||
[[Fichier:Rationnement.png|300px|left|thumb|Des tickets, en attendant des produits]] | [[Fichier:Rationnement.png|300px|left|thumb|Des tickets, en attendant des produits]] | ||
===La faim de l'adolescent === | ===La faim de l'adolescent === | ||
En ville ou au collège jusqu’en 1942, un jeune homme de 17 ans souffrait des difficultés croissantes de l’alimentation. Ceux qui habitaient la campagne n’ont eu qu’une faible idée des privations endurées par les citadins pris d’une considération toute nouvelle pour les paysans mais l’inconnu ou l’étranger à la famille se faisait rabrouer et on lui disait qu’il n’y avait rien à vendre ou à espérer même s’il savait parfois que le paysan venait de vendre aux soldats allemands qui payaient largement. En juin 1941, les quatre facultés rennaises comptaient 2 787 étudiants inscrits. <ref> Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 1346W3, rapport mensuel sur l’activité de l’académie de Rennes (juin 1941) </ref> Il n’était pas rare de sortir du restaurant universitaire avec encore la sensation de faim, malgré l’apport calorique supplémentaire de la carte J. 3. L’étudiant en médecine passe un diplôme de biologie animale – dont il n’avait pas besoin – car il avait ainsi l’occasion ramener chez lui et cuire les grenouilles et tanches disséquées. Des gardes bénévoles à l’hôpital, où le travail augmentait en raison des bombardements et mitraillages sur les routes, procuraient une nourriture plus substantielle qu’à l’ordinaire. Dans les aliments rutabagas, navets et panais revenaient souvent. Le pain noir, gluant et non levé gardait l’empreinte du pouce dès que l’on appuyait un peu. Le café d’orge ou de jus de gland, la freinette ou le coco réalisés avec des faines ou des plantes n’étaient pas des boissons fameuses<ref>''Les restrictions pendant l’Occupation'', par Jean Fenard, mars 1997. Groupe mémoire du Vécu. Université du Temps libre du pays de Rennes. Mémoire UTLA de Bretagne vol. 17 - 2006</ref>. | En ville ou au collège jusqu’en 1942, un jeune homme de 17 ans souffrait des difficultés croissantes de l’alimentation. Ceux qui habitaient la campagne n’ont eu qu’une faible idée des privations endurées par les citadins pris d’une considération toute nouvelle pour les paysans mais l’inconnu ou l’étranger à la famille se faisait rabrouer et on lui disait qu’il n’y avait rien à vendre ou à espérer même s’il savait parfois que le paysan venait de vendre aux soldats allemands qui payaient largement. En juin 1941, les quatre facultés rennaises comptaient 2 787 étudiants inscrits. <ref> Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 1346W3, rapport mensuel sur l’activité de l’académie de Rennes (juin 1941) </ref> Il n’était pas rare de sortir du restaurant universitaire avec encore la sensation de faim, malgré l’apport calorique supplémentaire de la carte J. 3. L’étudiant en médecine passe un diplôme de biologie animale – dont il n’avait pas besoin – car il avait ainsi l’occasion ramener chez lui et cuire les grenouilles et tanches disséquées. Des gardes bénévoles à l’hôpital, où le travail augmentait en raison des bombardements et mitraillages sur les routes, procuraient une nourriture plus substantielle qu’à l’ordinaire. Dans les aliments rutabagas, navets et panais revenaient souvent. Le pain noir, gluant et non levé gardait l’empreinte du pouce dès que l’on appuyait un peu. Le café d’orge ou de jus de gland, la freinette ou le coco réalisés avec des faines ou des plantes n’étaient pas des boissons fameuses. | ||
[[fichier:W1707.jpg|thumb|260px|Fiche de contrôle d'une carte d'alimentation|right]] | |||
[[fichier: W1706.jpg|thumb|380px|Ravitaillement général. Carte postale adressée par la mairie de Rennes à la mairie de ... (Laguépie ?). ''Coll. YRG''|centre]] | |||
<ref>''Les restrictions pendant l’Occupation'', par Jean Fenard, mars 1997. Groupe mémoire du Vécu. Université du Temps libre du pays de Rennes. Mémoire UTLA de Bretagne vol. 17 - 2006</ref>. | |||
===Références=== | ===Références=== |
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