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« Bombardements des 9 et 12 juin 1944 » : différence entre les versions

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Ce nouveau bombardement intervient alors qu'a lieu la cérémonie des obsèques des victimes du bombardement du 9 juin.
Ce nouveau bombardement intervient alors qu'a lieu la cérémonie des obsèques des victimes du bombardement du 9 juin.


===Témoignage===
===Témoignages===
 
'''Encore la cave'''
 
Lundi 12 juin – 20h45.
Nous commençons à déjeuner lorsque Paulette nous appelle à la fenêtre. Nous nous précipitons et voyons des avions passer au-dessus de nos têtes. Au même moment un souffle terrible nous repousse vers l’intérieur de la salle à manger tandis que le bruit d’une rafale de bombes nous assourdit. Je saisis Jean-Pierre et nous descendons à la cave. Dans l’escalier nous appelons Henri qui est toujours couché et paulette se précipite vers la mansarde et l’aide à descendre. L’escalier tremble sous leurs pas. Dans le couloir, en bas, un second souffle nous refoule. Une petite fille qui passait sur la rue avec son chien entre avec nous et nous descendons tous à la cave.
Le bombardement est très violent mais ne dure pas très longtemps, heureusement. Pierre sort au jardin et voit des colonnes de fumée s’élever tout près à droite et à gauche.  « Ce n’est pas loin », dit-il. Et il part secourir les blessés. Lorsque c’est apaisé et nous pouvons voir nous aussi sur notre gauche une épaisse fumée. Nous apprenons bientôt qu’il s’agit de l’Adoration, rue de Brizeux, où se trouvait un dépôt de munitions qui a sauté.
 
Armande de La Haye
 
 
'''Obsèques'''


"Pour représenter mon père, je dois accompagner ma mère aux obsèques d'une cousine, Renée Maignen, tuée dans un bombardement.Boulevard de la Duchesse Anne, la sirène, les bombes et les obus nous arrêtent. Nos entrons chez Desgrées du Lou et descendons dans la tranchée-abri aménagée dans le jardin. Nous repartons quand le vacarme diminue, avant le signal de fin d'alerte. Rue de Paris, à notre arrivée au Cercle Paul Bert, bombes et obus éclatent de nouveau. Je ne veux pas entrer dans la tranchée creusée dans la cour. Je guette les avions, je saute pour attraper les papiers argentés qu'ils lâchent pour tromper les radars allemands. Les gens disent à ma mère que je suis courageux. C'est faux, je ne fais pas la guere. Je veux m'amuser, je n'ai que neuf ans !  
"Pour représenter mon père, je dois accompagner ma mère aux obsèques d'une cousine, Renée Maignen, tuée dans un bombardement.Boulevard de la Duchesse Anne, la sirène, les bombes et les obus nous arrêtent. Nos entrons chez Desgrées du Lou et descendons dans la tranchée-abri aménagée dans le jardin. Nous repartons quand le vacarme diminue, avant le signal de fin d'alerte. Rue de Paris, à notre arrivée au Cercle Paul Bert, bombes et obus éclatent de nouveau. Je ne veux pas entrer dans la tranchée creusée dans la cour. Je guette les avions, je saute pour attraper les papiers argentés qu'ils lâchent pour tromper les radars allemands. Les gens disent à ma mère que je suis courageux. C'est faux, je ne fais pas la guere. Je veux m'amuser, je n'ai que neuf ans !  


En venant, j'ai bien réfléchi. Je connais l'oncle Étienne, frère de Renée, la tante Antoinette et leurs enfants. En pensant à renée, je ne vois qu'un visage. Pas vraiment un visage, c'est flou, très flou ! je ne l'ai pas connue, Renée ne m'est rien. Je n'ai pas commencé à perdre ma famille ! Le bruit cesse, il n'y a que des papiers d'argent qui se balancent dans le soleil. Il faut entrer dans l'ancienne chapelle. Après une absoute rapide, l'archevêque vient vers moi et me demande : ''Mon enfant, qui avez-vous perdu ? '' Deux cents adultes en noir me regardent. Je ne sais pas quoi répondre. Nous faisons cercle autor de cinquante cercueils en bois blanc portant des numéros et des noms au crayon. Desn pères, des mères et des enfants y sont allongés, je le sais. Je suis le seul enfant vivant présent. Je ne réponds rien. Ma mère dit :''une cousine.''
En venant, j'ai bien réfléchi. Je connais l'oncle Étienne, frère de Renée, la tante Antoinette et leurs enfants. En pensant à Renée, je ne vois qu'un visage. Pas vraiment un visage, c'est flou, très flou ! je ne l'ai pas connue, Renée ne m'est rien. Je n'ai pas commencé à perdre ma famille ! Le bruit cesse, il n'y a que des papiers d'argent qui se balancent dans le soleil. Il faut entrer dans l'ancienne chapelle. Après une absoute rapide, l'archevêque vient vers moi et me demande : ''Mon enfant, qui avez-vous perdu ? '' Deux cents adultes en noir me regardent. Je ne sais pas quoi répondre. Nous faisons cercle autor de cinquante cercueils en bois blanc portant des numéros et des noms au crayon. Des pères, des mères et des enfants y sont allongés, je le sais. Je suis le seul enfant vivant présent. Je ne réponds rien. Ma mère dit :''une cousine.''


''' Yves de La Haye''' ''Je suis que Mowgli, bientôt je serai louveteau'', journal d'un enfant qui n'a pas souvenir d'un avant-guerre à Rennes 1939-1947 - 2011
''' Yves de La Haye''' ''Je suis que Mowgli, bientôt je serai louveteau'', journal d'un enfant qui n'a pas souvenir d'un avant-guerre à Rennes 1939-1947 - 2011
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