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Le résumé hebdomadaire du cabinet de guerre britannique retient :
Le résumé hebdomadaire du cabinet de guerre britannique retient :


"Les bombardiers lourds U.S ont fait deux attaques à grande échelle, chacune avec environ 60 appareils contre Lorient et Rennes. A Lorient une concentration de bombes a éclaté sur la centrale électrique nord.  A Rennes, où le centre ferroviaire était l'objectif, beaucoup de dégâts ont été causés au matériel roulant et aux bâtiments de la gare et la circulation a été effectivement bloquée par des coups aux goulots d'étranglement des deux extrémités du triage principal."<ref>A garder sous clé. War Cabinet. Weekly résumé (N° 184) du 4 mars 1943 à 07h00 au 11 mars à 07h00</ref>
"Les bombardiers lourds US ont fait deux attaques à grande échelle, chacune avec environ 60 appareils contre Lorient et Rennes. A Lorient une concentration de bombes a éclaté sur la centrale électrique nord.  A Rennes, où le centre ferroviaire était l'objectif, beaucoup de dégâts ont été causés au matériel roulant et aux bâtiments de la gare et la circulation a été effectivement bloquée par des coups aux goulots d'étranglement des deux extrémités du triage principal."<ref>A garder sous clé. War Cabinet. Weekly résumé (N° 184) du 4 mars 1943 à 07h00 au 11 mars à 07h00</ref>


"''Rennes''
"''Rennes''


''L'interprétation immédiate de photos prises le 8 mars après l'attaque diurne menée par l'U.S.A.F le même jour montre une grande concentration de cratères (au moins 43) sur les voies de triage [[rue Saint-Hélier]]. Au moins 50 wagons ont été détruits ou endommagés et 13 sont encore en feu. Un grand hangar à 3 portes de l'unité de réparation de voitures et wagons a été détruit et un grand hangar adjacent a été détruit sur le quart de sa longueur. La gare principale a subi des dommages considérables d'un coup direct.
''L'interprétation immédiate de photos prises le 8 mars après l'attaque diurne menée par l'USAF le même jour montre une grande concentration de cratères (au moins 43) sur les voies de triage [[rue Saint-Hélier]]. Au moins 50 wagons ont été détruits ou endommagés et 13 sont encore en feu. Un grand hangar à 3 portes de l'unité de réparation de voitures et wagons a été détruit et un grand hangar adjacent a été détruit sur le quart de sa longueur. La gare principale a subi des dommages considérables d'un coup direct.


