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A l'occasion des 80 ans de la libération de Rennes, (re)découvrez l'ensemble des
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« Chronique vezinoise sous l'occupation/libération/Paix n°21 » : différence entre les versions

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Ce jour-là je me trouve sur le trottoir de gauche de l'usine, un soldat franchit le portail et s'apprête à traverser la rue. Il tient à la main une tartine entière de confiture  qu'il s’apprête à manger. Je suis à deux pas de lui, nos regards se croisent tout à coup. Je le fixe plutôt que je ne le regarde. II soutient mon regard un court instant puis me tend sa tartine et sans dire un mot continue son chemin. J'accepte volontiers ce cadeau que je mange immédiatement sans gourmandise cette fois mais avec appétit. C’est bon ! L'image intacte de ce soldat reste nette, fixée dans ma mémoire. Lui ai-je dit merci ?
Ce jour-là je me trouve sur le trottoir de gauche de l'usine, un soldat franchit le portail et s'apprête à traverser la rue. Il tient à la main une tartine entière de confiture  qu'il s’apprête à manger. Je suis à deux pas de lui, nos regards se croisent tout à coup. Je le fixe plutôt que je ne le regarde. II soutient mon regard un court instant puis me tend sa tartine et sans dire un mot continue son chemin. J'accepte volontiers ce cadeau que je mange immédiatement sans gourmandise cette fois mais avec appétit. C’est bon ! L'image intacte de ce soldat reste nette, fixée dans ma mémoire. Lui ai-je dit merci ?


Dans la partie droite de l’usine il y a un portail en fer forgé, toujours fermé et verrouillé. Son accès mène à un pavillon inoccupé, annexe de l’usine, pavillon que nous visitons pour nos jeux d’enfants. Le sol est jonché d’une très grande quantité de papiers divers et de carnets à souche. Avec mon frère, nous avons réussi à faire croire  à des soldats anglais que nous avions découvert un cadavre allemand. Nous sommes certain, disons-nous, avoir reconnu ses bottes qui dépassent dans un sous- sol exigu et obscur. Bien sérieusement des militaires sont venus inspecter les lieux en notre compagnie, avec des lampes électriques, sans résultat. Nous avions de l’imagination à revendre.  
Dans la partie droite de l’usine il y a un portail en fer forgé, toujours fermé et verrouillé. Son accès mène à un pavillon inoccupé, annexe de l’usine, pavillon que nous visitons pour nos jeux d’enfants. Le sol est jonché d’une très grande quantité de papiers divers et de carnets à souche. Avec mon frère, nous avons réussi à faire croire  à des soldats anglais que nous avions découvert un cadavre allemand. Nous sommes certains, disons-nous, avoir reconnu ses bottes qui dépassent dans un sous- sol exigu et obscur. Bien sérieusement des militaires sont venus inspecter les lieux en notre compagnie, avec des lampes électriques, sans résultat. Nous avions de l’imagination à revendre.  


Mon frère Guy, mon aîné de quinze mois, porte beaucoup d’attention quand il se déplace afin de ne pas laisser passer une occasion de récupérer quelque chose. Il découvre, un jour, derrière le portail toujours fermé, une pièce de tissu bien pliée, accrochée de manière à être invisible de l’extérieur. C'est probablement un ouvrier de l’usine qui a détourné et caché ce butin prévoyant de le récupérer à la fin de sa journée de travail. Mon frère heureux et fier de sa trouvaille l’apporte immédiatement à ma mère  qui nous a fait confectionner plus tard à chacun une paire de culottes courtes. Nous pouvons imaginer à quel point la personne qui avait épargné discrètement ce tissu, constatant sa disparition, avait pu nous maudire sans nous connaître. Il faut savoir qu’à cette époque, en 1945/46, tout manquait et le  tissu valait son pesant d’or.
Mon frère Guy, mon aîné de quinze mois, porte beaucoup d’attention quand il se déplace afin de ne pas laisser passer une occasion de récupérer quelque chose. Il découvre, un jour, derrière le portail toujours fermé, une pièce de tissu bien pliée, accrochée de manière à être invisible de l’extérieur. C'est probablement un ouvrier de l’usine qui a détourné et caché ce butin prévoyant de le récupérer à la fin de sa journée de travail. Mon frère heureux et fier de sa trouvaille l’apporte immédiatement à ma mère  qui nous a fait confectionner plus tard à chacun une paire de culottes courtes. Nous pouvons imaginer à quel point la personne qui avait épargné discrètement ce tissu, constatant sa disparition, avait pu nous maudire sans nous connaître. Il faut savoir qu’à cette époque, en 1945/46, tout manquait et le  tissu valait son pesant d’or.
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