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[[File:Henri IV Versailles Museum.jpg|270px|right|thumb]]
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Après avoir passé la nuit au manoir de Fontenay, en [[Chartres]], chez la maréchale de Brissac, le lendemain 9 mai [[1598]], Henri IV va faire son entrée à Rennes. Au mois de mars, le [[duc de Mercoeur]], chef de la Ligue protestante, vient de se rendre à Henri IV. Le roi va y accéder par la rue de la Madelaine ([[rue de Nantes|faubourg de Nantes]]) pour atteindre la porte de [[Toussaints]] ornée de grands écussons, l'un aux armes de France, un autre à celles de Navarre, le troisième aux armes de Bretagne ( la porte était située à l'emplacement de l'actuelle jonction de la [[rue Tronjolly]] et du [[boulevard de la Liberté]]). Toutes les églises font donner les cloches et la grosse horloge  va sonner pendant deux heures. On fait tirer les couleuvrines et le canon. En présence de Le Meneust, sieur de Bréquigny, sénéchal à la tête du présidial, le [[maréchal de Brissac]], lieutenant-général du roi en Bretagne, entouré de cinquante enfants vêtus de blanc, présente au roi les quatre clés de la ville en argent doré, attachées avec un cordon de soie aux couleurs du roi, que portait monsieur de Montbarot, le gouverneur. "''Voici de belles clefs'', dit le roi en les baisant, ''mais j'aime mieux encore les clefs des coeurs des habitants''", formule qu'il ne devait assurément pas employer pour la première fois...
Après avoir passé la nuit au manoir de Fontenay, en [[Chartres]], chez la maréchale de Brissac, le lendemain 9 mai [[1598]], Henri IV va faire son entrée à Rennes. Au mois de mars, le [[duc de Mercoeur]], chef de la Ligue protestante, vient de se rendre à Henri IV. Le roi va y accéder par la rue de la Madelaine ([[rue de Nantes|faubourg de Nantes]]) pour atteindre la porte de [[Toussaints]] ornée de grands écussons, l'un aux armes de France, un autre à celles de Navarre, le troisième aux armes de Bretagne ( la porte était située à l'emplacement de l'actuelle jonction de la [[rue Tronjolly]] et du [[boulevard de la Liberté]]). Toutes les églises font donner les cloches et la grosse horloge  va sonner pendant deux heures. On fait tirer les couleuvrines et le canon. En présence de Le Meneust, sieur de Bréquigny, sénéchal à la tête du présidial, le [[maréchal de Brissac]], lieutenant-général du roi en Bretagne, entouré de cinquante enfants vêtus de blanc, présente au roi les quatre clés de la ville en argent doré, attachées avec un cordon de soie aux couleurs du roi, que portait monsieur de Montbarot, le capitaine. "''Voici de belles clefs'', dit le roi en les baisant, ''mais j'aime mieux encore les clefs des cœurs des habitants''", formule qu'il ne devait assurément pas employer pour la première fois...


Le roi avait fait connaître qu'il ne voulait pas de dais et que les rues fussent tendues en son honneur. Il entre en ville par la [[rue Vasselot]], passe le [[pont Saint-Germain]], gagne l'église, aussi ornée de trois grands écussons, et parcourt, acclamé par les 25 000 Rennais, dont les riverains qui ont tendu des draps aux façades et jettent des bouquets. Il passe, sous des arcades de lierre, par la ''rue du Puits-Mesnil'', le ''Grand bout de Cohue'' ( près de l'actuelle [[rue Pont-aux-Foulons]]) où, sur une grande estrade, donnent l'aubade des joueurs de violon et de hautbois, puis la ''rue de la Cordonnerie''. Il atteint le manoir épiscopal (à l'emplacement des 15 et 17 [[rue de la Monnaie]]) décoré lui aussi de trois écussons et qui, pour l'occasion, a fait l'objet d'un grand nettoyage de sa cour et d'une sérieuse rénovation : aménagements de chambres et cabinets, location de douze grands chandeliers en bois et de tapisseries pour les murs. On a aussi fait provisions de deux douzaines de jambons de Mayence, de douze douzaines de cervelas, de six douzaines de fromages, de citrons et oranges, d'anis et abricot sec, de boîtes de marmelade, de barils de confiture, de deux barriques de vin blanc, de deux autres de vin claret (Bordeaux), de quatre de vins d'Espagne ou des Canaries : banquets obligent. On a aussi construit une grande pyramide fort coûteuse près de la Cohue et "un logis en forme de reposoir" où se tint le duc de Vendôme pour passer en revue les milices des bourgeois et écouter les harangues.
Le roi avait fait connaître qu'il ne voulait pas de dais et que les rues fussent tendues en son honneur. Il entre en ville par la [[rue Vasselot]], passe le [[pont Saint-Germain]], gagne l'église, aussi ornée de trois grands écussons, et parcourt, acclamé par les 25 000 Rennais, dont les riverains qui ont tendu des draps aux façades et jettent des bouquets. Il passe, sous des arcades de lierre, par la ''rue du Puits-Mesnil'', le ''Grand bout de Cohue'' ( près de l'actuelle [[rue Pont-aux-Foulons]]) où, sur une grande estrade, donnent l'aubade des joueurs de violon et de hautbois, puis la ''rue de la Cordonnerie''. Il atteint le manoir épiscopal (à l'emplacement des 15 et 17 [[rue de la Monnaie]]) décoré lui aussi de trois écussons et qui, pour l'occasion, a fait l'objet d'un grand nettoyage de sa cour et d'une sérieuse rénovation : aménagements de chambres et cabinets, location de douze grands chandeliers en bois et de tapisseries pour les murs. On a aussi fait provisions de deux douzaines de jambons de Mayence, de douze douzaines de cervelas, de six douzaines de fromages, de citrons et oranges, d'anis et abricot sec, de boîtes de marmelade, de barils de confiture, de deux barriques de vin blanc, de deux autres de vin claret (Bordeaux), de quatre de vins d'Espagne ou des Canaries : banquets obligent. On a aussi construit une grande pyramide fort coûteuse près de la Cohue et "un logis en forme de reposoir" où se tint le duc de Vendôme pour passer en revue les milices des bourgeois et écouter les harangues.