''En outre  il ne reste que les murs d'un nouveau hangar au sud de la Caserne du Colombier et deux grands bâtiments industriels au bout des voies ferrées de la rue Saint-Hélier brûlent encore violemment.'' "<ref> ''A garder sous clé''. Cabinet de guerre. Résumé hebdomadaire n°184 de la situation navale, militaire et aérienne du 4 mars 1943 à 7h00 au 11 mars à 7h00. Appendice VI, attaques aériennes sur le territoire ennemi en Europe</ref>
''En outre  il ne reste que les murs d'un nouveau hangar au sud de la Caserne du Colombier et deux grands bâtiments industriels au bout des voies ferrées de la rue Saint-Hélier brûlent encore violemment.'' "<ref> ''A garder sous clé''. Cabinet de guerre. Résumé hebdomadaire n°184 de la situation navale, militaire et aérienne du 4 mars 1943 à 7h00 au 11 mars à 7h00. Appendice VI, attaques aériennes sur le territoire ennemi en Europe</ref>
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Sur le [[Champ de Mars]], où se tient une fête foraine, les stands et les manèges se volatilisent, mais la fréquentation est heureusement faible en ce début d'après-midi de vacances des Gras.
Sur le [[Champ de Mars]], où se tient une fête foraine, les stands et les manèges se volatilisent, mais la fréquentation est heureusement faible en ce début d'après-midi de vacances des Gras.
[[Avenue Janvier]], des voyageurs débarquant dans la ville, des ouvriers, des promeneurs sont littéralement fauchés, déchiquetés. Partout des scènes d'horreur et de désespoir. L'objectif attribué aux forteresses volantes était la gare de triage. "''Les quartiers les plus atteints ont été "Le Foyer rennais", les Sacrés-Coeurs, le Colombier, le [[Champ de Mars]] sur lequel étaient établis plusieurs manèges forains, [[boulevard de la Liberté]], la gare St-Hélier, la [[rue Lucien Decombe]], les entrepôts de la Société Economique,(immeubles incendiés), la plaine St-Hélier, l'avenue du [[Cimetière de l'Est|cimetière de l'Est]], les cités [[Villebois Mareuil]], le cimetière de l'est (21 bombes à l'intérieur),[[Fichier:Bombardement_1943.jpeg|350px|right|thumb| ''"Ce petit cimetière rennais" touché est en fait le cimetière de l'est. Extrait d'un livret intitulé "Les Assassins du Ciel", propagande antibritannique du gouvernement de Vichy - mars 1943'']]les quartiers de Chateaugiron et Adolphe Leray''".<ref>procès-verbal de Uriac Auguste, commissaire central de police de la Ville de Rennes, en date du 8 mars 1943. 3e arrondissement n° 518</ref> Au cimetière de l'est des tombes sont éventrées, des morts déterrés par les bombes.  
