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===Visites de personnalités=== | ===Visites de personnalités=== | ||
Le 6 octobre, attendu à 9 heures, était arrivé à 15h00, le préfet, ''homme brun de forte carrure, d’aspect sérieux et ému'' <ref> Bernard Vigier </ref> […] ''il nous dit d’avoir confiance en lui, qu’il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour nous faire libérer avant la fin du mois, du moins toutes celles qui n’ont pas de cas grave […] qu’il y avait surtout parmi nous certaines qui, par vice ou par intérêt, s’étaient mal conduit avec des Allemands mais que s’il fallait enfermer toutes les femmes qui avaient couché avec des Allemands il y en aurait trop…'' Mme Le Pannetier pense qu’il a un grand pouvoir […] et nous a semblé ''aussi bienveillant que sincère''. Les deux adjectifs sont soulignés. | Le 6 octobre, attendu à 9 heures, était arrivé à 15h00, le préfet, ''homme brun de forte carrure, d’aspect sérieux et ému'' <ref> Bernard Vigier, préfet délégué d'Ille-et-Vilaine </ref> […] ''il nous dit d’avoir confiance en lui, qu’il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour nous faire libérer avant la fin du mois, du moins toutes celles qui n’ont pas de cas grave […] qu’il y avait surtout parmi nous certaines qui, par vice ou par intérêt, s’étaient mal conduit avec des Allemands mais que s’il fallait enfermer toutes les femmes qui avaient couché avec des Allemands il y en aurait trop…'' Mme Le Pannetier pense qu’il a un grand pouvoir […] et nous a semblé ''aussi bienveillant que sincère''. Les deux adjectifs sont soulignés. | ||
Le 9 octobre, entre 10 et 11 heures l’archevêque Mgr Roques <ref> [[rue Cardinal Roques]] </ref> vient au camp […] ''C’est seulement un petit mot à demi gouailleur qu’il nous a dit : « Il fait bon au soleil ; vous avez des vacances prolongées ». J’ai réussi à lui dire que c’était plutôt dur d’être là et qu’il y en avait beaucoup parmi nous qui n’avaient rien fait pour cela. Il nous a dit de prendre patience, qu’un jour tout cela se tasserait. Sans doute que lui aussi nous considère tout comme des « putains des Boches », comme disent les policiers, « garces » et « gonzesses ».'' | Le 9 octobre, entre 10 et 11 heures l’archevêque Mgr Roques <ref> [[rue Cardinal Roques]] </ref> vient au camp […] ''C’est seulement un petit mot à demi gouailleur qu’il nous a dit : « Il fait bon au soleil ; vous avez des vacances prolongées ». J’ai réussi à lui dire que c’était plutôt dur d’être là et qu’il y en avait beaucoup parmi nous qui n’avaient rien fait pour cela. Il nous a dit de prendre patience, qu’un jour tout cela se tasserait. Sans doute que lui aussi nous considère tout comme des « putains des Boches », comme disent les policiers, « garces » et « gonzesses ».'' | ||
Le 21 octobre le préfet revient avec sa secrétaire et quelques membres du Comité départemental de la Libération : ''M. Heurtier, pharmacien, Me Chevallier, bâtonnier, Mme Émilienne Martin, la salope.'' <ref> « la salope », terme ajouté probablement ultérieurement d’une petite écriture. Au [[Palais Saint-Georges]], le bureau de Mme Martin (Pierrette), infirmière de la Croix-Rouge, servait de poste de commandement à la Résistance. Voir :''1er – 4 août 1944 : L’Étrange libération de Rennes'', p. 218. Étienne Maignen – Éditions Yellow Concept - 2017 </ref> ''Ils ne disent rien, parlent entre eux, et montent chez les hommes Quels monstres que ces odieux et injustes personnages !'' <ref> Ces qualificatifs traduisent tout le ressentiment de la rédactrice qui se sent injustement internée </ref> Le 20 décembre […] ''vers 15 heures, le préfet vint en personne au camp mais pas dans les baraques, il n’avait que fait appeler les femmes qu’il avait fait libérer, c’est-à-dire les 27 heureuses.[…] Ce furent des joies mais bien relatives car presque toujours il y avait en marge interdiction de séjour dans son département ou conseil de ne pas rester à l’endroit où l’on vous a arrêtée […] il y a par contre en même temps des larmes, car en même temps que les libérations il y avait des peines de 10 ou 12 mois d’internement pour avoir eu un ami allemand.'' Le dimanche 26 novembre '' à la messe ce matin c'était le chanoine Groult,<ref> Mgr Henri Groult, ancien vicaire général,décédé le 2 juin 1963 </ref> il m'a dit un petit mot qui voulait être aimable, j'étais de mauvaise humeur et l'ai reçu fraîchement. Il faut dire que toute ma rancœur passée s'ajoutait à ma misère actuelle.'' Le 2 décembre, elle écrit :''Je pleure toutes les nuits et quoique je reprenne un peu de courage, je me sens bien triste.'' | Le 21 octobre le préfet revient avec sa secrétaire et quelques membres du Comité départemental de la Libération : ''M. Heurtier, pharmacien, Me Chevallier, bâtonnier, Mme Émilienne Martin, la salope.'' <ref> « la salope », terme ajouté probablement ultérieurement d’une petite écriture. Au [[Palais Saint-Georges]], le bureau de Mme Martin (Pierrette), infirmière de la Croix-Rouge, servait de poste de commandement à la Résistance. Voir :''1er – 4 août 1944 : L’Étrange libération de Rennes'', p. 218. Étienne Maignen – Éditions Yellow Concept - 2017 </ref> ''Ils ne disent rien, parlent entre eux, et montent chez les hommes Quels monstres que ces odieux et injustes personnages !'' <ref> Ces qualificatifs traduisent tout le ressentiment de la rédactrice qui se sent injustement internée </ref> Le 20 décembre […] ''vers 15 heures, le préfet vint en personne au camp mais pas dans les baraques, il n’avait que fait appeler les femmes qu’il avait fait libérer, c’est-à-dire les 27 heureuses.[…] Ce furent des joies mais bien relatives car presque toujours il y avait en marge interdiction de séjour dans son département ou conseil de ne pas rester à l’endroit où l’on vous a arrêtée […] il y a par contre en même temps des larmes, car en même temps que les libérations il y avait des peines de 10 ou 12 mois d’internement pour avoir eu un ami allemand.'' Le dimanche 26 novembre '' à la messe ce matin c'était le chanoine Groult,<ref> Mgr Henri Groult, ancien vicaire général,décédé le 2 juin 1963 </ref> il m'a dit un petit mot qui voulait être aimable, j'étais de mauvaise humeur et l'ai reçu fraîchement. Il faut dire que toute ma rancœur passée s'ajoutait à ma misère actuelle.'' Le 2 décembre, elle écrit :''Je pleure toutes les nuits et quoique je reprenne un peu de courage, je me sens bien triste.'' |
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