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Les 75 notables  bretons, dont 20 Rennais, détenus comme otages par les Allemands, pris le lendemain du débarquement,  à la baraque 14  sont libérés entre le 14 juin et le 1er août <ref> ''Les otages bretons de la baraque XIV. Rennes, 7 juin – 1er août 1944''- Yves Rannou.  Bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique d’Ille-et-Vilaine, p. 389 t. CIII – 2000 </ref>. Les 2 et 3 août 1944, les prisonniers politiques détenus dans la [[Prison Jacques-Cartier]] et à la baraque 14 du camp de détention Margueritte ainsi que des prisonniers de guerre alliés furent embarqués par les Allemands dans deux trains en direction de Redon et de l’Allemagne. <ref>[[Le dernier train de résistants déportés et militaires prisonniers quitte Rennes juste avant la libération]]</ref> Dès la libération ils vont être remplacés par des hommes et des femmes dénoncés comme collaborateurs, ou connus comme tels, ainsi protégés dans un premier temps de la colère populaire puis, en fait, « détenus administratifs », en attente d’une instruction de leur cas et éventuellement d’un jugement et  d’une condamnation. Sont transférés au camp, dès le 13 août, de hauts responsables tels Robert Martin,l'ex-préfet régional,  Jean Tosello-Bancal, l'intendant régional de police, impliqués dans l'organisation de la répression de la Résistance, et Lemonnier, premier président de la cour d'appel. <ref> Martin  fut condamné  aux travaux forcés à perpétuité par la cour de justice de Rennes le 19 juin 1945 et l'intendant du maintien de l'ordre, Tosello-Bancal, à 5 ans de prison le 22 octobre.</ref>
Les 75 notables  bretons, dont 20 Rennais, détenus comme otages par les Allemands, pris le lendemain du débarquement,  à la baraque 14  sont libérés entre le 14 juin et le 1er août <ref> ''Les otages bretons de la baraque XIV. Rennes, 7 juin – 1er août 1944''- Yves Rannou.  Bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique d’Ille-et-Vilaine, p. 389 t. CIII – 2000 </ref>. Les 2 et 3 août 1944, les prisonniers politiques détenus dans la [[Prison Jacques-Cartier]] et à la baraque 14 du camp de détention Margueritte ainsi que des prisonniers de guerre alliés furent embarqués par les Allemands dans deux trains en direction de Redon et de l’Allemagne. <ref>[[Le dernier train de résistants déportés et militaires prisonniers quitte Rennes juste avant la libération]]</ref> Dès la libération ils vont être remplacés par des hommes et des femmes dénoncés comme collaborateurs, ou connus comme tels, ainsi protégés dans un premier temps de la colère populaire puis, en fait, « détenus administratifs », en attente d’une instruction de leur cas et éventuellement d’un jugement et  d’une condamnation. Sont transférés au camp, dès le 13 août, de hauts responsables tels Robert Martin,l'ex-préfet régional,  Jean Tosello-Bancal, l'intendant régional de police, impliqués dans l'organisation de la répression de la Résistance, et Lemonnier, premier président de la cour d'appel. <ref> Martin  fut condamné  aux travaux forcés à perpétuité par la cour de justice de Rennes le 19 juin 1945 et l'intendant du maintien de l'ordre, Tosello-Bancal, à 5 ans de prison le 22 octobre.</ref>
===Le témoignage d’une détenue administrative===
===Le témoignage d’une détenue administrative===
Mme Gabrielle Le Pannetier de Roissay, 51 ans, est l’épouse de Jean-Marie Pannetier de Roissay, président de la fédération départementale de l’Action française, médecin requis pour l’examen médical des jeunes de la région de Fougères  appelés au service du travail obligatoire  <ref> [[Le S.T.O. pour des Rennais]]</ref>  . Ils habitent un manoir à Landéan, qui a été occupé en partie par des échelons successifs de l’organisation Todt puis, à  la fin par la Feldpost, le service postal militaire de campagne, capturé le 2 août par l’armée américaine  à laquelle s’étaient joints des jeunes gens  de Landéan soi-disant FFI  qui pillèrent le dépôt ( sacs postaux, argent, colis des prisonniers de guerre) , acte dénoncé par lettre du 24 août de cette dame au commandant Adam des FFI de Rennes et au comité départemental de la libération pour les menaces de mort adressées à son mari. Un mois après la libération, sur dénonciations, elle est incarcérée sans indication de motif, quelques jours après son époux, au camp Margueritte de Rennes.
Mme Gabrielle Le Pannetier de Roissay, 51 ans, est l’épouse de Jean-Marie Pannetier de Roissay, pétainiste <ref> [[Des rennais maréchalistes]] </ref> président de la fédération départementale de l’Action française, médecin requis pour l’examen médical des jeunes de la région de Fougères  appelés au service du travail obligatoire  <ref> [[Le S.T.O. pour des Rennais]]</ref>  . Ils habitent un manoir à Landéan, qui a été occupé en partie par des échelons successifs de l’organisation Todt puis, à  la fin par la Feldpost, le service postal militaire de campagne, capturé le 2 août par l’armée américaine  à laquelle s’étaient joints des jeunes gens  de Landéan soi-disant FFI  qui pillèrent le dépôt ( sacs postaux, argent, colis des prisonniers de guerre) , acte dénoncé par lettre du 24 août de cette dame au commandant Adam des FFI de Rennes et au comité départemental de la libération pour les menaces de mort adressées à son mari. Un mois après la libération, sur dénonciations, elle est incarcérée sans indication de motif, quelques jours après son époux, au camp Margueritte de Rennes.
