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Cette même année, commençait le conflit entre les Etats de Bretagne et le gouverneur de la province, le [[duc d'Aiguillon]], auquel la Chalotais était très hostile. Les Etats ayant refusé de voter les impôts extraordinaires demandés par le gouverneur au nom du roi, il prit la tête d'une opposition où le Parlement se rangea aux côtés des Etats, interdisant la levée d'impôts auxquels les Etats n'auraient pas consenti. L'annulation de cet arrêt par le roi entraîna la démission de tous les membres du Parlement sauf douze. | Cette même année, commençait le conflit entre les Etats de Bretagne et le gouverneur de la province, le [[duc d'Aiguillon]], auquel la Chalotais était très hostile. Les Etats ayant refusé de voter les impôts extraordinaires demandés par le gouverneur au nom du roi, il prit la tête d'une opposition où le Parlement se rangea aux côtés des Etats, interdisant la levée d'impôts auxquels les Etats n'auraient pas consenti. L'annulation de cet arrêt par le roi entraîna la démission de tous les membres du Parlement sauf douze. | ||
Le Secrétaire d'État à la Maison du Roi, chargé des affaires de la province, Louis Phélypeaux, comte de Saint-Florentin, ayant reçu deux lettres anonymes, et des lettres ayant été "trouvées" chez M. de La Chalotais dévoilant "''les égarements de l'esprit de cabale et d'indépendance''", et dans l'une on lisait : "''Les casuistes qui ont décidé qu'on ne pouvait, en conscience, donner sa démission, et qu'il fallait en tout obéir au roi, sont de grands J.F. et ceux qui les croient.'' (NB : "J.F. : Jean-Foutre) "<ref>''Rennes Moderne'' par A Marteville, t.3</ref> celui-ci fut suspecté d'en être l'auteur, ce que confirmèrent trois experts. Son arrestation et celle de son fils, en l'hôtel de Marbeuf qu'il avait acquis l'année précédente (actuellement [[rue | Le Secrétaire d'État à la Maison du Roi, chargé des affaires de la province, Louis Phélypeaux, comte de Saint-Florentin, ayant reçu deux lettres anonymes, et des lettres ayant été "trouvées" chez M. de La Chalotais dévoilant "''les égarements de l'esprit de cabale et d'indépendance''", et dans l'une on lisait : "''Les casuistes qui ont décidé qu'on ne pouvait, en conscience, donner sa démission, et qu'il fallait en tout obéir au roi, sont de grands J.F. et ceux qui les croient.'' (NB : "J.F. : Jean-Foutre) "<ref>''Rennes Moderne'' par A Marteville, t.3</ref> celui-ci fut suspecté d'en être l'auteur, ce que confirmèrent trois experts. Son arrestation et celle de son fils, en l'hôtel de Marbeuf qu'il avait acquis l'année précédente (actuellement [[rue Général Maurice Guillaudot]]), ainsi que celle de quatre autres conseillers, le 10 novembre 1765, fit scandale et crier au despotisme. La Chalotais fut enfermé au château du Taureau, près de Morlaix, puis au couvent des Cordeliers de Rennes mais, par crainte que sa popularité ne rendît difficile cette détention, on le transféra au château de Saint-Malo. Il écrivit quatre mémoires pour se disculper et Voltaire y alla de sa plume, décrivant La Chalotais réduit, faute d'encre, à écrire sa défense avec un cure-dent trempé dans du vinaigre. | ||
[[Fichier:Statue_de_la_chalotais.jpeg|200px|right|thumb|La statue de La Chalotais, l'une des quatre qui figuraient devant le Palais du Parlement]] | [[Fichier:Statue_de_la_chalotais.jpeg|200px|right|thumb|La statue de La Chalotais, l'une des quatre qui figuraient devant le Palais du Parlement]] | ||
"''Rennes vit bientôt avec stupeur une espèce de cour martiale s'installer dans le Palais''" pour juger les magistrats prisonniers, écrit Marteville <ref>[[rue Marteville]]</ref>. La Chalotais plaida l'illégalité du procès, soutenant que, comme procureur général, il avait le droit d'être jugé par le Parlement de Bretagne ou, à défaut, par celui de Bordeaux, conformément à la coutume de la province. Les juges n'osèrent pas le condamner sur la base d'expertises en écriture. Louis XV décida alors d'évoquer l'affaire devant le Conseil qui exila La Chalotais à Saintes (mai 1767). Cette sentence augmenta la fermentation des esprits. Philosophes, parlementaires, Jansénistes soutinrent que La Chalotais était victime de la vindicte du duc d'Aiguillon et des Jésuites. Des lettres-patentes du 5 août 1769 arrêtèrent le cours de la justice pour étouffer l'affaire et les parlements de mettre en cause le pouvoir du roi d'empêcher la justice. Le Roi ayant accepté de rappeler les parlementaires bretons qui avaient démissionné, le Parlement se réunit et réclama le retour des deux La Chalotais qui finit par être accordé en 1775 après que le nouveau roi, Louis XVI, eut rappelé les anciens parlements, revenant ainsi sur la réforme du chancelier Maupeou. Le château de Caradeuc, sous Bécherel, fut érigé en marquisat. La Chalotais fut autorisé à transmettre son office à son fils. | "''Rennes vit bientôt avec stupeur une espèce de cour martiale s'installer dans le Palais''" pour juger les magistrats prisonniers, écrit Marteville <ref>[[rue Marteville]]</ref>. La Chalotais plaida l'illégalité du procès, soutenant que, comme procureur général, il avait le droit d'être jugé par le Parlement de Bretagne ou, à défaut, par celui de Bordeaux, conformément à la coutume de la province. Les juges n'osèrent pas le condamner sur la base d'expertises en écriture. Louis XV décida alors d'évoquer l'affaire devant le Conseil qui exila La Chalotais à Saintes (mai 1767). Cette sentence augmenta la fermentation des esprits. Philosophes, parlementaires, Jansénistes soutinrent que La Chalotais était victime de la vindicte du duc d'Aiguillon et des Jésuites. Des lettres-patentes du 5 août 1769 arrêtèrent le cours de la justice pour étouffer l'affaire et les parlements de mettre en cause le pouvoir du roi d'empêcher la justice. Le Roi ayant accepté de rappeler les parlementaires bretons qui avaient démissionné, le Parlement se réunit et réclama le retour des deux La Chalotais qui finit par être accordé en 1775 après que le nouveau roi, Louis XVI, eut rappelé les anciens parlements, revenant ainsi sur la réforme du chancelier Maupeou. Le château de Caradeuc, sous Bécherel, fut érigé en marquisat. La Chalotais fut autorisé à transmettre son office à son fils. |
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