Le lendemain, dimanche de Pentecôte, le roi reçoit en la cathédrale les membres du Parlement en robes rouges, qui ne pouvaient l'accueillir décemment dans le pauvre couvent des Cordeliers (en avril la communauté de ville lui avait rappelé le désir du Parlement de faire construire un palais. <ref> ''Le Palais du Parlement à Rennes'' , par Florian Le Roy. Imprimeries bretonnes - 1938 </ref>Après avoir entendu la messe en la cathédrale, décorée des mêmes écussons, sort sous un dais de satin blanc quand un fou, nommé Gravelle, l'aborde en se disant duc de Bretagne et qu'il fait prisonnier le roi. Il est rapidement maîtrisé non sans s'être accroché aux jambes de Montbarot. Le roi rit de l'incident mais fera en aparté reproche à Montbarot d'un défaut de garde.
Le lendemain, dimanche de Pentecôte, le roi reçoit en la cathédrale les membres du Parlement en robes rouges, qui ne pouvaient l'accueillir décemment dans le pauvre couvent des Cordeliers (en avril la communauté de ville lui avait rappelé le désir du Parlement de faire construire un palais). <ref> ''Le Palais du Parlement à Rennes'' , par Florian Le Roy. Imprimeries bretonnes - 1938 </ref>Après avoir entendu la messe en la cathédrale, décorée des mêmes écussons, sort sous un dais de satin blanc quand un fou, nommé Gravelle, l'aborde en se disant duc de Bretagne et qu'il fait prisonnier le roi. Il est rapidement maîtrisé non sans s'être accroché aux jambes de Montbarot. Le roi rit de l'incident mais fera en aparté reproche à Montbarot d'un défaut de garde.
[[Fichier:Le_chene_de_ste_foy.jpeg|200px|right|thumb|Le chêne de Henri IV, au lieu-dit Sainte-Foy <ref>Géographie d'Ille-et-Vilaine, par Adolphe Joanne. Hachette -1901. photo de M. l'abbé Duval</ref>]]
[[Fichier:Le_chene_de_ste_foy.jpeg|200px|right|thumb|Le chêne de Henri IV, au lieu-dit Sainte-Foy <ref>Géographie d'Ille-et-Vilaine, par Adolphe Joanne. Hachette -1901. photo de M. l'abbé Duval</ref>]]
Le roi quitte officiellement Rennes le 15 mai mais serait resté auparavant pour chasser et aurait tué "un lièvre monstre, pourvu de deux corps, huit jambes, une seule tête et trois oreilles" ! et la petite histoire dit qu'il se serait reposé au lieu-dit Sainte-Foy, près de [[la Prévalaye]], à l'ombre d'un chêne, tombé de vétusté près de 400 ans plus tard, à l'automne 1896, et aurait assisté à des joutes et à des danses villageoises. La [[place du Chêne Henri IV]] commémore cet évènement.
Le roi quitte officiellement Rennes le 15 mai mais serait resté auparavant pour chasser et aurait tué "un lièvre monstre, pourvu de deux corps, huit jambes, une seule tête et trois oreilles" ! et la petite histoire dit qu'il se serait reposé au lieu-dit Sainte-Foy, près de [[la Prévalaye]], à l'ombre d'un chêne, tombé de vétusté près de 400 ans plus tard, à l'automne 1896, et il aurait assisté à des joutes et à des danses villageoises. La [[place du Chêne Henri IV]] commémore cet évènement.


Comment était alors Henri IV ? Le notaire rennais Pichart le décrit : « '' C'est un fort agréable prince et fort familier à tout le monde, et meslé en toutes choses,sans grandes longueurs de discours, et adonné à toutes sortes d'exercices. De moyenne taille, la barbe toute blanche, le poil blond commençant à griser, et l'oeil plaisant et agréable. Il peut avoir 46 à 47 ans, néanmoins la barbe le rend plus vieil qu'il n'est. Il disait à tous quelques bons mots en passant car il sçait et cognoist tout''. »
Comment était alors Henri IV ? Le notaire rennais Pichart le décrit : « '' C'est un fort agréable prince et fort familier à tout le monde, et meslé en toutes choses,sans grandes longueurs de discours, et adonné à toutes sortes d'exercices. De moyenne taille, la barbe toute blanche, le poil blond commençant à griser, et l'oeil plaisant et agréable. Il peut avoir 46 à 47 ans, néanmoins la barbe le rend plus vieil qu'il n'est. Il disait à tous quelques bons mots en passant car il sçait et cognoist tout''. »
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