Elle va, pendant son séjour forcé, écrire au stylo sur deux cahiers scolaires, l’un de 72 pages, ouvert le 29 septembre 1944, l’autre de 94 qu’elle achèvera le 1er janvier 1945, ayant été libérée la veille. Elle aura aussi rédigé de nombreuses fiches sur les internées.
Elle va, pendant son séjour forcé, écrire au stylo sur deux cahiers scolaires, l’un de 72 pages, ouvert le 29 septembre 1944, l’autre de 94 qu’elle achèvera le 1er janvier 1945, ayant été libérée la veille. Elle aura aussi rédigé de nombreuses fiches sur les internées.


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[[Fichier:Photo_du_camp_Margueritte.png|Le camp Margueritte|350px|right|thumb|(photo C. Desevedavy. Musée de Bretagne)]]
[[Fichier:Photo_du_camp_Margueritte.png|Le camp Margueritte|350px|right|thumb|(photo C. Desevedavy. Musée de Bretagne)]]
===Le camp et son cadre===
===Le camp et son cadre===
… ''au cagibi des tinettes qui nous sert de WC. Jusqu’à présent il n’y avait pas de fermeture intérieure, ce qui était assez désagréable. Depuis aujourd’hui il y a un verrou, c’est une amélioration. À l’est de la baraque, dans un petit boyau de terrain herbu et bordé d’un côté par la baraque, de l’autre par une muraille élevée de barbelés quadrillés (18 à 20 rangs), il y a un bassin rectangulaire en zinc et une dizaine de robinets d’eau disposés au-dessus de ce bassin. C’est là le cabinet de toilette des internées […] ''Depuis peu de temps seulement d’un côté il y a une palissade de bois qui plus ou moins hermétiquement obstrue la vue des regards étrangers'' vers le bout une quadruple haie  de ces barbelés qui laissent voir la campagne  car bien que l'on soit en ville notre camp s'en trouve si distant qu'il y a une prairie près de nous, et des autres côtés se trouvent des immeubles tout neufs qui sont, parait-il, des maisons de gendarme. On aperçoit, sur la droite, la prison Jacques-Quartier, ''la terreur des internées […] ''le matin sonne l’Angélus à l [[Église des Sacrés-Cœurs]] qui n’est pas très éloignée mais, la nuit seulement, on entend le « Gros » […] de la mairie''. <ref>  Cloche du beffroi de l’ [[Hôtel de Ville]] de Rennes qui ne sonne plus depuis les années soixante </ref> Fin novembre,  une haie des genêts est installée entre les barbelés pour occulter les vues.'' Dans la quadruple haie de barbelés quadrillés ''entre lesquels est ménagé un petit sentier où les policiers font une continuelle ronde de garde'' […] Quant aux détenues, elles disposent d'un étroit espace herbu entre la baraque de 50 m de longueur et et la palissade de barbelés, qu'elles appellent le "boulevard des Barbelés".
… ''au cagibi des tinettes qui nous sert de WC. Jusqu’à présent il n’y avait pas de fermeture intérieure, ce qui était assez désagréable. Depuis aujourd’hui il y a un verrou, c’est une amélioration. À l’est de la baraque, dans un petit boyau de terrain herbu et bordé d’un côté par la baraque, de l’autre par une muraille élevée de barbelés quadrillés (18 à 20 rangs), il y a un bassin rectangulaire en zinc et une dizaine de robinets d’eau disposés au-dessus de ce bassin. C’est là le cabinet de toilette des internées […] ''Depuis peu de temps seulement d’un côté il y a une palissade de bois qui plus ou moins hermétiquement obstrue la vue des regards étrangers'' vers le bout une quadruple haie  de ces barbelés qui laissent voir la campagne  car bien que l'on soit en ville notre camp s'en trouve si distant qu'il y a une prairie près de nous, et des autres côtés se trouvent des immeubles tout neufs qui sont, parait-il, des maisons de gendarme. On aperçoit, sur la droite, la prison Jacques-Quartier, ''la terreur des internées […] ''le matin sonne l’Angélus à l [[Église des Sacrés-Cœurs]] qui n’est pas très éloignée mais, la nuit seulement, on entend le « Gros » […] de la mairie''. <ref>  Cloche du beffroi de l’ [[Hôtel de Ville]] de Rennes qui ne sonne plus depuis les années soixante </ref> Fin novembre,  une haie des genêts est installée entre les barbelés pour occulter les vues.'' Dans la quadruple haie de barbelés quadrillés ''entre lesquels est ménagé un petit sentier où les policiers font une continuelle ronde de garde'' […] Quant aux détenues, elles disposent d'un étroit espace herbu entre la baraque de 50 m de longueur et et la palissade de barbelés, qu'elles appellent le "boulevard des Barbelés".
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