[[Avenue Janvier]], des voyageurs débarquant dans la ville, des ouvriers, des promeneurs sont littéralement fauchés, déchiquetés. Partout des scènes d'horreur et de désespoir. L'objectif attribué aux forteresses volantes était la gare de triage. "''Les quartiers les plus atteints ont été "Le Foyer rennais", les Sacrés-Coeurs, le Colombier, le [[Champ de Mars]] sur lequel étaient établis plusieurs manèges forains, [[boulevard de la Liberté]], la gare St-Hélier, la [[rue Lucien Decombe]], les entrepôts de la Société ''L'Économique'',(immeubles incendiés), la plaine St-Hélier, l'avenue du [[Cimetière de l'Est|cimetière de l'Est]], les cités [[Villebois Mareuil]], le cimetière de l'est (21 bombes à l'intérieur),[[Fichier:Bombardement_1943.jpeg|350px|right|thumb| ''"Ce petit cimetière rennais" touché est en fait le cimetière de l'est. Extrait d'un livret intitulé "Les Assassins du Ciel", propagande anti-britannique du gouvernement de Vichy - mars 1943'']]les quartiers de Chateaugiron et Adolphe Leray''".<ref>procès-verbal de Uriac Auguste, commissaire central de police de la Ville de Rennes, en date du 8 mars 1943. 3e arrondissement n° 518</ref> Au cimetière de l'est des tombes sont éventrées, des morts déterrés par les bombes.  
[[Fichier:Champ_de_mars_1943.jpg|250px|left|thumb|Sur le Champ de Mars, le 8 mars 1943 secteur bd de la Liberté-rue d'Isly, effets des bombes sur les manéges de la fête foraine]]
[[Fichier:Champ_de_mars_1943.jpg|250px|left|thumb|Sur le Champ de Mars, le 8 mars 1943 secteur bd de la Liberté-rue d'Isly, avions-jouets et avions de mort - effets des bombes sur les manèges de la fête foraine]]
[[Rue Monseigneur Duchesne]], aux Entrepôts de la [[Société l’Economique]] installés là depuis une trentaine d'années, le personnel est à son poste de travail. Au bruit des premières bombes, suivant les consignes données, les employés se rendent aux abris. Quand plusieurs d'entre elles s'abattent sur les bâtiments de la Société, plafonds et cloisons s'effondrent sur les malheureux qui se trouvent prisonniers de locaux aux issues obstruées. L'incendie se déclare et se propage rapidement, [[l'Economique]] n'est plus qu'un amas de ruines fumantes dans lesquelles périssent 71 personnes. Les noms de ces martyrs sont gravés sur un monument élevé à leur mémoire au cimetière de l'Est.<ref> [[''Le pt'it mot d'Alphonse'']] dans numéro 21 du journal de quartier paru dans la Revue de quartier, mémoire collective et expression citoyenne - n°1 septembre 2006</ref>
[[Rue Monseigneur Duchesne]], aux Entrepôts de la [[Société l’Economique]] installés là depuis une trentaine d'années, le personnel est à son poste de travail. Au bruit des premières bombes, suivant les consignes données, les employés se rendent aux abris. Quand plusieurs d'entre elles s'abattent sur les bâtiments de la Société, plafonds et cloisons s'effondrent sur les malheureux qui se trouvent prisonniers de locaux aux issues obstruées. L'incendie se déclare et se propage rapidement, [[l'Economique]] n'est plus qu'un amas de ruines fumantes dans lesquelles périssent 71 personnes. Les noms de ces martyrs sont gravés sur un monument élevé à leur mémoire au cimetière de l'Est.<ref> [[''Le pt'it mot d'Alphonse'']] dans numéro 21 du journal de quartier paru dans la Revue de quartier, mémoire collective et expression citoyenne - n°1 septembre 2006</ref>


===Les résultats d'un bombardement de haute altitude===
===Les résultats d'un bombardement de haute altitude===


Ce n'est pas cette fois-ci que le 305e groupe de bombardement recevra la "distinguished unit citation" pour bombardement précis. Et pourtant La SNCF fera état de 40 cheminots tués, 92 blessés et de 425 familles de cheminots sinistrés.<ref> lettre du service exploitation, bureau administratif SNCF de Rennes du 30 mai 1943 adressée à une donatrice de Dinard</ref> Le personnel allemand des chemins de fer disposait sur l'ensemble des installations ferroviaires de 13 abris "Reichsbahn" et d'un abri anti-bombardement bétonnés.<ref> Atlanticwall Superforum. Le Mur de l'Atlantique en France. Bretagne nord - juin 2011</ref> Mais le spécialiste de la SNCF Machefert-Tassin, sous une rubrique intitulée "un échec stratégique", relèvera à Rennes, pour ce bombardement 10% des impacts sur des sites de la SNCF et met en regard les 300 morts atteints en dehors.  <ref> ''Une entreprise publique dans la guerre, la SNCF 1939-1945'' par Yves Machefert-Tassin- actes du colloque del'AHICF des 21 et 22 juin 2000- 2001</ref> Une étude américaine de 2006 sur les bombardements en Europe concédera que " ''l'attaque sur Rennes a pu être contreproductive. Un bombardement imprécis a causé la mort de 300 civils français. Des attaques plus précises sur d'autres gares de triage, elles aussi situées à côté ou sur des zones peuplées, infligèrent des pertes moindres''. Mais l'étude constate que globalement, "aux yeux des Français, les raids sur les gares de triage ont répandu trop de sang français en regard des retards et des ralentissements aussi courts causés au trafic". <ref> Bombing the European Axis Powers, par Richard G. Davis, Air University Press, Maxwell Air Force base, Alabama. 2006</ref>
Ce n'est pas cette fois-ci que le 305e groupe de bombardement recevra la "distinguished unit citation" pour bombardement précis. Et pourtant La SNCF fera état de 40 cheminots tués, 92 blessés et de 425 familles de cheminots sinistrés.<ref> lettre du service exploitation, bureau administratif SNCF de Rennes du 30 mai 1943 adressée à une donatrice de Dinard</ref> Le personnel allemand des chemins de fer disposait sur l'ensemble des installations ferroviaires de 13 abris "Reichsbahn" et d'un abri anti-bombardement bétonnés.<ref> Atlanticwall Superforum. Le Mur de l'Atlantique en France. Bretagne nord - juin 2011</ref> Mais le spécialiste de la SNCF Machefert-Tassin, sous une rubrique intitulée "un échec stratégique", relèvera à Rennes, pour ce bombardement 10% des impacts sur des sites de la SNCF et met en regard les 300 morts atteints en dehors.  <ref> ''Une entreprise publique dans la guerre, la SNCF 1939-1945'' par Yves Machefert-Tassin- actes du colloque del'AHICF des 21 et 22 juin 2000- 2001</ref> Une étude américaine de 2006 sur les bombardements en Europe concédera que " ''l'attaque sur Rennes a pu être contre-productrice. Un bombardement imprécis a causé la mort de 300 civils français. Des attaques plus précises sur d'autres gares de triage, elles aussi situées à côté ou sur des zones peuplées, infligèrent des pertes moindres''. Mais l'étude constate que globalement, "aux yeux des Français, les raids sur les gares de triage ont répandu trop de sang français en regard des retards et des ralentissements aussi courts causés au trafic". <ref> Bombing the European Axis Powers, par Richard G. Davis, Air University Press, Maxwell Air Force base, Alabama. 2006</ref>
[[Fichier:Apres_le_bombardement_du_8_mars_1943.jpeg|250px|left|thumb|page de la plaquette "Les Assassins du Ciel"- mars 1943]]
[[Fichier:Apres_le_bombardement_du_8_mars_1943.jpeg|250px|left|thumb|page de la plaquette "Les Assassins du Ciel"- mars 1943]]
Un rapport du maire fait état d'environ 400 bombes lâchées, de 274 civils tués, de 172 civils blessés, de 137 immeubles détruits et de 2568 endommagés.<ref> ''Rapport du maire de Rennes au directeur des services techniques du ministère de l'information'', 10, rue de Solférino, Paris - 18 décembre 1943</ref> 21 corps ne peuvent être identifiés et, répertoriés avec une description succincte, sont mis dans des cercueils numérotés de 185 à 205, les deux suivants contenant des restes humains. <ref> archives départementales d'Ille-et-Vilaine (502/w4/19)</ref>
Un rapport du maire fait état d'environ 400 bombes lâchées, de 274 civils tués, de 172 civils blessés, de 137 immeubles détruits et de 2568 endommagés.<ref> ''Rapport du maire de Rennes au directeur des services techniques du ministère de l'information'', 10, rue de Solférino, Paris - 18 décembre 1943</ref> 21 corps ne peuvent être identifiés et, répertoriés avec une description succincte, sont mis dans des cercueils numérotés de 185 à 205, les deux suivants contenant des restes humains. <ref> archives départementales d'Ille-et-Vilaine (502/w4/19)</ref>
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Lors des obsèques, l'autorité religieuse fait chorus avec l'autorité civile : Mgr Roques dit "''sa réprobation et son indignation de toutes ces horreurs que la guerre a créées sur notre sol, car les procédés de la guerre, quelle qu'elle soit, d'où qu'elle vienne, ne justifient pas ni n'autorisent le massacre des innocents et des populations civiles''."<ref> ''L'Ouest-Eclair'' - 12 mars 1943</ref>
Lors des obsèques, l'autorité religieuse fait chorus avec l'autorité civile : Mgr Roques dit "''sa réprobation et son indignation de toutes ces horreurs que la guerre a créées sur notre sol, car les procédés de la guerre, quelle qu'elle soit, d'où qu'elle vienne, ne justifient pas ni n'autorisent le massacre des innocents et des populations civiles''."<ref> ''L'Ouest-Eclair'' - 12 mars 1943</ref>


L'hebdomadaire ''l'Illustration'' fera sa couverture des funérailles nationales des victimes : sur le [[quai Chateaubriand]], une longue file de camions avec plateau portant les cercueils se dirige vers le cimetière de l'Est entre des Rennais massés sur les trottoirs, et un ministre du gouvernement de Vichy, Pierre Cathala, a fait le déplacement.<ref> ''L'Illustration'', n° 5819, du 20 mars 1943</ref>
L'hebdomadaire ''l'Illustration'' fera sa couverture des funérailles nationales des victimes : sur le [[quai Chateaubriand]], une longue file de camions avec plateau portant les cercueils se dirige vers le cimetière de l'Est entre des Rennais massés sur les trottoirs, et un ministre du gouvernement de Vichy, Pierre Cathala, ministre secrétaire d'Etat à l'économie et aux finances, originaire de Montfort-sur-Meu, a fait le déplacement.<ref> ''L'Illustration'', n° 5819, du 20 mars 1943</ref>


--[[Utilisateur:Stephanus|Stephanus]] 18 mai 2012 à 09:27 (CEST)
--[[Utilisateur:Stephanus|Stephanus]] 18 mai 2012 à 09:27 (CEST)
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"Le 8 mars 1943, après le bombardement, je suis allé avec mon père vers la gare. Place de Bretagne, devant les magasins Jacquart, j'ai ramassé un éclat de bombe encore chaud. Au Champ de Mars, nous avons vu le désastre. Je me suis approché, dans les débris, d'un amas noir. Avec mon pied, je l'ai soulevé et la forme humaine - car cet amas en était une, s'est ouverte et l'estomac est sorti et a lâché ce qui avait été mangé au déjeuner: des nouilles. Ce souvenir d'horreur d'un bombardement m'a marqué définitivement, moi qui ai fait par la suite la guerre dans le Ier Régiment de marche du Tchad."
"Le 8 mars 1943, après le bombardement, je suis allé avec mon père vers la gare. Place de Bretagne, devant les magasins Jacquart, j'ai ramassé un éclat de bombe encore chaud. Au Champ de Mars, nous avons vu le désastre. Je me suis approché, dans les débris, d'un amas noir. Avec mon pied, je l'ai soulevé et la forme humaine - car cet amas en était une, s'est ouverte et l'estomac est sorti et a lâché ce qui avait été mangé au déjeuner: des nouilles. Ce souvenir d'horreur d'un bombardement m'a marqué définitivement, moi qui ai fait par la suite la guerre dans le Ier Régiment de marche du Tchad."


'''Joseph-Jean Naviner''', 16 ans en 1943, entretien avec Etienne Maignen  le 14 juin 2012
'''Joseph-Jean Naviner''', 16 ans en 1943, entretien avec Étienne Maignen  le 14 juin 2012


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"Vers 14 h30, j'étais place de la gare, sur le trottoir devant le salon de coiffure. Le ciel était tout bleu. J'ai vu, venant du sud, du côté de la rue de l'Alma, cinq forteresses allant vers la gare. Je me suis allongé au sol et j'ai ressenti un choc énorme. Quand je me suis relevé, toutes les glaces étaient brisées et j'avais la tête en sang mais par des coupures superficielles. J'ai vu une femme morte, quelqu'un avec une jambe coupée et cinq soldats allemands morts. Il y avait aussi des corps de voyageurs fauchés qui, arrivés par le train de Paris, venaient malheureusement de sortir de la gare sur la place. En fait j'ai perdu ensuite la mémoire pendant un mois, hébergé chez une cousine.
"Vers 14 h30, j'étais place de la gare, sur le trottoir devant le salon de coiffure. Le ciel était tout bleu. J'ai vu, venant du sud, du côté de la rue de l'Alma, cinq forteresses allant vers la gare. Je me suis allongé au sol et j'ai ressenti un choc énorme. Quand je me suis relevé, toutes les glaces étaient brisées et j'avais la tête en sang mais par des coupures superficielles. J'ai vu une femme morte, quelqu'un avec une jambe coupée et cinq soldats allemands morts. Il y avait aussi des corps de voyageurs fauchés qui, arrivés par le train de Paris, venaient malheureusement de sortir de la gare sur la place. En fait j'ai perdu ensuite la mémoire pendant un mois, hébergé chez une cousine.


'''Julien Loton''', 21 ans en 1943, entretien avec Etienne Maignen le 21 juin 2012
'''Julien Loton''', 21 ans en 1943, entretien avec Étienne Maignen le 21 juin 2012




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Yves Garel, 18 ans, part à bicyclette de la rue de la Carrière, au début de la rue de Lorient, faire des courses en ville pour son père, épicier en gros et marchand de charbon. Il décide de passer près du Champ de Mars où se trouvent les manèges forains mais est tué d'un éclat à la tempe lors du bombardement. Son père et un frère, inquiets de ne pas le voir revenir, partent à sa recherche et le trouve mort près de son vélo.
Yves Garel, 18 ans, part à bicyclette de la rue de la Carrière, au début de la rue de Lorient, faire des courses en ville pour son père, épicier en gros et marchand de charbon. Il décide de passer près du Champ de Mars où se trouvent les manèges forains mais est tué d'un éclat à la tempe lors du bombardement. Son père et un frère, inquiets de ne pas le voir revenir, partent à sa recherche et le trouve mort près de son vélo.


(témoignage de Christine Garel, sa nièce. Entretien du 14 mars 2013 avec Etienne Maignen)
(témoignage de Christine Garel, sa nièce. Entretien du 14 mars 2013 avec Étienne Maignen)




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